De nombreuses espèces ont développé au cours de leur évolution des systèmes de défense ou de prédation particulièrement efficaces. Parmi ces armes, le venin occupe une place prépondérante. Des évolutions anatomiques ont permis d’obtenir des appareils performants d’inoculation de venin. Ceci explique que les animaux de petite taille peuvent être responsables d’envenimation grave chez l’homme.
Depuis l’antiquité, le scorpion par ses implications fâcheuses ne cesse de hanter l’esprit de l’humanité. Au Maroc, l’espèce de scorpion la plus redoutable est l’Androctonus mauritanicus. Elle appartient à la famille des Buthidae, qui est très répandue au niveau de la zone côtière atlantique, la vallée de Souss, le versant du haut Atlas et les régions sahariennes [1]. De nos jours et malgré le développement et la variété des méthodes et moyens de prise en charge, l’envenimation scorpionique est toujours considérée comme un véritable fléau socioéconomique. Le Maroc, comme d’autres pays d’Afrique du Nord, du Proche Orient et d’Amérique du Sud, constitue l’une des régions les plus touchées par ce problème de santé publique. [2] Le nombre annuel de piqûre de scorpion dépasse 1,2 million dans le monde, conduisant à plus de 3250 décès [3]. En Tunisie on note la survenue de 40 000 cas par an [4]. En Algérie ,170 cas de piqûre scorpionique par 10 000 hab sont enregistrés, avec une mortalité annuelle de 0,38 par 100 000 hab [5]; tandis qu’au Mexique, 150 000 cas par an sont répertoriés avec une mortalité de 800 à 1 000 cas [6]. Plusieurs études ont permis de décrypter la composition du venin des scorpions, d’élucider son mécanisme d’action, et ont prouvé que la rapidité de prise en charge est déterminante pour l’amélioration du pronostic vital.
La sérothérapie a longtemps été le traitement spécifique le plus communément employé. Des travaux cliniques et expérimentaux viennent aujourd’hui la remettre en question. Elle est de ce fait vivement controversée voire abandonnée.
Selon les données épidémiologiques établies par le centre antipoison du Maroc, la piqûre de scorpion représente un véritable problème de santé publique, avec 30 à 50% des intoxications, un taux d’incidence allant de 0 à 2,4 % selon les différentes régions. Le taux de létalité globale est de 0,82 % pouvant atteindre 5,3 % dans certaines régions. 90 % des décès surviennent chez les enfants moins de 10 ans [7]. Sa prise en charge nécessite une collaboration étroite entre le ministère de la santé, le personnel soignant et les épidémiologistes.
Hydrologie
La nature accidentée du terrain et le régime des pluies rendent les oueds du sud ouest marocain peu navigables. Des montagnes élevées prennent naissance la plupart des principaux cours d’eau formant avec leurs plus ou moins nombreux affluents un réseau hydrographique important. Parmi ces cours d’eau, on peut citer l’oued Tensift (270 km de Iong), l’oued Souss (fleuve au débit intermittent) et l’oued Drâa (fleuve au débit intermittent dans son cours inférieur). La plupart des petits oueds sahariens se perdent dans le désert mais leurs crues peuvent être violentes.
Climatologie
L’ensemble du territoire étudié est soumis à un climat méditerranéen typique. Cependant, il est profondément influencé par l’océan atlantique et le Sahara. Les variations climatiques interannuelles, particulièrement marquées, rendent les conditions agricoles parfois aléatoires. L’importante barrière montagneuse constituée par une continuité du Haut Atlas et l’Anti Atlas partage le secteur étudié en 3 régions climatiques bien distinctes:
– Au nord du Haut Atlas, se situe la plaine du Haouz à climat continental de type méditerranéen aride présentant les caractères conjugués d’une faible hygrométrie et d’une température aux moyennes élevées et aux écarts journaliers et saisonniers considérables.
– Le Haut Atlas possède une position particulière du point de vue climatique. Il est situé à la limite de la zone méditerranéenne tempérée et de la zone subtropicale des grands déserts.
– Entre le Haut Atlas et l’Anti Atlas, la plaine du Souss présente un climat de type méditerranéen extratropical. Son ouverture sur l’océan Atlantique lui permet de bénéficier des influences océaniques tempérées. Au sud et à l’est des Atlas, le climat devient saharien. A l’est, la proximité de la mer atténue les écarts de température et augmente l’humidité. Plus on s’en éloigne, plus l’amplitude thermique est importante et la sécheresse devient prononcée. La moyenne annuelle d’ensoleillement est de plus de 8 heures par jour à Agadir, Marrakech et Ouarzazate. Le sirocco et le chergui sont des vents chauds et desséchants à caractère continental. Il résulte de ces vents un ciel lourd, un temps orageux, une atmosphère chargée de sable, une humidité relative en chute brutale et une évaporation partout accrue.
Précipitations
La région du sud ouest marocain est globalement soumise à de faibles précipitations avec moins de 400 mm par an dans les plaines du Haouz et Souss et dans les zones des piémonts.
Températures
La plus grande partie de ce territoire est soumise à un climat de type aride à semi aride, chaud en été et frais ou froid en hiver, avec des températures minimales qui sont régulièrement en dessous de zéro en hiver dans les parties les plus élevées du Haut Atlas et de l’Anti Atlas.
Végétation
La végétation est sous forme de forêts, de matorrals et de steppes. Cependant, beaucoup de formations connaissent de nettes dégradations dues aux activités humaines.
Recueil des données
Il s’agit d’une étude rétrospective portant sur 70 enfants, admis pour prise en charge d’une envenimation scorpionique au service de réanimation pédiatrique du CHU Mohammed VI de Marrakech; durant la période allant d’Octobre 2009 à Décembre 2010. Pour cela, une fiche de recueil des données a été utilisée et a concerné :
➤ Les données épidémiologiques : âge, sexe, origine, Les données épidémiologiques date et heure, lieu et siège de piqûre, couleur du scorpion en cause, délai de prise en charge et conditions de transport.
➤ Les données cliniques : signes locorégionaux (doule Les données cliniques ur, rougeur), signes généraux (digestifs, respiratoires, neurologiques, cardiovasculaires, végétatifs).
➤ Classification de la sévérité de l’envenimation : Classification Selon Abroug, la sévérité de l’envenimation scorpionique a été répertoriée en 3 classes de gravité[10]:
Stade I: caractérisé par la présence exclusive d’un Stade I ou plusieurs signes locaux (douleur, rougeur, œdème …) sans aucun signe général, il témoigne de la présence d’une piqûre sans envenimation.
Stade II : caractérisé par la présence d’un ou plus Stade II ieurs signes généraux (fièvre, sueurs, agitation modérée), associés à des manifestations digestives (nausée, vomissements, diarrhée, douleurs abdominales…), un accès hypertensif, des troubles de la respiration ou un priapisme.
Stade III : caractérisé par la défaillance d’une ou Stade III plusieurs fonctions vitales.
• Signes cardio-circulatoire : une cyanose, un accès hypertensif, une hypotension artérielle et des troubles de rythme cardiaque.
• Signes respiratoires : une polypnée, un encombrement bronchique, une difficulté respiratoire évoluant vers un tableau d’oedème pulmonaire aigu.
• Signes neurologiques : une souffrance cérébrale secondaire à l’hypoxie et pouvant se manifester par une agitation, une irritabilité, des fasciculations, des convulsions, une obnubilation voire un coma.
➤ La prise en charge concernant le traitement traditi La prise en charge onnel et médical.
➤ L’évolution : la bonne évolution, la durée d’hospit L’évolution alisation, les décès.
Les facteurs pronostiques ont été déterminés grâce à une analyse multivariée.
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Table des matières
INTRODUCTION
OBJECTIFS DE L’ETUDE
MATERIEL ET METHODES
I. Région étudiée
II. Recueil des données
RESULTATS
I. Données épidémiologiques
1. L’âge
2. Le sexe
3. La répartition géographique
4. Le siège de la piqûre
5. La saison
6. L’heure de la piqûre
7. L’agent causal
8. Le délai post piqûre
9. Les conditions de transport
II. Données cliniques
1. Signes locorégionaux
2. Signes généraux
3. Répartition selon la classe de gravité
III. Prise en charge
1. Thérapeutique initiale
2. Traitement reçu en réanimation pédiatrique
IV. Evolution
1. Amélioration
2. Complications
3. Létalité
4. Durée moyenne de séjour
V. Facteurs pronostiques
ANALYSE ET DISCUSSION
I. Rappels théoriques
1. Le scorpion
1.1. Rappels anatomiques
1.2. Classification
1.3. Ethologie
2. Le venin
2.1. Propriétés physiques du venin
2.2. Propriétés chimiques
2.3. Pharmacocinétique du venin
3. Physiopathologie de l’envenimation
3.1. Physiopathologie générale
3.2. Troubles cardiovasculaires
3.3. Troubles respiratoires
3.4. Troubles digestifs
II. Données épidémiologiques
1. La fréquence
2. L’âge
3. Le sexe
4. La répartition géographique
5. La saison
6. L’heure de la piqûre
7. Le temps post piqûre
8. Le siège de la piqûre
9. La couleur du scorpion
III. Données cliniques
1. Classe I (envenimation bénigne)
2. Classe II (envenimation modérée)
3. Classe III (envenimation grave)
3.1. Signes respiratoires
3.2. Signes cardiovasculaires
3.3. Les signes neuromusculaires
3.4. Les signes digestifs
IV. Perturbations biologiques
V. Traitement
1. Piqûre de scorpion sans envenimation
1.1. Les procédures traditionnelles
1.2. Sérum antitétanique
1.3. Corticoïdes
1.4. Calcium
1.5. Traitement symptomatique
2. Envenimation avec détresse vitale
3. La sérothérapie antiscorpionique
VI. Evolution et pronostic
1. Evolution favorable
2. Facteurs pronostiques
3. Taux de mortalité
VII. Mesures préventives
1. Mesures concernant l’environnement
2. Mesures concernant l’homme
3. Mesures concernant le scorpion
VIII. Conduite à tenir devant une piqûre de scorpion
CONCLUSION
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