ENQUETE AU CŒUR DES ARCHIVES NUMERISEES DE LA GRANDE GUERRE
Définition
et principes généraux d’une notion récente Le concept de redocumentarisation est extrêmement récent et théorisé à l’origine par le collectif Roger T. Pédauque, réseau de scientifiques francophones axant leurs travaux sur divers domaines d’expertise des sciences humaines et sociales ainsi que des sciences et techniques de l’information et de la communication. Dans son étude du document, le collectif dote ce dernier de trois dimensions distinctes 4 qui constituent autant d’angles d’approches différents. Tout d’abord, la forme ou le signe (F) où convergent structures logiques du document et formes perceptibles. Cela concerne principalement le format d’un document numérique et plus précisément sa perception, sa visualisation et sa lecture par les internautes. Puis le texte ou le contenu (T) où les métadonnées s’attachent à produire du sens en surmontant le désordre et l’amoncellement des informations sur le Web dans le but premier de pouvoir les retrouver facilement et éventuellement pour les restructurer afin d’en produire de nouvelles. La troisième mais néanmoins cruciale dimension pour notre sujet relève du médium ou de la relation (M). Cette unique entrée comprend à elle seule trois éléments emboîtés qui regroupent : la construction identitaire, c’est à dire la relation à soi et aux autres ; la communication de groupe, qui s’inscrit dans des communautés d’intérêt ou des organisations diverses ; et la publication par le biais des médias. C’est dans ces trois derniers champs étroitement liés que le document déploie ses fonctions essentielles de mémoire, d’organisation, de créativité ou de transmission5 . Des pratiques sociales émergent de cette diffusion, d’une part la frontière entre la communication inter-personnelle et la communication publique, entre correspondance privée et mise en publicité, se fait mouvante et les codes sociaux ainsi que les modalités organisationnelles qui s’y accolent sont bouleversés. D’autre part, la notion même de publication est ébranlée tout comme celle d’archives, car si cette dernière désigne traditionnellement une préservation à long terme, elle a vécu des évolutions radicales avec le « records management » et les dépôts institutionnels. Ainsi, les modalités anthropologiques (forme et signe) concernant la lisibilité et la perception du document, les modalités cognitives (texte et contenu) relatives à l’assimilation du document et enfin les modalités sociales (médium et relation) portant sur la sociabilité et l’intégration induites par le document sont indispensables pour penser et comprendre le document traditionnel mais également numérique. En effet, « s’il ne peut être « vu » ou repéré, « lu » ou compris, « su » ou retenu, un document n’est d’aucune utilité » selon le collectif Roger T. Pédauque.
Une société hyper-connectée
Avancer que notre société traditionnelle a vécu de véritables bouleversements avec les progrès technologiques ces dernières décennies relève maintenant du lieu commun. Mais il me semble nécessaire de revenir sur ces évolutions afin de situer le contexte de la redocumentarisation. Ces bouleversements s’amorcent dès les années 80 où l’on observe un avènement technologique de l’informatique sans précédent. Le langage à balise GML (Generalized Markup Language) est créé, ce qui ouvra la voie par la suite aux langages SGML (Standard Generalized Markup Language), HTML (Hypertext Markup Langage) puis XML (Extensible Markup Language) que l’on connaît et utilise aujourd’hui, tandis que l’Organisation Internationale de Normalisation impulse une politique de normalisation de codage et de langage informatique afin de permettre l’interopérabilité des données à l’échelle mondiale et ainsi démultiplier les échanges entre machines et individus. Progressivement, le matériel informatique se perfectionne et devient de plus en plus abordable, le grand public s’empare de ces innovations en introduisant des ordinateurs personnels dans leur foyer. Puis dans les années 90, l’informaticien Tim Bernes-Lee a l’idée d’un tout nouveau système public de gestion de l’information dont l’objectif premier est le partage de documents informatiques, fonctionnant comme une application au même titre que le courrier électronique ou la messagerie instantanée, inventions qui venaient d’émerger dans l’horizon informatique à cette époque. Ce système, basé sur l’association du langage HTML et d’Internet, réseau crée quelques années auparavant également, permet de consulter par le biais d’un navigateur spécifique des pages Web accessibles en ligne, c’est-à-dire connectées à Internet, et donc par-là l’échange instantané de données dans le monde entier. C’est la création du « World Wide Web » (ou « Toile mondiale » en français) qui révolutionne profondément la communication de l’information et change la donne en termes de production, description, conservation et diffusion documentaire. Avec l’expansion de ces réseaux informatiques interconnectés, tout un chacun a la possibilité de participer à ces échanges de données et peut être constamment connecté. L’utilisation de l’informatique se démocratise,
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LES FORMES ET ENJEUX DE L’APPROPRIATION DES ARCHIVES
NUMERISEES PAR LE PUBLIC
1. La redocumentarisation des archives : un concept, des pratiques
2. Les archives numérisées : usages et usagers
3. L’appropriation des archives numérisées de la Grande Guerre par les usagers.
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ÉTAT DES SOURCES
1. Le questionnaire d’enquête
2. Les entretiens
3. Sites Web
DEUXIEME PARTIE : ENQUETE AU CŒUR DES ARCHIVES NUMERISEES DE LA GRANDE GUERRE
1. Les chercheurs connectés de la Grande Guerre
2. Recherche et traitement des archives numérisées de la Grande Guerre
3. Perception et partage des archives numérisées
CONCLUSION
CONCLUSION GENERALE
TABLE DES MATIERES
TABLE DES ANNEXES
ANNEXES
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