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Evolution de lโorganisation des รฉpreuves
Le titre de bachelier ยซ dรฉsignait au Moyen รge le premier grade universitaire avant la licence et le doctorat. En constante รฉvolution, il est devenu le grade sanctionnant les รฉtudes secondaires sous le Premier Empire, exigรฉ pour accรฉder aux facultรฉs et pour se prรฉsenter aux concours des grandes รฉcoles ยป7.
Alors que lโexamen nโรฉtait quโoral, les รฉpreuves รฉcrites ont peu ร peu fait leur apparition, ร savoir ยซ le franรงais en 1830, le latin en 1840 et la philosophie en 1864. Il existait alors trois types de baccalaurรฉat: รจs sciences, รจs lettres et enfin lโoption moderne, ร partir de 1891. En 1902, la distinction entre les baccalaurรฉats fut abolie pour nโen crรฉer quโun seul avec diffรฉrentes filiรจres en fonction des options choisies ยป8.
A l’origine, l’examen du baccalaurรฉat se passait devant la facultรฉ. Les professeurs de premier ordre des lycรฉes faisaient partie de droit des facultรฉs tandis que le proviseur et le censeur รฉtaient adjoints aux commissions d’examen. Le doyen pouvait appeler les professeurs du lycรฉe ร prendre sรฉance. Et l’examen ne comportait que des รฉpreuves orales.
Dans les acadรฉmies oรน il n’ existait pas de facultรฉ, le grade de bachelier รฉtait confรฉrรฉ, aprรจs examen oral, par une commission composรฉe du proviseur faisant office de doyen, du censeur, du professeur de philosophie et du professeur de rhรฉtorique du chef-lieu.
A Madagascar, lโรฉvolution de lโorganisation des รฉpreuves est en rapport direct avec le changement successif des rรฉgimes politiques. Cโest ainsi quโen 1973, suite ร la dรฉcision du gouvernement RAMANANTSOA de remplacer ยซ lโUniversitรฉ- enclave de type colonial ยป par une ยซ Universitรฉ indรฉpendante sous la responsabilitรฉ des nationaux et appliquant un programme national ยป9, une grande rรฉforme รฉducative avait รฉtรฉ opรฉrรฉe. Celle -ci nโavait pas sans grande consรฉquence sur lโorganisation et la teneur des matiรจres aux examens de baccalaurรฉat, entre autres, lโintroduction des courants de pensรฉes socialistes dans le programme de philosophie et dโhistoire et le dรฉbut de la ยซ malgachisation ยป.
Charte de la Rรฉvolution Socialiste Malgache, ยซ principes gรฉnรฉraux qui prรฉsident la conception du cadre gรฉnรฉral du systรจme dโรฉducation et de formation reposent sur la dรฉmocratisation, la dรฉcentralisation et la malgachisation ยป 10, lโorganisation des examens du baccalaurรฉat a connu un changement notable ร savoir :
– ยซ la traduction en malgache de toutes les รฉpreuves pour chaque matiรจre exceptรฉes celles des langues et la possibilitรฉ de composer en malgache,
– et lโinstauration de la deuxiรจme session ร partir de 1978 ยป11.
Il est ร souligner que cette instauration de la deuxiรจme session fut prรฉcรฉdรฉe par ยซ la crรฉation des centres universitaires rรฉgionaux des six faritany en 1977 ยป12.
Aprรจs lโadoption par Madagascar de la Politique dโAjustement Structurel sous lโinfluence du Fonds Monรฉtaire International et de la Banque Mondiale, lโorganisation des รฉpreuves du baccalaurรฉat avait รฉtรฉ encore une fois significativement modifiรฉe dans la mesure oรน :
– ยซ les professeurs qui avaient la charge de rรฉdiger les sujets dโexamens ont รฉtรฉ mis en conclave et les sujets dโexamens furent scellรฉs ร partir de 1984 pour faire face aux fuites de sujets ,
– lโorganisation des examens du baccalaurรฉat fut pour la premiรจre fois informatisรฉe en 1986,
– lโรฉpreuve orale fut supprimรฉe en 1987,
– et les candidats de la premiรจre session qui obtiennent une moyenne de note infรฉrieure ou รฉgale ร 06 sur 20 ne seront plus admis ร subir les รฉpreuves de la deuxiรจme session ยป13.
Les diffรฉrents types de baccalaurรฉat ร Madagascar
Les rรฉformes apportรฉes au systรจme รฉducatif ร Madagascar sont lโorigine de plusieurs types de baccalaurรฉat dont lโรฉvolution รฉvoque dโimportantes remarques.
Il existe aujourd’hui trois types de baccalaurรฉat ร Madagascar:
– le baccalaurรฉat gรฉnรฉral 17: ce type de baccalaurรฉat prรดne une formation gรฉnรฉrale ร dominante scientifique, ou littรฉraire. Il est l’hรฉritier du diplรดme sanctionnant une formation humaniste. Purement littรฉraires ร l’origine, les รฉpreuves du baccalaurรฉat gรฉnรฉral se sont peu ร peu ouvertes aux disciplines scientifiques et aux langues vivantes. A cet effet, le baccalaurรฉat se subdivisa alors en quatre sรฉries A1, A2, C, D. La diffรฉrence entre les sรฉrie s est surtout axรฉe sur les volumes horaires et les coefficients accordรฉs ร chaque matiรจre. Les baccalaurรฉats sรฉrie A1 et A2 ont une forte connotation littรฉraire tandis que ceux de la sรฉrie ยซ C ยปet ยซ D ยป ont une vocation plus ou moins scientifique.
Mais les รฉtudiants ne sont pas obligรฉs de suivre un enseignement gรฉnรฉral.
– le baccalaurรฉat professionnel18 : dรฉnommรฉ auparavant ยซ baccalaurรฉat technique ยป, ce type de baccalaurรฉat sanctionne une formation plus concrรจte dรฉbouchant sur un mรฉtier. Sa crรฉation dans les annรฉes 1987 a rรฉpondu ร un besoin croissant, exprimรฉ par les entreprises, d’emplois qualifiรฉs ร ce niveau en mรชme temps qu’il constituait une filiรจre de poursuite d’รฉtudes positive pour les jeunes titulaires d’un brevet d’รฉtudes professionnelles (BEP) ou d’un certificat d’aptitude professionnelle (CAP). La finalitรฉ principale de ce diplรดme est l’entrรฉe dans la vie active mรชme si, comme tout baccalaurรฉat, il donne le droit de poursuivre des รฉtudes supรฉrieures. Chaque baccalaurรฉat professionnel vise ร rec ouvrir un champ professionnel large, ouvert ร un effectif important de jeunes et leur offrant plusieurs possibilitรฉs d’adaptation ou d’รฉvolution nรฉcessaires au sein de ce grand secteur professionnel. Les principales filiรจres de ce baccalaurรฉat sont le gรฉnie civil, lโindustriel, le tertiaire et lโagricole .
– le baccalaurรฉat technologique19 : ce type de baccalaurรฉat associe une formation gรฉnรฉrale ร une formation couvre un champ technologique d’ensemble . Cette double finalitรฉ s’est traduite dans la structure de l’examen par la dรฉfinition de deux types d’รฉpreuves : des รฉpreuves ร caractรจre professionnel et des รฉpreuves ร caractรจre gรฉnรฉral. Ainsi, les volumes horaires et les contenus des matiรจres scientifiques notamment la physique-chimie et les mathรฉmatiques sont similaires ร ceux des classes de terminales ยซ sรฉrie C ยป et ยซ sรฉrie D ยป. De mรชme, la philosophie a รฉtรฉ introduite dans le programme dโรฉtude. Lโobjectif principal de la crรฉation de cette filiรจre technologique est de permettre ร ses titulaires de po ursuivre des รฉtudes universitaires dans les filiรจres de Mathรฉmatiques -Physique ou de Physique-Chimie.
Lโรฉvolution du baccalaurรฉat ร Madagascar
Lโรฉvaluation de la situation du baccalaurรฉat ร Madagascar doit tenir ร la fois compte des critรจres quantitatifs et qualitatifs.
Evolution des indicateurs quantitatifs :
Avec la dรฉmocratisation de l’enseignement secondaire et la multiplication des voies d’accรจs ร ce diplรดme, le nombre de bacheliers est passรฉ respectivement de ยซ 41 en 1951, 266 en 1960, 1 500 en 1971, 3 619 en 1976, 9 606 en 1982, 9 482 en 1995 jusquโร 25 049 en 2005 20ยป.
Il convient de noter que dรจs le retour de lโIndรฉpendance en 1960, lโaugmentation du nombre de bacheliers fut une รฉtape nรฉcessaire ร la limitation de la disparitรฉ rรฉgiona le en matiรจre dโรฉducation. Il fut mรชme un temps oรน lโon pouvait รชtre admis au baccalaurรฉat avec seulement une moyenne รฉgale ร 08 sur 20. Cโest la Province dโAntananarivo qui prรฉsenta le plus dโeffectifs. La situation a รฉvoluรฉ en province car si en 1972, 70% des bacheliers sont issus de la province dโAntananarivo, durant les dix derniรจres annรฉes ( 1995-2005), ils ne sont plus que 60%.
Sur la plan quantitatif, notre รฉtude sโest basรฉe sur lโรฉvolution du taux de participation et de rรฉussite aux รฉpreuves du bac calaurรฉat.
ENQUETE AUPRES DES FUTURS ET DES NOUVEAUX BACHELIERS
Mรฉthodologie dโenquรชte
Lโenquรชte a pour principal objectif de dรฉceler auprรจs des futurs et nouveaux bacheliers:
– la perception de lโenseignement et du baccalaurรฉat,
– leur future orientation,
– et leur conception de lโenseignement supรฉrieur.
Pour atteindre cet objectif, le questionnaire21 a รฉtรฉ divisรฉ en trois parties basรฉes essentiellement sur des questions ouvertes. Pour rรฉsumer chaque partie, elle est conclue par des affirmations auxquelles les apprรฉciations des enquรชtรฉs ont รฉtรฉ sollicitรฉes.
Lโenquรชte auprรจs des futurs bacheliers a รฉtรฉ effectuรฉe au sein de trois lycรฉes publics (Lycรฉe Nanisana, Lycรฉe J.J Rabearivelo et Lycรฉe moderne dโAmpefiloha) et de trois รฉtablissements privรฉs dont le lycรฉe ยซ La Farandole ยป, le ยซ Collรจge Saint Antoine ยป et ยซ lโEcole Sacrรฉ-Cลur Antanimena ยป (ESCA). Pour leur part, les proviseurs et leurs adjoints, les prรฉfets et les directeurs nous ont conseillรฉ sur le choix des dix รฉlรจves de sexe fรฉminin et masculin pour chaque รฉtablissement.
Pour les cas des รฉtudiants en premiรจre annรฉe dโรฉtudes supรฉrieures, lโenquรชte a รฉtรฉ rรฉalisรฉe au sein de la Facultรฉ DEGS de lโuniversitรฉ dโAntananarivo et de quelques instituts privรฉs (IST, ISCAM, INSCAE et ICM).
REFLEXION SUR LE BACCALAUREAT
Cette rรฉflexion sur le baccalaurรฉat se fonde ร partir dโun constat 22:
– depuis lโannรฉe 2000, entre 30.000 et 55.000 jeunes par an arrivent au stade de la classe de terminale,
– entre 12.000 รฉlรจves et 25.000 par an rรฉussissent ร obtenir le fameux sรฉsame pour lโenseignement supรฉrieur,
– entre 8.000 ร 9.000 bacheliers par an, arrivent ร intรฉgrer le systรจme dโenseignement supรฉrieur ร travers les universitรฉs, les instituts et les centres de formation privรฉs.
Or, le diplรดme du baccalaurรฉat a la double particularitรฉ de sanctionner la fin des รฉtudes secondaires et d’ouvrir l’accรจs ร l’enseignement supรฉrieur . Ainsi, les rรฉflexions que nous porterons sur ce diplรดme concerne ร la fois les perspectives offertes aux bacheliers sโils comptent poursuivre leur รฉtudes supรฉrieures, mais aussi sur le sort des jeunes qui sont bien obligรฉs, malgrรฉ eux, dโentrer dans le marchรฉ du travail avec comme seul diplรดme le baccalaurรฉat ou avec comme seul niveau de rรฉfรฉrence l a classe de terminale.
Le diplรดme du baccalaurรฉat face ร lโenseignement supรฉrieur
Quelle est la valeur du diplรดme de baccalaurรฉat face aux universitรฉs malgaches ?
Cette question mรฉrite vraiment rรฉflexion car le baccalaurรฉat est le premier diplรด me universitaire ร Madagascar. Et aussi paradoxal que cela puisse paraรฎtre, force est de constater que cette mรชme universitรฉ est la premiรจre qui remet en cause la valeur de ses diplรดmes, par lโintermรฉdiaire des concours et des sรฉlections de dossiers dรจs lโentrรฉe en premiรจre annรฉe.
En effet, sous prรฉtexte dโun manque de moyens humains et matรฉriels, lโuniversitรฉ refuse lโentrรฉe des milliers des jeunes qui ont subi avec succรจs leur premier examen. Ainsi, les รฉtudiants sont obligรฉs de se rabattre sur les insti tuts et les รฉcoles privรฉes de formation supรฉrieures qui ne sont du reste pas reconnues par lโEtat. Comment interprรฉter autrement lโattitude de lโEtat dโavoir autorisรฉ lโouverture dโune cinquantaine de ces instituts depuis le dรฉbut des annรฉes 90, alors que seule la moitiรฉ de ceux-ci ont reรงu lโhomologation de leurs diplรดmes. 23 Si ร lโรฉtranger, le baccalaurรฉat permet de poursuivre automatiquement les รฉtudes supรฉrieures dans les nombreuses universitรฉs, et seul lโaccรจs aux grandes รฉcoles et universitรฉs les plus prestigieuses se font par voie de concours et de sรฉlection de dossiers, ร Madagascar cโest lโinverse que lโon observe actuellement. En effet, ce sont les instituts privรฉs malgaches qui tentent de sรฉduire ร tout prix les nouveaux bacheliers tandis que lโuniversitรฉ รฉlimine les trois quart des candidats qui postulent pour y poursuivre leurs รฉtudes.
Les principales filiรจres choisies par les bacheliers selon leur sรฉrie sont:
– le droit, le franรงais, lโanglais et le malagasy, pour ceux de la sรฉrie A1 ,
– le droit, la gestion, les sciences naturelles et la mรฉdecine, pour ceux de la sรฉrie A2,
– la polytechnique, lโรฉconomie, la physique-chimie et lโagronomie, pour ceux de la sรฉrie C,
– les sciences naturelles, les mathรฉmatiques, la mรฉdecine et la physique -chimie, pour ceux de la sรฉrie D,
– la physique-chimie et la polytechnique, pour les titulaires du baccalaurรฉat en Gรฉnie Civil et Industriel,
– la filiรจre gestion pour ceux de la sรฉrie tertiaire,
– le droit, lโรฉconomie, et la gestion, pour ceux de la ยซ sรฉrie technologique ยป .
Le diplรดme du baccalaurรฉat face au marchรฉ du travail
Si lโon considรจre les derniers chiffres disponibles sur le nombre de bacheliers, en 2005 sur les 25.000 dโentre eux , seuls 10.000 arrivent ร intรฉgrer les universitรฉs et les instituts privรฉs, tandis que les 15.000 restants font leur entrรฉe dans le marchรฉ du travail sans aucune qualification.
Or, la sociรฉtรฉ a posรฉ comme postulat que le systรจme รฉducatif est neutre par nature et a pour objectif la redistribution des chances sociales, en fonction des mรฉrites personnels mesurรฉs par des performances produites dans des conditions comparables. Par consรฉquent, chacun peut accรฉder ร un niveau reflรฉtant ses capacitรฉs et trouver ainsi la place qui lui revient dans la sociรฉtรฉ. Les parents, les enseignants et les รฉducateurs assรจnent aussi aux futurs bacheliers que l’obtention du diplรดme du baccalaurรฉat dรฉterminerait la rรฉussite da ns la vie. Et lโaugmentation du nombre de bacheliers qui sortent du systรจme รฉducatif accroรฎt la qualification et la quantitรฉ de la main-dโลuvre disponible sur le marchรฉ du travail et de ce fait, le chรดmage .
Lโon est alors en droit de poser la question suivante : le systรจme รฉducatif ne devrait -il pas considรฉrer que tous les titulaires du baccalaurรฉat ne pourront poursuivre des รฉtudes supรฉrieures ni dans les universitรฉs ni dans les instituts privรฉs ?
En effet, il est plus que temps de rรฉflรฉchir ร lโinsertion dans la vie professionnelle des futurs bacheliers ร travers la diversitรฉ de leur aptitude, leur formation professionnelle en plus de la formation gรฉnรฉraliste avant quโils ne sortent du systรจme รฉducatif.
Cette insertion dans la vie professionnelle devrait rรฉpondre ร une double exigence. Dโune part il faut dans un premier temps fournir les compรฉtences et les connaissances
nรฉcessaires au domaine dans lequel le futur salariรฉ travaillera, mais aussi les compรฉtences transversales entre autres les mรฉthodes de travail, la capacitรฉ de sโexprimer et de rรฉdiger. Dโautre part, il faut ensuite faire acquรฉrir des comportements, comme la capacitรฉ ร travailler en รฉquipe et ร รชtre crรฉatif, lโouverture dโesprit et la capacitรฉ ร รฉvoluer et ร sโadapter.
En plus des possibilitรฉs offertes par le baccalaurรฉat de poursuivre des รฉtudes supรฉrieures, il devrait dorรฉnavant prรฉparer ร la premiรจre annรฉe de la vie active. Les formations dispensรฉes doivent รชtre adaptรฉes dans ses contenus et ses mรฉthodes aux รฉvolution historiques, รฉconomiques, technologiques, sociales et culturelles du pays et de son environnement rรฉgional et international. En effet, que reste-t-il de la prรฉtention du diplรดme de baccalaurรฉat actuellement, sinon de lรขcher dans le marchรฉ du travail des milliers de jeunes sans qualification aucune et promis ร des tรขches rudimentaires et des salaires misรฉrables dans les entreprises franches.
Il faudrait alors redรฉfinir lโobjectif et la conception du diplรดme du baccalaurรฉat.
Le baccalaurรฉat ne devrait plus avoir comme seul et unique objectif la possibilitรฉ pour les jeunes de poursuivre leurs รฉtudes supรฉrieures du fait que, dโune part, la capacitรฉ dโaccueil du systรจme dโenseignement supรฉrieur public et privรฉ est saturรฉ, et dโautre part les nouveaux enjeux รฉconomiques induits par la mondialisation accroรฎt la demande sur le marchรฉ du travail de travailleurs spรฉcialisรฉs et qualifiรฉs. Dรฉsormais, le baccalaurรฉat devrait assurer lโemployabilitรฉ des jeunes sortant de lโenseignement secondaire qui nโont plus la possibilitรฉ de poursuivre dans lโenseignement supรฉrieur. Ainsi, il est impรฉratif de cesser la vรฉnรฉration des รฉtudes et du baccalaurรฉat gรฉnรฉraliste qui conduira inรฉvitablement les futurs bacheliers ร lโimpasse.
La redรฉfinition de la conception du diplรดme du baccalau rรฉat passe tout dโabord par la valorisation et le dรฉveloppement dโune filiรจre professionnelle sโadressant en prioritรฉ ร des jeunes qui sont dotรฉs dโune intelligence plus expรฉrimentale et plus conceptuelle conduisant, en alternance ร leur vie professionnelle, aux diplรดmes les plus prestigieux comme celui dโingรฉnieur. Lโinstauration du baccalaurรฉat professionnel, diffรฉrent de celui qui existe actuellement, devrait rรฉpondre aux besoins immรฉdiats du marchรฉ du travail mais aussi ร la prรฉfรฉrence des รฉtudiants ร e ntrer au plus vite dans ce marchรฉ. Ce baccalaurรฉat professionnel devrait รชtre national et sโouvrir avec les mรชmes droits et mรชmes perspectives, sinon plus, que le baccalaurรฉat de lโenseignement gรฉnรฉral.
Ce baccalaurรฉat professionnel concernera des secteurs dโactivitรฉs jugรฉs porteurs et prioritaires pour lโรฉconomie du pays comme le tourisme, lโenvironnement, le management, la comptabilitรฉ, la gemmologie et les ressources halieutiques.
Mais cette redรฉfinition du concept du baccalaurรฉat doit ensuite passer par lโรฉvaluation et la restructuration complรจte du baccalaurรฉat technique, afin dโamรฉliorer sa qualitรฉ et ses critรจres dโemployabilitรฉ, dโexpliquer ses perspectives dโรฉvolution, et dโintรฉgrer dans le baccalaurรฉat technique la notion de technologie cโest-ร -dire toutes les rรฉcentes รฉvolutions technologiques. Cette restructuration a pour objectif principal dโen finir avec la connotation nรฉgative et lโimage funeste du baccalaurรฉat technique et de produire des techniciens hautement qualifiรฉs et disponibles de suite pour combler lโoffre au niveau du marchรฉ du travail dans leur domaine de prรฉdilection entre autres le gรฉnie civil, le gรฉnie industriel, lโinformatique et le dรฉveloppement des logiciels.
En dรฉfinitive, il faudrait bannir lโarchaรฏsme des conceptions dominantes hรฉritรฉes du systรจme francophone qui touche aussi bien la notion de mauvais รฉlรจves, lโorientation ร partir de la note, la probabilitรฉ dโinsertion par le haut niveau de culture gรฉnรฉrale et le statut social dรฉvalorisรฉ et dรฉvalorisant de la formation t echnique et professionnelle. Car jusquโalors, la conception dominante du rapport scolaire au travail et ร lโemploi semble frappรฉe dโune double allergie ร lโactivitรฉ concrรจte des รฉlรจves et au lien avec la rรฉalitรฉ รฉconomique.
Une remise sur le mรชme pied dโรฉgalitรฉ de lโenseignement professionnel, de lโenseignement technique ou technologique et de lโenseignement gรฉnรฉral sโavรจre donc inรฉluctable. Pour ce faire, une rรฉvolution des mentalitรฉs et des comportements est nรฉcessaire.
Il faut convaincre รฉlรจves, enseig nants, parents que le baccalaurรฉat professionnel et technique nโest pas une formation au rabais, rรฉservรฉe ร ceux qui ne peuvent de toute faรงon dรฉcrocher le sรฉsame de lโenseignement supรฉrieur quโest le baccalaurรฉat gรฉnรฉral, mais au contraire un domaine privilรฉgiรฉ de lโalternance, un autre parcours dโexcellence qui peut favoriser lโรฉpanouissement des talents, conduire ร une activitรฉ professionnelle gratifiante et permettre, par des passerelles adรฉquates, de renouer, ร une autre รฉtape de la vie avec des filiรจr es longues. Pour ce faire, une politique dโinformation et de promotion ambitieuse des enseignements professionnels et techniques serait ร mettre en place.
Dรฉsormais, il est grand temps que les dรฉcideurs et les acteurs du systรจme รฉducatif malagasy comprennent que les jeunes ne peuvent pas sโรฉpanouir dans un systรจme de formation qui ne sait pas mettre en ลuvre un parcours de formation รฉquilibrant formation gรฉnรฉrale, formation professionnelle et formation technologique dans le lycรฉe ; et qui nโarrive pas ร orienter les รฉlรจves dans les choix de lโinsertion professionnelle future dรจs le lycรฉe.
Mais le baccalaurรฉat doit-il se contenter de remplir une fonction รฉconomique, cโest-ร -dire fournir des jeunes capables de sโinsรฉrer dans la vie professionnelle en distribuant qualifications et employabilitรฉ ? Et quelle est donc lโinteraction entre le diplรดme et la sociรฉtรฉ ?
Le diplรดme du baccalaurรฉat face ร la sociรฉtรฉ malagasy
Le diplรดme du baccalaurรฉat remplit essentiellement trois fonctions : รฉconomique, sociale et politique. Ainsi, lโexamen du baccalaurรฉat dรฉbouchera sur la validation des capacitรฉs et des qualifications et sur lโentrรฉe dans le marchรฉ du travail des futurs acteurs รฉconomiques. Ensuite, le diplรดme doit รฉgaliser les chances et offrir ร ses ti tulaires la possibilitรฉ dโune รฉmancipation sociale. Enfin, les bacheliers qui ont dans la majeure partie des cas atteint lโรขge dโacquรฉrir la citoyennetรฉ avec les droits et les devoirs qui sโy rattachent doivent en รชtre conscients et actifs, et attachรฉs ร l โidentitรฉ culturelle et nationale.
Avant lโindรฉpendance et mรชme jusque vers la fin des annรฉes 60, lโobtention ou non du diplรดme du baccalaurรฉat dรฉtermina ร elle seule la position sociale dโun individu. Aujourdโhui, le baccalaurรฉat a perdu ses lettres de noblesse car il est maintenant courant dโentendre rรฉpรฉter lโadage selon lequel ยซ sans le baccalaurรฉat lโon nโest rien, mais avec le baccalaurรฉat lโon nโa rien. ยป
Cโest lโessence mรชme du diplรดme du baccalaurรฉat qui est remise en cause car il ne semble pas รฉchapper ร l’รฉconomisme ambiant d’aujourd’hui. En effet, la rรฉussite et l’autonomie des personnes sont devenues des questions รฉconomiques et comptables, et ne sont plus centrรฉes sur la dรฉtention ou la possession de tel ou tel diplรดme. Ainsi, la connaissanc e, le savoir, la culture et le dรฉveloppement humain ne font plus partie de l’รฉquation de la rรฉussite sociale et la satisfaction utilitarienne ne s’exprime plus qu’en terme matรฉriel. Il est maintenant difficile de motiver et de convaincre les รฉlรจves sur le discours classique de rรฉussite sociale ร savoir quโil faut avoir son baccalaurรฉat pour avoir une chance de dรฉcrocher un emploi et de rรฉussir dans la vie.
Mais en poussant plus loin la rรฉflexion, lโon est en droit de se poser des questions sur lโidentitรฉ sociale supposรฉe รชtre vรฉhiculรฉe par le diplรดme du baccalaurรฉat ?
En dโautres termes, si lโon prend en compte le fait que lโenseignement et le systรจme รฉducatif constituent un lieu par excellence de socialisation, dans quelle mesure et de quelles natures les normes et les valeurs culturelles de la sociรฉtรฉ malgache ont รฉtรฉ intรฉriorisรฉes par les jeunes qui ont obtenu leur baccalaurรฉat ? Et le diplรดme du baccalaurรฉat joue -t-il encore correctement son rรดle dโascenseur social, comme ce fut le cas dans les annรฉes 1960 ? Car il faut admettre que lโรฉcole est de plus en plus concurrencรฉe par la montรฉe en puissance dโautres lieux de socialisation. Les รฉlรจves apprennent souvent plus sur le monde et la vie en dehors de lโรฉcole, ร travers entre autres des fans club, des associations rรฉgionales, de nombreux mouvements de jeunesse, mais aussi et surtout ร travers les technologies dโinformation et de communication.
Si le terme de socialisation dรฉcrit les รฉlรฉments concourant ร la production de lโ ยซ รชtre social ยป qui va รฉvoluer et occuper une place ร part entiรจre dans la sociรฉtรฉ, on peut actuellement craindre que lโexamen du baccalaurรฉat ne consiste seulement quโร faire circuler les cohortes dโรฉlรจves, et des savoirs, des connaissances et des idรฉes, au dรฉtriment des sentiments, de la conscience collective et de lโรขme de la sociรฉtรฉ. Dโoรน, la primautรฉ du contenu et de lโorganisation des programmes de la classe de terminale qui ne peuvent occulter ni lโhistoire, ni lโidentitรฉ culturelle, ni la structure et les reprรฉsentations sociales de la sociรฉtรฉ malagasy. En effet, il existe un risque de rupture identitaire des bacheliers dรป au fait que leurs programmes scolaires sont calquรฉs sur ceux des Franรงais. Ce contenu doit tenir compte dโune vision globale et contextuelle de la rรฉalitรฉ malagasy au lieu de se cantonner ร sรฉlectionner, retenir et restituer des savoirs sans contexte, et ร donner, exercer des capacitรฉs tournant ร vide. A lโรจre de la mondialisation, qui sโaccompagne de la dilution et de la fragmentation de lโidentitรฉ, le systรจme รฉducatif et, ร plus forte raison, ses diplรดmรฉs sont le dernier rempart de la rรฉappropriation de lโidentitรฉ et des spรฉcificitรฉs culturelles.
Aussi, il faudrait un exercice dโhumilitรฉ de la part de lโEtat et cesser de lรฉgifรฉrer ร la hรขte les textes et les programmes, en laissant leur mise en ลuvre au hasard des choix individuels des enseignants et des projets dโรฉtablissement, et ainsi de crรฉer une communautรฉ dโidรฉe et dโรฉtat dโesprit copiรฉe sur les modรจles รฉtrangers. Mais il faut aussi que tous les acteurs, des parents dโรฉlรจves aux enseignants, en passant par les รฉlรจves et les futurs employeurs, soient conscients de la nรฉcessitรฉ de redรฉfinir et de rรฉviser le contenu du programme scolaire de la classe de terminale qui nโest ni efficace, ni productif, ni performant, ni ouvert et qui ne correspond pas ร la rรฉalitรฉ et aux attentes de la sociรฉtรฉ.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
CHAPITRE I : APPROCHE THEORIQUE SUR LE BACCALAUREAT
I.1. Gรฉnรฉralitรฉ et historique du baccalaurรฉat
I.2. Evolution de lโorganisation des รฉpreuves
I. 3 Les diffรฉrents types de baccalaurรฉat ร Madagascar
I. 4. Lโรฉvolution du baccalaurรฉat ร Madagascar
I.4.1 -Evolution des indicateurs quantitatifs
I.4.1.1 – Lโรฉvolution des inscriptions aux examens du baccalaurรฉat entre 1995 et 2005
I.4.1.2 – Le taux de rรฉussite au baccalaurรฉat entre 1995 et 2005
I.4.2 – Evolution des indicateurs qualitatifs
I.4.2.1 – La rรฉpartition des รฉlรจves inscrits selon les sรฉries
CHAPITRE II : ENQUETE AUPRES DES FUTURS ET DES NOUVEAUX BACHELIERS
II.1. Mรฉthodologie dโenquรชte
II.2. Rรฉsultats de lโenquรชte
II.2.1 – Auprรจs des futurs bacheliers
II.2.1.1 – Sur la perception de lโenseignement et du baccalaurรฉat
II.2.1.2 – Sur lโorientation aprรจs le baccalaurรฉat
II.2.1.3 – Sur leur rapport avec le monde de lโenseignement supรฉrieur
II.2.2 – Auprรจs des nouveaux bacheliers
II.2.2.1 – Sur la perception de lโenseignement et du baccalaurรฉat
II.2.2.2 – Sur lโorientation avant le baccalaurรฉat
II.2.2.3 – Sur leur rapport avec le monde de lโenseignement supรฉrieur
CHAPITRE III : REFLEXION SUR LE BACCALAUREAT
III.1. Le diplรดme du baccalaurรฉat face ร lโenseignement supรฉrieur
III.2. Le diplรดme du baccalaurรฉat face ร lโenseignement secondaire
III.3. Le diplรดme du baccalaurรฉat face au marchรฉ du travail
III.4. Le diplรดme du baccalaurรฉat face ร la sociรฉtรฉ malagasy
CONCLUSION
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