Entre métropolisation et réseaux, quels enjeux pour les villes moyennes ?

« L’humanité est constamment aux prises avec deux processus contradictoires dont l’un tend à instaurer l’unification, tandis que l’autre vise à maintenir ou à rétablir la diversification », Claude Lévi-Strauss, « Race et Histoire » (1952) .

Le Larousse définit la métropole comme « la ville la plus importante d’une région ou d’un pays » et fait aussi référence à son étymologie. Comme « cité mère », elle s’oppose, à l’époque grecque, aux colonies qu’elle a elle-même fondées. L’origine du terme induit une relation de dépendance des autres territoires vis-à-vis de la métropole. La définition de la métropolisation mérite aussi notre attention. Selon le même dictionnaire, elle correspond au « processus de renforcement de la puissance des grandes métropoles, par l’accroissement de  la population, de la densité des réseaux de communication, de la concentration d’organismes de commandement dans tous les domaines ». Réseaux et métropolisation seraient donc deux notions connexes. Il y aurait une corrélation entre le renforcement des métropoles et le renforcement des réseaux de communication (physiques mais aussi sociaux). Cela pose la question de la place des autres territoires dans ce processus. Les villes moyennes, comme catégorie d’urbain intermédiaire, prennent-elles part à ce mouvement ou sont-elles dépourvues des caractéristiques nécessaires pour y parvenir ? Sont-elles condamnées à être dépendantes de l’évolution, positive ou négative, de leurs métropoles régionales et nationales ? Sont-elles insérées dans des réseaux de villes et d’entreprises suffisamment denses pour pérenniser leur développement ? C’est en étudiant le cas de la Bretagne Sud, territoire de villes moyennes, que nous entendons répondre à ces questions.

S’il semble difficile de définir précisément la ville moyenne compte tenu de l’hétérogénéité de leurs structures et de leurs trajectoires socio-économiques, nous utiliserons ce terme tout au long de notre recherche pour des raisons de clarté, sans toutefois négliger la dimension plurielle de cette catégorie d’urbain, comme catégorie intermédiaire entre métropoles et espaces ruraux. L’objectif de cette première partie est multiple. Premièrement, afin de fixer les principaux jalons de notre démarche, nous présenterons le cadre général de la recherche en précisant notamment le contexte, la posture adoptée, le cadre théorique et la méthodologie. Cette étape est essentielle pour appréhender la problématique globale de la thèse et comprendre notre cheminement de recherche.

Deuxièmement, en s’intéressant au développement économique des territoires, il s’agira de cherche à savoir si les villes moyennes ne sont pas une catégorie de « seconde zone », dont le dynamisme s’avèrerait mécaniquement moins fort que celui des métropoles. Bien qu’il semble difficile de définir un modèle unique de développement, la littérature nous permet d’identifier certains enjeux qui concernent la plupart des villes moyennes. En outre, les pouvoirs publics nationaux semblent considérer le soutien aux métropoles comme une réponse privilégiée à la compétition à laquelle se livrent les Etats et leurs territoires.

Contexte, problématique et méthodologie de la recherche 

Cadre de la recherche

Pour y parvenir, nous commençons par proposer un diagramme logique d’impact de l’action en faveur des réseaux sur les territoires. Cette étape, inspirée des pratiques d’évaluation de politiques publiques, se justifie par l’implication de partenaires « praticiens » dans notre projet de recherche, en attente de propositions concrètes. La schématisation du rôle des réseaux permet de mettre à plat leur fonctionnement et les liens possibles avec le développement économique local. Dans un deuxième temps, nous revenons brièvement sur les principales raisons nous ayant conduit à nous intéresser à cette problématique en présentant le contexte local. Ces motifs sont liés aux préoccupations des décideurs publics de Bretagne Sud et au contexte national et international de métropolisation. Dans un troisième temps, nous précisons la posture de recherche adoptée qui cible les dirigeants d’entreprises en tant qu’acteurs de leur territoire. Le quatrième point présente les trois grandes hypothèses que notre thèse entend vérifier. Enfin, nous détaillons le cadre théorique de la recherche qui se nourrit de la littérature issue de plusieurs champs disciplinaires : économie, aménagement, géographie, sociologie et science de gestion.

Encadré 1 : Précision de posture 

Signalons que nos réflexions ne prennent pas le parti d’un interventionnisme des décideurs publics dans ce qui peut relever d’affaires concernant les entreprises entre elles. Il s’agit davantage de chercher à analyser le rôle potentiel de l’action publique dans l’émergence et le fonctionnement des réseaux d’entreprises et inversement le rôle de ces réseaux en tant que contributeurs de l’action publique. 

A l’échelle de l’entreprise, nous cherchons à comprendre quels peuvent être les effets de leur mise en réseau (boîte noire des réseaux). Dans un premier temps, il semble nécessaire de revenir sur le processus par lequel passe une entreprise et son dirigeant (cf. encadré 1) lorsqu’ils cherchent à s’ouvrir et à coopérer. Cette ouverture provient notamment del’adhésion à des réseaux structurés dont l’activité et les objectifs répondent à leurs besoins. Une fois active au sein d’un réseau, l’entreprise dispose d’un portefeuille relationnel important, a minima plus fourni qu’avant. Cela lui accorde la possibilité de privilégier certaines relations susceptibles de générer un avantage ou un effet positif contribuant à son développement. De quels types d’effets s’agit-il ?

Contexte et environnement de la recherche : des travaux en cohérence avec les préoccupations des acteurs du développement

C’est l’organisation d’une série de conférences par Audélor, l’Agence d’urbanisme et de développement économique du Pays de Lorient, entre 2009 et 2012 qui a permis d’engager les premières discussions autour de notre projet de recherche. Celle d’avril 2012 qui s’est déroulée à Lorient était dédiée à l’ « avenir des villes de tailles moyennes dans la mondialisation » et animée par Guy Baudelle, professeur au laboratoire Espaces et Sociétés de l’Université Rennes 2 et futur Directeur de notre recherche. Les échanges ont suscité un vif intérêt parmi les parties prenantes du développement local et Audélor a souhaité pouvoir approfondir la réflexion.

Ainsi, l’implication, notamment financière à travers la prise en charge de la moitié du coût total, de trois agences locales de développement de Quimper, Lorient et Vannes et de la Région Bretagne dans notre projet de recherche est née de la volonté de s’intéresser au modèle de développement des villes moyennes face à la montée en puissance des métropoles. Ce questionnement découle du ressenti partagé par les acteurs locaux que ces territoires sont les « laissés pour compte » de la métropolisation, phénomène pourtant considéré comme vertueux, à l’échelle de la nation, par de nombreux experts en développement économique .

Le territoire d’étude, la Bretagne Sud, présente plusieurs caractéristiques venant renforcer l’intérêt d’un tel projet. Composé de trois villes de taille moyenne, il bénéficie d’une attractivité et d’un dynamisme social et économique de long terme bien que relativementéloigné des pôles métropolitains de la région (Brest, Rennes, Nantes). Même si l’expression « Bretagne Sud » est couramment employée pour décrire cette sous-région, elle n’avait alors jamais fait l’objet d’études approfondies et son fonctionnement et ses logiques économiques s’avéraient peu connues. L’existence même d’un système sud-breton restait une question sans réponse argumentée et solide.

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Table des matières

Introduction générale
Partie 1 : Entre métropolisation et réseaux, quels enjeux pour les villes moyennes ?
Chapitre 1 : Contexte, problématique et méthodologie du projet de recherche doctorale
Chapitre 2 : Villes moyennes et métropolisation, quels enjeux pour les acteurs économiques locaux ?
Chapitre 3 : La Bretagne Sud, un terrain de recherche multidimensionnel
Chapitre 4 : Les réseaux, un levier de développement pour les villes de Bretagne Sud ?
Partie 2 : Des réseaux comme trait d’union entre entreprises et territoires
Chapitre 5 : De l’isolement à l’encastrement social : le rôle des réseaux pour les dirigeants
Chapitre 6 : Le rôle des réseaux dans le développement des entreprises et des territoires de Bretagne Sud
Partie 3 : Considérer les réseaux comme des leviers du développement
Chapitre 7 : De l’action publique en faveur des réseaux : le cas d’Halifax, Canada
Chapitre 8 : De l’intérêt, pour la Bretagne Sud, de mieux connaître ses réseaux
Chapitre 9 : Pour une politique publique de réseaux de villes et d’entreprises
Conclusion générale
Bibliographie

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