Epidemiologie de l’anemie de la femme en age de procreer

L’anémie est un indicateur de détérioration de l’état nutritionnel. Les conséquences de l’anémie sur la santé de l’individu sont multiples. L’anémie  diminue la capacité physique, provoque un état de faiblesse, de fatigue, influe sur la sensation de bien-être. Elle réduit les performances intellectuelles et la capacité de travail freinant ainsi la productivité [1]. En plus, elle réduit la résistance aux infections et majore le taux de mortalité maternelle et néonatale [2]. En effet, il est admis que chez la mère, l’anémie peut augmenter le risque d’avortement spontané, d’hémorragie de la délivrance et de décès en cas d’anémie sévère, tandis que chez l’enfant elle peut être responsable d’un faible poids de naissance et d’une prématurité [2]. Au Sénégal, le ratio de mortalité maternelle est de 392 décès pour 100 000 NV contre 588 décès pour 100.000 NV dans la région de Kolda où la situation sanitaire laisse à désirer [3, 4]. Ces décès sont dus dans 80% des cas à un ou plusieurs facteurs directs (les hémorragies sévères, les infections, les troubles hypertensifs pendant la grossesse et les dystocies) et dans 20% des cas à des facteurs indirects (le paludisme, l’anémie, le VIH/sida, ou les affections cardiovasculaires) qui peuvent être évitables si des précautions sont prises avant, pendant et après la grossesse [5]. Les coûts économiques et sociaux que génère l’anémie peuvent freiner le développement économique. En somme, elle a des conséquences négatives majeures sur la santé humaine et le développement social et économique.

L’anémie est un problème de santé publique dans les pays en développement. Selon l’OMS, en 2014, on estime à 1,62 milliards le nombre d’individus souffrant d’anémie dans le monde [6]. Les enfants et les femmes en âge de procréer sont les plus exposés avec une prévalence mondiale de 43% chez les enfants de moins de cinq ans, 38% chez les femmes enceintes et 29% chez les femmes non enceintes âgées de 15 à 49 ans [6].

Au Sénégal, selon l’enquête démographique et de santé à indicateurs multiples de 2010-2011, la prévalence de l’anémie chez les femmes est de 54%. La région de Kolda avait un pourcentage de 55,8% [3]. Les études menées jusqu’ici font ressortir que les facteurs associés à l’anémie chez les femmes varient d’une région à l’autre au Sénégal [7 ; 8]. En général, les déterminants retrouvés sont l’âge, le niveau d’instruction, le niveau socioéconomique, la grossesse et la parité [7, 8]. L’identification des facteurs associés à l’anémie permet de mieux orienter les politiques de santé avec des interventions mieux ciblées et basées sur des évidences scientifiques.

GENERALITES

Définition

L’anémie est définie par une concentration d’hémoglobine (Hgb) inférieure au seuil limite établi par l’OMS. Ce seuil correspond à 11g/100mL pour les femmes enceintes, à 12g/100mL pour les femmes non enceintes et à 13g/100mL pour les hommes [9]. Selon le Système d’informations nutritionnelles sur les vitamines et les minéraux [10], l’anémie est un état pathologique dans lequel le nombre des hématies (donc la capacité de transport de l’oxygène) est insuffisant pour répondre aux besoins physiologiques de l’organisme. Ces besoins varient en fonction de l’âge, du sexe de la personne, de l’altitude à laquelle elle vit, de ses habitudes de vie et du stade de la grossesse [10].

Intérêts
L’anémie réduit les capacités physiques et intellectuelles [1]. Elle entraine une plus grande vulnérabilité aux infections. La période gravidopuerpérale constitue un moment où l’anémie cause des effets négatifs sur la mère et l’enfant. Il a toujours été établi que l’anémie pendant la grossesse expose la femme ainsi que sa progéniture à plusieurs risques. Dans une étude issue du registre des naissances américain, les femmes enceintes hospitalisées avec diagnostic d’anémie, avaient un risque multiplié par neuf de recevoir une transfusion sanguine (p < 0,0001), une durée moyenne et des coûts d’hospitalisation plus élevés (p < 0,0001) [11].

Les femmes enceintes anémiées courent un grand risque de décès suite aux pertes de sang pendant l’accouchement Une anémie sévère peut être la cause d’un arrêt cardiaque ou d’un choc circulatoire au moment du travail et de l’accouchement [12]. Les résultats d’une méta-analyse ont mis en évidence une forte corrélation entre l’anémie modérée à sévère à 28 semaines de gestation et la gravité des hémorragies internes et post-partum, qui provoquent 23% des décès maternels [6]. Dans le post-partum, l’anémie favorise un risque thromboembolique et diminue les moyens de défense contre l’infection et peut occasionner une fatigue maternelle susceptible de perturber la mise en place du lien mère-enfant [13]. Les risques que peut comporter l’anémie pour le fœtus sont liés à l’apport insuffisant en hémoglobine, et donc en oxygène, à l’utérus, au placenta et au fœtus en cours de développement. L’anémie légère ou modérée ne produit souvent pas d’effets significatifs sur le fœtus, mais en cas d’anémie sévère (hémoglobinémie inférieure à 7g / dl) le fœtus pourrait en souffrir. Selon l’OMS, l’anémie sévère (taux d’hémoglobine inférieur à 7g/dl) augmente la mortalité périnatale, le risque de prématurité et d’hypotrophie fœtale. Une anémie grave non traitée pourrait être responsable d’une hypoxémie et d’une souffrance fœtale [14, 15, 16]. Les études ont démontré que l’anémie pendant la grossesse est associée à une augmentation d’accouchement prématuré et de petits poids de naissance. Selon Badham et al., chez les mères anémiées, les grossesses arrivent 30−45 % moins souvent à terme [1]. Dans une étude cohorte prospective chinoise, une anémie avec un taux d’hb<9,5g/dl, présente avant la conception, était associée à un risque accru de restriction de croissance et de nouveau-né de faible poids de naissance [17]. Une étude de la population israélienne portant sur 153.396 accouchements a observé que la présence d’une anémie définie par un taux d’hb<10g/dl au premier trimestre, était associée à une augmentation des risques d’accouchement prématuré et de petits poids de naissance (<2500g) [18].

L’anémie chez la femme allaitante augmente le coût physiologique de la lactation. En effet, l’importance des besoins nutritionnels de lactation peut être une des causes majeures de la malnutrition des femmes. Les faits semblent fortement prouver que les coûts énergétiques de la grossesse et encore plus de la lactation – notamment dans le cadre de cycles de reproduction rapprochés (c’est-à-dire avec peu ou pas d’intervalle de récupération où la femme n’est ni enceinte ni allaitante) – entraînent par un effet de cumulation, une dégradation de l’état nutritionnel maternel [19]. L’enquête démographique et de santé du Cameroun en 2004 s’est intéressée à la prévalence d’anémie chez les enfants de mères anémiées. Globalement, la prévalence est plus élevée que dans l’ensemble de la population. Près de quatre enfants sur cinq (77%) dont la mère est anémiée souffre d’anémie : 22 % sous forme légère, 49 % sous forme modérée et 6 % sous forme sévère. Par rapport au niveau d’anémie de la mère, les mères souffrant d’anémie légère ont 76% d’enfants anémiés. Celles souffrant de l’anémie modérée ont 79% d’enfants anémiés [20]. En somme, les conséquences de l’anémie sont multiples et variées et on devine aisément que ses impacts ne sont pas juste sanitaires. Kolda connait une prévalence de l’anémie de 55,8% supérieure à la moyenne nationale qui est de 54% [3]. Dans cette région aux frontières du pays, la plupart des indicateurs de la situation économique et sociale sont à des niveaux alarmants. Ses maux se nomment chômage, mortalité maternelle, insécurité alimentaire, déficit sanitaire. En tant qu’acteur de la santé, nous nous devons d’améliorer la santé maternelle. La lutte contre l’anémie, de concert avec tous les autres programmes de santé, permettra de participer à l’émergence de cette région qui pourrait nous valoir moult satisfactions. Cette enquête nous permettra d’avoir de meilleures connaissances en la matière et agir avec des stratégies adaptées.

Rappels sur l’anémie 

Le processus de fabrication des hématies ou globules rouges par la moelle est appelée l’érythropoïèse. Elle nécessite des matériaux indispensables que sont : le fer (synthèse de l’hémoglobine), l’acide folique et la vitamine B12 (synthèse ADN). La durée de vie normale des globules rouges est de 120 jours au terme desquels ils sont détruits : c’est l’hémolyse physiologique. A l’état normal : il y a un équilibre parfait entre l’érythropoïèse et l’hémolyse physiologique. La baisse du taux d’hémoglobine, résulte de la rupture de cet équilibre en passant par deux mécanismes fondamentaux : une augmentation des pertes ou une diminution de la production médullaire [21]. On parle respectivement d’anémie régénérative et d’anémie aregénérative.

Anémie aregénérative

Dans l’érythropoïèse physiologique, le proérythroblaste se divise pour donner un érythroblaste basophile puis polychromatophile, puis acidophile qui expulse son noyau en sortant de la moelle, devenant un réticulocyte. Celui-ci se transforme au bout de 48 heures en hématie. Lors des stades de prolifération cellulaire, la synthèse d’ADN est nécessaire (requérant des folates et de la vitamine B12), puis le stade de la synthèse d’hémoglobine, requiert de la globine (donc des acides aminés) et du fer. Les anémies arégénératives sont toujours dues à une insuffisance de production médullaire. Ce défaut peut relever de deux processus : diminution (voire absence) du nombre des érythroblastes ou une anomalie qualitative de la lignée érythroblastique. Les insuffisances quantitatives peuvent relever d’érythroblastopénies (en général d’origine auto-immune ou virale), d’un défaut d’érythropoïétine ou d’un envahissement de la moelle (leucémie aiguë, lymphome, myélome, métastases).

Les insuffisances qualitatives peuvent être causées par :
– des anomalies de synthèse de l’ADN, ce trouble de synthèse est tel que certains érythroblastes n’iront pas jusqu’à leur stade final de maturation et avorteront dans la moelle, d’où l’anémie ;
– des anomalies de synthèse de l’hémoglobine dont l’étiologie principale est le défaut de fer dans le plasma ;
– des défauts de synthèse de la globine (thalassémies) [22].

Anémie régénérative
Elle est due à une disparition accélérée des hématies circulantes. Si la perte est modérée, elle peut être compensée par une hyperactivité de la moelle osseuse et, après quelques jours, le taux d’hémoglobine peut revenir à la normale. Dans la majorité des cas, l’hyper destruction dépasse les possibilités de compensation, et l’anémie persiste. Les hémorragies et l’hyper hémolyse sont les mécanismes de ces anémies régénératives. L’hémorragie est une perte excessive de globules rouges. Elle peut être externe, d’extériorisation plus ou moins rapide ou intra cavitaire ou interstitielle. Il faut 3 à 7 jours après une hémorragie abondante pour qu’une hyper réticulocytose compensatrice devienne évidente et au début d’une hémorragie aigue l’anémie peut donc être aregénérative. Ce délai est parfois prolongé jusqu’à dix jours, retard qui témoigne d’une insuffisance latente de l’érythropoïèse, généralement dû à certains degrés de carence en fer. Chez la femme, l’accouchement est une cause inévitable d’hémorragie qui peut être physiologique ou pathologique. Ces pertes sanguines surviennent le plus souvent sur un terrain de carences nutritionnelles et sont aggravées par les besoins de l’allaitement.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE
1. GENERALITES
1.1. Définition
1.2. Intérêt
1.3. Rappels sur l’anémie
2. EPIDEMIOLOGIE DE L’ANEMIE DE LA FEMME EN AGE DE PROCREER
2.1. Ampleur du problème
2.2. Déterminants de l’anémie chez la femme en âge de reproduction
3. PREVENTION DE L’ANEMIE
3.1. Prévention primaire
3.2. Prévention secondaire
3.3. Prévention tertiaire
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE
1. CADRE DE L’ETUDE
1.1. Situation géographique et administrative
1.2. Situation sociodémographique
1.3. Situation économique
1.4. Situation sanitaire
2. METHODOLOGIE
2.1. Type d’étude
2.2. Période d’étude
2.3. Population d’étude
2.4. Echantillonnage
2.5. Collecte des données
2.6. Définition des variables
2.7. Analyse des données
2.8. Aspects éthiques
3. RESULTATS
3.1. Etude descriptive
3.2. Etude analytique
4. DISCUSSION
4.1. Limites de l’étude
4.2. Ampleur de l’anémie chez la femme
4.3. Facteurs associés à l’anémie
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES
ANNEXES

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