Télécharger le fichier pdf d’un mémoire de fin d’études
ANALYSE ET MODÉLISATION CINÉMATIQUE ET GÉOMÉTRIQUE DES MANIPULATEURS
Afin de mieux comprendre les propriétés des manipulateurs étudiées dans ce mémoire, on rappelle dans ce paragraphe quelques définitions souvent rencontrées dans la littérature.
MÉCANISMES DE TYPE MANIPULATEUR
Définition de mécanisme de type manipulateur
Un mécanisme de type manipulateur est un ensemble de corps rigides liés entre eux par des articulations rotoïdes, prismatiques (voir l’Annexe A) destinées à manipuler des pièces ou un outil. Les articulations sont supposées idéales, sans jeu et sans élasticité. Un mécanisme de type manipulateur peut se présenter sous la forme d’une chaîne cinématique simple ou d’une chaîne cinématique fermée. On rappelle brièvement les trois catégories possibles de manipulateurs ainsi que les avantages et les inconvénients de chacune.
Définition du nombre de degrés de liberté
Le nombre de degrés de liberté (ddl) d’une liaison est égal au nombre minimal de paramètres qui déterminent la position du corps C2 dans son mouvement permis par rapport au corps C1.
Chaîne cinématique simple
C’est une chaîne cinématique dont chaque membre possède un degré de connexion (nombre de liaisons mécaniques) inférieur ou égal à deux [Dombre 88]. Un mécanisme de type manipulateur est sériel s’il est formé d’une chaîne cinématique simple dont la base B et l’organe effecteur P possèdent un degré de connexion égal à un (donc chacun est relié à un seul corps) tandis que les autres éléments possèdent un degré de connexion égal à deux (Figure 1).
Ce type de manipulateurs est le plus utilisé en industrie vue l’importance de son espace de travail. On peut citer, à titre d’exemple, les manipulateurs anthropomorphes, cylindriques, toriques, sphériques et cartésiens. Les inconvénients de tels manipulateurs se résument essentiellement à une faible précision, une faible charge transportable et une faible rigidité.
Chaîne cinématique fermée
C’est une chaîne cinématique dont l’un des membres, différent de la base, possède un degré de connexion supérieur ou égal à trois [Merlet 97].
Dans la Figure 2, les corps C1, C2, C3 et C4 forment une chaîne cinématique fermée. Parmi les manipulateurs à chaîne cinématique fermée, on peut citer les manipulateurs parallèles, les manipulateurs pleinement parallèles et les manipulateurs à boucles fermées pleinement parallèles légers [Chablat 98a]. Les avantages des manipulateurs à chaîne cinématique fermée sont la rigidité et le pouvoir de transporter des charges lourdes. Comme inconvénients, on note essentiellement l’espace de travail restreint.
Les manipulateurs hybrides se présentent comme une structure sérielle dans laquelle on vient insérer une ou plusieurs boucles fermées (Figure 3).
L’insertion des boucles fermées dans une structure sérielle a pour but l’augmentation de la rigidité du manipulateur et la diminution de son poids. De ce fait, la présence d’un parallélogramme dans le manipulateur Hitachi-HPR [Dombre 88] permet de déplacer la motorisation du deuxième axe tout en augmentant la rigidité du manipulateur. Citons comme autre exemple le montage en série d’un poignet sphérique sur les manipulateurs parallèles [Chablat 98b].
Dans ce mémoire, on se limitera à l’étude des manipulateurs sériels.
MODÉLISATION CINÉMATIQUE
On rappelle dans ce paragraphe les paramètres géométriques permettant de décrire un mécanisme de type manipulateur sériel et que l’on utilisera tout le long de ce mémoire. Cette description utilise les paramètres de Denavit et Hartenberg modifiés (DHm) [Khalil 86].
Comme défini précédemment, un mécanisme de type manipulateur est une chaîne cinématique constituée d’une succession de corps rigides liés entre eux par des articulations rotoïdes ou prismatiques. On note le repère Rj lié au corps Cj successeur du corps Cj-1 et antécédent Cj+1. Rj est défini tel que :
– L’axe Zj est porté par l’axe de l’articulation j.
– L’axe Xj est porté par la perpendiculaire commune aux axes Zj et Zj+1. Dans le cas où les axes Zj et Zj+1 seraient parallèles, le choix de l’axe Xj n’est pas unique : des considérations de symétrie ou de simplicité sont à prendre en compte.
– L’axe Yj est déterminé de telle sorte que le repère Rj soit direct.
Le passage entre les repères Rj-1 paramètres géométriques (Figure 4). et Rj est fonction de quatre paramètres appelés
Ces paramètres sont définis par :
– dj : distance entre Zj-1 et Zj le long de Xj-1.
– αj : angle entre les axes Zj-1 et Zj, correspondant à une rotation autour de Xj-1.
Espace articulaire
Les articulations entre les différents corps d’un manipulateur peuvent être rotoïdes ou prismatiques. L’espace articulaire EAn est par conséquent le produit cartésien de deux types d’espaces : ℜ pour les prismatiques et le cercle S1 pour les rotoïdes. Citons l’exemple d’un manipulateur à 6 ddl à porteur cylindrique et poignet rotule, sa morphologie s’écrit RPPRRR et son espace articulaire s’écrit : EAn = EA6 = S1xℜ2xS3.
Espace opérationnel
L’espace opérationnel EOm décrit la position et l’orientation de l’effecteur d’un manipulateur à n ddl. La forme de cet espace opérationnel dépend des paramètres du manipulateur. Par exemple, dans le cas des manipulateurs non redondants à 3 ddl, l’espace opérationnel est donc l’espace cartésien de dimension 3 : EOm = EO3 = ℜ3.
Concernant les manipulateurs à 6 ddl, six coordonnées de position et d’orientation sont utilisées e ton a : EOm = EO6 = ℜ3xSO(3).
Où SO(3) représente le groupe des rotations propres d’un corps rigide dans ℜ3.
LES MODÈLES GÉOMÉTRIQUES DIRECT ET INVERSE
Un problème fondamental qui se pose lors d’une étude des manipulateurs est la résolution du modèle géométrique direct et inverse. Le modèle géométrique direct d’un manipulateur sériel permet de trouver la position et l’orientation de l’effecteur en fonction des paramètres articulaires donnés, alors que le modèle géométrique inverse permet de trouver l’ensemble des configurations articulaires possibles pour une position et une orientation données de l’effecteur.
Modèle géométrique direct
Le modèle géométrique direct (MGD) est présenté par l’équation (1). La détermination de ce modèle ne pose pas de problème : il s’agit d’une multiplication de matrices. En effet, on considère la matrice de transformation j−1Tj entre les repères Rj-1 lié au corps (j-1) et Rj lié au corps (j), le résultat est donné par la matrice 0Tn telle que : 0 Tn = 0 T 1 T ⋅ ⋅ ⋅ j−1 T j T ⋅ ⋅ ⋅ n−1Tn (2) 1 2 j j+1
Dans le cas d’un manipulateur 3R, l’espace K des paramètres est de dimension 7.
Ces 7 paramètres de DHm sont : d2, d3, d4, r2, r3, α2 et α3. L’équation (3) représente le MGD d’un manipulateur 3R.
– Trajectoire continue : c’est une trajectoire de longueur finie entre une origine et une extrémité. Elle est faisable lorsque l’effecteur peut la suivre de manière continue.
– Espace des configurations libres : noté Ql. On considère la partition de Ql en plusieurs composantes connexes Qli avec i ∈ I = {1, 2,…., N} tel que Ql = ∪i∈I Qli et ∀i ≠ j, i ∈ I, j ∈ I, Ql i ∩ Qlj = ∅ .
– Domaine de travail : Wli est défini ainsi : ∀i ≠ j, Wli = F(Qli).
– Espace de travail libre : on peut le définir par Wl = F(Ql) ou encore : Wl = ∪i∈I Wli .
Dans le cas où l’espace de travail libre Wl n’est pas n-parcourable, on montre que les sous-espaces n-parcourables principaux sont les domaines de travail Wli.
– Les manipulateurs non redondants : pour qu’une trajectoire continue soit faisable dans l’espace de travail libre Wl, il faut et il suffit qu’elle soit totalement contenue dans l’image d’une composante connexe d’un aspect libre ou qu’elle passe par une zone de changement d’aspect qui est un domaine de dimension m-1 [Wenger 89].
– Les manipulateurs redondants : pour qu’une trajectoire continue soit faisable dans l’espace de travail libre Wl, il faut et il suffit qu’il existe une composante connexe de F-1(trajectoire continue) dont l’image recouvre cette trajectoire. Toutefois, cette condition ne permet pas d’analyser la t-parcourabilité de tout l’espace de travail [Wenger 89]. La technique des cartes de faisabilité peut être utilisée pour résoudre ce problème. Une étude de cette technique est détaillée dans [Chedmail 98].
• Exemple :
Soit un manipulateur à trois articulations rotoïdes dont les paramètres de DHm sont : d2 = 1, d3 = 2, d4 = 1,5, r2 = 1, r3 = 0, α2 = -90° et α3 = 90°, On montre que le point X de coordonnées x = 2,5, y = 0, z = 0,6 dans le repère R0 est accessible selon les 4 postures suivantes (valeurs exprimées en degrés) :
q(1) = (-101,52, -158,19, 104,88)T, q(2) = (-50,92, -46,17, 141,16)T
q(3) = (-164,56, -170,02, -12,89)T et q(4) = 10,13, -22,33, -106,28)T
Dans la Figure 12 et en l’absence de butées articulaires, les singularités divisent le domaine articulaire de ce manipulateur en deux aspects (dont l’un comprend toute la zone non hachurée). On voit que les configurations q(2) et q(3) (respectivement q(1) et q(4)) appartiennent au même aspect. Par conséquent, le passage de q(2) et q(3) (respectivement q(1) et q(4)) se fait sans franchissement de singularités.
|
Table des matières
INTRODUCTION GÉNÉRALE
1. CINÉMATIQUE DES MANIPULATEURS SÉRIELS
1.1. Introduction
1.2. Analyse et modélisation cinématique et géométrique des manipulateurs
1.2.1. Mécanismes de type manipulateur
1.2.2. Modélisation cinématique
1.2.3. Espace articulaire et espace opérationnel
1.2.4. Les modèles géométriques direct et inverse
1.2.5. Le modèle différentiel
1.3. Les singularités
1.3.1. Singularités de position
1.3.2. Branches de singularités
1.3.3. Calcul des singularités dans l’espace articulaire
1.3.4. Calcul des singularités dans l’espace opérationnel
1.3.5. Classification des singularités
1.4. Propriétés des manipulateurs
1.4.1. Propriétés d’aspects
1.4.2. Notion de parcourabilité
1.4.3. Manipulateurs de morphologie cuspidale
1.5. Manipulateurs quadratiques et quartiques
1.5.1. Manipulateurs quadratiques
1.5.2. Manipulateurs quartiques
1.6. Manipulateurs binaires et quaternaires
1.6.1. Manipulateurs binaires
1.6.2. Manipulateurs quaternaires
1.7. Manipulateurs génériques et non generiques
1.8. Classes d’homotopie des manipulateurs generiques
1.8.1. Définition
1.8.2. Application : classification des manipulateurs 3R quaternaires génériques
1.9. Liens entre les différentes classes
1.10. Conclusion
2. ÉTUDE D’UNE FAMILLE DE MANIPULATEURS ORTHOGONAUX : CAS r 3 = 0
2.1. Introduction
2.2. Présentation de la famille de manipulateurs étudiée
2.3. Position du problème
2.4. Énumération de quelques méthodes mathématiques pour la résolution des systèmes polynomiaux
2.4.1. Méthode numérique : la continuation
2.4.2. Méthodes algébriques
2.4.3. Méthode retenue
2.5. Classification de la famille de manipulateurs
2.5.1. Classification selon le nombre de points cusps
2.5.2. Classification selon le nombre de nœuds
2.5.3. Synthèse des résultats
2.6. Étude de cas particuliers
2.7. Conclusion
3. ÉTUDE D’UNE FAMILLE DE MANIPULATEURS ORTHOGONAUX : CAS r 3 ≠ 0
3.1. Introduction
3.2. Présentation de la famille de manipulateurs étudiée
3.3. Position du problème
3.4. Classification selon le nombre de points cusps
3.4.1. Présentation des 9 types de manipulateurs correspondants aux 9 domaines
3.4.2. Paragraphe récapitulatif
3.4.3. Liens entre les 9 types de manipulateurs, leurs classes d’homotopie etleur nombre d’aspects
3.4.4. Conclusion
3.5. Classification selon le nombre de nœuds
3.5.1. Topologie d’espace de travail dans le cas r2 < r3
3.5.2. Topologie d’espace de travail dans le cas r2>r3
3.6. Étude de cas particuliers
3.7. Conclusion
4. ANALYSE DES RÉSULTATS DE LA CLASSIFICATION DES MANIPULATEURS 3R ORTHOGONAUX
4.1. Introduction
4.2. Indices de performances
4.2.1. Mesures de dextérité
4.2.2. Indice de performance relatif à l’espace de travail
4.3. Étude du conditionnement
4.3.1. Étude du cas r3 = 0
4.3.2. Étude du cas r3 ≠ 0
4.4. Étude du volume de l’espace de travail
4.4.1. Étude du cas r3 = 0
4.4.2. Étude du cas r3 ≠ 0
4.5. Tableau récapitulatif
4.6. Étude du manipulateur 6R DIESTRO
4.7. Conclusion
CONCLUSION GÉNÉRALE
PERSPECTIVES
BIBLIOGRAPHIE
Télécharger le rapport complet