Enquête de satisfaction des femmes ayant rédigé un projet de naissance
Méthodes
Le critère de jugement principal était le degré de satisfaction des femmes ayant rédigé un projet de naissance. Les critères de jugement secondaires étaient la parité, le niveau d’études et la catégorie socio-professionnelle. L’anonymat des patientes était garanti par l’absence de coordonnées personnelles sur les questionnaires et l’utilisation d’enveloppes fermées pour les retourner à l’équipe. La validation du questionnaire d’un point de vue éthique et son accord de distribution au sein du service de suites de couches ont été obtenus auprès de la cadre supérieure de la maternité. Aucune coordonnée personnelle n’a été utilisée dans le but de contacter des patientes en dehors du service de suites de couches.
L’autorisation de distribution du questionnaire a été obtenue le 19 septembre 2014. L’étude s’est déroulée au sein du service de suites de couches de la maternité du CHU d’Angers du 19 septembre au 28 décembre 2014. Pendant cette période, un passage de l’étudiante tous les deux jours dans le service permettait de recenser les patientes satisfaisant aux critères d’inclusion. La distribution pouvait se faire de J0 à J4 dans le post-partum. Le questionnaire était remis aux patientes en main propre par l’étudiante et il leur était bien précisé qu’en aucun cas leur participation n’était obligatoire. Il leur était remis une enveloppe pour garantir l’anonymat, le questionnaire et une feuille réexpliquant le but de l’étude et les modalités de retour du questionnaire.
Le retour du questionnaire à l’équipe médicale signifiait le consentement de la patiente à l’utilisation de ses données. Le questionnaire était composé de 10 pages et comprenait 46 questions. Il était divisé en quatre grandes parties : une première partie intitulée « renseignements généraux », regroupant les caractéristiques des patientes ; une deuxième partie « rédaction du projet de naissance », comprenant le cadre de la rédaction du projet de naissance ; une troisième « concernant le jour de votre accouchement », reprenant la mise en pratique de leur projet de naissance ; et enfin une dernière appelée « d’une manière plus générale », appréhendant leur ressenti des évènements. Plusieurs modalités de réponses étaient possibles : des questions fermées (à choix unique ou multiples), trois questions ouvertes et des échelles de réponse (de 1 à 5). Pour certaines questions une case « Autre » permettait aux femmes de pallier à la non exhaustivité des réponses proposées.
Au total 38 questionnaires ont été distribués. Le recueil des données et leur analyse ont été effectués grâce aux logiciels Epidata et Epidata Analysis. Les figures et tableaux ont été réalisés grâce à Microsoft Word. Les tests du Chi2 et de Fisher (lorsque les effectifs attendus étaient <5) ont été utilisés pour le traitement statistique des variables qualitatives. Le risque α de 1ère espèce était fixé à 95%, pour une valeur de p < 0.05.
Limites de l’étude
L’étude réalisée n’a recueilli qu’un échantillon de 34 questionnaires en trois mois, il y a donc un défaut de puissance, l’analyse des réponses ne permettant pas de généraliser les résultats à toutes les femmes ayant rédigé un projet de naissance sur le CHU d’Angers. L’étude n’a pu être menée de manière rétrospective car il n’y avait pas eu de consentement recueilli pour pouvoir recontacter les patientes dans le post-partum. La même étude pourrait être menée sur une période plus longue pour permettre une meilleure représentation de la population cible. De plus, le taux exact de projets de naissance rédigés sur la maternité du CHU d’Angers n’étant pas connu, il n’est pas possible de déterminer si le nombre de questionnaires distribués sur la période est représentatif du nombre réel. Néanmoins, 34 des 37 patientes incluses dans l’étude ont retourné le questionnaire, soit un taux de réponse de près de 92 %, permettant de dégager des tendances de manière assez fiable. Sur les 34 questionnaires analysés, aucun ne concernait un accouchement par césarienne en urgence, la satisfaction globale est donc peut-être surestimée du fait que tous les accouchements se soient réalisés par voie basse dans un contexte non urgent. Satisfaction pouvant également être surestimée par le fait que les femmes venant juste d’accoucher, elles n’avaient pas encore eu le temps de porter un regard critique sur les évènements.
Enfin, l’analyse de la satisfaction repose sur des critères subjectifs. La majorité des questions étant à réponses fermées, elles ne balayaient pas toutes les possibilités et les femmes pouvaient ne se reconnaitre dans aucune des propositions. Aucun espace de libre expression n’était mis à leur disposition.
Principaux résultats, comparaison avec d’autres études et explications possibles
Les caractéristiques de la population ont été comparées avec les données de l’enquête nationale périnatale de 2010. (4) Dans les deux cas, les deux classes d’âge les plus représentées étaient les 25-29 ans et les 30-34 ans, même si l’étude surreprésente légèrement les 25-29 ans par rapport à l’enquête nationale périnatale. De plus, la population étudiée ne comprenait pas de femmes de moins de 20 ans ou de plus de 40 ans. L’étude montre un taux beaucoup plus élevé de femmes ayant fait des études supérieures (76.5 % vs. 51.8 %) et exerçant une profession intellectuelle supérieure ou de cadre (44.1 % vs. 16.5 %). Il peut être supposé que les femmes ayant fait plus d’études, ou exerçant dans une catégorie socio-professionnelle supérieure se préoccupent plus de leurs modalités d’accouchement et expriment plus leurs désirs et envies, au travers notamment de la rédaction d’un projet de naissance. Néanmoins, ces deux facteurs n’ont pas d’influence sur le fait d’avoir pu discuter de leurs souhaits avec l’équipe médicale, ni sur le sentiment d’avoir pu exprimer leurs demandes ou de s’être senties entendues et comprises.
La population était composée d’une majorité de primipares, contrairement à l’enquête nationale périnatale (52.9 % vs. 43.4 %). Cela pourrait s’expliquer par le fait que les primipares auraient plus tendance à vouloir exprimer ce qu’elles souhaitent pour leur accouchement par méconnaissance des pratiques et de la réalité d’un accouchement, mais aussi par le fait qu’étant plus jeunes, elles sont plus accoutumées au projet de naissance et plus informées à son sujet. De plus, elles ont significativement plus été amenées à discuter de leurs souhaits avec l’équipe médicale que les multipares, traduisant peut-être un besoin accru d’échanger autour d’un évènement qui leur est inconnu. Par ailleurs, 94.1 % des femmes de l’étude ont suivi une préparation à la naissance et à la parentalité, ce qui est beaucoup plus élevé que dans l’enquête nationale périnatale (73.2 % des primipares et 28.5 % des multipares). Cela montre que les femmes ayant rédigé un projet de naissance sont plus désireuses de connaissance autour de l’accouchement et sont dans une démarche globale pour être plus actrice de leur grossesse et de leur accouchement. Le reste des résultats a majoritairement été comparé avec une étude similaire réalisée par une étudiante sage-femme en 2013. (16)
Ces résultats se rejoignent sur le fait qu’internet arrive en tête des moyens ayant permis aux femmes de connaître l’existence des projets de naissance, ce qui n’est pas en accord avec une autre étude réalisée en 2012 (17) qui ne citait ce moyen que derrière les revues et les livres. Cela laisse supposer que le projet de naissance est une pratique en plein essor, et que de plus en plus de sites et d’articles sur internet y sont consacrés. Néanmoins, l’étude retrouve un rôle beaucoup plus important des professionnels de santé dans l’origine de cette connaissance comparé à celle de 2013 (38.2 % vs. 18.5 %). Le projet de naissance commence donc peut-être à trouver écho auprès des professionnels, qui incitent davantage les femmes à exprimer leurs souhaits. Mais malgré leur rôle dans l’information concernant le projet de naissance, ils restent minoritaires quant à l’aide à l’élaboration de ce projet, et les femmes le rédigent la majorité du temps avec leur compagnon, voire seules. Nous soulevons donc ici un clivage.
En effet, les professionnels sont prêts à donner l’information mais ne s’impliquent pas dans l’aide à la rédaction du projet de naissance par les femmes, ce qui pourtant permettrait une meilleure adéquation entre les demandes des femmes et ce qu’il est possible ou non de réaliser le jour de l’accouchement. Ce résultat reste à nuancer, car bien qu’en accord avec l’étude similaire de 2013, une autre montrait que 57 % des femmes avait été accompagnées par un professionnel.
Enfin, il est important de souligner qu’aucune femme n’a été aidé par son gynécologue pour la rédaction de son projet. Plus marquant encore, le médecin généraliste ne semble jouer aucun rôle dans cette démarche, puisqu’il n’est à l’origine ni de l’information quant au projet de naissance, ni de son aide à la rédaction. Déjà en 2012, dans une étude évaluant l’information des femmes sur le projet de naissance, aucune mention n’était faite des médecins généralistes.
Etant pourtant l’un des plus importants professionnels de premier recours, il aurait une fonction centrale à jouer dans cet accompagnement. Il serait intéressant de faire un état des lieux de leurs connaissances sur le sujet et d’accentuer leur contribution à la réalisation du projet de naissance par les femmes enceintes. Pour les femmes ayant rédigé un projet de naissance au CHU d’Angers, la principale raison de leur rédaction était le fait de pouvoir accéder à la salle physiologique. En effet, la maternité d’Angers demande aux couples souhaitant accéder à cette salle de remettre un projet de naissance. Cela soulève la question de la véritable validité de ces projets, peut-être plus rédigés par « obligation » que par réelle envie. Néanmoins, presque la moitié des femmes citent par ailleurs le fait de vouloir ouvrir le dialogue avec l’équipe comme raison de rédaction de leur projet de naissance, résultat similaire dans l’étude de 2013. (16) Cela pose la question de la représentation qu’ont les femmes du milieu médical et des professionnels de santé. Ils semblent, au travers de ce résultat, avoir l’image d’entités impressionnantes à leurs yeux, au sein desquelles il est parfois difficile de se faire entendre, et le projet de naissance viendrait comme un outil intermédiaire leur permettant d’avoir un poids supplémentaire pour s’exprimer.
|
Table des matières
I – Introduction
II – Matériel et Méthodes
1) Matériel
2) Méthodes
III – Résultats
Figure 1
Tableau I
Tableau II
Tableau III
Tableau IV
IV – Discussion
1) Limites de l’étude
2) Principaux résultats, comparaison avec d’autres études et explications possibles
3) Propositions suite à l’étude
Bibliographie
Annexes
Résumé
Télécharger le rapport complet