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Evolution de l’organisation des épreuves
Le titre de bachelier « désignait au Moyen Âge le premier grade universitaire avant la licence et le doctorat. En constante évolution, il est devenu le grade sanctionnant les études secondaires sous le Premier Empire, exigé pour accéder aux facultés et pour se présenter aux concours des grandes écoles »7.
Alors que l’examen n’était qu’oral, les épreuves écrites ont peu à peu fait leur apparition, à savoir « le français en 1830, le latin en 1840 et la philosophie en 1864. Il existait alors trois types de baccalauréat: ès sciences, ès lettres et enfin l’option moderne, à partir de 1891. En 1902, la distinction entre les baccalauréats fut abolie pour n’en créer qu’un seul avec différentes filières en fonction des options choisies »8.
A l’origine, l’examen du baccalauréat se passait devant la faculté. Les professeurs de premier ordre des lycées faisaient partie de droit des facultés tandis que le proviseur et le censeur étaient adjoints aux commissions d’examen. Le doyen pouvait appeler les professeurs du lycée à prendre séance. Et l’examen ne comportait que des épreuves orales.
Dans les académies où il n’ existait pas de faculté, le grade de bachelier était conféré, après examen oral, par une commission composée du proviseur faisant office de doyen, du censeur, du professeur de philosophie et du professeur de rhétorique du chef-lieu.
A Madagascar, l’évolution de l’organisation des épreuves est en rapport direct avec le changement successif des régimes politiques. C’est ainsi qu’en 1973, suite à la décision du gouvernement RAMANANTSOA de remplacer « l’Université- enclave de type colonial » par une « Université indépendante sous la responsabilité des nationaux et appliquant un programme national »9, une grande réforme éducative avait été opérée. Celle -ci n’avait pas sans grande conséquence sur l’organisation et la teneur des matières aux examens de baccalauréat, entre autres, l’introduction des courants de pensées socialistes dans le programme de philosophie et d’histoire et le début de la « malgachisation ».
Charte de la Révolution Socialiste Malgache, « principes généraux qui président la conception du cadre général du système d’éducation et de formation reposent sur la démocratisation, la décentralisation et la malgachisation » 10, l’organisation des examens du baccalauréat a connu un changement notable à savoir :
– « la traduction en malgache de toutes les épreuves pour chaque matière exceptées celles des langues et la possibilité de composer en malgache,
– et l’instauration de la deuxième session à partir de 1978 »11.
Il est à souligner que cette instauration de la deuxième session fut précédée par « la création des centres universitaires régionaux des six faritany en 1977 »12.
Après l’adoption par Madagascar de la Politique d’Ajustement Structurel sous l’influence du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale, l’organisation des épreuves du baccalauréat avait été encore une fois significativement modifiée dans la mesure où :
– « les professeurs qui avaient la charge de rédiger les sujets d’examens ont été mis en conclave et les sujets d’examens furent scellés à partir de 1984 pour faire face aux fuites de sujets ,
– l’organisation des examens du baccalauréat fut pour la première fois informatisée en 1986,
– l’épreuve orale fut supprimée en 1987,
– et les candidats de la première session qui obtiennent une moyenne de note inférieure ou égale à 06 sur 20 ne seront plus admis à subir les épreuves de la deuxième session »13.
Les différents types de baccalauréat à Madagascar
Les réformes apportées au système éducatif à Madagascar sont l’origine de plusieurs types de baccalauréat dont l’évolution évoque d’importantes remarques.
Il existe aujourd’hui trois types de baccalauréat à Madagascar:
– le baccalauréat général 17: ce type de baccalauréat prône une formation générale à dominante scientifique, ou littéraire. Il est l’héritier du diplôme sanctionnant une formation humaniste. Purement littéraires à l’origine, les épreuves du baccalauréat général se sont peu à peu ouvertes aux disciplines scientifiques et aux langues vivantes. A cet effet, le baccalauréat se subdivisa alors en quatre séries A1, A2, C, D. La différence entre les série s est surtout axée sur les volumes horaires et les coefficients accordés à chaque matière. Les baccalauréats série A1 et A2 ont une forte connotation littéraire tandis que ceux de la série « C »et « D » ont une vocation plus ou moins scientifique.
Mais les étudiants ne sont pas obligés de suivre un enseignement général.
– le baccalauréat professionnel18 : dénommé auparavant « baccalauréat technique », ce type de baccalauréat sanctionne une formation plus concrète débouchant sur un métier. Sa création dans les années 1987 a répondu à un besoin croissant, exprimé par les entreprises, d’emplois qualifiés à ce niveau en même temps qu’il constituait une filière de poursuite d’études positive pour les jeunes titulaires d’un brevet d’études professionnelles (BEP) ou d’un certificat d’aptitude professionnelle (CAP). La finalité principale de ce diplôme est l’entrée dans la vie active même si, comme tout baccalauréat, il donne le droit de poursuivre des études supérieures. Chaque baccalauréat professionnel vise à rec ouvrir un champ professionnel large, ouvert à un effectif important de jeunes et leur offrant plusieurs possibilités d’adaptation ou d’évolution nécessaires au sein de ce grand secteur professionnel. Les principales filières de ce baccalauréat sont le génie civil, l’industriel, le tertiaire et l’agricole .
– le baccalauréat technologique19 : ce type de baccalauréat associe une formation générale à une formation couvre un champ technologique d’ensemble . Cette double finalité s’est traduite dans la structure de l’examen par la définition de deux types d’épreuves : des épreuves à caractère professionnel et des épreuves à caractère général. Ainsi, les volumes horaires et les contenus des matières scientifiques notamment la physique-chimie et les mathématiques sont similaires à ceux des classes de terminales « série C » et « série D ». De même, la philosophie a été introduite dans le programme d’étude. L’objectif principal de la création de cette filière technologique est de permettre à ses titulaires de po ursuivre des études universitaires dans les filières de Mathématiques -Physique ou de Physique-Chimie.
L’évolution du baccalauréat à Madagascar
L’évaluation de la situation du baccalauréat à Madagascar doit tenir à la fois compte des critères quantitatifs et qualitatifs.
Evolution des indicateurs quantitatifs :
Avec la démocratisation de l’enseignement secondaire et la multiplication des voies d’accès à ce diplôme, le nombre de bacheliers est passé respectivement de « 41 en 1951, 266 en 1960, 1 500 en 1971, 3 619 en 1976, 9 606 en 1982, 9 482 en 1995 jusqu’à 25 049 en 2005 20».
Il convient de noter que dès le retour de l’Indépendance en 1960, l’augmentation du nombre de bacheliers fut une étape nécessaire à la limitation de la disparité régiona le en matière d’éducation. Il fut même un temps où l’on pouvait être admis au baccalauréat avec seulement une moyenne égale à 08 sur 20. C’est la Province d’Antananarivo qui présenta le plus d’effectifs. La situation a évolué en province car si en 1972, 70% des bacheliers sont issus de la province d’Antananarivo, durant les dix dernières années ( 1995-2005), ils ne sont plus que 60%.
Sur la plan quantitatif, notre étude s’est basée sur l’évolution du taux de participation et de réussite aux épreuves du bac calauréat.
ENQUETE AUPRES DES FUTURS ET DES NOUVEAUX BACHELIERS
Méthodologie d’enquête
L’enquête a pour principal objectif de déceler auprès des futurs et nouveaux bacheliers:
– la perception de l’enseignement et du baccalauréat,
– leur future orientation,
– et leur conception de l’enseignement supérieur.
Pour atteindre cet objectif, le questionnaire21 a été divisé en trois parties basées essentiellement sur des questions ouvertes. Pour résumer chaque partie, elle est conclue par des affirmations auxquelles les appréciations des enquêtés ont été sollicitées.
L’enquête auprès des futurs bacheliers a été effectuée au sein de trois lycées publics (Lycée Nanisana, Lycée J.J Rabearivelo et Lycée moderne d’Ampefiloha) et de trois établissements privés dont le lycée « La Farandole », le « Collège Saint Antoine » et « l’Ecole Sacré-Cœur Antanimena » (ESCA). Pour leur part, les proviseurs et leurs adjoints, les préfets et les directeurs nous ont conseillé sur le choix des dix élèves de sexe féminin et masculin pour chaque établissement.
Pour les cas des étudiants en première année d’études supérieures, l’enquête a été réalisée au sein de la Faculté DEGS de l’université d’Antananarivo et de quelques instituts privés (IST, ISCAM, INSCAE et ICM).
REFLEXION SUR LE BACCALAUREAT
Cette réflexion sur le baccalauréat se fonde à partir d’un constat 22:
– depuis l’année 2000, entre 30.000 et 55.000 jeunes par an arrivent au stade de la classe de terminale,
– entre 12.000 élèves et 25.000 par an réussissent à obtenir le fameux sésame pour l’enseignement supérieur,
– entre 8.000 à 9.000 bacheliers par an, arrivent à intégrer le système d’enseignement supérieur à travers les universités, les instituts et les centres de formation privés.
Or, le diplôme du baccalauréat a la double particularité de sanctionner la fin des études secondaires et d’ouvrir l’accès à l’enseignement supérieur . Ainsi, les réflexions que nous porterons sur ce diplôme concerne à la fois les perspectives offertes aux bacheliers s’ils comptent poursuivre leur études supérieures, mais aussi sur le sort des jeunes qui sont bien obligés, malgré eux, d’entrer dans le marché du travail avec comme seul diplôme le baccalauréat ou avec comme seul niveau de référence l a classe de terminale.
Le diplôme du baccalauréat face à l’enseignement supérieur
Quelle est la valeur du diplôme de baccalauréat face aux universités malgaches ?
Cette question mérite vraiment réflexion car le baccalauréat est le premier diplô me universitaire à Madagascar. Et aussi paradoxal que cela puisse paraître, force est de constater que cette même université est la première qui remet en cause la valeur de ses diplômes, par l’intermédiaire des concours et des sélections de dossiers dès l’entrée en première année.
En effet, sous prétexte d’un manque de moyens humains et matériels, l’université refuse l’entrée des milliers des jeunes qui ont subi avec succès leur premier examen. Ainsi, les étudiants sont obligés de se rabattre sur les insti tuts et les écoles privées de formation supérieures qui ne sont du reste pas reconnues par l’Etat. Comment interpréter autrement l’attitude de l’Etat d’avoir autorisé l’ouverture d’une cinquantaine de ces instituts depuis le début des années 90, alors que seule la moitié de ceux-ci ont reçu l’homologation de leurs diplômes. 23 Si à l’étranger, le baccalauréat permet de poursuivre automatiquement les études supérieures dans les nombreuses universités, et seul l’accès aux grandes écoles et universités les plus prestigieuses se font par voie de concours et de sélection de dossiers, à Madagascar c’est l’inverse que l’on observe actuellement. En effet, ce sont les instituts privés malgaches qui tentent de séduire à tout prix les nouveaux bacheliers tandis que l’université élimine les trois quart des candidats qui postulent pour y poursuivre leurs études.
Les principales filières choisies par les bacheliers selon leur série sont:
– le droit, le français, l’anglais et le malagasy, pour ceux de la série A1 ,
– le droit, la gestion, les sciences naturelles et la médecine, pour ceux de la série A2,
– la polytechnique, l’économie, la physique-chimie et l’agronomie, pour ceux de la série C,
– les sciences naturelles, les mathématiques, la médecine et la physique -chimie, pour ceux de la série D,
– la physique-chimie et la polytechnique, pour les titulaires du baccalauréat en Génie Civil et Industriel,
– la filière gestion pour ceux de la série tertiaire,
– le droit, l’économie, et la gestion, pour ceux de la « série technologique » .
Le diplôme du baccalauréat face au marché du travail
Si l’on considère les derniers chiffres disponibles sur le nombre de bacheliers, en 2005 sur les 25.000 d’entre eux , seuls 10.000 arrivent à intégrer les universités et les instituts privés, tandis que les 15.000 restants font leur entrée dans le marché du travail sans aucune qualification.
Or, la société a posé comme postulat que le système éducatif est neutre par nature et a pour objectif la redistribution des chances sociales, en fonction des mérites personnels mesurés par des performances produites dans des conditions comparables. Par conséquent, chacun peut accéder à un niveau reflétant ses capacités et trouver ainsi la place qui lui revient dans la société. Les parents, les enseignants et les éducateurs assènent aussi aux futurs bacheliers que l’obtention du diplôme du baccalauréat déterminerait la réussite da ns la vie. Et l’augmentation du nombre de bacheliers qui sortent du système éducatif accroît la qualification et la quantité de la main-d’œuvre disponible sur le marché du travail et de ce fait, le chômage .
L’on est alors en droit de poser la question suivante : le système éducatif ne devrait -il pas considérer que tous les titulaires du baccalauréat ne pourront poursuivre des études supérieures ni dans les universités ni dans les instituts privés ?
En effet, il est plus que temps de réfléchir à l’insertion dans la vie professionnelle des futurs bacheliers à travers la diversité de leur aptitude, leur formation professionnelle en plus de la formation généraliste avant qu’ils ne sortent du système éducatif.
Cette insertion dans la vie professionnelle devrait répondre à une double exigence. D’une part il faut dans un premier temps fournir les compétences et les connaissances
nécessaires au domaine dans lequel le futur salarié travaillera, mais aussi les compétences transversales entre autres les méthodes de travail, la capacité de s’exprimer et de rédiger. D’autre part, il faut ensuite faire acquérir des comportements, comme la capacité à travailler en équipe et à être créatif, l’ouverture d’esprit et la capacité à évoluer et à s’adapter.
En plus des possibilités offertes par le baccalauréat de poursuivre des études supérieures, il devrait dorénavant préparer à la première année de la vie active. Les formations dispensées doivent être adaptées dans ses contenus et ses méthodes aux évolution historiques, économiques, technologiques, sociales et culturelles du pays et de son environnement régional et international. En effet, que reste-t-il de la prétention du diplôme de baccalauréat actuellement, sinon de lâcher dans le marché du travail des milliers de jeunes sans qualification aucune et promis à des tâches rudimentaires et des salaires misérables dans les entreprises franches.
Il faudrait alors redéfinir l’objectif et la conception du diplôme du baccalauréat.
Le baccalauréat ne devrait plus avoir comme seul et unique objectif la possibilité pour les jeunes de poursuivre leurs études supérieures du fait que, d’une part, la capacité d’accueil du système d’enseignement supérieur public et privé est saturé, et d’autre part les nouveaux enjeux économiques induits par la mondialisation accroît la demande sur le marché du travail de travailleurs spécialisés et qualifiés. Désormais, le baccalauréat devrait assurer l’employabilité des jeunes sortant de l’enseignement secondaire qui n’ont plus la possibilité de poursuivre dans l’enseignement supérieur. Ainsi, il est impératif de cesser la vénération des études et du baccalauréat généraliste qui conduira inévitablement les futurs bacheliers à l’impasse.
La redéfinition de la conception du diplôme du baccalau réat passe tout d’abord par la valorisation et le développement d’une filière professionnelle s’adressant en priorité à des jeunes qui sont dotés d’une intelligence plus expérimentale et plus conceptuelle conduisant, en alternance à leur vie professionnelle, aux diplômes les plus prestigieux comme celui d’ingénieur. L’instauration du baccalauréat professionnel, différent de celui qui existe actuellement, devrait répondre aux besoins immédiats du marché du travail mais aussi à la préférence des étudiants à e ntrer au plus vite dans ce marché. Ce baccalauréat professionnel devrait être national et s’ouvrir avec les mêmes droits et mêmes perspectives, sinon plus, que le baccalauréat de l’enseignement général.
Ce baccalauréat professionnel concernera des secteurs d’activités jugés porteurs et prioritaires pour l’économie du pays comme le tourisme, l’environnement, le management, la comptabilité, la gemmologie et les ressources halieutiques.
Mais cette redéfinition du concept du baccalauréat doit ensuite passer par l’évaluation et la restructuration complète du baccalauréat technique, afin d’améliorer sa qualité et ses critères d’employabilité, d’expliquer ses perspectives d’évolution, et d’intégrer dans le baccalauréat technique la notion de technologie c’est-à-dire toutes les récentes évolutions technologiques. Cette restructuration a pour objectif principal d’en finir avec la connotation négative et l’image funeste du baccalauréat technique et de produire des techniciens hautement qualifiés et disponibles de suite pour combler l’offre au niveau du marché du travail dans leur domaine de prédilection entre autres le génie civil, le génie industriel, l’informatique et le développement des logiciels.
En définitive, il faudrait bannir l’archaïsme des conceptions dominantes héritées du système francophone qui touche aussi bien la notion de mauvais élèves, l’orientation à partir de la note, la probabilité d’insertion par le haut niveau de culture générale et le statut social dévalorisé et dévalorisant de la formation t echnique et professionnelle. Car jusqu’alors, la conception dominante du rapport scolaire au travail et à l’emploi semble frappée d’une double allergie à l’activité concrète des élèves et au lien avec la réalité économique.
Une remise sur le même pied d’égalité de l’enseignement professionnel, de l’enseignement technique ou technologique et de l’enseignement général s’avère donc inéluctable. Pour ce faire, une révolution des mentalités et des comportements est nécessaire.
Il faut convaincre élèves, enseig nants, parents que le baccalauréat professionnel et technique n’est pas une formation au rabais, réservée à ceux qui ne peuvent de toute façon décrocher le sésame de l’enseignement supérieur qu’est le baccalauréat général, mais au contraire un domaine privilégié de l’alternance, un autre parcours d’excellence qui peut favoriser l’épanouissement des talents, conduire à une activité professionnelle gratifiante et permettre, par des passerelles adéquates, de renouer, à une autre étape de la vie avec des filièr es longues. Pour ce faire, une politique d’information et de promotion ambitieuse des enseignements professionnels et techniques serait à mettre en place.
Désormais, il est grand temps que les décideurs et les acteurs du système éducatif malagasy comprennent que les jeunes ne peuvent pas s’épanouir dans un système de formation qui ne sait pas mettre en œuvre un parcours de formation équilibrant formation générale, formation professionnelle et formation technologique dans le lycée ; et qui n’arrive pas à orienter les élèves dans les choix de l’insertion professionnelle future dès le lycée.
Mais le baccalauréat doit-il se contenter de remplir une fonction économique, c’est-à-dire fournir des jeunes capables de s’insérer dans la vie professionnelle en distribuant qualifications et employabilité ? Et quelle est donc l’interaction entre le diplôme et la société ?
Le diplôme du baccalauréat face à la société malagasy
Le diplôme du baccalauréat remplit essentiellement trois fonctions : économique, sociale et politique. Ainsi, l’examen du baccalauréat débouchera sur la validation des capacités et des qualifications et sur l’entrée dans le marché du travail des futurs acteurs économiques. Ensuite, le diplôme doit égaliser les chances et offrir à ses ti tulaires la possibilité d’une émancipation sociale. Enfin, les bacheliers qui ont dans la majeure partie des cas atteint l’âge d’acquérir la citoyenneté avec les droits et les devoirs qui s’y rattachent doivent en être conscients et actifs, et attachés à l ’identité culturelle et nationale.
Avant l’indépendance et même jusque vers la fin des années 60, l’obtention ou non du diplôme du baccalauréat détermina à elle seule la position sociale d’un individu. Aujourd’hui, le baccalauréat a perdu ses lettres de noblesse car il est maintenant courant d’entendre répéter l’adage selon lequel « sans le baccalauréat l’on n’est rien, mais avec le baccalauréat l’on n’a rien. »
C’est l’essence même du diplôme du baccalauréat qui est remise en cause car il ne semble pas échapper à l’économisme ambiant d’aujourd’hui. En effet, la réussite et l’autonomie des personnes sont devenues des questions économiques et comptables, et ne sont plus centrées sur la détention ou la possession de tel ou tel diplôme. Ainsi, la connaissanc e, le savoir, la culture et le développement humain ne font plus partie de l’équation de la réussite sociale et la satisfaction utilitarienne ne s’exprime plus qu’en terme matériel. Il est maintenant difficile de motiver et de convaincre les élèves sur le discours classique de réussite sociale à savoir qu’il faut avoir son baccalauréat pour avoir une chance de décrocher un emploi et de réussir dans la vie.
Mais en poussant plus loin la réflexion, l’on est en droit de se poser des questions sur l’identité sociale supposée être véhiculée par le diplôme du baccalauréat ?
En d’autres termes, si l’on prend en compte le fait que l’enseignement et le système éducatif constituent un lieu par excellence de socialisation, dans quelle mesure et de quelles natures les normes et les valeurs culturelles de la société malgache ont été intériorisées par les jeunes qui ont obtenu leur baccalauréat ? Et le diplôme du baccalauréat joue -t-il encore correctement son rôle d’ascenseur social, comme ce fut le cas dans les années 1960 ? Car il faut admettre que l’école est de plus en plus concurrencée par la montée en puissance d’autres lieux de socialisation. Les élèves apprennent souvent plus sur le monde et la vie en dehors de l’école, à travers entre autres des fans club, des associations régionales, de nombreux mouvements de jeunesse, mais aussi et surtout à travers les technologies d’information et de communication.
Si le terme de socialisation décrit les éléments concourant à la production de l’ « être social » qui va évoluer et occuper une place à part entière dans la société, on peut actuellement craindre que l’examen du baccalauréat ne consiste seulement qu’à faire circuler les cohortes d’élèves, et des savoirs, des connaissances et des idées, au détriment des sentiments, de la conscience collective et de l’âme de la société. D’où, la primauté du contenu et de l’organisation des programmes de la classe de terminale qui ne peuvent occulter ni l’histoire, ni l’identité culturelle, ni la structure et les représentations sociales de la société malagasy. En effet, il existe un risque de rupture identitaire des bacheliers dû au fait que leurs programmes scolaires sont calqués sur ceux des Français. Ce contenu doit tenir compte d’une vision globale et contextuelle de la réalité malagasy au lieu de se cantonner à sélectionner, retenir et restituer des savoirs sans contexte, et à donner, exercer des capacités tournant à vide. A l’ère de la mondialisation, qui s’accompagne de la dilution et de la fragmentation de l’identité, le système éducatif et, à plus forte raison, ses diplômés sont le dernier rempart de la réappropriation de l’identité et des spécificités culturelles.
Aussi, il faudrait un exercice d’humilité de la part de l’Etat et cesser de légiférer à la hâte les textes et les programmes, en laissant leur mise en œuvre au hasard des choix individuels des enseignants et des projets d’établissement, et ainsi de créer une communauté d’idée et d’état d’esprit copiée sur les modèles étrangers. Mais il faut aussi que tous les acteurs, des parents d’élèves aux enseignants, en passant par les élèves et les futurs employeurs, soient conscients de la nécessité de redéfinir et de réviser le contenu du programme scolaire de la classe de terminale qui n’est ni efficace, ni productif, ni performant, ni ouvert et qui ne correspond pas à la réalité et aux attentes de la société.
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I : APPROCHE THEORIQUE SUR LE BACCALAUREAT
I.1. Généralité et historique du baccalauréat
I.2. Evolution de l’organisation des épreuves
I. 3 Les différents types de baccalauréat à Madagascar
I. 4. L’évolution du baccalauréat à Madagascar
I.4.1 -Evolution des indicateurs quantitatifs
I.4.1.1 – L’évolution des inscriptions aux examens du baccalauréat entre 1995 et 2005
I.4.1.2 – Le taux de réussite au baccalauréat entre 1995 et 2005
I.4.2 – Evolution des indicateurs qualitatifs
I.4.2.1 – La répartition des élèves inscrits selon les séries
CHAPITRE II : ENQUETE AUPRES DES FUTURS ET DES NOUVEAUX BACHELIERS
II.1. Méthodologie d’enquête
II.2. Résultats de l’enquête
II.2.1 – Auprès des futurs bacheliers
II.2.1.1 – Sur la perception de l’enseignement et du baccalauréat
II.2.1.2 – Sur l’orientation après le baccalauréat
II.2.1.3 – Sur leur rapport avec le monde de l’enseignement supérieur
II.2.2 – Auprès des nouveaux bacheliers
II.2.2.1 – Sur la perception de l’enseignement et du baccalauréat
II.2.2.2 – Sur l’orientation avant le baccalauréat
II.2.2.3 – Sur leur rapport avec le monde de l’enseignement supérieur
CHAPITRE III : REFLEXION SUR LE BACCALAUREAT
III.1. Le diplôme du baccalauréat face à l’enseignement supérieur
III.2. Le diplôme du baccalauréat face à l’enseignement secondaire
III.3. Le diplôme du baccalauréat face au marché du travail
III.4. Le diplôme du baccalauréat face à la société malagasy
CONCLUSION
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