Enjeux de l’aviculture sénégalaise face aux Accords de partenariat économique 

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Enjeu des accords de partenariat économique dans les échanges en viande avicole en Afrique subsaharienne

L’accord sur l’Agriculture de l’OMC, ratifié par les pays de l’Afrique subsaharienne, est venu renforcer les importations de découpes de poulet au détriment des filières avicoles locales. Même si l’accord sur l’Agriculture tolère, dans des circonstances bien précises, le recours à des mécanismes ponctuels de protection de la production locale, ces possibilités sont rendues difficilement praticables par suite des engagements contraignants de ces mêmes pays vis-à-vis du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale (BM). A tout cela viennent s’ajouter les programmes d’ajustements structurels opérant avec l’engrenage de la dette un véritable transfert de richesses du Sud vers le Nord. Dans ce contexte contraignant, l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) a divisé par trois les droits de douane sur les importations de viande de poulet en janvier 2000, les ramenant au tarif de 20%.
Les Accords de Cotonou (Bénin), signés en l’an 2000 entre les quinze pays de l’Union européenne et les 77 pays de l’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), prévoyaient, à leur tour, au plus tard au 1er janvier 2008, la mise en oeuvre d’Accords de Partenariat Economique (APE) entre l’UE et les ACP. En fait, ces accords de « partenariat » élargissent les zones de « libre-échange » pour les produits européens, mettant ainsi davantage en danger les filières agricoles locales (volaille, viande bovine et porcine, céréales, produits laitiers,…) (Horman, 2004).
Ainsi, il se pose un réel problème du devenir de la filière avicole locale. En effet, même si les frontières sont fermées de nos jours dans la plupart des pays de l’Afrique Subsaharienne en raison de la présence de l’épizootie de grippe aviaire, il est fort probable que ces frontières s’ouvrent d’un moment à l’autre en raison des engagements pris par ces pays à l’OMC.
L’analyse du marché de la consommation serait très intéressante car il ne suffit pas seulement de produire. Il faut savoir pour qui on produit, ainsi que le niveau de la demande, ce qui permet de mieux réguler la production.

Consommation de viande de volaille dans le monde et en Afrique au Sud du Sahara

En 2008, la consommation mondiale de volaille a augmenté de 4 %. Depuis 1990, la consommation de la viande de volaille est celle qui croît le plus. La viande de volaille est après celle du porc la deuxième viande la plus consommée dans le monde (Figure 3).
L’essentiel de la hausse a été enregistré en Chine, au Brésil, en Russie, en Inde et en Indonésie. Selon OFIVAL (2008). La Chine avec 18,6 millions de tec en 2008, a confirmé son rang de premier pays consommateur de viande de volaille. Le niveau de consommation individuelle dans ce pays qui est de 13,9 kg/hab/an, correspond à peu près à la moyenne mondiale. Il reste cependant faible, comparé à celui observé dans les autres pays, mais a tendance à se développer rapidement depuis plusieurs années.
Quant aux Etats-Unis, la consommation a atteint 16,2 millions de tec. Sa progression, de 0,7 %, correspond à une stagnation, voire une légère érosion de la consommation individuelle à 52,6 kg/hab/an.
La consommation individuelle de volaille a également stagné dans l’UE à 23,7 kg/hab/an. L’accroissement de la population s’est accompagné d’une légère augmentation de la consommation, qui a atteint 11,8 millions de tec soit une augmentation de 0,7 % par rapport à 2007.
En Russie, la consommation de viande en général, et de volaille en particulier, semble avoir des marges de développement importantes qui lui donnent la capacité d’absorber la croissance concomitante de la production et des importations. La consommation a ainsi fait un bond notable dans ce pays en 2008. Rapportée au nombre d’habitants, la consommation aurait atteint un niveau équivalent à celui observé dans l’Union européenne.
Au Brésil, la consommation individuelle semble être repartie à la hausse, après avoir marqué le pas pendant deux ans. Elle atteindrait 37 kg/hab/an, pour une consommation totale de plus de 7 millions de tec.
En Afrique subsaharienne, le niveau de consommation individuelle de la viande de volaille reste très faible et se situe autour de 2,5 kg/hab/an (Boutonnet et al., 2000), ce qui est très en dessous de la moyenne mondiale.
Toutefois il devient très pertinent de faire un état plus approfondi de la filière avicole au Sénégal en mettant un accent particulier sur l’aviculture traditionnelle. Le chapitre qui suit va donc être consacré à l’étude de la filière avicole au Sénégal.

Aviculture au Sénégal

Après une brève présentation de la situation géographique du Sénégal, sa démographie, la place de l’élevage dans l’économie nationale, l’élevage avicole au Sénégal sera abordé avec un accent particulier sur l’aviculture traditionnelle.

Situation générale du Sénégal

Le Sénégal se situe à l’avancée la plus occidentale du continent africain dans l’Océan Atlantique, au confluent de l’Europe, de l’Afrique et des Amériques, et à un carrefour de grandes routes maritimes et aériennes. D’une superficie de 196 722 km² (Figure 4), le Sénégal est limité au nord par la Mauritanie, à l’est par le Mali, au sud par la Guinée Conakry et la Guinée Bissau, à l’ouest par la Gambie, et par l’Océan Atlantique sur une façade de 500 km. Le territoire sénégalais est compris entre le 12°8 et 16°41 de latitude nord et le 11°21 et 17°32 de longitude Ouest. Sa pointe Ouest est la plus occidentale de toute l’Afrique continentale. Dakar la capitale, est une presqu’île située à l’extrême ouest.

Démographie sénégalaise

La population sénégalaise qui était de 6 912 573 habitants dans les années 1988, s’estime en 2009 à 11 894 343 habitants et pourra avoisiner les 13 709 845 habitants d’ici l’horizon 2015 (Sénégal, 1988 et 2004). De nos jours en 2009, la population du Sénégal est une population extrêmement jeune avec une proportion de 41,9% de moins de 15 ans, 3% de plus de 64 ans et 55,1% de 16 à 63 ans. L’espérance de vie à la naissance s’estime aujourd’hui à 59 ans et le taux d’accroissement naturel à 2,71%.

Contribution du sous-secteur élevage à l’économie nationale

La population pastorale du Sénégal est estimée à 3 millions d’individus soit le 1/3 de la population nationale. Avec 350 000 familles actives dans le secteur, l’élevage joue un rôle important dans le développement économique et social du pays (DPS, 1999). En effet, l’élevage occupe une place appréciable dans l’économie nationale, puisqu’il représente environ 35% de la valeur ajoutée du secteur agricole et participe pour 7,5% à la formation du PIB national. Cette position de l’élevage semble se renforcer d’année en année alors que l’accroissement des activités agricoles reste en deçà des 2,7% de la croissance démographique.
Pour la Direction de l’Elevage (DIREL) (1997) la valeur du cheptel bovin, ovin, caprin et équin s’estime à 503 milliards de FCFA en 1997. Selon la DPS, depuis 1996, le PIB de l’élevage augmente d’une année à l’autre (Tableau III).
L’évaluation de la contribution de l’élevage, en plus de la production alimentaire directe de la viande, lait, œufs, miel, etc., inclut les cuirs et peaux, les fibres, le fumier (engrais ou combustible), la traction animale ainsi que l’accumulation des capitaux.
Au Sénégal, les animaux sont étroitement associés au tissu social et au bien-être des sociétés rurales et servent de réserves stratégiques. En effet, le cheptel assure une fonction d’épargne et intervient dans la gestion de la sécurité alimentaire des familles rurales tel que l’achat de céréales en période de soudure (DIREL, 1997). Ces multiples fonctions sociales vont déterminer, en grande partie, la logique de gestion des troupeaux. La mise sur le marché d’animaux va plus dépendre des besoins des éleveurs dont la trésorerie domestique, la santé, l’alimentation, les devoirs religieux, etc., que d’une stratégie commerciale planifiée. Ces déstockages déterminés par les besoins domestiques des éleveurs sont, avec la réforme des vaches laitières, des facteurs importants de la production de viande au Sénégal (Soned, 1988; Ly, 1999).

Aviculture semi-industrielle au Sénégal

L’aviculture semi-industrielle au Sénégal est une activité relativement concentrée. Elle se pratique essentiellement dans la zone des Niayes qui va des périphéries de Dakar à Saint-Louis en passant par Thiès.
Plusieurs races et souches sont exploitées, à savoir Lohmann Blanche et Rouge, Hy-Line Blanche et Rouge, Harco, Isa Brown, Gold Line, Shaver et Star Cross pour la filière ponte. Pour la filière chair on a Cobb 500, Hubbar, Ross 208 et Vedette qui sont les plus connues et élevées au Sénégal (Konaré, 2005).

Aviculture sénégalaise face aux importations de poulets congelés

Depuis 2000, le Sénégal, comme les autres membres de l’Union économique et monétaire de  l’Ouest africain, a réduit ses barrières douanières. Cette libéralisation a eu des effets néfastes sur l’économie de ces pays africains pas suffisamment préparés à la mondialisation, d’autant que les populations les plus vulnérables souffrent encore de la perte brutale de leur pouvoir d’achat qu’avait entraînée la dévaluation du franc CFA en 1994 dont la valeur avait été divisée par deux. Alors que cette mesure radicale était censée donner un avantage aux productions locales par rapport aux produits d’importation, l’ouverture des frontières permet en fait l’arrivée de biens de consommation courante vendus à bas prix sur les marchés africains. Le poulet en est l’exemple type.
En effet, la filière avicole sénégalaise était déjà devenue une filière intégrée, de l’élevage de reproducteurs à l’abattage, avec une autosuffisance en oeufs de consommation, une croissance de 21% en sous-filière « chair » et de 40% en sous-filière « ponte », entre 1999 et 2001. Cette apparente situation de santé a été complètement déstabilisée, avec la mise en application du tarif extérieur commun (TEC) de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), en janvier 2000. Avec le TEC, les droits de douane sur les importations de poulet ont été divisés par 3, passant d’environ 60% à 20%. Ceci a eu comme conséquence de renforcer les importations de poulets et de cuisses de poulet, au détriment de toute la filière locale (Figure 5) (Horman, 2004). Près de 11 950 tonnes de viande de volaille congelée, expédiée en morceaux, ont ainsi été importées en 2003, contre 1 137 tonnes seulement en 1999. Plus de 70 % viennent d’Europe, vendues par des entreprises multinationales qui contrôlent entièrement les filières, intensifient toujours plus leur production et délocalisent au Brésil ou en Thaïlande pour abaisser encore les coûts. Leur activité étant déjà rentabilisée sur le marché européen, les cuisses de poulets congelées bradent les sous-produits auprès des fabricants d’aliments pour animaux mais aussi en Afrique subsaharienne depuis que les règles du commerce international ont obligé ces derniers à ouvrir leurs frontières.
Néanmoins, en dépit de son coût social et économique, l’importation massive de cuisses de poulets congelées a eu un impact important en termes d’organisation de la filière et a abouti à l’émergence d’une Fédération nationale des acteurs de la filière avicole (FAFA) et de l’Union nationale des acteurs de la filière avicole (UNAFA). L’importation des cuisses de poulets congelées a, d’autre part, eu pour effet d’augmenter le niveau de segmentation des marchés et a également contribué à modifier progressivement les usages alimentaires. La production de poulets de chair pourrait ainsi bénéficier d’une professionnalisation des producteurs et d’une meilleure organisation de la commercialisation (Dièye et al., 2005).

Aviculture sénégalaise face à l’embargo sanitaire

Le 24 novembre 2005, en réponse à l’extension des foyers de grippe aviaire en Asie puis en Europe avant que d’autres foyers ne touchent quelques semaines plus tard plusieurs pays d’Afrique, le Sénégal suspendait toute importation de viandes de volailles, d’œufs frais destinés à la consommation et de matériels avicoles usagés. Dérogeaient toutefois, à la mesure prise, les œufs à couver et les poussins destinés à la reproduction. Jusqu’à ce jour, la mesure est demeurée effective, au nom du principe de prudence. A ladite date du 24 novembre 2005, le Sénégal avait alors importé environ 11 300 tonnes de carcasses et découpes de poulets congelées, soit les ¾ des importations de produits carnés du pays. Entre 1999 et 2004, les importations de viandes de volailles avaient été multipliées par 10.
La mesure d’arrêt des importations a profité sans conteste à l’aviculture industrielle du pays. En atteste le développement exponentiel des mises en place de poussins de chair depuis 2005 (Figure 6). Ayant plus que doublé, entre 2005 et 2007, les mises en place sont passées de 5,32 millions à 11,15 millions de sujets avec une progression remarquée de +58% en 2007 par rapport à 2006. Cette croissance s’est faite, par ailleurs, sur le seul développement de la production locale de poussins, aucune importation de poussins n’ayant été enregistrée à la suite de la mesure prise (Duteurtre et al., 2008).

Production locale de viande de volaille en plein essor

En 2007, la production de viandes de volailles issues de l’élevage moderne a atteint 16 367 tonnes correspondant à un total d’un peu moins de 11 millions de têtes abattues, poulets et poules de réformes confondues. La production affiche, en 2007, sa plus forte progression des 3 dernières années, en variation annuelle : +44% en 2007 contre +23% en 2006 et +27% en 2005 (Tableau IV) (DIREL/ CNA, 2008).
La production villageoise de viande de volailles a été estimée autour de 20 000 tonnes en 2006, correspondant à un peu moins de 21 millions de volailles abattues. La production de viandes de volailles représentait ainsi, en 2006, production villageoise y compris, un peu moins du 10ème de la production totale de viandes du pays, toutes espèces confondues (UBIFRANCE, 2008).

Production d’œufs de consommation en progression régulière

En 2007, le Centre National Avicole estimait la production moderne d’oeufs de consommation à 418 millions d’unités, pour un chiffre d’affaires d’environ 25 milliards FCFA, soit un peu plus de 38 millions d’euros. La production d’oeufs de consommation au Sénégal, en progression régulière depuis 2000, a enregistré une augmentation de +13% par rapport à 2006 et de +29% par rapport à 2005 (Figure 7).

Demande d’aliments volailles en 2007

En 2007, l’effectif moyen de poules pondeuses en production était estimé à 1 638 000, contre environ 1 425 000 en 2006 et un peu moins de 1 247 000 en 2005. L’augmentation des mises en élevage de poules pondeuses a généré une hausse de la demande d’aliments pour volailles. Ainsi, la production au Sénégal d’aliments de volailles a quasi doublé entre 2006 et 2007 passant de 80 000 tonnes environ à plus de 155 000 tonnes, amenant certains fabricants à étendre leur capacité installée. Le renchérissement du coût des matières premières devrait inciter les fabricants d’aliments au Sénégal à produire localement une partie de leurs besoins, notamment le maïs qui entre dans la composition des rations à hauteur de 60% en moyenne (UBIFRANCE, 2008).

Abattage et transformation industriels du poulet local

Il n’existe, jusqu’à présent, au Sénégal, exception faite de quelques initiatives privées modestes, aucune infrastructure d’abattage de volailles, ce qui constitue un réel frein au développement de la filière locale. L’abattage demeure, traditionnellement, une tâche de la ménagère. Pourtant un marché potentiel existe. Certains éleveurs parmi les structures industrielles en place dans le pays, à la recherche d’une meilleure valorisation de leur production et dans l’optique de sécuriser l’écoulement sur les marchés, s’interrogent ainsi sur l’opportunité de développer, en aval, une activité complémentaire d’abattage, de découpe et de conditionnement. Quelques unités industrielles pourraient voir le jour à court ou moyen terme. Le Programme de développement des marchés agricoles (PDMAS), projet financé par la Banque mondiale et la Coopération canadienne, envisageait déjà par ailleurs, dans son volet élevage, la création, à titre démonstratif, d’un abattoir de volailles dans le courant de l’année 2008. Ce qui malheureusement n’a pas encore vu le jour.

Enjeux de l’aviculture sénégalaise face aux Accords de partenariat économique

L’accroissement de la production industrielle de viandes de volailles au Sénégal depuis n’a, à ce jour, compensé que partiellement les conséquences de la suspension des importations de viandes de volailles. La situation a pu profiter, en partie, aux importations de viandes bovines et d’abats qui se sont accrus sensiblement en 2006. La volaille est restée néanmoins la viande la moins chère sur le marché devant les autres espèces, poissons y compris. La demande en viandes de volailles reste forte et incite les accouveurs et les éleveurs à accroître leur capacité de production, faisant ainsi appelle a des besoins spécifiques en équipements et matériels génétiques. Nombreux sont les particuliers et propriétaires terriens désireux d’investir. De même, de réelles opportunités existent au plan de la transformation et de la valorisation de la viande et de la fabrication d’aliments.
Toutefois, les professionnels sénégalais affichent une certaine prudence et peuvent hésiter à trop investir. Nombreux sont ceux qui, en effet, considèrent que la mesure actuelle de suspension des importations de viandes de volailles ne saurait durer dans sa forme actuelle, soit au seul motif de l’épizootie de grippe aviaire, et pourrait être reconsidérée à terme. Cela en raison de la politique de libre échanges telle que définie dans les accords de partenariat économique (APE).

Aviculture traditionnelle au Sénégal

L’aviculture traditionnelle est pratiquée presque partout au Sénégal et de façon essentielle par les femmes et les enfants. Selon les données de la direction de l’élevage (DIREL) le cheptel de la volaille familiale au Sénégal s’estime à 21 889 000 têtes en 2008 contre 13 633 000 têtes de volaille industrielle, soit 61,62% du cheptel avicole national. Cette proportion à la baisse s’explique tout simplement par le développement de la filière moderne ces dernières années car en 2004 et, selon toujours les données de la DIREL, la volaille familiale représentait près de 80% du cheptel avicole national avec un effectif de 20 960 000 têtes.

Définition de l’aviculture traditionnelle

L’aviculture traditionnelle est caractérisée par un mode d’exploitation familiale avec de nombreuses unités de production. Activité caractérisée par une forte implication des femmes et des enfants, l’aviculture traditionnelle est uniformément retrouvée sur l’ensemble du pays. En outre, cette aviculture est caractérisée par une productivité très faible, car les poules pondent peu tandis que leur croissance est lente et les pertes sont considérables avant la commercialisation. Elles sont dues pour la plupart du temps à la pseudopeste aviaire ou maladie de Newcastle, car la prophylaxie reste totalement inaccessible et même méconnue. Le traitement le plus souvent de type traditionnel est aléatoire et inefficace. Les pertes sont également causées par les prédateurs et les vols du fait du manque de logement adéquat. L’aviculture traditionnelle est un système d’élevage à faibles intrants et elle concerne essentiellement la production de chair.

Système d’élevage et productivité

Au Sénégal, un certain nombre d’études ont été réalisées sur le système d’élevage en aviculture traditionnelle (Ly et al., 1999 ; Missohou et al., 2002). Dans l’ensemble, ces études ont montré le rôle majeur que peut jouer cette forme d’aviculture dans la lutte contre la pauvreté, en terme de source de revenus, de protéines animales facilement mobilisables et d’outils de renforcement des liens sociaux.
Toutes ces études insistent, cependant, sur le caractère très extensif de cet élevage dans lequel l’apport d’intrants est réduit à sa plus simple expression. La race locale qui est décrite est d’une productivité faible compte tenu de ses potentialités génétiques et du système d’élevage. Cependant, leur bonne qualité maternelle ainsi que leur forte capacité de résistance à de dures conditions d’élevage telles que les pénuries périodiques d’aliments, les abris rudimentaires, la pression des prédateurs et des maladies, etc, sont fortement reconnues (Guéye, 2004). Néanmoins, ces études sont pour la plupart descriptives et traitent peu de la problématique de résolution des problèmes de productivité rencontrés en aviculture traditionnelle.
Dans ce système d’élevage, les poussins dès l’éclosion suivent leur mère à la recherche de nourriture. L’inadaptation du matériel d’élevage utilisé, en particulier, de l’abreuvoir, son caractère ponctuel par rapport à la vaste zone de divagation de la poule les prédisposent à des accidents et à une déshydratation par manque d’eau (Buldgen et al., 1992 ; Talaki, 2000). Les poussins y sont soumis à une forte prédation des éperviers, des serpents, etc, ce qui constitue leur première cause de mortalité. Une solution à ce problème de vulnérabilité des poussins, en partie mise en œuvre par les éleveurs eux-mêmes (Aklobessi et al., 1992) et suggérée par Farrell (2000) et Talaki (2000), est de les élever en claustration pendant un certain temps. Selon Lwesya et al. (2004), l’élevage des poussins jusqu’à 1 mois d’âge dans une poussinière, permet d’améliorer leur survie et d’augmenter le nombre de couvées/poule/an.

Importance de l’aviculture traditionnelle

L’aviculture traditionnelle présente une très grande importance, notamment sur le plan socioculturel, nutritionnel, socioéconomique, et dans la lutte contre la pauvreté en milieu rural.

Importance socioculturelle

Le poulet occupe une place importante dans la société africaine. L’aviculture est ainsi pratiquée depuis plusieurs générations. Son utilité est beaucoup plus remarquée durant les cérémonies culturelles ou lors de la réception d’un hôte, où l’éleveur a toujours tendance à sacrifier la volaille plutôt qu’un petit ruminant ou un bœuf. Selon le plumage un sujet peut être destiné au sacrifice, à l’offrande ou à être abattu pour la réception d’un hôte.
Ainsi en milieu peul du « Fouladou », bien que le coq de couleur blanche symbolise l’amitié, la sincérité et réciproque considération, le tuteur évitera que le coq à abattre ait des poils hirsutes, car cela empêcherait le retour prochain de l’invité. En pays mandingue, de même que dans le « Fouladou », la femme mangera un repas à base de poulet juste après la mise au monde d’un bébé. Ce poulet particulier porte le nom de « piti-piti cissai » (Savane, 1996).

Importance nutritionnelle

En dépit de leur faible taille, les exploitations avicoles familiales rurales contribuent substantiellement à la production de viande. La consommation apparente per capita de la viande au Sénégal est passée de 20 kg per capita en 1960 à 11,7 kg per capita en 2003 soit une baisse de près de 50 %. L’objectif à l’horizon 2015 est de reporter le niveau actuel de la consommation à 20 kg per capita. L’aviculture en général contribue actuellement à 23 % sur la production nationale en produits carnés. L’aviculture rurale avec ses fortes potentialités peut jouer un rôle déterminant dans cette contribution. De plus, la viande et les œufs issus de l’aviculture traditionnelle sont, du fait de leur qualité organoleptique, très appréciés des consommateurs qui les payent plus chers (Guéye et al., 1998).

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Table des matières

NTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE AVICULTURE ET CONSOMMATION DES VIANDES DANS LE MONDE ET EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE
CHAPITRE 1 : Marché avicole dans le monde et en Afrique Subsaharienne
1.1- Evolution des productions avicoles dans le monde
1.2- Productions avicoles en Afrique au Sud du Sahara
1.2.1- Evolutions des productions avicoles en Afrique au Sud du Sahara
1.2.2- Impact de l’embargo sur la filière avicole d’Afrique subsaharienne
1.3- Echanges de viande avicole
1.3.1- Evolutions des échanges de viande avicole dans le monde
1.3.2- Evolution des échanges de viande avicole en Afrique au Sud du Sahara
1.3.3 – Enjeu des accords de partenariat économique dans les échanges en viande avicole en Afrique subsaharienne
1.4- Consommation de viande de volaille dans le monde et en Afrique au Sud du Sahara
CHAPITRE 2 : Aviculture au Sénégal
2.1 – Situation générale du Sénégal
2.1.1 – Démographie sénégalaise
2.1.2 – Contribution du sous-secteur élevage à l’économie nationale
2.2 -Aviculture semi-industrielle au Sénégal
2.2.1- Aviculture sénégalaise face aux importations de poulets congelés
2.2.2 – Aviculture sénégalaise face à l’embargo sanitaire
2.2.3 – Production locale de viande de volaille en plein essor
2.2.4 – Production d’œufs de consommation en progression régulière
2.2.5 – Demande d’aliments volailles en 2007
2.2.6- Abattage et transformation industriels du poulet local
2.2.7- Enjeux de l’aviculture sénégalaise face aux Accords de partenariat économique
2.3 – Aviculture traditionnelle au Sénégal
2.3.1 – Définition de l’aviculture traditionnelle
2.3.2 – Système d’élevage et productivité
2.3.3 – Importance de l’aviculture traditionnelle
2.3.4.1 – Importance socioculturelle
2.3.4.2 – Importance nutritionnelle
2.3.4.3 – Importance socio-économique
2.3.4.4 – Important moyen de lutte contre la pauvreté
2.3.5.1 – Contraintes génétiques
2.3.5.2 – Contraintes alimentaires
2.3.5.3 – Contraintes sanitaires et de suivi
2.3.5.4- Contraintes économiques
CHAPITRE 3 : Éléments conceptuels pour l’analyse des déterminants de la consommation alimentaire
3.1 – Concept d’alimentation
3.2 – Famine dans le monde
3.3 – Viande et satisfaction des besoins hédoniques et nutritionnels
3.4 – Dégradation de la disponibilité de produits animaux en ASS
3.5- Approches économiques, socio-anthropologiques et marchandes de la consommation
3.5.1-Approche économique de la consommation alimentaire
3.5.2-Apports de la sociologie et de l’anthropologie dans l’analyse de la consommation alimentaire
3.5.3-Approche marchande dans l’étude des choix du consommateur
3.5.4 – Quelques modèles connus de la consommation en viande en Afrique Subsaharienne
DEUXIEME PARTIE LES DETERMINANTS DE LA CONSOMMATION DU POULET DU PAYS: CAS DE LA REGION DE DAKAR (SENEGAL)
CHAPITRE 1 : Méthode de recherche
1.1– Echantillonnage et zones d’étude
1.1.1- Echantillonnage
1.1.2- Zones d’étude
1.1.2.1- Département de Dakar
1.1.2.2- Département de Pikine
1.1.2.3- Département de Guediawaye
1.1.2.4- Département de Rufisque
1.2- Conduite de l’enquête
1.2.1- Enquête exploratoire
1.2.2- Enquête transversale
1.2.2.1-Organisation du questionnaire
1.2.2.2- Recueil des données
1.3-Traitement et l’analyse des données
1.4-Limites de l’étude
CHAPITRE 2 : Présentation des résultats
2.1- Caractéristiques de l’échantillon
2.1.1- Ethnie du ménage
2.1.2- Religion du ménage
2.1-3- Statut d’occupation du logement
2.1-4- Taille moyenne des ménages
2.1-5- Dépenses liées à l’alimentation
2.2- Habitudes et pratiques de consommation de viandes à Dakar
2.2.1- Principales viandes consommées à Dakar
2.2.2- Types de volailles consommés
2.2.3- Type de poulet le plus fréquemment consommé
2.2.4- Situations de consommation et choix du type de viande à consommer
2.2.4.1- Viandes consommées dans les situations courantes
2.2.4.2- Viandes consommées lors des fêtes religieuses
2.2.4.3- Viandes consommées lors des cérémonies autres que religieuses
2.2.5- Principaux plats préparés avec le poulet du pays
2-3- Pratiques d’achat du poulet du pays
2.3.1- Modes d’approvisionnement en poulet du pays
2.3.2- Etat du poulet à l’achat
2.3.3- Critères à l’achat du poulet du pays
2.3.4- Classification des types de poulets suivant le niveau de cherté
2-4- Pratiques de choix entre les viandes
2.4.1- Classification des viandes selon la disponibilité sur le marché.
2.4.2- Classification des viandes suivant la facilité de cuisson
2.4.4- Classification des viandes selon la saveur
2.4.5- Classification des viandes selon la qualité sanitaire perçue
2-5- Motivations et contraintes du choix du poulet du pays
2.5.1- Les motivations du choix du poulet du pays
2.5.2- Contraintes à la consommation du poulet du pays
2-6- Pratiques mystico-sociales avec le poulet du pays
2.6.1- Utilisation mystico-sociale du poulet du pays
2.6.2- Fréquence d’utilisation mystico-sociale du poulet du pays
2.6.3- Critères d’achat du poulet mystico-social
2.6.4- Choix de la couleur du poulet mystico-social
2.6.5- Choix du sexe du poulet mystico-social
2.6.6- Mode d’usage mystico-social du poulet du pays
2.7- Usage du poulet du pays et influence des variables
2.7.1- Localité et fréquence de consommation du poulet du pays
2.7.2- Localité et disponibilité en poulet du pays
2.7.3- Localité et perception du prix du poulet du pays
2.7.4- Localité et coefficient budgétaire
2.7.5- Coefficient budgétaire et taille du ménage
2.7.6- Profession du chef de ménage et coefficient budgétaire
2.7.7- Coefficient budgétaire et fréquence de consommation du poulet du pays
CHAPITRE 3 : Discussion et recommandations
3.1- Méthode d’enquête et d’analyse de données
3.2- Déterminants à l’usage du poulet du pays
3.2.1- Caractéristiques sociodémographiques et économiques de l’échantillon
3.2.1.1- Ethnie
3.2.1.2- Religion et taille du ménage
3.2.1.3- Statut d’occupation
3.2.1.4- Types de localité
3.2.1.5- Profession du chef du ménage
3.2.1.6- Coefficient budgétaire
3.2.2- Habitudes et pratiques de consommation des viandes
3.2.3- Pratiques d’achat du poulet du pays
3.2.4- Perception des viandes par les ménagères
3.2.5- Motivations et contraintes dans le choix du poulet du pays
3.2.6- Pratiques mystico-sociales du poulet du pays
3.2- Recommandations
3.2.1- Recommandations à l’Etat
3.2.2- Recommandations aux personnels chargés de la sécurité alimentaire
3.2.3- Recommandations aux producteurs
3.2.4- Recommandations aux commerçants
3.2.5- Recommandations aux chercheurs
CONCLUSION GENERALE
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