Epidémiologie de la drépanocytose 

Physiopathologie de la drépanocytose 

La mutation responsable est le remplacement de l’adénine par la thymine au niveau du 6ème codon du gène β-globine. Elle se traduit au niveau protéique par la substitution d’un acide glutamique à une valine sur la chaîne β de la globine. La résultante en est une charge de la molécule d’hémoglobine S (HbS) différente de celle de l’hémoglobine A (HbA), permettant ainsi sa mise en évidence électro phorétique et un changement de propriétés de stabilité et de solubilité des molécules qui ont tendance à polymériser en milieu désoxygéné .

Polymérisation

La polymérisation de l’hémoglobine s’explique par le fait que la valine 6 qui est un résidu hydrophobe remplace un acide aminé hydrophile, l’acide glutamique. Les globines étant entourées par un film d’eau, la présence d’un site hydrophobe crée un point de « collage » entre 2 molécules d’hémoglobine voisines. Celui-ci s’établit entre la leucine 88 et la phénylalanine 85 d’une chaîne alpha d’une molécule d’hémoglobine et la valine 6 de la chaîne β de l’hémoglobine voisine, d’où la création d’une structure cristalline en fibres. Les dimères HbS/HbS s’assemblent pour former des brins ; les brins s’associent en fibres, responsables de la déformation des hématies. La polymérisation est un processus coopératif qui demande un certain délai d’initiation. Il y a donc une course de vitesse entre le temps de passage de l’hématie dans ce goulot d’étranglement qu’est le capillaire et le délai de polymérisation qui transforme un globule flexible en une particule rigide et donc susceptible de rester bloquer [12].

Falciformation

La succession dans le temps des cycles de polymérisation dépolymérisation aboutit à la modification des caractéristiques physiques du globule rouge lui conférant un aspect en faucille : c’est le phénomène de falciformation caractéristique de la drépanocytose. Elle s’accompagne de modifications majeures de la membrane cellulaire du globule rouge. La falciformation est au début réversible et disparaît lors de la réoxygénation des globules rouges. Après plusieurs cycles de polymérisation, les lésions membranaires conduisent de façon irréversible à la formation des globules rouges falciformes. Les globule rouges, déformés par ces structures fibreuses tubulaires prennent une forme caractéristique en faucille ou feuille de houx, appelés drépanocytes [12].

Conséquences de la falciformation 

Le drépanocyte perd ainsi ses propriétés d’élasticité et de déformabilité qui lui sont nécessaires pour passer à travers les petits vaisseaux de l’organisme. Il est capté et sera détruit par le système réticulo-endothélial, ce qui aboutit à une anémie hémolytique chronique. Ces drépanocytes vont obstruer la lumière vasculaire, créant une ischémie dont la traduction clinique est la douleur. Lorsque l’ischémie dure ou se répète fréquemment, elle peut entraîner des complications à type d’infarctus ou de nécrose.

Déshydratation
Au niveau cellulaire, la polymérisation de l’hémoglobine S dans le globule rouge induit une série de modifications. La déformation physique de la cellule entraîne la libération des microvésicules et une déshydratation contemporaine d’anomalies du transport ionique membranaire, avec une augmentation de la perméabilité de la membrane aux ions (Na+, Ca++ et K+). Deux canaux sont impliqués dans ce phénomène de déshydratation. Il s’agit du co -transport K-Cl et du canal Gardos, canal activé par le calcium .

Epidémiologie de la drépanocytose 

Transmission génétique 

L’hémoglobine S ne diffère de l’hémoglobine A que par le 6ème acide aminé de sa chaîne béta. Une valine remplace un acide glutamique. Cette substitution est sous la dépendance d’une mutation portant sur le gène de structure de la chaîne béta située sur le chromosome 11 [14]. Dans la drépanocytose, la mutation porte sur ces gènes :

➤ Quand le gène muté n’intéresse qu’un seul chromosome de la paire, la tare ne se manifeste qu’à l’état hétérozygote.
➤ Quand le gène intéresse le couple d’allèles, la tare se manifeste à l’état homozygote. Le sujet ne synthétise plus d’hémoglobine normale [15, 16].

Les gènes de l’hémoglobine S étant portés par un autosome, il n’y a pas de prédominance de sexe. La transmission de la drépanocytose, comme celle des autres tares hémoglobiniques tient son histoire génétique sur le mode autosomique « codominant » [18]. C’est dire que :
● Pour le clinicien, l’affection semble récessive puisque seuls les homozygotes sont gravement malades.
● Pour le biochimiste, elle est dominante car l’hémoglobine S est aussi bien présente chez les hétérozygotes que les homozygotes [20]. La connaissance de ce mode de transmission permet de réaliser une prévention eugénique des formes homozygotes [21,22]. Le gène drépanocytaire peut être associé à d’autres gènes hémoglobiniques.

➤ Si deux personnes hétérozygotes AS veulent avoir des enfants, ils courent à 25% le risque à chaque grossesse de donner naissance à un enfant drépanocytaire (SS) ou à un enfant saint (AA) au même pourcentage et à 50% le risque de donner naissance à un enfant porteur du trait drépanocytaire (AS) (fig 4).
➤ Si les parents sont l’un AS l’autre AA, ils courent 50% le risque à chaque grossesse de donner naissance à un enfant « porteur de trait » drépanocytaire (AS) ou à un enfant sain (AA) (fig 4).
➤ S’ils sont l’un AS, l’autre SS, ils courent 50% le risque à chaque grossesse de donner naissance à un enfant porteur du trait drépanocytaire (AS) ou à un enfant drépanocytaire (SS) (fig 4).
➤ S’ils sont l’un AS, l’autre SC, ils courent le risque chaque grossesse de donner naissance à un enfant (AS) ou (AC) ou (SC) ou (SS) .

Répartition Géographique 

Les anomalies héréditaires de l’hémoglobine (Hb) concernent aussi bien celles qui affectent la structure de cette molécule que leur niveau de synthèse. Selon l’OMS, on dénombre entre 0,1 et 19 sur 1 000 nouveaux nés portant une anomalie génétique de l’Hb avec plus de 80% de ces naissances survenant dans les pays à ressources limitées. La prévalence de ces anomalies de l’Hb est de 5,2% dans la population mondiale. Plus de 350 000 nouveaux nés portent des formes majeures d’hémoglobinopathies contribuant pour 3,4% des décès avant l’âge de 5 ans.

En Afrique, la drépanocytose est l’anomalie génétique la plus fréquente ; 10 à 30 % sont porteurs de l’Hb S et on dénombre entre 200 000 et 300 000 nouveaux nés par an atteints d’un syndrome drépanocytaire majeur [23]. La drépanocytose reste la plus fréquente des hémoglobinopathies dans le monde. Ainsi, le nombre de personnes porteuses du trait drépanocytaire est estimé à 120 millions environ selon l’OMS [24]. Elle est surtout présente en Afrique intertropicale dans la « Ceinture Sicklemique de Lehmann », située entre le 15ème parallèle Sud et le 20ème parallèle nord (cf. Figure 5). La fréquence dans cette région reste supérieure à 10%.

En Afrique de l’ouest, la prévalence se situe entre 7 et 20%. Ainsi au Sénégal, une étude hospitalière néonatale faite en 2003 retrouvait une prévalence de l’Hb S de 11,1% avec 1, 9% d’homozygotes SS [26 ]. En Cote d’Ivoire 12% de la population sont porteurs du trait drépanocytaire. Les formes majeures représentent 4% des porteurs du gène [27].

En Afrique centrale sa prévalence se situe entre 30 et 40% ; au Gabon la prévalence de la drépanocytose est de 22% [28]. La drépanocytose est une maladie cosmopolite, elle est aussi retrouvée dans les continents d’immigration africaine. En Amérique, 7 à 8% de la population noire sont atteints avec une fréquence de 12% en Caroline du Sud [28]. En Europe, les plus hautes fréquences se situent autour du Bassin Méditerranéen (Albanie, Sud de l’Italie, Turquie). En France métropolitaine, l’Ile de France est la région la plus touchée avec 1/700 nouveau-nés atteint soit 3,5% de porteurs du trait [29, 30 ]. En Belgique, des études épidémiologiques réalisées par dépistage néonatal systématique à Bruxelles et à Liège ont montré que plus d’un nouveau-né pour 2 000 naissances est atteint. La drépanocytose est aussi présente en Inde, où 20 à 30% des sujets sont porteurs du trait drépanocytaire dont 2 à 3% de la forme homozygote.

Symptômes de la drépanocytose

Les syndromes drépanocytaires majeurs sont représentés par :

Drépanocytose hétérozygote AS

Les sujets ayant une drépanocytose hétérozygote sont aussi appelés porteurs sains de la drépanocytose, ou porteurs du trait drépanocytaire.Ils ont reçu le gène normal A de la β-globine d’un de leurs parents, et le gène drépanocytaire S de l’autre. Le taux d’Hb S est inférieur à 50% [44]. La grande majorité des patients hétérozygotes AS est asymptomatique. Il est donc important qu’il n’y ait pas de confusion entre la forme homozygote (maladie) et la forme hétérozygote (situation non pathologique de porteur sain).

Drépanocytose homozygote SS

La drépanocytose homozygote associe trois grandes catégories de manifestations cliniques liées : à l’anémie hémolytique chronique ; aux phénomènes vaso-occlusifs ; à la susceptibilité extrême aux infections. Il existe une grande variabilité d’expression clinique selon les individus atteints. Les manifestations cliniques de la maladie drépanocytaire apparaissent après le premier trimestre de la vie, lorsque l’hémoglobine fœtale F est progressivement remplacée par l’hémoglobine S. Ces manifestations sont variables d’un patient à un autre, selon l’évolution de la maladie. Ainsi le diagnostic de la drépanocytose peut se faire pendant la phase critique ou inter critique, mais rarement au stade de complications [31,-,33].

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITERATURE
I-RAPPELS SUR LA DREPANOCYTOSE
1-Historique sur la drépanocytose
2-Physiopathologie de la drépanocytose
2-1-Polymérisation
2-2-Falciformation
2-3-Conséquences de la falciformation
2-4-Déshydratation
3-Epidémiologie de la drépanocytose
3-1-Transmission génétique
3-2-Répartition géographique
4-Symptômes de la drépanocytose
4-1-Drépanocytose hétérozygote AS
4-2-Drépanocytose homozygote SS
4-2-1-Phase inter critique
4-2-2-Phase critique
4-2-3-Complications
4-2-3-1-Complications aigues
4-2-3-2-Complications chroniques
II-DIAGNOSTICS DE LA DREPANOCYTOSE
1-Hémogramme
2-Test d’Emmel ou test falciformation
3-Test d’ITANO ou test de solubilité
4-Electrophorése de l’hémoglobine
5-Iso-électrofocalisation
6-Polymerase chain reaction (PCR)
7- Dosage de la bilirubine
III- PRISE EN CHARGE DE LA DREPANOCYTOSE
1-Médecine moderne
1-1-Mesures thérapeutiques de prévention
1-2-Mesures simples de prévention
1- 3-Rôle de la réhydratation
1-4-Prise en charge de la douleur
1- 5-Prise en charge de l’anxiété
1-6-Prise en charge symptomatique de la crise
1-7-Place de la transfusion
1-8-Place de l’hydroxyurée
1-9-Allogréffe de cellules souches hématopoïétique
2-Médecine traditionnelle
2-1-Généralités
2-2-Méthodes de récoltes
2-2-1-Un état purifié
2-2-2-Jours et moments appropriés
2-2-3-Salutations à la plantes
2-2-4-Rituels après collecte
3-Mode préparation
3-1-Macération
3-2-Infusion
3-3-Décoction
4-Plantes utilisées dans le traitement de la Drépanocytose
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
I- OBJECTIFS ET CADRE D’ETUDE
II- METHODOLOGIE
1- Matériels
2- Choix du site
3- Choix des cibles
4- Méthodes d’étude
4-1-Type d’étude
4-2- Méthodes de recueil de données
5- Identification botanique des plantes
6- Difficultés rencontrées
III.RESULTATS ET COMMENTAIRES
1- Données sur la population d’étude
2- Données sur la population
2-1 Niveau de connaissance chez les femmes
2-2 Niveau de connaissance chez les hommes
3- Données sur les Tradipraticiens
3-1 Répartition des tradipraticiens suivant leur niveau d’instruction
3-2 Répartition selon le genre
3-3 Connaissance de la drépanocytose
4- Données sur la drépanocytose
4-1 Noms de la drépanocytose en langue locale
4-2 Plantes recensées
4-3 Répartition des plantes recensées selon la fréquence de citation
4-4 Parties utilisées, modes de préparation et d’emploi des plantes recensées
IV.DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXE

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *