Environnement urbain et santé

Jadis maladie endémique des régions tropicales, le Paludisme demeure malgré son net recul qui a été constaté un peu partout, la maladie à transmission vectorielle la plus répandue et la plus meurtrière à travers le monde (Nouvel Horizon, juin 2012, page 04). Il sévit toujours à l’état endémique dans certains pays notamment en développement et y constitue un problème de santé publique majeur qui nécessite des interventions ou opérations de lutte d’envergures nationales voire même internationale.

Au Sénégal, la lutte contre le paludisme a été depuis très longtemps une priorité des autorités étatiques. D’importants moyens matériels et humains ont été déployés afin de parvenir à des résultats conséquents dans le cadre de cette lutte contre le paludisme et ses vecteurs. Ainsi, depuis 1995 l’Etat du Sénégal a mis en place le Programme National de Lutte Contre le Paludisme (PNLP) afin de mieux coordonner les actions sur le terrain. Pour pouvoir apprécier la pertinence du programme quatre plans quinquennaux stratégiques (1996-2000 ; 2001-2005 ; 2006-2010 et 2011 2015) ont été élaborés afin de faire des évaluations à mis parcours (source : Plan Stratégique National, août 2010). D’importants résultats ont été obtenus depuis la mise en œuvre de ce programme affirment les responsables du PNLP. Ainsi, selon le coordonnateur du PNLP « nous sommes en mesure de dire que même s’il existe encore des zones de résistance de la maladie dans le pays, d’importants et de louables résultats ont été enregistrés dans le cadre de la lutte aussi bien contre le paludisme infection que contre le paludisme maladie et sa mortalité. Nous sommes même arrivés à identifier des zones où on parle d’une élimination probable de la maladie ». Mais selon toujours le coordinateur du PNLP « le risque zéro n’existe pas encore au Sénégal en ce qui concerne le paludisme. » (Source : le soleil du 06 Octobre 2011) .

Et toujours dans le cadre de la lutte contre cette maladie, le Sénégal a adhéré à la déclaration d’Abuja sur la lutte antipaludique du 25 avril 2000, et celle de 2006 qui appelle à la couverture universelle et à l’élimination du paludisme. Autant d’actes posés qui montrent la volonté manifeste des pouvoirs publics à éliminer définitivement le paludisme du pays.

Aujourd’hui même si la pathologie est toujours considérée comme un problème de santé publique et une priorité de santé par l’Etat, force est de reconnaître que la mise en œuvre de ces différents programmes et de leurs plans stratégiques ont permis d’engranger des résultats très encourageants dans le cadre de la lutte contre le Paludisme et ses principaux vecteurs. Les taux de morbidité et de mortalité du paludisme ont chuté de manière drastique sur l’ensemble du territoire national (le taux de morbidité proportionnelle est passé de 35,72% de cas cliniques en 2001 à 3,07% de cas confirmés en 2009. Dans la même période, la mortalité proportionnelle est passée de 29,72% à 4,41%). C’est ce qui fait qu’aujourd’hui notre pays est cité en exemple dans cette croisade contre le paludisme. Ceci a été rendu possible grâce l’introduction des ACT en 2006 ; le démarrage des aspersions intra domiciliaires durant la même année avec trois Districts pilotes ; l’utilisation du TDR à partir de 2007 ; le lancement de la PECADOM en 2008 pour une meilleure prise en charge des cas ; la mise en œuvre de la stratégie de couverture universelle (un lit = une moustiquaire) en 2009 dans quatre régions, ainsi d’autres actions comme la campagne « roll back malaria » etc.

Cependant, malgré ces résultats satisfaisants qui ont été enregistrés par le Sénégal, la situation est loin d’être maîtrisée sur l’ensemble du territoire national. Il subsiste encore des poches de résistances des vecteurs et de la maladie. On note par endroit des taux de prévalence apparents très faibles. C’est le cas par exemple des zones de la basse et de la moyenne vallée du fleuve, du Ferlo. On parle même aujourd’hui d’une probable élimination de la maladie dans ces zones précitées notamment dans le District de Ricard Toll (source : APS, avril 2013). Au même moment dans la zone soudanienne du pays (les régions du sud du pays) la situation reste toujours alarmante même si on note dans cette partie également un recul considérable de la maladie. C’est le cas dans la région de Kolda où on note un niveau de transmission de la maladie très élevé. Cependant, on note une certaine inégalité de l’endémicité entre les milieux urbains et ruraux. La maladie est plus endémique en milieu rural qu’en milieu urbain. Cette situation s’explique aussi bien par l’hétérogénéité spatiale et sociale du milieu urbain que par sa taille démographique qui se combine avec l’extension spatiale de la ville et contribue à la densification de l’habitat urbain avec l’occupation des espaces vides et des zones impropres à l’habitation(les espaces marécageux, les zones inondables). A cela s’ajoute les principales caractéristiques de la ville qui est, un milieu ouvert, dense et hétérogène. Cette urbanisation galopante et non contrôlée de la ville de Kolda impact à la fois sur son environnement avec les nombreuses transformations qu’elle entraine mais aussi sur l’épidémiologie de nombreuses pathologies parmi lesquelles le Paludisme. Car, elle permet d’une part de densifier l’habitat avec l’occupation des espaces vides (les bas fonds urbains) considérés par d’aucuns comme des gîtes présumés des larves, d’autre part les fortes densités de populations limitent le risque d’être infecté par les vecteurs. Cette occupation progressive de l’espace éloigne également les vecteurs de la maladie et limite d’autre part le contact homme-vecteur. Mais, il faut signaler qu’à Kolda l’urbanisation a conduit à de nombreuse personne à aller s’installer jusque dans les zones de cultures qui retiennent l’eau une bonne partie de l’année. On rencontre ces quartiers constitués d’abris de fortunes au niveau des fronts d’urbanisation qui constituent également des zones de contacts entre la ville et son arrière pays. Les populations qui habitent dans ces quartiers sont très exposées au risque anophèlien et restent très vulnérables à la pénétration des moustiques dans les habitations. A cela s’ajoute l’insalubrité de la ville, les mauvaises pratiques humaines sur leurs environnements (cadres de vie). C’est pourquoi comme le soutient Salem G. (1984) « s’il est un domaine où les villes font l’objet de préjugés négatifs très récurrents et encrés dans les mentalités, c’est bien dans le domaine de la santé ». Cependant, on remarque que la santé est meilleure en milieu urbain qu’en milieu rural. Un vrai paradoxe.

LES DONNEES PHYSIQUES DU MILIEU

SITUATION GEOGRAPHIQUE DE LA ZONE D’ETUDE 

La ville de Kolda est située à l’extrémité Sud du pays. Elle est la capitale régionale de la région du même nom (KOLDA). C’est une ville enclavée par rapport au reste du Sénégal. L’accès se fait par les routes nationales N° 4 et N°6. La ville de Kolda est distante de Dakar, la capitale du pays, de 670 km, de 188 km de Ziguinchor, 88 km de Sédhiou et de 223 km de Tambacounda. La ville est également enclavée par rapport aux pays limitrophes, ce qui a des conséquences négatives sur le niveau des échanges avec la sous région (Gambie, Guinée Conakry et Guinée Bissau). Les routes qui relient Kolda aux pays limitrophes sont constituées de pistes latéritiques en très mauvaise qualité et elles deviennent impraticables durant la saison des pluies. L’infrastructure routière de la région n’est constituée que de 2181 km de route dont seulement 500 km revêtus, soit 23 %. Les routes revêtues sont formées par la Route Nationale n°4 (RN4) qui passe par la partie Nord du département de Sédhiou et la Route Nationale n°6 (RN6) qui relie les villes de Ziguinchor-Kolda-Vélingara et Tambacounda dans le sens Est-Ouest. Cet axe routier très structurant a l’inconvénient d’être excentré .

Située en moyenne Casamance, la ville de Kolda est régit par un élément fondamental : le fleuve Casamance. Un élément qui lui imprimera sa morphologie et sera à la base de toute la problématique de son assainissement. La ville de Kolda est scindée en deux entités par le fleuve Casamance. L’une située sur la rive gauche et regroupe les quartiers : Bantagnel, Bouna Kane et Saré Moussa. L’autre entité située sur la rive droite se compose des quartiers de : Doumassou, Sikilo et Gadapara.

Kolda n’est une ville qu’au niveau administratif. Sur le plan des infrastructures on ne peut parler que d’une ville secondaire. Kolda est dépourvue de tout. Son niveau d’équipement reste très faible et on peut même de parler de ville sous équipée. La seule unité industrielle (SODEFITEX) qui s’y trouve tourne au ralentie aujourd’hui. Sur le plan de l’assainissement Kolda n’est pas assainie en dépit de sa situation dans une zone pluvieuse. D’où son problème d’assainissement. Les décideurs doivent prendre conscience de cette situation et tenter d’apporter les solutions idoines. Pendant ce temps-là, les populations pataugent dans la misère la plus totale.

LE MILIEU NATUREL 

Située en haute Casamance, la ville de Kolda s’est développée au bord du fleuve au début du XXème siècle, en tant que ville comptoir et siège de maisons de commerce. Sur le plan hydrographique, la ville est implantée sur les levées de terres qui bordent le fleuve Casamance et les dépressions inondables. Le fleuve traverse la ville du Nord-est au Sud-ouest qu’il divise en deux parties : la partie la plus haute située au Nord-Ouest ; la plus vaste est un plateau qui culmine à 44 mètres par rapport au lit du fleuve. Au Sud et au Sud-est, le relief est relativement plat et légèrement incliné vers le cours d’eau. Plusieurs dépressions parsèment le territoire communal. Les zones inondables en saison des pluies et les berges du fleuve sont exploitées pour l’agriculture (vergers, maraîchage et riziculture…). Il est à noter que le fleuve est suffisamment profond pour contenir l’eau de crue dans son lit et éviter les inondations. Dans les parties basses, les sols sont constitués de sols de vallées sur matériau largement alluvial. Il s’agit de sols hydromorphes à Gley de surface et d’ensemble sur matériau alluvial varié mais souvent argileux, limon argileux ou argile. Les sols sont de couleur assez foncée en surface avec parfois une structure polyédrique fine assez bien développée dans les quelques premiers centimètres. Ils sont gris ou brun clair en profondeur avec des traînées et des tâches diverses selon le degré d’hydromorphie. Les teneurs des sols en matière organique sont moyennes et la fertilité chimique variable. Ces sols sont cultivables en rizière s’ils sont submergés. Au niveau du plateau, les sols sont de type ferrugineux tropical, plus ou moins lessivés, légèrement ferralitiques. La végétation est constituée d’une savane arborée résultat du déboisement des forêts couvrant les plateaux et les vallées, pour l’agriculture. Au niveau des plateaux, certains grands arbres sont préservés. Parmi les espèces restées de l’ancienne forêt, on compte le Pterocarpus erinaceus (dominant), Parkia biglobosa, Prosopis africanus, Cordylia pinnata et Combretum glutinosum.

L’espace urbain a été parcellisé puis redistribué à des citadins. Même si la présence des formations végétales dans les concessions constitue souvent des facteurs d’insalubrité ou d’accumulation d’insectes, leur fonction pour la santé des populations est pourtant essentielle. Ces formations constituent des unités absorbantes pour la trop grande concentration du monoxyde de carbone (CO) ou du dioxyde d’azote (NO2) dégagés par les activités humaines notamment l’industrie et le transport urbain. Ainsi, les paramètres physiques de la ville de Kolda contribuent à accentuer certains problèmes (pollution, nuisances) ou à rendre difficile l’approvisionnement en eau potable, l’évacuation des eaux pluviales et des eaux usées, des ordures, etc. Autant de facteurs qui conditionnent, pour une large part, la santé des populations.

Les vallées abritent des espèces hydrophiles et mésophiles à savoir Parkia biglobosa, Terminalia macroptera, Daniella oliveri. Le climat de type soudano-guinéen, chaud et sec est caractérisé par des températures élevées et des vents relativement calmes (vitesse maximale 3 m/s). Les vents dominants sont constitués par l’alizé continental, vent chaud et sec (Nord-est) et la mousson qui souffle du Sud est et apporte la pluie. La pluviométrie est favorable et dépasse parfois 1000 mm par an pour 72 jours de pluie. Elle constitue une contrainte pour la commune avec les eaux de ruissellement qui dégrade et érodent la voirie urbaine et les ruelles. Les détritus charriés vers le fleuve contribuent à son comblement manifeste.

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Table des matières

Introduction générale
Méthodologie
PREMIERE PARTIE : LE CONTEXTE SOCIODEMOGRAPHIQUE, ECONOMIQUE ET ENVIRONNEMENTAL DE LA VILLE DE KOLDA
Chapitre I : les données physiques du milieu
I- Situation géographique de la ville de Kolda
II- Le milieu naturel
III- Configuration socio spatiale de la ville
A. Dynamiques spatiotemporelles de la ville en lien avec Le niveau de transmission du paludisme
B. Dynamiques spatiales de la ville en lien avec le niveau de transmission du paludisme à Kolda
Chapitre II : Situation sociodémographique, économique environnemental de la ville de Kolda
I- Situation sociodémographique de la ville de Kolda
II- Dynamiques de la population
III- Situation des activités de production
IV- Les secteurs d’appui à la production
V- Situation des secteurs sociaux
A- Education et formation
B- Le secteur de la santé
VI- Le contexte environnemental de la ville de Kolda
Conclusion partielle
DEUXIEME PARTIE : GEOGRAPHIE DU PALUDISME DANS LA VILLE DE KOLDA : MORBIDITE, MORTALITE ET FACTEURS DE RISQUES
Chapitre I : : Incidence de la morbidité et de la mortalité du paludisme en 2013 dans la ville de Kolda
I- Analyse de l’incidence de la morbidité diagnostiquée du paludisme
II- Analyse de l’incidence de la morbidité ressentie du paludisme
III- Analyse de l’incidence de la mortalité palustre
Chapitre II : les facteurs de risques déterminants du paludisme
A. Description de l’espace urbain
B. Les facteurs de risques déterminants du paludisme à Kolda
I- Le facteur environnemental
II- Le facteur social
III- Le facteur économique
IV- Le facteur politique
A. L’offre de soins
Conclusion partielle
Conclusion générale
Bibliographie
Liste des tableaux
Liste des figures
Liste des cartes
Liste des encadrés
Table des matières
Annexes

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