ENJEUX DES RENFORCEMENTS DE CAPACITES DES COMMUNAUTES LOCALES

Notion de Gestion des Risques de Catastrophes (GRC)

                    Selon la terminologie de l’UNSIDR5 , la GRC se définit comme le processus de recours systématique aux directives, compétences opérationnelles, capacités et organisations administratives pour mettre en œuvre les politiques, les stratégies et les capacités de réponses appropriées en vue d’atténuer l’impact des aléas d’origine naturelle et des risques de catastrophes environnementaux et technologiques, qui leur sont liés. La GRC a pour but d’éviter ou de transférer les effets néfastes des risques par le biais d’activités et de mesures de prévention, d’atténuation et de préparation. La GRC va au-delà du cadre d’évaluation des risques, c’est surtout une politique et action permettant d’élaborer et de mettre en œuvre des stratégies destinées à mieux comprendre les risques de catastrophes pour les réduire et éventuellement les transférer et apporter une amélioration constante en vue de protéger les gens et leur qualité de vie ainsi que leur bien-être et leur résilience6. Savoir gérer les risques implique très souvent à bien se préparer et à faire face aux impacts des risques qui se concrétisent, de les réduire en vue de contribuer au renforcement de la résilience.

Notion de renforcement de capacité

                  Le renforcement des capacités consiste en une transformation à l’échelle de toute une société, impulsée au niveau local, et les individus, organisations et sociétés dotées de capacités jouant un rôle crucial dans la réussite de la réduction et de la gestion des risques de catastrophe. Selon la définition du PNUD, le renforcement des capacités est le « processus par lequel les particuliers, les organisations et la société acquièrent, développent et maintiennent les aptitudes dont ils ont besoin pour réaliser leurs propres objectifs de développement ». FAO le définit comme « traditionnellement associé aux transferts de connaissances et à la formation des individus14 », ce qui implique que les renforcements de capacité et l’Information Education et Communication (IEC) sont intimement liés, voire interdépendants. Dans le contexte du développement international, l’IEC recouvre : l’information, l’éducation, l’assistance technique et le conseil en matière de politiques.

Déclinaison nationale de la CCNUCC

Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) La Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) a été le premier accord international qui a traité des changements climatiques. Elaboré en 1992, le CCNUCC a été ratifié par 194 pays dont Madagascar, dans les années 1998. L’objectif de cette convention a été de relever le défi des changements climatiques en stabilisant voire en réduisant les émissions atmosphériques des gaz à effet de serre pour que les effets néfastes ne nuisent pas encore davantage le système climatique.
Politique Nationale de Lutte contre les Changements Climatiques (PNLCC) Dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention sur les changements climatiques, Madagascar a élaboré, en 2011, la Politique Nationale de Lutte contre les Changements Climatiques(PNLCC). Cette politique suit la logique des dispositions figurées dans les deux Conventions ratifiées par les pays, telles que la CCNUCC (ratifiée en 1998) et le Protocole de Kyoto (ratifiée en 2003). La Politique nationale s’articule autour de cinq grands axes d’orientation : (1) le renforcement des actions d’adaptation aux changements climatiques en tenant compte des besoins réels du pays (2) la mise en œuvre des actions d’atténuation au profit du développement du pays, (3) l’intégration des changements climatiques à tous les niveaux, (4) le développement des instruments financiers pérennes, et (5) la promotion de la recherche, de développement et transfert de technologie et la gestion adaptative.
La déclinaison nationale de la CCNUCC à travers la PNLCC Madagascar a pris conscience de l’envergure des impacts dus au phénomène des changements climatiques. En vue de la mise en œuvre de la CCNUCC, la PNLCCC a été élaborée treize ans plus tard. Cette politique a pris soin de prendre en compte les enjeux qui existent dans le pays via l’élaboration de la PNLCC. Tenant compte des obligations stipulées dans le CCNUCC, la politique nationale malgache se veut être conforme avec cette convention et intègre les changements climatiques dans les politiques sectorielles.

Maigre prise en compte de la vision de la population

                  Ratifier les conventions internationales et prendre en compte les stratégies internationales qui en découlent est une chose, mais la mise en exécution en est une autre surtout dans le contexte Malagasy. L’Etat Malagasy est l’un des pays qui essayent de suivre les recommandations internationales, en intégrant, des innovations tant stratégiques, organisationnelles que systémiques. Toutefois, certains des apports sont, des fois, plutôt axés sur la vision internationale et non sur la vision nationale. Il faut savoir que parmi les pays en voie de développement, Madagascar a encore un long chemin à parcourir en ce qui concerne les changements de comportement de la population locale vis-à-vis de leurs vécus, de leurs croyances, de leurs pratiques, de leurs connaissances et surtout de leurs convictions. Dans l’ensemble, le pays a besoin des outils pour fixer et cadrer les objectifs à atteindre. Il est donc suggéré de prendre en compte les besoins de la communauté locale, d’essayer d’élaborer des stratégies de développement durable dites « bottom-up » ; sur le plan socio-économique, sur le plan GRC ou encore sur le plan communicationnel, qui prennent en compte les besoins de la communauté locale ainsi que leurs réelles contributions dans leur propre résilience. Cette stratégie de développement est favorable au niveau local, car elle est surtout basée sur les sciences sociales et prône une approche participative, contrairement à la stratégie « top down », qui est fortement basée sur les sciences de l’économie24. Le chapitre 1 a présenté tous les concepts théoriques utiles pour comprendre les notions clés qui en découlent. Et le chapitre 2 représente les politiques et les instruments qui englobent les approches communicationnelles dans le domaine de la GRC. Par la suite, dans le Chapitre 3, la démarche méthodologique s’articule autour des étapes de descente sur le terrain pour les collectes de données.

Apport de nouvelles connaissances

                Les renforcements de capacité par le biais des formations et de communication constituent de grands investissements pour les bailleurs de fonds et les divers organismes qui accomplissent les missions. Les processus de communication développent la connaissance des groupes-cibles, apportent de nouvelles connaissances en vue de l’enrichissement de compétences déjà acquises. Bon nombre de projets ou d’ONGs effectuent, ou essayent déjà de dispenser des formations ou des sensibilisations multidisciplinaires et multisectorielles pour arriver à des résultats précis et correctement à la hauteur des attentes de tous. De par leur connaissance, leur compétence et leur expérience, les techniciens en charge des activités de renforcement de capacité explorent aussi de nouvelles pratiques sur le tas. L’apport des nouvelles connaissances va donc à deux sens, celui des acteurs en charge d’appuyer la communauté et celui de la communauté pour les techniciens. Dans ce cas, les processus de communication doivent donc faire l’objet d’un échange d’expériences. Les activités de formation, d’éducation ou d’information se doivent d’être pertinentes pour chacune des deux parties : l’une qui apporte des techniques et stratégies de base pour y faire face, et l’autre qui fait figure de témoin pour apprendre aux projets, les réels faits et situation climatique existants dans la zone pour affiner leur connaissance.

Rupture difficile avec les vieilles habitudes

               Dans le contexte Malagasy, il est encore difficile de changer radicalement les comportements de la communauté. Tous les organismes internationaux qui interviennent à Madagascar, cherchent à comprendre et à trouver des solutions par le biais de l’élaboration de curricula, sur comment mener à bien et efficacement les activités de renforcement de capacité. Les communautés locales sont attachées fortement à leurs compétences traditionnelles. Il est difficile d’apporter de nouvelles techniques, qui suscitent un changement au niveau de leur comportement. Comme l’indiquent les pratiques habituelles sus-citées, les communautés tant d’Antanetibe Mahazaza que de Mangaoka ont leurs méthodes qui leur sont propres. Les pratiques comme les connaissances traditionnelles constituent de réels fronts pour l’efficacité et l’efficience des actions de renforcements de capacité ; car à force d’agir de la même façon, la population locale devient adepte de ses pratiques habituelles et a du mal à les délaisser pour adopter d’autres comportements ou acquérir efficacement les nouvelles connaissances. Comme il a été développé en amont, les communautés locales ont leurs propres méthodes pratiques pour observer la nature avant d’entamer les activités agricoles, pastorales ou halieutiques. Ces méthodes engendrent des convictions bétonnées qui sont difficiles à contourner. Les connaissances traditionnelles des populations locales constituent une sorte d’identité pour elles ; car elles affirment à travers leurs compétences traditionnelles, leurs maîtrises des savoirs hérités par les « grands ancêtres ». Pour le cas de la Commune Mangaoka, plus un individu est en possession davantage de savoir sur les méthodes traditionnelles propres à sa région, et qui sont liées aux activités sectorielles, plus il est respecté et considéré comme « olo to teny » (personne d’influence) dans le village. Or, en termes de changement climatique, les variabilités climatiques connaissent des perturbations sérieuses, et que les prévisions de la communauté dans les deux communes ne sont plus fiables, tant pour les agriculteurs que pour les pêcheurs et pour les autres secteurs d’activité. D’où, les impacts des effets négatifs tant et si bien ressentis dus aux changements climatiques et que la population locale est dite vulnérable par rapport à ces effets. De toute évidence, cette personne d’influence possède largement la décision sur l’apport des nouvelles informations, et peut se présenter comme un facteur de blocage sur les nouveaux comportements à adopter. Dans le cas contraire, elle peut être aussi un facteur de propagation des nouvelles idées sur le changement de comportement de la population locale.

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Table des matières

REMERCIEMENTS
ACRONYMES ET ABREVIATIONS
GLOSSAIRE
LISTE DES FIGURES
LISTE DES CARTES
LISTE DES TABLEAUX
INTRODUCTION
Partie 1. MISE EN PERSPECTIVE CONCEPTUELLE
Chapitre 1. Concepts de base
Section 1. Notion de Gestion des Risques de Catastrophes (GRC)
Section 2. Notion de résilience
Section 3. Notion de changements climatiques
Section 4. Notion de renforcement de capacité
Section 5. Notion de capacité basée sur la communication
Section 6. Notion d’approches communicationnelles
Chapitre 2. Nécessité d’une symbiose entre les cadres politiques et juridiques internationaux et nationaux
Section 1. Rapport entre les outils politiques et juridiques internationaux et les cadres nationaux sur la GRC
1.1 Déclinaison nationale de la CCNUCC
1.2 Structures opérationnelles de luttes contre les catastrophes
1.3 Visions des cadres internationaux, perspectives stratégiques des Malagasy en matière de GRC
1.4 Des actions pour améliorer la résilience
Section 2. Analyse des cohérences entre les objectifs du Cadre d’action de Sendai et de la SNGRC
2.1 Les objectifs du Cadre d’action de Sendai
2.2 Les objectifs de la SNGRC
2.3 Sur les renforcements de capacité pour réduire les risques de catastrophes
Section 3. Pertinence des liens entre les différents instruments nationaux de GRC
3.1 Les instruments nationaux sur la GRC
3.2 Nécessité de coordination entre les différents mécanismes liés à la gestion des risques et catastrophes
Chapitre 3. Méthodologie
Section 1. Développement de l’approche méthodologique
1.1 Choix des Communes
1.1.1 La Commune Mangaoka
1.1.2 La Commune Antanetibe Mahazaza
1.2 Analyse qualitative
1.3 Démarche méthodologique
1.3.1 Phase exploratoire et revue bibliographique
1.3.2 Phase de collecte d’informations et des données
1.3.3 Elaboration des outils d’intervention
1.3.4 Descente sur le terrain
1.4 Contraintes méthodologiques
Section 2. Description des zones d’études
2.1 Commune rurale Antanetibe Mahazaza
2.2 Commune rurale Mangaoka
2.3 Organismes, ONGs et acteurs étatiques œuvrant dans le domaine des activités de renforcements de capacité
Partie 2. ENJEUX DES APPROCHES COMMUNICATIONNELLES DANS LA RESILIENCE DE LA COMMUNAUTE
Chapitre 1. Résultats des enquêtes auprès des personnes ressources
Section 1. Données sur les caractéristiques des zones d’études et basées sur des informations sur le terrain
1.1 Perception paysanne des changements climatiques
1.2 Les aléas socio-naturels affectant les communautés
1.3 Impacts négatifs des changements climatiques sur la vie des communautés
1.4 Culture traditionnelle héritée par les ancêtres
1.5 Pratiques habituelles des communautés en l’absence des renforcements de capacité à tous les niveaux
1.6 Outils, supports et procédés de transmissions des informations
Section 2. Approches communicationnelles utilisées par les projets ou les acteurs étatiques pour la résilience
2.1 Intégration de la dimension de l’aléa dans les curricula existants
2.2 Réalisation des ateliers de formation
2.3 Participation active des groupes cibles
2.4 Communication de masse lors des évènements locaux
2.5 Informations de bouche à oreille
2.6 Promotion de toutes les communications existantes
Chapitre 2. Portées, limites et enjeux des approches communicationnelles pour la résilience de la communauté locale
Section 1. Portées des approches communicationnelles pour la résilience des communautés locales
1.1 Apport de nouvelles connaissances
1.2 Acquisition de nouvelles connaissances
1.3 Portées socio-économiques
Section 2. Limites des approches communicationnelles pour la résilience des communautés locales
2.1 Rupture difficile avec les vieilles habitudes
2.2 Idées véhiculées par certains projets, ONGs ou acteurs étatiques ; contraires aux réalités sur le terrain
Section 3. Enjeux majeurs des approches communicationnelles pour la résilience de la communauté
3.1 Renforcement de capacité basé sur la communication
3.2 Modelage en vue de culture des risques
Chapitre 3. Analyse causale des réalités sur le terrain, relatives à la résilience de la communauté locale
Section 1. Analyse de la réception différentielle des informations
1.1 Réceptivité dissemblable d’informations des deux Communes
1.2 Expériences antérieures des Communes en matière d’assimilations des informations
Section 2. Assimilations différentielles des informations par le biais des approches communicationnelles
2.1 Analyse ayant trait aux circuits des informations
2.3 Climat de méfiance envers le formateur
Section 3. Proposition de suggestions relatives aux situations susmentionnées
3.1 Nécessité d’une formation à base communautaire
3.2 Valorisation des connaissances traditionnelles
3.3 Création de nouvelle attitude chez les communautés locales
3.4 Bien identifier les personnes ressources
3.5 Prise en compte de l’envergure des rôles des dirigeants politiques et des leaders communautaires dans la résilience des communautés
3.6 Asseoir la fluidité des messages
3.7 Motivation par des informations et des tâches qui ont du sens pour les communautés
Section 4. Arbre à problèmes et Arbre à solutions
4.1 Figure 10 : Arbre à problèmes
4.2 Figure 11 : Arbre à solutions
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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