ENQUETE AUPRES DES POPULATIONS ET DES TRADIPRATICIENS

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Mรฉdecine traditionnelle en Afrique

ยซ Essayer de comprendre l’Afrique et l’Africain sans l’apport des religions traditionnelles, serait ouvrir une gigantesque armoire vidรฉe de son contenu le plus prรฉcieux ยป disait Amadou Hampathรฉ BA.
La place de la mรฉdecine traditionnelle en Afrique est trรจs importante dans les systรจmes de santรฉ. Dโ€™aprรจs une estimation de lโ€™OMS, en Afrique jusqu’ร  80 % de la population utilise la MT pour rรฉpondre ร  ses besoins de soins de santรฉ (OMS, 2002). La population a recours ร  la mรฉdecine traditionnelle pour satisfaire ces besoins en soins de santรฉ, en raison des croyances culturelles et de la facilitรฉ dโ€™accรจs. En effet, dans la plupart des cas, la mรฉdecine traditionnelle est, pour ces populations, la seule prestation de soins de santรฉ disponible, accessible et abordable (BOUZAIDI, 2016).
โ€ข Au Ghana, au Mali, au Nigรฉria et en Zambie, le traitement de premiรจre intention pour 60 % des enfants atteints de forte fiรจvre due au paludisme fait appel aux plantes mรฉdicinales administrรฉes ร  domicile.
Lโ€™OMS estime que, dans plusieurs pays dโ€™Afrique, la plupart des accouchements sont pratiquรฉs par des accoucheuses traditionnelles.
โ€ข En Afrique du Sud, 75 % des personnes vivant avec le VIH ou le SIDA font appel ร  la mรฉdecine traditionnelle ou ร  la mรฉdecine complรฉmentaire ou parallรจle.
โ€ข Au Ghana et en Zambie, le ratio des professionnels orthodoxes de la santรฉ par rapport ร  la population est ร  peu prรจs de 1 pour 20 000, 200 tandis que le chiffre correspondant pour les tradipraticiens est de 1 pour (Bureau rรฉgional de lโ€™OMS pour lโ€™Afrique) (HAMDANI, 1984).
โ€ข De mรชme en Tanzanie et Mozambique le ratio des tradipraticiens par rapport aux populations sont respectivement de 1 pour 400 et de 1 pour 200 (HAMDANI, 1984).

Acteurs de la Mรฉdecine Traditionnelle

L’exercice de la MT est pratiquรฉ dans la plupart des rรฉgions du monde. Depuis ces dix derniรจres annรฉes, les milieux universitaires et industriels s’intรฉressent de plus en plus ร  la MT. Pour rรฉpondre aux attentes du public, les acteurs attachent depuis peu une grande attention ร  la MT et ร  la possibilitรฉ d’en intรฉgrer l’exercice dans les systรจmes sanitaires conventionnels(SSC) (OMS, 2001).
La MT est un domaine pluridisciplinaire et plurisectoriel. On peut classer ses acteurs en trois groupes (YANGNI-ANGATE, 2004).

Les tradipraticiens de santรฉ

Guรฉrisseurs

Ce sont des personnes, gรฉnรฉralement dรฉpourvues de diplรดme mรฉdical, qui guรฉrissent, ou prรฉtendent guรฉrir, en dehors de lโ€™exercice lรฉgal de la mรฉdecine, par des moyens empiriques ou magiques, en vertu de dons particuliers supposรฉs ou ร  lโ€™aide de recettes personnelles (SOFOWORA, 1999). Ils sont capables de diagnostiquer les affections et de prescrire les plantes mรฉdicinales appropriรฉes (KONAN, 2012).

Phytothรฉrapeutes

La phytothรฉrapie dรฉsigne la mรฉdecine fondรฉe sur les extraits de plantes et de principes actifs naturels (LAROUSSE, 2016). Ils utilisent uniquement les vertus prรฉventives et curatives des plantes pour soigner les maladies. Ils sont nombreux en milieu rural et lโ€™on peut mรชme affirmer que dans les familles africaines, les grands-mรจres ont la connaissance des plantes qui guรฉrissent les maladies de leur progรฉniture (YAGNI-ANGATE, 2004).

Psychothรฉrapeutes

La psychothรฉrapie dรฉsigne le traitement ou lโ€™accompagnement par un individu formรฉ cela, dโ€™une ou de plusieurs personnes souffrant de problรจmes psychologiques, parfois en complรฉment dโ€™autres types dโ€™interventions ร  visรฉe thรฉrapeutique (SOFOWORA, 1999). Leurs techniques sont basรฉes sur le vรฉcu socioculturel du malade et sur sa relation avec le TP. Ils utilisent la puissance du verbe et les incantations. Ils peuvent provoquer des chocs psychologiques libรฉrateurs dans le mental du malade afin de rรฉtablir lโ€™harmonie et la santรฉ du corps et de lโ€™esprit (YANGNI-ANGATE, 2004).

Spiritualistes

Le spiritualisme est un courant philosophique qui affirme la supรฉrioritรฉ ontologique de lโ€™esprit sur la matiรจre (LAROUSSE, 2016). Dans ce groupe on identifie des acteurs spรฉciaux des troubles humains ; certains ont la facultรฉ de poser le diagnostic mรฉtaphysique des affections, ils sont des ritualistes, des devins, des spiritistes, des voyants, des occultistes et des fรฉticheurs. Dโ€™autres se distinguent de ce groupe en ce sens quโ€™ils ont recours uniquement ร  des priรจres pour le rรฉtablissement de la santรฉ du malade ; on y trouve les religieux (prรชtres, prophรจtes et marabouts). Enfin les sorciers, citรฉs ร  tort parmi les TP de santรฉ, sont des รชtre humains douรฉs de puissance surnaturelle qui agissent dans le sens de la nuisance de leurs semblables, mus par un instinct de jalousie, de mรฉchancetรฉ et de cruautรฉ (FERRY, 2010).

Herboristes

Ce terme dรฉcrit un guรฉrisseur traditionnel spรฉcialisรฉ dans lโ€™utilisation des plantes mรฉdicinales pour traiter diverses maladies (SOFOWORA, 1999). Ils connaissent les usages des substances mรฉdicinales dโ€™origine essentiellement vรฉgรฉtale et assurent leur vente ร  ceux qui en ont besoin (YANGNI-ANGATE, 2004).On attend de lui une grande connaissance :
โ€ข De Lโ€™efficacitรฉ;
โ€ข De La toxicitรฉ;
โ€ข Du dosage;
โ€ข De la prรฉparation des plantes mรฉdicinales.

Accoucheuses traditionnelles

Elles procรจdent aux accouchements et prodiguent ร  la femme et ร  son nouveau-nรฉ, avant, pendant et aprรจs lโ€™accouchement, des soins de santรฉ basรฉs sur les concepts prรฉvalant dans la sociรฉtรฉ oรน elles vivent (KONNAN, 2012).

Rebouteux

Ils guรฉrissent par des procรฉdรฉs empiriques les luxations, les fractures, les entorses et les douleurs articulaires (KONAN, 2012).

Partenaires de la mรฉdecine traditionnelle

De nombreuses personnes, tant en Afrique quโ€™en Europe, sโ€™intรฉressent ร  la MT : ce sont des financiers, des spรฉcialistes de mรฉdias, des hommes et femmes de culture. De mรชme des organisations internationales et non gouvernementales apportent leur soutien au dรฉveloppement de la MT (KONAN, 2012).

Chercheurs en mรฉdecine traditionnelle

Ce sont les scientifiques et les chercheurs de diffรฉrentes facultรฉs, des unitรฉs de formation et de recherche et instituts (Sciences, Mรฉdecine, Pharmacie, Institut National de Santรฉ Publique). Dans les facultรฉs littรฉraires, juridiques et รฉconomiques, certains chercheurs se spรฉcialisent dans le domaine de la MT : des sociologues, des ethnosociologies, des anthropologues, des juristes, des รฉconomistes. Il faut noter aussi que certains TP font des recherches privรฉes, enrichissant ainsi le nombre de leurs recettes thรฉrapeutiques, mais aussi des associations de sages femmes (KONAN, 2012).

Rรฉglementation de la mรฉdecine Traditionnelle

Stratรฉgie de lโ€™OMS

Le congrรจs de lโ€™OMS sur la mรฉdecine traditionnelle sโ€™est tenu du 7 au 9 novembre 2008 ร  Beijing (Chine) et quโ€™il a adoptรฉ la dรฉclaration de Beijing sur la mรฉdecine traditionnelle.
Aussi la journรฉe africaine de la mรฉdecine traditionnelle est cรฉlรฉbrรฉe chaque 31 Aoรปte afin de mieux faire connaitre et de valoriser la MT dans la rรฉgion africaine, et de promouvoir son intรฉgration dans les systรจmes de santรฉ nationaux. Par ailleurs, lโ€™OMS a introduit une nouvelle stratรฉgie, qui est pour la dรฉcennie 2014-2023 et qui a pour but de :
โ€ข Mettre ร  profit la contribution potentielle de la MT ร  la santรฉ, au bien-รชtre et aux soins de santรฉ centrรฉs sur la personne ;
โ€ข Favoriser un usage sure et efficace de la MT au moyen de la rรฉglementation, de la recherche et de lโ€™intรฉgration des produits, pratiques
et praticiens de MT dans les systรจmes de santรฉ, le cas รฉchรฉant.
Lโ€™OMS a รฉgalement fixรฉ quatre grands objectifs que sont :
โ€ข Politique : intรฉgrer la MT aux systรจmes nationaux de soins de santรฉ, de maniรจre appropriรฉe, en dรฉveloppant et en mettant en ล“uvre des politiques et programmes de MT.
โ€ข Qualitรฉ, sรฉcuritรฉ et efficacitรฉ: promouvoir la sรฉcuritรฉ, lโ€™efficacitรฉ et la qualitรฉ de la MT en รฉtendant la base de connaissance sur la MT et en conseillant sur la rรฉglementation et les normes de lโ€™assurance de la qualitรฉ.
โ€ข Accรจs: augmenter la disponibilitรฉ et lโ€™accessibilitรฉ financiรจre de la MT, de maniรจre appropriรฉe, en faisant porter lโ€™accent sur lโ€™accรจs pour les populations pauvres.
โ€ข Usage rationnel: promouvoir un usage thรฉrapeutique judicieux de la MT appropriรฉe, par les prestataires et les consommateurs.
Toutefois certains Etats rencontrent de difficultรฉs concernant :
โ€ข Lโ€™รฉlaboration et la mise en ล“uvre de politiques et rรฉglementations;
โ€ข Lโ€™intรฉgration, en particulier lโ€™identification et lโ€™รฉvaluation de stratรฉgies et de critรจres permettant lโ€™intรฉgration de la MT au systรจme de santรฉ national et aux soins de santรฉ primaire;
โ€ข La sรฉcuritรฉ et la qualitรฉ, notamment lโ€™รฉvaluation des produits et services, la qualification des tradipraticiens, la mรฉthodologie et critรจres permettant dโ€™รฉvaluer lโ€™efficacitรฉ;
โ€ข La capacitรฉ ร  contrรดler et ร  rรฉglementer la publicitรฉ et les allรฉgations de la MT et de la MC (MC/MT)
โ€ข La recherche et le dรฉveloppement;
โ€ข Lโ€™รฉducation et la formation des praticiens de MT;
Lโ€™information et la communication, par exemple la diffusion dโ€™informations concernant les politiques, la rรฉglementation, les profils de services et les donnรฉes de recherches, ou lโ€™obtention dโ€™informations objectives et fiables par les patients.

Panorama Africain

La MT suscite aujourdโ€™hui, ร  travers le monde, un regain dโ€™intรฉrรชt qui a amenรฉ beaucoup de pays ร  saisir lโ€™urgence et la pertinence de la lรฉgislation. Lโ€™amplification de ce mouvement prend prรฉtexte des recommandations de lโ€™OMS.
En effet, lโ€™OMS a toujours recommandรฉ et encouragรฉ la lรฉgislation de la MT dans sa politique de ยซ santรฉ pour tous ยป.
Lโ€™absence de textes officiels dans les autres pays ne traduit pas forcรฉment un vide en la matiรจre, car on peut observer quelques institutions universitaires, gouvernementales et organisations qui y travaillent.
En Afrique, selon le document prรฉparatoire des assises du 40รจme anniversaire de lโ€™OAPI (Organisation Africaine pour la Propriรฉtรฉ Intellectuelle), la situation de la MT varie dโ€™un territoire ร  un autre, en fonction de lโ€™histoire sociale et politique spรฉcifique aux diffรฉrents Etats constituรฉs (OMS, 2000).
Si avant les indรฉpendances, la pratique de la mรฉdecine traditionnelle sโ€™รฉtait mรชme vue interdite par les autoritรฉs mรฉtropolitaines, il en est autrement aujourdโ€™hui oรน la MT bรฉnรฉficie dโ€™une existence tolรฉrรฉe dans nombreux pays. Dans plusieurs pays africains, les guรฉrisseurs sont invitรฉs dans les rencontres et sรฉminaires sur les problรจmes de santรฉ des populations. Cependant, trรจs peu de structures officielles de santรฉ font appel aux compรฉtences des tradipraticiens alors que 80 ร  85% de la population sโ€™adressent ร  ces derniers pour les problรจmes de santรฉ (OMS, 2002).
Ce paradoxe est dโ€™autant plus marquant que nous constatons lโ€™existence dans de nombreux pays africains, dโ€™une structure dโ€™รฉtat charge de la MT.
Au cas oรน cette structure existerait, elle nโ€™est bรฉnรฉficiaire que de 0 ร  5% du budget du ministรจre dont elle relรจve.
Un comitรฉ rรฉgional dโ€™experts a รฉtรฉ crรฉรฉ en 2001. Au cours de la premiรจre rรฉunion tenue ร  Harare (ZIMBABWE) en novembre 2001, ce comitรฉ a finalisรฉ les instruments suivants :
โ€ข Un guide pour la formation, la mise en place, le suivi et lโ€™รฉvaluation dโ€™une politique nationale de MT dans la rรฉgion OMS/afro.
โ€ข Un modรจle de cadre lรฉgale pour la pratique de la MT dans la rรฉgion OMS/afro.
โ€ข Un modรจle de code dโ€™รฉthique pour les tradipraticiens de la rรฉgion OMS/afro.
โ€ข Un cadre rรฉglementaire pour la protection du savoir professionnel et des droits de propriรฉtรฉ intellectuelle relatifs aux mรฉdicaments issus de la MT dans la rรฉgion OMS/afro.

Mร‰DECINE ET PRATIQUES TRADITIONNELLES AU Sร‰Nร‰GAL

Les diffรฉrents types de pratiques traditionnelles au Sรฉnรฉgal

Les rituels

Ce sont des procรฉdures ou des sacrifices nรฉcessaires pour apaiser les dieux dans une forme particuliรจre de traitement ou de situation .Ils peuvent comprendre les sacrifices de chรจvres, lโ€™exรฉcution de certains danses, lโ€™ingestion de certains aliments ou de certains parties dโ€™aliments seulement .Les danses rituels sont trรจs courantes et font parties du traitement des patients moralement perturbรฉs (SOFOWORA, 1996).

Le mauvais sort โ€˜Liggeeyโ€™

Cโ€™est une sorte de malรฉfice que jettent les personnes dotรฉes d’un pouvoir de sorcellerie sur un individu, dans l’unique but de nuire (contrairement aux forces ancestrales qui peuvent ร  la fois protรฉger et nuire). Les sorciers agissent pour leur propre compte, ou en tant que commanditaire, dans le cadre de conflits interindividuels gรฉnรฉralement suscitรฉs par la jalousie. La sorcellerie est en quelque sorte une anti religion mettant ร  la disposition de celui qui l’exerce (le sorcier) des forces malรฉfiques allant contre l’ordre naturelles et surnaturelles des choses admis par la religion (KERHARO, 1975).
Le terme de โ€˜Liggeeyโ€™ regroupe diverses maladies dรฉsignรฉes par le nom des forces malรฉfiques dont elles sont le rรฉsultat : ยซ malรฉdiction ยป, on dit qu’une personne est ยซ emboucanรฉe ยป. Par exemple lorsque la maladie est une ยซ corde ยป, on dit que le sorcier ยซ attache la personneยป : le malade ressent alors une douleur รฉtouffante ร  type de striction ; le traitement visera ร  ยซ dรฉfaire les liens ยป.

Voyance, divination โ€˜Guissanรฉโ€™

La voyance est la capacitรฉ divinatoire ร  percevoir une information dans l’espace et dans le temps en dehors de l’usage des cinq sens, par extrasensorielle. La personne qui aurait cette capacitรฉ est gรฉnรฉralement appelรฉ voyant(e) et propose des consultations payantes ร  des clients en attente de rรฉvรฉlations afin de connaรฎtre ou de prรฉparer leur avenir. La voyance est considรฉrรฉe comme une pseudoscience mais reste une activitรฉ populaire et lucrative. La voyance s’exerce ร  partir d’un substratum matรฉriel constituรฉ par des miroirs de pacotille, de la bimbeloterie, des canaris remplis d’eau avec dans le fond un objet appartenant au voyant ou au consultant; tout simplement aussi ร  partir de kolas ou de cauris (KERHARO, 1975).
Fรฉticheurs et guรฉrisseurs s’adonnent ร  la divination selon des modalitรฉs variables, mais il existe aussi des devins de profession qu’on vient consulter ne serait-ce que pour connaitre l’origine d’une maladie et savoir ร  quel thรฉrapeute il convient de s’adresser. Les procรฉdรฉs utilisรฉs sont divers, le plus rรฉpandu รฉtant celui des cauris .Ceux-ci peuvent รชtre jetรฉs sur un van ou une petite serviette composรฉe de fils de coton, colorรฉs ou non, formant des carreaux. Les positions des cauris par rapport aux carreaux dictent les rรฉponses. Les cauris peuvent รฉgalement รชtre jetรฉs sur de la terre battue bien plane ou sur du sable; l’examen de leurs dispositions propres et respectives les unes par rapport aux autres ainsi que de leurs positions ร  l’endroit, ร  l’envers et sur le cotรฉ donne au devin des รฉlรฉments d’information pour l’interprรฉtation (KERHARO, 1975).
En bref, les techniques de divination sont trรจs variรฉes. Elles gravitent autour de deux pรดles qui sont l’interrogatoire des esprits, des fรฉtiches, des forces surnaturelles par un truchement appropriรฉ et l’interprรฉtation de figures, de positions, de mouvements bien dรฉterminรฉs d’objets symboliques dans des conditions รฉgalement bien dรฉterminรฉes (KERHARO, 1975).

Incantations

Ce sont des formes de jeux de mots (similitudes) รฉcrites ou transmises oralement sous forme poรฉtique apparent pour concentrer les forces. Il ne faut pas prรฉsumer que lโ€™effet dโ€™une incantation dรฉpend uniquement de lโ€™allitรฉrative des vers car il existe des formes de vers qui son pratiquement allitรฉratives sans pour autant รชtre considรฉrรฉs comme des incantations .Lโ€™efficacitรฉ dโ€™une incantation provient aussi de son pouvoir รฉvocateur .Ils sont utilisรฉes en plusieurs maniรจre en mรฉdecine traditionnelle ; ils existent des formes de mรฉdecine ou une seul incantation est nรฉcessaire pour produire lโ€™effet dรฉsirรฉ (KASSOKA, 2007).

Lโ€™oniromancie โ€˜Firrii guenteโ€™

Cโ€™est une sorte de divination par les rรชves. Il tient une grande place dans l’islamisme et sont naturellement interprรฉtรฉs par les marabouts vrais ou faux. Dans le Fouta Toro certains d’entre eux, ayant d’ailleurs une excellente rรฉputation de saintetรฉ, disposent de vieux ouvrages รฉcrits en arabe qu’ils feuillettent sous les yeux de leurs consultants pour donner les explications appropriรฉes sur les songes. On trouve mรชme dans ces รฉcrits les mentions de quelques plantes mรฉdicinales. Le cas particulier des marabouts accomplissant des khalva ร  la demande entre รฉgalement dans cette catรฉgorie. Interprรฉtant ร  l’usage de leurs clients les rรชves hallucinatoires qui les ont assaillis au cours de leur retraite, ils prรฉvoient leur avenir et les conseillent sur la conduite ร  tenir pour dรฉtourner les mauvais sorts et rรฉussir dans leurs entreprises (KERHARO, 1975).

Le fรฉtichisme

Il dรฉsigne ร  nos yeux toute religion dans laquelle un dieu relativement inaccessible dรฉlรจgue une partie de ses pouvoirs ร  des forces secondaires et pourtant essentielles, dont chacune se caractรฉrise matรฉriellement par un sanctuaire et un autel (KERHARO, 1975).

La magie

Science occulte qui permet dโ€™obtenir des effets merveilleux ร  lโ€™aide de moyens surnaturels ou supposรฉes des esprits infernaux.
Les fonctions de magicien sont d’ailleurs รฉnigmatiques et pas toujours bien dรฉlimitรฉes entre des techniques pouvant รชtre considรฉrรฉes comme religieuses et d’autres pouvant รชtre considรฉrรฉes comme antireligieuses. Quand par exemple, le magicien est appelรฉ par la communautรฉ pour pratiquer des ordalies ou des exorcismes, il est investi de la confiance entiรจre du groupe qui l’a sollicitรฉ et officie ร  l’รฉgal d’un prรชtre conformรฉment aux canons du droit coutumier. Quand, au contraire, il utilise des pouvoirs considรฉrรฉs comme malรฉfiques pour nuire ร  son prochain, il est assimilable au sorcier (KERHARO, 1975).

Le charlatanisme

Le charlatan mรฉdical se donne des allures de magicien. Il a rarement des connaissances sur la pharmacopรฉe, mais cela ne l’empรชche pas de soigner des malades avec souvent des prรฉparations constituรฉes par des plantes banales ou choisies au hasard. Son accoutrement, son assurance, sa maniรจre de faire, son รฉloquence, ses talents de prestidigitateur lui valent souvent une rรฉputation flatteuse (KERHARO, 1975).

Place de la mรฉdecine traditionnelle dans le systรจme sanitaire

La mรฉdecine traditionnelle est le premier pourvoyeur de santรฉ au Sรฉnรฉgal. En effet, au regard du taux de prรฉcaritรฉ de la population sรฉnรฉgalaise, le premier reflexe de ces couches dรฉfavorisรฉes, en cas de maladie, est d’aller voir le tradipraticiens (KASSOKA, 2007). Malgrรฉ des lois rรฉpressives contre la pratique de la mรฉdecine traditionnelle pendant la pรฉriode coloniale, presque chaque village du Sรฉnรฉgal dispose au moins dโ€™un tradipraticien. Quatre traditions mรฉdicales dโ€™origines diffรฉrentes ont formรฉ la configuration mรฉdicale actuelle du Sรฉnรฉgal : ce sont la tradition africaine animiste et la tradition arabe musulmane, puis la mรฉdecine europรฉenne occidentale, et rรฉcemment la mรฉdecine chinoise (KONAN, 2012). Elle peut รชtre subdivisรฉe en mรฉdecine familiale et en mรฉdecine experte. La mรฉdecine familiale est lโ€™ensemble des recettes accessibles ร  tous pour un soulagement rapide dโ€™affections bรฉnignes. La mรฉdecine experte dรฉsigne le champ des recettes trรจs รฉlaborรฉes et complexes qui constituent les traitements appliquรฉs aux maladies graves (DIAGNE, 2010).
La mรฉdecine traditionnelle a รฉtรฉ officiellement identifiรฉe par le gouvernement du Sรฉnรฉgal en 1985. Le ministรจre de la santรฉ prรฉconise la promotion et la rรฉadaptation de la mรฉdecine traditionnelle et de la pharmacopรฉe traditionnelle.
Il existe des stratรฉgies officielles et des activitรฉs pour encourager la collaboration entre la mรฉdecine traditionnelle et conventionnelle (FLOYD, 1999 ; BARRY, 2006). Mais aujourdโ€™hui les rares รฉchanges observรฉs entre les mรฉdecins conventionnels et les tradipraticiens se limitent ร  quelques rencontres, ateliers et sรฉminaires organisรฉs รฉpisodiquement, et quelques fois aussi des รฉchanges de patients. La participation des tradipraticiens ร  la recherche et aux prestations mรฉdicales est dโ€™autant plus souhaitable quโ€™il est important, fondamentale mรชme, de valoriser le savoir ancestral dont lโ€™Afrique a hรฉritรฉ. Lโ€™observation lucide de la mรฉdecine traditionnelle sรฉnรฉgalaise dโ€™aujourdโ€™hui, telle quโ€™elle est pratiquรฉe, rรฉvรจle quโ€™elle nโ€™est pas, comme on a tendance ร  le croire, un concept mystรฉrieux, figรฉ dans le temps et dans lโ€™espace (SENGHOR, 2005). Les rares initiatives dรฉveloppรฉes ร  ce propos sont faites par des institutions indรฉpendantes ร  caractรจre communautaire tels quโ€™ENDA Tiers Monde, le centre de technologie appropriรฉ pour la santรฉ de Pikine (CTASP), le centre Malango de Fatick, lโ€™Hรดpital traditionnelle de keur Massar (MENARD, 2013). Ce dernier รฉtabli au Sรฉnรฉgal depuis 1987 reรงoit plus de 30000 patients actifs, et se compose dโ€™un personnel professionnel de mรฉdecine moderne et de mรฉdecine traditionnelle (BALDE, 1994 ; KASSOKA, 2007)

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Table des matiรจres

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LA MEDECINE TRADITIONNELLE
I Dร‰FINITIONS
I.1 La santรฉ
I.2 La mรฉdecine
I.3 La maladie
I.4 La mรฉdecine traditionnelle
II HISTORIQUE
II.1 Origines de la mรฉdecine traditionnelle
II.2 Acquisition de la mรฉdecine traditionnelle
III INTร‰RรŠT
III.1 Mรฉdecine traditionnelle dans le monde
III.2 Mรฉdecine traditionnelle en Afrique
IV Acteurs de la Mรฉdecine Traditionnelle
IV.1 Les tradipraticiens de santรฉ
IV.1.1 Guรฉrisseurs
IV.1.2 Phytothรฉrapeutes
IV.1.3 Psychothรฉrapeutes
IV.1.4 Spiritualistes
IV.1.5 Herboristes
IV.1.6 Accoucheuses traditionnelles
IV.1.7 Rebouteux
IV.2 Partenaires de la mรฉdecine traditionnelle
IV.3 Chercheurs en mรฉdecine traditionnelle
V Rรฉglementation de la mรฉdecine Traditionnelle
V.1 Stratรฉgie de lโ€™OMS
V.2 Panorama Africain
VI Mร‰DECINE ET PRATIQUES TRADITIONNELLES AU Sร‰Nร‰GAL
VI.1 Les diffรฉrents types de pratiques traditionnels au Sรฉnรฉgal
VI.1.1 Les rituels
VI.1.2 Le mauvais sort โ€˜Liggeeyโ€™
VI.1.3 Voyance, divination โ€˜Guissanรฉโ€™
VI.1.4 Incantations
VI.1.5 Lโ€™oniromancie โ€˜Firrii guenteโ€™
VI.1.6 Le fรฉtichisme
VI.1.7 La magie
VI.1.8 Le charlatanisme
VI.2 Place de la mรฉdecine traditionnelle dans le systรจme sanitaire
DEUXIEME PARTIE : ENQUETE AUPRES DES POPULATIONS ET DES TRADIPRATICIENS
I OBJECTIFS
I.1 Objectif Gรฉnรฉral
I.2 Objectifs Spรฉcifiques
II CADRE DE Lโ€™ร‰TUDE
II.1 Situation gรฉographique
II.1.1 Commune de Ndiaganiao
II.1.2 Commune de Sandiara
II.2 Situation socioculturelle
II.2.1 Dรฉmographie
II.2.1.1 Commune de Ndiaganiao
II.2.1.2 Commune de Sandiara
II.2.2 Accรจs ร  lโ€™Education et la Santรฉ
II.2.2.1 Commune de Ndiaganiao
II.2.2.2 Commune de Sandiara
II.2.3 Agriculture, Elevage
II.2.3.1 Commune de Ndiaganiao
II.2.3.2 Commune de Sandiara
III TYPE ET POPULATION Dโ€™ร‰TUDE
III.1 Type dโ€™รฉtude
III.2 Population dโ€™รฉtude
IV MATร‰RIEL ET Mร‰THODES
IV.1 Matรฉriel
IV.2 Mรฉthodes
V Rร‰SULTATS
V.1 Les tradipraticiens
V.1.1 Caractรจres sociodรฉmographiques
V.1.2 Activitรฉs des tradipraticiens
V.1.3 Spรฉcialitรฉs des tradipraticiens
V.1.4 Pathologies traitรฉes
V.1.5 Mรฉthodes de diagnostic des tradipraticiens
V.1.6 Critรจres de guรฉrison selon le tradipraticiens
V.1.7 Mรฉthodes thรฉrapeutiques des tradipraticiens
V.1.7.1 Mรฉdication utilisant les plantes
V.1.7.2 Mรฉdication utilisant des animaux
V.1.7.3 Mรฉdication utilisant des minรฉraux
V.2 La population Gรฉnรฉrale
V.2.1 Caractรจres sociodรฉmographiques
V.2.2 Recours des sujets ร  la mรฉdecine traditionnelle
V.2.3 Relation des sujets avec la mรฉdecine traditionnelle
V.2.4 Opinions des sujets sur la mรฉdecine traditionnelle
VI DISCUSSION
VI.1 Les tradipraticiens
VI.2 Population Gรฉnรฉrale
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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