ENTRE LOURDS SILENCES ET RÉSILIENCE

ENTRE LOURDS SILENCES ET RÉSILIENCE

LA PROSTITUTION

Selon Le Petit Larousse illustré (2004), la prostitution est l’acte par lequel une personne consent à des rapports sexuels contre de l’ argent. Bien que cette activité sexuelle soit pratiquée par les hommes ou les femmes, il est reconnu que l’on retrouve davantage de femmes prostituées. Quoique cette définition ne précise pas l’ identité de l’ individu qui paie pour le service sexuel, dans la très grande majorité des cas, c’est l’homme. Par ailleurs, le CEFA (2006, pA) allègue que « se prostituer consiste à vendre ses services sexuels, son corps, contre rémunération avec une ou plusieurs personnes ». Mais encore, il existe, selon cet auteur, deux sortes de prostitution: libre et forcée. La prostitution libre se distingue par la capacité qu’a une personne de décider de se prostituer ou non, alors que dans la prostitution forcée, le mot le dit bien, la personne agit sous la contrainte.

Derrière la prostitution forcée, la présence d’un proxénète ou d’un conjoint qui exigera une part des gains de la prostituée, et parfois même la totalité, caractérise souvent le tableau. Dans certains cas extrêmes, les filles n’ont pas de marges de manoeuvre, sont exploitées et même brutalisées. Par contre, dans la prostitution dite « libre », la femme prostituée peut travailler pour eUe-même ou pour un « employeur », mais conserve toujours la liberté de poursuivre ses activités prostitutionnelles ou de partir de son plein gré. L’ histoire de la prostitution ainsi que la définition du terme n’est ici que fragmentaire. L’objet recherché de cette brève incursion historique consiste à souligner le fait que la prostitution peut revêtir plusieurs visages. L’existence de plusieurs types de prostitution témoigne de la diversité du phénomène ainsi que des divers courants de pensée qui s’ affrontent face à cette pratique et il importe de tenir compte de ces différences parce qu’ elle impose une réflexion sur la définition même du terme. En considérant que pour les uns, les femmes prostituées « travaillent » dans un système coercitif dont il est difficile de sortir, alors que pour les autres, il s’agit d’ un « travail » libre pouvant générer des revenus intéressants, cette première partie tente de comprendre et de décrire le phénomène d’ un type particulier de prostitution, notamment les caU-girls, ou plus communément nommées au Québec, les escortes et leur mode de vie. Les différents types de prostitution seront également abordés.

Les types de prostitution

Selon Tremblay (2003), il y aurait, au Canada, entre 5 000 et 10 000 prostituées à exercer le métier sous toutes ses formes. À ce jour, 90 % des personnes prostituées sont des femmes et des fillettes (Geadah, 2003). Bien que ce sont les femmes qui occupent en majorité cette profession, le phénomène de la prostitution présente une hétérogénéité importante ainsi que différentes formes de prostitution: la prostitution de rue, les agences d’ escortes, les call-girls indépendantes, les bars de danseuses nues, les salons de massage, la prostitution juvénile, le trafic humain, la prostitution internationale, la prostitution homosexuelle, etc. (Romero-Daza, Weeks & Singer, 2003). Les formes généralement plus connues sont la prostitution de rue et les escortes. Les femmes qui s’adonnent à la prostitution de rue représentent l’ image type de la pauvreté, de la décadence, de la consommation d’alcool et de drogues, de la violence et de femmes déambulant sur le trottoir en talon haut et en jupe de cuir. En raison de la promiscuité et du désordre qu ‘elle engendre dans le quartier, la prostitution de rue demeure toujours illégale dans de nombreux pays (Barry, 1995; Weitzer, 2009b). De plus, en comparaison avec la prostitution de luxe (escortes), la prostitution de rue occupe le dernier rang dans une hiérarchie où l’on considère leur niveau de vie comme particulièrement bas.

Les escortes, quant à elles, sont les prostituées dont l’image reflète la confiance en SOl, l’élégance et celle de la femme d’ affaires qui voyage et qui gagne beaucoup d’ argent. Celles qui travaillent pour une agence ou un bordel occupent un rang plus élevé que les femmes prostituées de la rue, tandis que les escortes qui travaillent de façon indépendante (sans agence) occupent le rang au sommet de la hiérarchie. (Dalla, 2002; Dallaire, 1999; Romero-Daza et al., 2003; Sagarin & Jolly, 1997). Selon Prince, 1986 (cité dans Brewis & Linstead, 2000b) et Weitzer (2009b), 97 % des call-girls indépendantes prétendent s’aimer davantage et avoir une meilleure estime d’ ellesmêmes comparativement à 50 % des escortes travaillant dans un bordel et 8 % des femmes prostituées travaillant dans la rue. Ainsi, différents types de prostitution majoritairement formés de femmes composent ce milieu entouré de mystère pour l’ensemble des sociétés. Les escortes représentent l’un de ces groupes qui opèrent à leur façon dans un monde illicite et clandestin et qui peuvent passer facilement inaperçues en raison de l’absence des prostituées sur le trottoir. Qui sont donc ces femmes que l’on nomme escortes ou callgirls?

Le profil Le profil des escortes n’ est pas aisé à dresser en raison de son hétérogénéité. On y retrouve des histoires et des réalités bien différentes dépendamment du milieu dans lequel elles évoluent. Plusieurs d’entre elles présentent un profil semblable aux prostituées de la rue, c’ est-à-dire impliquant un mode de vie plus difficile, tandis que les autres présentent un profil plus favorable. Pour le premier groupe d’escortes, celui dont le mode de vie est plus difficile, eUes peuvent généralement offrir les clichés de la prostituée de rue en étant jeunes, célibataires, peu instruites et sans travail. La pauvreté, l’alcoolisme, la toxicomanie, les troubles de santé mentale et physique font généralement partie du tableau ainsi que certaines formes de violence. La majorité de ces femmes ont été exposées de près ou de loin à un milieu dysfonctionnel et souffrent de carence affective (Romero-Daza et al., 2003; Williams on & Folaron, 2003). Plusieurs d’entre elles peuvent avoir fugué le milieu familial très jeune ou vivre des grossesses précoces (Geadah, 2003; McClanahan,

McClelland, Abram & Teplin, 1999; Sagarin & Jolly, 1997). De plus, nombre d’entre elles ont subi des abus sexuels dans leur enfance variant entre une moyenne de 30 à 85 % des cas (Alexander, 1987, cité dans Kesler, 2002, p.232; Barry, cité dans Boneparth & Stoper, 1988; Dalla, Xia & Kennedy 2003; Fadey, Baral, Kiremire & Sezgin, 1998; Gemme, 1993; Gibbs Van Brunschot & Brannigan, 2002; McClanahan et al., 1999; Romero-Daza et al., 2003; Vanwesenbeeck, 1994; Williamson & Folaron, 2003). La clandestinité que la pratique de la prostitution impose entraîne fréquemment et malheureusement l’ isolement et l’exclusion sociale de ce groupe de femmes. Ainsi l’accès aux ressources extérieures devient moins accessible et entraîne fatalement ces personnes vers un mveau de vie parfois misérable (Dalla, 2002; Dallaire, 1999; Vanwesenbeeck, 1994). Pour le deuxième groupe d’ escortes, celui dont le mode de vie serait supérieur et dont il est question dans ce travail, l’image est généralement idyllique. Elle est belle, séduisante (sexy), élégante, indépendante et libre. De même, elle est plus âgée, mariée ou célibataire, mère de famille, plus instruite et elle occupe généralement un emploi autre que la prostitution. Ces femmes seraient davantage en contrôle de leur vécu, présenteraient une meilleure hygiène de vie et subiraient moins de violence.

En raison de leur profil atypique leur donnant accès à des milieux plus illustres, elles gagneraient beaucoup d’ argent, voyageraient pour accompagner certains clients et possèderaient une meilleure estime d’elle-même. Ces femmes auraient également le loisir de travailler de façon occasionnelle ce qui représente l’un des critères les plus favorables à leur bienêtre (Dallaire, 1999; Weitzer, 2009b, 2010). Les escortes, dites de luxe, peuvent être n’ importe qui et en surprendre plus d’un par leur profil atypique. On peut y trouver notamment des étudiantes, des professeurs, des secrétaires, des infirmières, etc. (Lucas, 2005). L’ étude de Dufour (2004) rapporte toutefois que l’étudiante qui se prostitue pour payer ses études est loin de représenter la réalité sombre et malheureuse que l’auteur a pu constater sur le terrain. En fait, elle rapporte même n’avoir rencontré aucune étudiante prostituée. Clouet (2008) mentionne pour sa part qu’une source du syndicat SUD-Étudiant en France estime que 40000 étudiants (es) se prostituent pour subvenir financièrement à leurs besoins. En outre, la réalité peut vraisemblablement différer d’ une étude à l’ autre, mais il faut nécessairement tenir compte des différentes régions, des divers quartiers et types de prostitution. Il semble donc qu ‘un groupe particulier d’escortes connaissent un mode de vie plus favorable que certains types de prostitution et que leur mode de fonctionnement diffère également des autres types de pratique prostitutionnelle.

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Table des matières

Sommaire
Table des matières
Liste des tableaux
Remerciements
Introduction
Chapitre 1 – Contexte théorique
1.1 LA PROSTITUTION
1.1.1 Les types de prostitution
1.1.2 Le proftl des escortes (cali-girls)
1.1.2.1 Leprofil
1.1.2.2 Les conditions de travail et le mode opératoire
1.1.2.3 La prostitution: un métier comme les autres
1.1.2.4 Les causes d’entrée dans la prostitution
1.1.2.5 La drogue et l alcoo!
1.1.2.6 La violence
1.1.2.7 Les perceptions des escortes face au client
1.1.2.8 Les conséquences de la prostitution
1.1.2.9 Sortir de la prostitution
1.2 LA RÉSILIENCE
1.2.1 La résilience: une définition
1.2.2 La personne résiliente
1.2.3 La prostitution et la résilience
1.2.4 Les mécanismes d’adaptation ou de défense
1.2.4.1 La répression
1.2.4.2 L évitement
1.2.4.3 L altruisme
1.2.4.4 L humour
1.2.4.5 L ‘affiliation
1.2.4.6 L anticipation
1.2.4.7 La sublimation
Chapitre 2 – Méthode
2.1 STRATÉGIE DE RECHERCHE
2.1.1 Le type de recherche
2.1.2 Le devis de recherche
2.1.3 Le matériel
2.1.4 Les participantes
2.1.5 Le déroulement
2.1.5.1 Rencontre et entretien avec Isabelle
2.1.5.2 Rencontre et entretien avec Marie
2.1.6 La collecte, le traitement et l’analyse des données
Chapitre 3 – Résultats
3.1 L’HISTOIRE D’ ISABELLE
3.l.1 Les antécédents
3.1.2 La vie d’escorte
3.1.2.1 Le sentiment de protection
3.1.2.2 La drogue et l’argent
3.1.2.3 Les clients et la sexualité
3.1.2.4 La violence
3.1.2.5 Les conséquences psychologiques
3.1.2.6 Le choix de vie
3.2 HISTOIRE DE MARIE
3.2.1 Les antécédents
3.2.2 La vie d’escorte
3.2.2.1 Le sentiment de protection
3.2.2.2 La drogue et l alcool..
3.2.2.3 Les clients et la sexualité
3.2.2.4 La violence
3.2.2.5 Les conséquences psychologiques
3.2.2.6 Le choix de vie
Chapitre 4 – Discussion
4.1 INTERPRÉTATION DES DONNÉES D’ISABELLE
4.1 .1 La résilience
4.1.2 L ‘ histoire familiale et les antécédents
4.1.3 L’entrée dans la prostitution
4.1.4 Les conséquences de la prostitution
4.1.5 La fin de la prostitution
4.2 INTERPRÉTA TION DES DONNÉES DE MARIE
4.2.1 La résilience
4.2.2 L ‘ histoire familiale et les antécédents
4.2.3 L’ entrée dans la prostitution
4.2.4 Les conséquences de la prostitution
4.2.5 La fm de la prostitution
4.3 INTERPRÉTATION GÉNÉRALE DES RÉSULTATS
Conclusion
Références
Appendice A
Les questions des entretiens non-directifs

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