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Raison culturelle
Cette localité se situe dans l’angle Nord Est d’Antananarivo. C’est la zone limitrophe qui sépare la province d’Antananarivo de celle de Toamasina à l’Est, et de celle de Mahajanga au Nord. Des échanges culturels entre ces différentes régions sont ainsi inévitablement manifestes. A part cette spécificité, cette région est aussi riche en patrimoine culturel. Elle abrite beaucoup d’endroits historiques des temps anciens, entre autres, le mont d’Ambohitsitakatra, le pont d’And rianampoinimerina, le village d’Ambohibeloma … Comme toute communauté, le pays d’ Anjafy a, lui aussi, ses rites et ses pratiques rituelles qui lui différencient des autres.
Raison technique/scientifique
Dans le cadre de la recherche, rares sont encore les recherches faites sur la région d’Anjafy. La circonscription scolaire de cette région, la Cisco d’Anjozorobe est une des Cisco de milieu rural ayant trois lycées d’enseignement général dont deux publics et un confessionnel. En outre cette Cisco, par le biais du lycée d’enseignement général d’Anjozorobe, est un centre d’épreuve de Baccalauréat. Chaque année des candidats inscrits dans ce centre réussissent leur Baccalauréat avec de bonnes Mentions.
Raison pratique
Située à 90 kilomètres de la Capitale, environ deux heures de route bitumée, la région d’Anjafy est assez proche de la ville et facilement accessible. C’est là où nous vivons et exerçons notre profession d’enseignant du Malgache depuis 1999 jusqu’à aujourd’hui (année scolaire 2005/2006). Par conséquent, nous avons pu réaliser des observations participantes aussi bien dans le cadre de l’enseignement qu’au sein de la communauté villageoise. C’est pourquoi que nous avons adopté l’approche endoanthropologie. C’est-à-dire, nous avons mené nos études premièrement à partir de ce que nous avons vécu et/ou pratiqué.
Variable « temps »
Généralement, la présente recherche se situe entre2000 et jusqu’au moment où notre étude « touche à sa fin » (Ce n’est qu’une expression. Ce travail n’est qu’un début, un commencement)
La raison de notre choix pour cette période est premièrement une raison technique. De prime abord, nous avons commencé à exercer dans la localité vers la fin de l’année 1999. Comme nous adoptons la démarche endoanthropologique, il est plus pratique de notre part de travailler sur des faits que nous vivons. Tous les faits réels que nous y avons vécus constituent de données à exploiter formant notre corpus.
Secondo, l’après l’An 2000, le mouvement politique 2001/20028 a lancé une nouvelle vision dans le monde culturel malgache. Les dirigeants et les militants de ce mouvement populaire pro Ravalomanana ont rehaussé les valeurs culturelles malgaches telles que entre autres les notions de « marina » (la vérité), de « rariny » (la légitimité), de « hitsiny » (la légalité) … et surtout de « fihavan ana » (la parenté/amitié). Parallèlement à cette remise en considération des valeurs culturelles traditionnelle de la nation malgache, la valeur cultuelle de la religion chrétienne a aussi gagné du terrain. Cette époque-là a aussi vu la vulgarisation de la démocratie dans le cadre idéologique. Tous ces faits expliquent que les Malgaches ont vécu une inter culturalité particulière dans cette période. D’un côté, sont mis au premier rang les chefs d’églises chrétiennes. De l’autre, sont particulièrement considérés les notables ou les gardiens des cultures ancestrales tels que les Ampamjaka, les Tangalamena …
Vu le changement ou la modification fréquente des programmes scolaires9 à Madagascar, nous pensons qu’il est mieux de concentrer notre étude sur celui en vigueur. Alors nous consacrons particulièrement notre recherche dans la période après 2000, sans nous interdire de faire un petit recours aux années précédentes si besoin est.
Les approches théoriques
Pourquoi avons-nous choisi l’approche anthropologique pour cette recherche ? Dans cette partie nous allons expliquer la raison de notre choix de la démarche. Et en même temps, nous tenons à rappeler en bref ce qu’on appelle Anthropologie et puis l’Endoanthropologie.
8 Mouvement politique 2001/2002 : suite à la protestation des résultats de l’élection présidentielle du 16 Décembre 2001, les partisans du candidat Ravalomanana sont descendus dans la rue manifestant leur colère et demandant le verdict des urnes. Les sit-in ayant eu lieu durant plusieurs mois à la place du 13 Mai (Avenue de l’Indépendance Analakely-Antananarivo) ont une nouvelle fois mis en pratique le respect du « Fihavanana » et l’ordre du « Firaisankina » (solidarité).
Pourquoi la démarche anthropologique ?
Pourquoi enseigne-t-on le Malgache aux enfants malgaches ?
Quels intérêts ont-ils les jeunes malgaches à apprendre le Malgache ?
Certaines questions de ces types se posent toujours aussi bien dans le cadre de l’enseignement que dans la vie quotidienne. Les débats provoqués par des questions de ce genre sont l’une des causes qui ont incité notre ambition de mener cette recherche. Soit les uns prennent à la légère cette discipline, soit les autres par contre l’estiment ou le surestiment, le jugement fait sur la matière Malgache reste toujours une affaire de mentalité ou bien de sentiment (car il peut s’agir aussi de nationalisme). Et quand on dit mentalité, on dit raison. Toute raison fait partie de la culture. Alors nous admettons que la présentation du Malgache dépend des cultures de celui qui le juge. Tout ce qui est relatif à l’enseignement/apprentissage du Malgache a rapport avec la culture et concerne (évidemment) la société en général. En d’autres mes,ter l’enseignement/apprentissage du Malgache est un fait social qui mérite d’être étudi anthropologiquement.
L’anthropologie et l’endoanthropologie
« Anthropologie », du grecque (gr) « anthropôs » (= homme) et « logos » (= raison, sciences). L’anthropologie est une science qui étudie l’homme. Selon Géraud Marie-Odile, « l’anthropologie se définit étymologiquement comme ciences de l’homme. Par anthropologie, on entend à la fois des disciplines telles que l’anthropologie physique ou étude de caractères somatiques généraux ou distinctifs des êtres humains, et l’anthropologie sociale ou culturelle » 10.
Si l’anthropologie s’est intéressée au début à la vie et à l’organisation de la société dite « non civilisée » (en marge du modèle européen), primitive voire sauvage, elle ne cesse de s’évoluer dans l’ordre spatio temporel. Elle a étendu son domaine, son objet d’études. L’anthropologie ne restait plus seulement sur l’étude du passé, mais surtout des
différents faits sociaux comme l’économie, la médecine…, depuis le XX ème siècle. Ce qui nous permet d’en déduire que l’on peut avoir l’anthropologie éducative (ou anthropologie de l’éducation). C’est-à-dire, l’étude de l’homme ou de la société par le contenu de l’enseignement/apprentissage et la manière ou la façon de le transmettre.
L’endoanthropologie n’est autre qu’un dérivé de l’anthropologie avec le préfixe endo du gr. endos =dedans. Alors, l’endoanthropologie désigne l’étude de l’homme et de la société à laquelle appartient le chercheur. En endoanthropologie donc, le chercheur joue deux rôles au moins : il est à la fois objet d’étud e et chercheur. C’est pourquoi l’anthropologue doit prendre un petit recule quand il travaille. C’est ce type d’anthropologie que définit LAPLANTINE (1987) en disant que « … l’anthropologie, c’est aussi la science des observateurs susceptibles de s’observer eux-mêmes, et visant à ce qu’une situation d’interaction (toujours particulière) devienne la plus consciente possible. C’est vraiment le moins que l’on exige de l’anthrop ologie »11
La localité d’Anjozorobe : son historique
Situation géographique/historique
Anjozorobe est le nom officiel de la localité où nous effectuons notre recherche. C’est le chef lieu du district à l’extrême nord – p lus précisément, dans l’angle nord-est – de la Région d’Analamanga. Dans la vie quotidienne, la plupart de gens (surtout les originaires et/ou natifs de la « région ») ne savent point prononcer « Anjozorobe » mais « Anjorobe ». Selon les dires, ce dernier était le « premier» nom de cette partie de la « région » d’Anjafy d’antan. Quoiqu’il en soit, ces deux dénomination sont tous significatifs. Commençons donc par le plus ancien.
Anjorobe a morphologiquement deux sens.
Anjorobe de « an – jorobe » :
– an-, préfixe indiquant un lieu, une circonstance, comme dans antrano (à la maison), an-tokotany (dans la cours)…
– jorobe, littéralement, grand culte (joro=culte, prière et be= grand)
Nous pouvons en déduire que « Anjorobe » indique lelieu où l’on procède à un grand culte ancestral.
Anjorobe de « an – z/ jorobe : – an-, préfixe de lieu, de circonstance
– zorobe : grand angle (littéralement)
Anjorobe se situe sur la zone limitrophe Nord Est d’Antananarivo. Suivant la(les) croyance(s) et/ou la pensée traditionnelle malgache, le grand angle, angle Nord Est dans l’orientation, appelé « zorofirarazana » (littéralement angle de prière) est considéré comme l’angle le plus sacré. Cet angle représente ’intersectionl des deux pouvoirs fondamentaux : le pouvoir politique sur le Nord et le pouvoir religieux sur l’Est. Alors l’angle Nord Est regroupe les pouvoirs politico-religieux.
Il y a donc un lien très étroit entre ces deux sensmorphologique d’Anjorobe . Entant qu’un angle sacré(« zorofirarazana »), cet endroit est très favorable pour un grand culte, un lieu de sacrifice…Les Malgaches, en général, res pectent l’angle « zorofirarazana », aussi bien sur le plan microcosmique que sur le macrocosmique.
Ex1.Sur le plan microcosme : Dans une maison malgache (traditionnellement à une seule pièce en général), l’angle Nord Est est strictement réservé au chef du foyer ou aux hôtes spécialement respectés. Tout le monde n’a pas le droit de s’y assoir.
Ex2. Sur le plan macrocosme : Dans un village, selon la formation traditionnelle, c’est le(s) notable(s) le(s) plus respecté(s) sinon le Roi qui a (ont) le droit de construire sa(leurs) maison(s) sur l’axe nord.
Continuons par le nom officiel actuel Anjozorobe.
Anjozorobe est composé de trois (03) monèmes : an – zozoro – be.
– an- : préfixe de lieu
– zozoro : plante aquatique, type de savanes.
– be : adjectif signifiant « grand, ou beaucoup »
Selon les récits des traditions orales de la localité, au temps d’Andrianampoinimerina, Anjozorobe fut le lieu de grand culte ou grand sacrifice royal. Autre fois il y avait des zozoro immenses et géants sur le sommet de la colline devenue village par la suite. Au milieu de cette immense forêt de zozoro fut situé un « doany »12servant au culte ou sacrifice ancestral. L’immensité et la robustesse de ces plantes (zozoro) impressionnent les gens. D’où le nom Anjozorobe.
Du point de vue historique et géographique, nous pouvons résumer que la localité d’Anjafy est l’une des « régions » les plus spécifiques de l’Île, une région célèbre.
Situation culturelle de l’Anjozorobe
Grâce à cette situation géographique d’Anjozorobe, cette partie de la région d’Analamanga actuel fut et est la porte reliant l’I merina aux Betsimisaraka et aux Antakay à l’Est, aux Sihanaka au Nord Est, et aux Tsimihety au Nord …Ainsi, plusieurs personnes de différentes régions s’y rencontrent. Ce qui explique que la culture de cette localité est très variée ou diversifiée. La culture d’Anjafy estconstituée de plusieurs cultures. Cette caractéristique nous démontre la richesse (inter-)culturelle de ce pays.
Outre les us et les coutumes spécifiques d’Anjafy, cette localité abrite aussi des endroits culturels très importants. Cette région fut une partie stratégique du souverain Andrianampoinimerina. Certains noms de lieux ou de villages d’Anjafy ont été donnés par ce célèbre roi dont Ambohibeloma, Ambohitsitakatra,Mananara (rivière)… Parallèlement à ces atouts historiques, Anjozorobe fait actuellem ent partie des zones touristiques en pleine expansion. Là où se trouve la forêt d’Antsahabe Est13 est déclarée « aire protégée ».
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : L’ENSEIGNEMENT / APPRENTISSAGE DU MALGACHE AU LYCEE ET L’INTERCULTURALITE LOCALE D’ANJOZOROBE : EN QUOI CONSISTENT – ILS ?
1.1. Pour quelles raisons ce thème a-t-il été choisi ?
1.1.1. Variable « matière » et « classe »
1.1.2. Variable « espace »
1.1.3. Variable « temps »
1.2. Les approches théoriques
1.2.1. Pourquoi la démarche anthropologique ?
1.2.2. L’anthropologie et l’endoanthropologie
1.3. La localité d’Anjozorobe : son historique
1.3.1. Situation géographique/historique
1.3.2. Situation culturelle de l’Anjozorobe
1.3.3. Peuplement d’Anjozorobe
1.3.4. Situation de la CISCO et des deux lycées étudiés
1.4. L’enseignement/Apprentissage du Malgache au lycée : obligation ou distraction ?
1.4.1. Le Malgache : une matière considérée
1.4.2. Enseignement du Malgache : une approche anthropologique
1.4.3. Enseignement/apprentissage du Malgache :
1.4.4. Echange (inter-)culturel
DEUXIEME PARTIE : ENSEIGNEMENT / APPRENTISSAGE DU MALGACHE ET SPECIFICITE (INTER-) CULTURELLE LOCALE : COMMENT ET POURQUOI ?
2.1. Quelques définitions
2.1.1. Enseignement
2.1.2. Apprentissage
2.1.3. Culture(s)/inter culturalité
2.2. Les différentes étapes
2.2.1. Les entretiens
2.2.2. Les observations des classes
2.2.3. L’exploitation des documents écrits
TROISIEME PARTIE : COMMENT SE REALISE LA PRISE EN COMPTE DE LA SPECIFICITE (INTER-) CULTURELLE LOCALE DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DE MALGACHE ?
3.1. Présentation de la matière Malgache
3.1.1. Présentation officielle du Malgache
3.1.2. Présentation du Malgache dans la localité d’Anjozorobe
3.2. Prise en compte de la culture locale au niveau des enseignants et élèves
3.2.1. Les cultures des acteurs de l’enseignement/apprentissage du Malgache
3.2.2. Les cultures locales relatives au contenu des programmes
3.3. La prise en compte de la spécificité (inter-)culturelle locale dans les cours de Malgache
3.3.1. Dans quelle mesure les enseignants prennent-ils en compte la culture locale ?
3.3.2. Avantage et obstacle de la prise en compte de la culture locale
QUATRIEME PARTIE QUELLE METHODE PEUT – ON ADOPTER POUR LA PRISE EN COMPTE DE LA SPECIFICITE CULTURELLE LOCALE
4.1. Procédée de la prise en compte de la spécificité culturelle locale
4.1.1. L’intégration des enseignants dans le contexte local
4.1.2. Les pratiques des élèves
4.2. Suggestion
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
A N N E X E
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