La brucellose est une maladie infectieuse transmissible à l’animale et l’homme. Bien que cosmopolite, et à déclaration obligatoire, elle apparaît comme une maladie négligée car mal connue et qui ne retient pas l’attention des décideurs (OMS, 2006 ; RADOSTIT et al, 2006). C’est une zoonose majeure, une maladie infectieuse et contagieuse des animaux qui figure dans le Code sanitaire pour les animaux terrestres de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et ; qui, de ce fait, doit être notifiée à l’OIE. Les différentes espèces de Brucella infectent généralement une espèce animale spécifique : B. abortus chez les bovins, B. melitensis chez les chèvres, B. ovis chez les ovins… Toutefois, en dehors de leurs espèces animales préférentielles, la plupart des espèces de Brucella sont également capables d’infecter d’autres espèces animales. La maladie touche les bovins, les porcs, les ovins et les caprins, les équins, les camélidés et les chiens. L’infection peut également atteindre d’autres ruminants, certains mammifères marins et l’homme. Hormis Brucella ovis, les autres espèces peuvent être transmises des animaux à l’homme (SCHOLTZ et al, 2008).
Chez les animaux, la maladie se manifeste par des avortements ou par une baisse de la reproduction. Généralement, chez les animaux, les avortements peuvent finir par disparaître avec la chronicité de l’infection. Les femelles finissent par donner naissance à une descendance viable après plusieurs avortements, mais ils peuvent continuer à excréter la bactérie (AKAKPO et al., 2009). Cependant, la brucellose bovine a de grosses répercussions en santé publique. En 2009, 500 000 nouveaux cas humains de brucellose ont été déclarés (CALVET et al., 2010). La transmission se fait généralement par la consommation de lait cru contaminé.
La brucellose est retrouvée en Afrique tropicale partout où on l’a recherchée, tant chez l’homme que chez les animaux avec une incidence variable (AKAKPO et BORNAREL, 1987). De nombreux travaux ont été faits dans ce sens, mais beaucoup se sont limités à l’établissement de prévalences. La prévalence de la brucellose est variable d’une région à l’autre. Ainsi, en Afrique occidentale, les prévalences ont été de 20% au Sénégal, 10% au Bénin, 9% au Ghana, 30% au Niger, et 42% au Togo (AKAKPO et BORNAREL, 1987 ; AKAKPO et NDOUR ; 2013). Les avortements et les localisations articulaires et synoviales caractérisent la brucellose bovine en Afrique Tropicale (AKAKPO et BORNAREL, 1987). Il est bien établi que la vaccination dans un milieu endémique peut réduire de façon significative la prévalence de la brucellose chez les ruminants et chez l’Homme et améliorer la subsistance des populations locales. Cependant, la mise en place de programmesde contrôle basés sur la vaccination se heurte à un certain nombre d’obstacles, avec comme conséquence le manque d’accès aux vaccins pour les éleveurs. C’est dans ce cadre que s’inscrit notre étude sur la brucellose dans les élevages laitiers dans la région maritime du Togo en vue d’évaluer son importance. L’objectif général de cette étude est d’estimer la fréquence des infections à Brucella sp., dans les principales zones périurbaines de production laitière de 15 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre membres de l’EISMV dont le Togo.
Présentation générale de la République du Togo
Situation géographique du Togo
Le Togo est situé dans la zone intertropicale en Afrique de l’Ouest entre le 6° et 11° latitude Nord et 0° et 1°60’ de longitude ouest. Le Togo est un pays subsaharien situé dans le Golfe de Guinée, en bordure de l’Océan Atlantique où il dispose de 50 km de plage sablonneuse. C’est une bande de terre de 56 770 km2 et, il est limité au Nord par le Burkina-Faso, au Sud par le Golfe de Guinée le long de la côte de l’Océan Atlantique, à l’Est par le Bénin et à l’ouest par le Ghana (Figure 1). Le Togo est subdivisé en cinq régions administratives du sud au nord : région maritime, région des Plateaux, région Centrale, région de la Kara et région des Savanes, avec au total 30 préfectures. (FAO, 2015) Pays de plaines plutôt que de hautes montagnes, le territoire est, cependant, traversé du Sud-Ouest au Nord-Est par une longue chaîne de montagnes et de plateaux qui s’alternent, donnant ainsi au pays une sorte d’armature. Le principal sommet est représenté par le mont Agou avec une altitude de 986 mètres. Il existe des plateaux, tels l’Akposso et l’Akébou, mais aussi des montagnes comme l’Adélé, le Fazao et le Malfakassa que bordent les collines de Bassar, les plaines de l’Oti et de la Kara (FAO 2015). Le Togo jouit d’un climat tropical. Il subit l’influence de la mousson du SudOuest, vent océanique, humide, qui apporte la pluie, et de l’Harmattan, vent sec, mi-froid, mi-chaud qui engendre la sécheresse. Du sud vers le nord, les températures moyennes maxima vont de 30°C à Lomé à 34°C à Mango ; inversement, les températures moyennes diminuent, passant de 23°C à Lomé à 13°C à Mango.
Données démographiques du TOGO
Selon les résultats définitifs du 4ème Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH), la population totale résidente du Togo en novembre 2010 s’élève à 6 191 155 habitants dont 3 009 095 hommes (48,6%) et 3 182 060 Femmes (51,4%). (INSEED, 2017).
Économie
En valeur réelle, le Produit Intérieur Brute (PIB) s’élève à 2 000,7 milliards de FCFA, en progression de 5,7% par rapport à son niveau de 2014. (REPUBLIQUE TOGOLAISE, 2015).
Au Togo, l’élevage est la seconde source de revenu des populations agricoles et représente 16,4% du PIB agricole et 6,73% du PIB national. Le Togo pour satisfaire la demande en protéines animales, il lui faut 70 mille tonnes de viande mais le pays n’arrive qu’à produire entre 30 et 40 mille tonnes. C’est pour combler le gap que le gouvernement a mis en place le Projet d’Appui au Secteur Agricole (PASA) pour relancer la production animale au niveau national. Dans le cadre qui a été défini, il est question de développer un certain nombre d’activités depuis la production jusqu’à l’amélioration de l’Etat sanitaire de manière à garantir une croissance dans la filière animale » (REPUBLIQUE TOGOLAISE, 2015). Dans l’optique de satisfaire la demande, la dépense de consommation finale s’élève à 1 870,9 milliards de FCFA en 2015 contre 1 744,2 milliards de FCFA en 2014 à prix constants de 2007, soit un accroissement de 7,3%. La dépense de consommation finale totale représente 93,5% du PIB réel en 2015 contre 92,2% en 2014 et sa contribution à la croissance du PIB est de 6,7 points. Cette hausse est due à la progression de la consommation finale des ménages de 4,4% et celle des administrations publiques de 17,9% en 2015 (REPUBLIQUE TOGOLAISE, 2015). La Formation Brute de Capital Fixe (FBCF) est passée de 549,9 milliards de FCFA en 2014 à 627,0 milliards de FCFA en 2015 à prix constant de 2007, soit une progression de 14,0% et une contribution à la croissance du PIB réel de 4,1 points. Son poids dans le PIB réel passe de 30,0% en 2014 à 31,3% en 2015. Le secteur primaire comprend les activités liées à la transformation du milieu naturel. Il regroupe l’agriculture, l’élevage, la chasse, la pêche et la sylviculture. Ce secteur regroupe essentiellement les unités de production informelles avec 99,8% de la valeur ajoutée du secteur en 2015.
La production en valeur du secteur primaire s’accroît de 4,0% en 2015 contre 3,1% en 2014. Sa valeur ajoutée en hausse de 3,8% en 2015 contre 2,3% en 2014 s’établit à 602,5 milliards de FCFA et représente 24,4% du PIB nominal. En termes réels, la valeur ajoutée du secteur représente 21,0% du PIB et contribue à la croissance de 0,80% contre 1,6% en 2014. En effet, en 2015, l’agriculture végétale a enregistré une baisse de sa valeur ajoutée en volume de 2,1% : la valeur ajoutée de la branche « Agriculture vivrière » régresse de 2,0% ; la branche « Culture de produits de rente » enregistre la même tendance baissière (-2,5%).
L’élevage au TOGO
En 2011, la production nationale cumulée de bovins, d’ovins, porcins et caprins a été estimée à 4 311 383 têtes. Comparée à l’année 2000, elle est en hausse de 34%. Cette variation est enregistrée au niveau de toutes les espèces, ovins (38%), caprins (38%), de bovins (11%) et porcins (3%) (Tableau II). Selon les statistiques de la FAO en 2014, le cheptel bovin (environ 312 334 têtes) n’est quantitativement pas très important par rapport à d’autres élevages comme les petits ruminants (environ 3500000 têtes) et les volailles locales (21 100 000 têtes). Une étude récente a démontré un accroissement de l’élevage bovin autour de Lomé (ADANLEHOUSI, 2003). Entre 2000 et 2011, l’élevage bovin a augmenté de 1 467 983 têtes.
Races exploitées
Les races de bovins exploitées sont essentiellement des races locales autochtones ou venantes d’autres pays du continent tels le Niger et le Nigéria. Cependant, les races exotiques (européennes et autres) ne sont pas présentes sur le territoire. Les principales races bovines autochtones élevées sont au nombre de quatre. Deux races principales Taurines (Somba, Lagunaires, Ndama) ; le bovin Borgou Les zébus sahéliens (zébu peulh white fulani, zébu M’bororo, …) et Goudali ont été introduites ces 20 dernières années, (FAO, 2012).
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I : L’ELEVAGE AU TOGO
I.1. Présentation générale de la République du Togo
I.1.1. Situation géographique du Togo
I.1.2. Données démographiques du TOGO
I.1.3. Économie
I.2. L’élevage au TOGO
I.2.1. Races exploitées
I.2.1.1. Taurin Somba
I.2.1.2. Taurin lagunaire
I.2.1.3. Bovin Bourgou
I.2.2. Espèces importées
I.2.2.1. Taurin Ndama
I.2.2.2. Goudali
I.3. Typologie des systèmes d’élevage
I.3.1. Système d’élevage traditionnel villageois
I.3.1.1. Système d’élevage traditionnel de type transhumant
I.3.1.2. Système d’élevage traditionnel amélioré
I.3.1.3. Système d’élevage sous palmeraie et sous cocoteraie
I.3.1.4. Système d’élevage péri – urbain
I.3.1.4.1. Elevage laitier de type traditionnel
I.3.1.4.2. Elevage laitier de type traditionnel amélioré
I.3.1.4.3. Elevage laitier de rente ou commercial
I.4. Contraintes de l’élevage bovin au Togo
I.4.1. Contraintes liées à l’alimentation et à l’abreuvement
I.4.2. Contraintes socio-économiques
I.4.3. Contraintes pathologiques
CHAPITRE II : GENERALITES SUR LA BRUCELLOSE
II.1 Brucellose Bovine
II.1.1. Répartition géographique
II.1.2. Importance
II.1.2.1. Économique
II.1.2.2. Hygiénique
II.1.3. Etiologie
II.1.4. Transmission
II.1.5. Manifestations cliniques et épidémiologiques de la Brucellose Bovine
II.1.5.1. Manifestations cliniques
II.1.5.2. Épidémiologie
II.1.5.2.1. Épidémiologie analytique
II.1.5.2.1.1. Sources de contagion
II.1.5.2.1.2. Les modes de transmission
II.1.5.2.1.3. Sensibilité et réceptivité
II.1.5.2.2. Épidémiologie synthétique
II.1.6. Méthodes de diagnostic
II.1.6.1. Diagnostic épidémio-clinique
II.1.6.2. Diagnostic différentiel
II.1.6.3. Diagnostic expérimental
II.1.6.4. Diagnostic bactériologique
II.1.6.5. Diagnostic sérologique
II.1.7. Méthodes de surveillance et de lutte
II.1.7.1. Prophylaxie sanitaire
II.1.7.2. Prophylaxie médical
II.2. La brucellose humaine
II.2.1. Importance de la brucellose humaine
II.2.2. Aspect épidémiologique de la brucellose humaine
II.2.2.1 Source de contagion et mode de transmission
II.2.2.2. Symptomatologie (JANBON, 2000 ; MAURIN, 2005)
II.2.2.3. Caractéristiques de la brucellose humaine
II.2.2.4. Diagnostic de la brucellose humaine
II.2.2.5. Traitement
CONCLUSION