Épidémies et pandémies au XXIe siècle

Épidémies et pandémies au XXIe siècle

Depuis le début du siècle, le monde fait face à l’émergence de nouveaux virus qui se propagent rapidement et pour lesquelles il faut développer une réponse sanitaire rapide malgré nos connaissances limitées vis-à-vis de ces agents pathogènes et des maladies qu’ils provoquent.

Grippe A (H1N1) 

Déjà apparu au début du XXème siècle, le virus de la grippe A et plus particulièrement le sous-type H1N1 est à l’origine d’une pandémie de mars 2009 et à août 2010 (15). Il provoque dans la majorité des cas des symptômes semblables à une grippe saisonnière, dans certains cas des pneumopathies virales graves. Ces formes graves pouvaient survenir en particulier chez des sujets jeunes et sans facteur de risque. Appelé parfois grippe mexicaine, car c’est au Mexique que le virus fait sa réapparition en mars 2009, il provoque une épidémie grippale et trois mois plus tard, l’OMS qualifie la situation de pandémie. Le virus est très contagieux mais, contrairement aux craintes initiales, il s’avère être peu pathogène avec une mortalité faible. En France (15), le nombre de victimes s’élève à 323 morts et environ 5 millions de personnes infectées. Rapidement, les pouvoirs publics mettent en œuvre des moyens destinés à limiter la propagation du virus et optimiser la prise en charge des personnes suspectées contaminées ou réellement contaminées. La réponse sanitaire s’articule principalement autour de la vaccination. Dès l’été 2009, le gouvernement français opte pour une campagne de vaccination massive et non obligatoire qui ne débute qu’au mois de novembre dans les hôpitaux et dans les centres de vaccinations. Une grande partie de la population française est réticente et seulement 5.74 millions de Français sont vaccinés au total alors que l’objectif est d’en vacciner 6 millions par mois (16).

Autre polémique : celle de la mise à l’écart des médecins généralistes (17). La profession n’est associée que tardivement et partiellement à la gestion de la crise, 4 mois après le début de l’épidémie. Elle réclame de pouvoir vacciner leurs patients contre la grippe H1N1, demande refusée par le ministère de la Santé pour des raisons financières et des questions de traçabilités de la vaccination. La fin de la pandémie est officiellement déclarée par l’OMS en août 2010.

Précédentes épidémies à coronavirus

Les coronavirus sont une famille de virus qui provoquent des maladies allant d’un simple rhume à des pathologies plus sévères. Depuis le début de ce siècle, trois coronavirus ont provoqué des maladies respiratoires graves (19). Le SRAS, apparu pour la première fois en Chine en novembre 2002, est à l’origine d’une épidémie à partir de mai 2003 jusqu’à mai 2004 (20). Il touche 29 pays, infecte plus de 8 000 personnes et fait au moins 774 morts. En 2012 apparaît en Arabie Saoudite le MERS (21, 22), un nouveau virus respiratoire. 25 pays sont touchés, principalement au Moyen-Orient. Sur les 1 293 personnes contaminées recensées, 458 sont décédées soit un taux de mortalité de 30 %. Les mesures mises en place ont alors permis de limiter la propagation de ces virus .

Virus SARS CoV-2

La maladie à coronavirus ou COVID-19 est une zoonose virale émergente causée par la souche de coronavirus SARS-CoV-2 (25). Les principaux symptômes, combinés, ou isolés sont la fièvre, des signes respiratoires (toux, essoufflement, sensation d’oppression dans la poitrine), des céphalées, de la fatigue, des courbatures, des troubles digestifs, une anosmie ou une agueusie. Il n’existe pas de symptôme ou de signe pathognomonique de la maladie. Dans les formes les plus graves, il peut être à l’origine d’une détresse respiratoire aiguë jusqu’au décès, notamment chez les personnes les plus fragiles du fait de leur âge et/ou de leurs comorbidités. Les formes asymptomatiques représentent 20 % des personnes infectées. La transmission se fait par gouttelettes respiratoires et aérosolisation. La période d’incubation moyenne est de 5 à 6 jours. Le taux de mortalité, variable entre les pays et selon l’âge, est estimé en moyenne à 0,5 %. Le dépistage peut se faire par RT-PCR, test antigénique ou autotest sur prélèvement nasopharyngé, par une sérologie avec recherche d’anticorps sur prélèvement sanguin (27). À ce jour, il n’existe pas de traitement spécifique du COVID-19. Les traitements sont symptomatiques. Depuis le 27 décembre 2020, la vaccination a débuté dans l’ensemble des pays européens, d’abord à destination des personnes les plus vulnérables et des professionnels de santé avant de s’étendre à d’autres catégories de la population.

Chronologie de la pandémie à COVID-19

Dans le monde

Il ne s’écoule que 4 mois entre le début de l’épidémie en Chine et la déclaration officielle de pandémie par l’OMS. Avec cette déclaration, l’OMS demande la mise en place de mesures de protection essentielles. Par mesures de protection essentielles, nous entendons la suppression des contacts physiques (bise, poignées de main), la fin des attroupements et des grandes manifestations, la limitation des voyages et des déplacements jugés non indispensables, le renforcement des gestes barrière avec la promotion du lavage des mains, la mise en application de quarantaines, l’usage de solutions hydroalcooliques. Les manifestations culturelles, sportives sont annulées les unes après les autres. De nombreux pays ferment leurs frontières et mettent en place des mesures de confinement. Ces mesures sont destinées à prévenir la saturation des services de soins intensifs et des réanimations et renforcer l’hygiène préventive .

Et en France

La réponse de la France à la pandémie se fait en 3 phases (31). L’objectif de la première est de freiner l’introduction du virus sur le territoire français. La deuxième phase consiste à freiner la diffusion du virus sur le territoire. À ce moment, tous les patients suspects ou confirmés sont pris en charge dans les structures hospitalières qualifiées. Cette deuxième phase est déclenchée le 29 février alors que 100 patients sont déclarés positifs. La troisième phase a pour objectif de diminuer les effets de la phase pandémique. Les plus fragiles et les patients graves sont pris en charge dans les structures hospitalières adaptées, les soins des patients non graves se font en ambulatoire.

Gestion médicale de l’épidémie en France

Plan blanc

Le dispositif d’Organisation de la réponse du système de santé en situations sanitaires exceptionnelles ou ORSAN (32), créé en 2014, est un dispositif de réponse et d’organisation des soins lors de situations sanitaires exceptionnelles (SSE). Le dispositif est déclenché par le directeur général de l’ARS après avis des préfets des départements concernés et de l’ARS. Ces SSE regroupent toutes les situations susceptibles de provoquer une augmentation de la demande de soins ou de perturber l’organisation de l’offre de soins (33). Les objectifs sont :
– D’établir une meilleure coordination régionale dans les 3 secteurs sanitaires que sont les secteurs ambulatoires, hospitaliers et médico-sociaux.
– D’organiser et d’adapter les soins au niveau régional.
– De mettre en place les mesures nécessaires pour que les malades puissent bénéficier des soins appropriés.

Il s’appuie principalement sur les établissements de santé avec les dispositifs « plans blancs » (34). Inscrit dans la loi depuis 2004, le plan blanc est un plan spécifique d’urgence sanitaire et de crise pour organiser la mise en œuvre rapide des moyens indispensables en cas d’afflux important de patients dans un établissement hospitalier (35). Il est déclenché par le directeur de l’établissement de santé ou à la demande du préfet du département et permet la mise en place d’une cellule de crise propre à chaque établissement. Plus concrètement, les actions mises en œuvre sont :
– La restructuration de l’offre de soins dans les 3 secteurs cités ci-dessus et la réattribution des ressources vers les situations qualifiées comme prioritaires ;
– Le renforcement des moyens : rappel du personnel hospitalier, renforcement de la permanence des soins ambulatoires, création de nouvelles unités, ouverture de lits supplémentaire, adaptation de l’activité médicale de l’établissement, mobilisation des moyens matériels et logistiques de l’établissement .

Si les mesures citées ci-dessus s’avèrent insuffisantes, des moyens nationaux peuvent être déployés (mobilisation de réservistes sanitaires, de professionnels de santé remplaçants, retraités, non exerçant, des étudiants en santé). Le plan blanc est évalué et révisé chaque année. Il doit être régulièrement testé par des exercices, au moins tous les ans, à l’aide de grilles d’évaluation.

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Table des matières

Introduction
Pandémie de SARS-CoV-2
1. Épidémies et pandémies au XXIe siècle
a. Grippe A (H1N1)
b. Précédentes épidémies à coronavirus
c. Virus SARS CoV-2
2. Chronologie de la pandémie à COVID-19
a. Dans le monde
b. Et en France
3. Gestion médicale de l’épidémie en France
c. Plan blanc
d. Préparations à la phase épidémique de COVID-19 et recommandations
e. Impact sur les secteurs de soins
f. Gestion des médias
4. Stress et médecine
a. Définition du stress
b. Epuisement professionnel et burn-out
c. Gestion de l’incertitude en médecine
5. Problématique
Méthodologie
1. Type de l’étude
2. Population étudiée
3. Mode de recrutement
4. Recherches bibliographiques
5. Élaboration du guide d’entretien
6. Analyse des entretiens
7. Démarche réglementaire
Résultats
1. Description des participants
Avant l’arrivée de l’épidémie en France
2. SARS-CoV-2
a. Lors de l’arrivée de l’épidémie en France
b. La prise en charge des patients
c. Connaissances
i. Expériences des confrères
ii. Gestion de l’incertitude
d. Limitation d’accès aux outils diagnostics
e. Informations et médias
f. Incidence des cas COVID en Normandie
g. Espoirs de la vaccination
3. Impacts sur la vie privée
a. Complexité des modes de déplacements
b. Temps pour soi
c. Présence de l’entourage
d. Protection des proches
e. Décès dans l’entourage
f. Baisse des interactions sociales
g. Réactions de l’entourage
4. Impact et changements professionnels
a. Mise à jour professionnelle
b. Modification des plannings
c. Diversification de l’activité
d. Impacts sur les revenus et les dépenses
e. Assistants médicaux
f. Impact sur les relations interprofessionnelles
g. Impact sur la relation médecin/patient
h. Renforcement des mesures d’hygiène au cabinet
5. Impact sur l’image de la médecin et des médecins
a. Reconnaissance et soutien
b. Désacralisation médicale
6. Deuxième vague et deuxième confinement
7. Après COVID et conséquences
a. Dégradation des conditions de soins
Discussion
Conclusion

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