ENFANTS MALNUTRIS SEVERES DE 6 A 59 MOIS INFECTES PAR LE VIH
Selon lโOrganisation Mondiale de la Santรฉ (OMS) la malnutrition aiguรซ sรฉvรจre (MAS) Chez les enfants de 6 ร 59 mois, se dรฉfinie comme un indice poids/taille infรฉrieur ร -3 Z score par rapport aux normes OMS ou un pรฉrimรจtre brachial infรฉrieur ร 115 mm, et/ou la prรฉsence dโun ลdรจme bilatรฉral prenant le godet [1]. La malnutrition aiguรซ sรฉvรจre touche environ 20 millions dโenfants de moins de cinq ans et est associรฉe ร 1 ร 2 millions de dรฉcรจs chaque annรฉe qui pourrait รชtre รฉvitรฉs [1]. Les enfants souffrant de malnutrition aiguรซ sรฉvรจre prรฉsentent un risque de dรฉcรจs accru (neuf fois supรฉrieur) par rapport aux enfants normaux ou souffrant dโune malnutrition modรฉrรฉe [1]. Ils font beaucoup de complications telles que : lโanorexie, la fiรจvre, la pneumonie, la dรฉshydratation, lesย ลdรจmes sรฉvรจres, et leur prise en charge repose sur les 10 รฉtapes du protocole de lโOMS pour la prise en charge de la malnutrition aiguรซ sรฉvรจre [2]. Dans la plupart des pays en dรฉveloppement, les taux de lรฉtalitรฉ attribuรฉs ร la MAS sont de lโordre de 20 ร 60 %. Une รฉtude rรฉcente a montrรฉ que plus de 30 % des enfants sรฉvรจrement malnutris en Afrique subsaharienne hospitalisรฉs dans des unitรฉs de rรฉhabilitation nutritionnelle รฉtaient infectรฉs par le VIH [3].
Ainsi le Virus de l’Immunodรฉficience Humaine (VIH) est un rรฉtrovirus infectant l’homme et responsable du syndrome d’immunodรฉficience acquise (sida), qui est un รฉtat affaibli du systรจme immunitaire le rendant vulnรฉrable ร de multiples infections opportunistes [4]. Selon lโOMS, une baisse de 24 % du nombre de nouvelles infections ร VIH chez lโenfant a รฉtรฉ notรฉe entre 2009 et 2011 [5]. Malgrรฉ cela, 14% des 1,8 millions de dรฉcรจs liรฉs au VIH en 2010, sont survenues chez les enfants de moins de 15 ans [6]. Malgrรฉ les avancรฉes obtenues depuis lโintroduction des multi thรฉrapies antirรฉtrovirales dans les pays ร ressources limitรฉs et la mise en place des programmes de Prรฉvention de la Transmission Mรจre-Enfant (PTME) du VIH, la prise en charge de lโinfection ร VIH pรฉdiatrique reste confrontรฉe ร de nombreux dรฉfis [7, 8]. Dans le monde, sur les 33 millions de personnes vivant avec le VIH/sida, 2,1 millions sont des enfants [9]. Lโinfection par le VIH accroรฎt la prรฉvalence de la malnutrition aiguรซ sรฉvรจre et inversement [10]. Le VIH peut entraรฎner une mauvaise nutrition sous lโeffet dโun apport nutritionnel insuffisant, dโun besoin accru de nutriments, dโune dรฉperdition des nutriments dans le corps et dโautres dรฉrรจglements mรฉtaboliques [11]. On a observรฉ que les enfants infectรฉs par le VIH souffrant dโune malnutrition aiguรซ sรฉvรจre courraient trois fois plus de risque de mourir que des enfants non infectรฉs [3].
La plupart de ces enfants ont besoin dโune thรฉrapie antirรฉtrovirale car leur maladie se trouve normalement dรฉjร ร un stade avancรฉ. Cependant, ces enfants se caractรฉrisent par un risque accru de dรฉcรจs et de non-observance de la thรฉrapie antirรฉtrovirale du fait de leur malnutrition sรฉvรจre. Les enfants infectรฉs par le VIH peuvent retrouver un indice poids/taille adรฉquat sโils prennent des aliments thรฉrapeutiques appropriรฉs [12,13] mรชme sโils mettent plus de temps ร rรฉcupรฉrer que les autres [3]. En leur administrant une thรฉrapie antirรฉtrovirale afin de prendre en charge lโinfection virale, associรฉe ร une alimentation thรฉrapeutique, il est possible de rรฉduire la mortalitรฉ chez ces enfants. Cโest dans le but dโรฉvaluer la prise en charge des enfants malnutris sรฉvรจres infectรฉs par le VIH hospitalisรฉs dans le dรฉpartement de pรฉdiatrie du CHU Gabriel TOURE que nous avons initiรฉ ce travail.
GENERALITESย
Dรฉfinitionย
Selon lโOMS, le terme de malnutrition se rapporte ร plusieurs maladies, chacune ayant une cause prรฉcise liรฉe ร une carence dโun ou plusieurs nutriments. Elle se caractรฉrise par un dรฉsรฉquilibre entre lโapprovisionnement en nutriment et en รฉnergie dโune part et les besoins de lโorganisme pour assurer la croissance, le maintien de lโรฉtat des diverses fonctions dโautre part .
Epidรฉmiologie
Malnutritionย
โข Un milliard vingt millions de personnes souffrent de la sous-nutrition, une forme grave de malnutrition.
โข Quatre-vingt et dix-neuf pour cent de personnes souffrant de sous-nutrition vivent dans les pays en dรฉveloppement.
โข Six-cent quarante et deux millions de personnes en Asie et dans le Pacifique sont mal nourries.
โข Plus de soixante pour cent de personnes souffrant de sous-nutrition chronique sont des femmes.
La malnutrition infantileย
โข Six million d’enfants meurent chaque annรฉe de causes liรฉes ร la malnutrition.
โข Un million cinq cent mille enfants meurent chaque annรฉe de marasmes ร cause de la dรฉnutrition.
โข Cent soixante-dix-huit million d’enfants souffrent de croissance retardรฉe (‘stunting’), en partie parce qu’ils ne consomment pas assez d’aliments ou de vitamines.
โข Cent quarante six million d’enfants รขgรฉs de moins de cinq ans souffrent d’insuffisance pondรฉrale.
โข Plus de cinquante pour cent de ces enfants de moins de cinq ans en insuffisance pondรฉrale vivent en Asie du Sud.
โข Vingt pour cent des dรฉcรจs d’enfants de moins de cinq ans pourraient รชtre รฉvitรฉs par le respect des directives en matiรจre d’allaitement maternel.
Dรฉficiences en micronutriments
โข Plus de cinq cent mille dรฉcรจs d’enfants chaque annรฉe sont dus ร la carence en vitamineA.
โข Plus de vingt pour cent d’enfants รขgรฉs de moins cinq ans dans le monde en dรฉveloppement souffrent d’anรฉmie liรฉe ร une carence en fer.
โข Quarante ร soixante pour cent des enfants dans le monde en dรฉveloppement ont un retard mental dรป la carence en fer.
โข Deux milliards de personnes dans le monde souffrent d’une carence en iode.
โข Cent soixante-seize milles personnes meurent chaque annรฉe de diarrhรฉe liรฉe ร une carence en zinc.
โข Quatre cent six mille personnes meurent chaque annรฉe de pneumonie liรฉe ร une carence en zinc.
Au Mali selon EDSM V, 38 % des enfants souffrent de malnutrition chronique contre 19% sous la forme sรฉvรจre. Le niveau du retard de croissance augmente rapidement avec lโรขge. Il est de 15 % chez les enfants de moins de 6 mois, passe ร 24 % chez ceux de 9-11 mois, puis continue dโaugmenter pour atteindre un maximum de 48 % ร 18-23 mois, pour se maintenir ร un niveau รฉlevรฉ aprรจs cet รขge .
Le VIH/SIDAย
(Donnรฉes ONUSIDA)
โข Personnes vivant avec le VIH : 34,2 millions de personnes vivaient avec le VIH en 2011, un nombre record qui s’explique par le net allongement de la vie rรฉsultant des traitements antirรฉtroviraux.
โข Nouvelles contaminations : 2,7 millions. Le taux annuel de nouvelles infections au sida a baissรฉ de 21% entre 1997 et 2010. Le programme commun des Nations unies sur le VIH. Pourtant le nombre de personnes vivant avec le VIH nโavait jamais รฉtรฉ aussi important, principalement en raison dโun meilleur accรจs aux traitements.ย โข Dรฉcรจs dus au sida : 1,8 million de patients sont dรฉcรฉdรฉs de maladies liรฉes au sida en 2011.
โข Prรจs de 8 000 morts par jour
โข Plus de 28 millions de morts de 1981 ร 2011
โข 7 400 nouveaux cas par jour dont prรจs de 1 000 cas chez les enfants de moins de 15ans
โข Selon une รฉtude de l’OMS parue en mars 2009, le nombre de cas de sida chez les hommes de plus de 50 ans augmente considรฉrablement. Le recours de plus en plus frรฉquent au Viagra, des relations sexuelles non protรฉgรฉes, un รขge oรน les hommes se sentent moins concernรฉs par le virus expliqueraient en partie cette augmentation. En 2010 la prรฉvalence du VIH pรฉdiatrique รฉtait de 1,8% en milieu hospitalier au Mali .
Nutrition et VIH / SIDA
Effets de la malnutrition sur le VIH
– Le systรจme immunitaire est affaibli,
– Il y a une plus grande susceptibilitรฉ aux IO,
– La guรฉrison est plus lente,
– Lโรฉvolution de la maladie est plus rapide,
– Il y a une rรฉponse inadรฉquate au traitement,
– Il y a un sentiment de dรฉsespoir et dรฉpression.
Effet du VIH sur la nutrition
– Il y a une rรฉduction des apports alimentaires,
– Il y a un accroissement des besoins รฉnergรฉtiques,
– Il y a une altรฉration du mรฉtabolisme et de lโabsorption des nutriments.
Action immuno modulatrice de certains nutriments
Les acides aminรฉs
Acides aminรฉs essentiels
De faรงon gรฉnรฉrale, les dรฉficits en acides aminรฉs essentiels des rรฉpercussions sur la rรฉponse immune. Le tryptophane: il est indispensable ร la production normale dโanticorps. Sa carence altรจre lโimmunitรฉ cellulaire. La carence en leucine, isoleucine ou valine (acides aminรฉs ร chaรฎnes ramifiรฉs) sโaccompagne dโune diminution de la richesse cellulaire du tissu lymphoรฏde. La carence en phรฉnylalanine altรจre la production normale dโanticorps lors de la stimulation antigรฉnique. Les besoins en acides aminรฉs soufrรฉs augmentent lors dโune agression. Leur carence compromet la synthรจse de glutathion fortement impliquรฉ dans lโactivitรฉ des systรจmes antioxydants et perturbe les fonctionnalitรฉs lymphocytaires.
Acides aminรฉs non essentiels
En principe leur dรฉficit ne devrait pas entraรฎner de perturbation de lโimmunitรฉ puisquโils peuvent รชtre synthรฉtisรฉs ร partir des acides aminรฉs essentiels. Mais en vรฉritรฉ il en est tout autre : La glutamine: elle joue un rรดle essentiel dans lโadaptation aux agressions car elle est la source dโรฉnergie des cellules ร division rapide ( entรฉrocytes et cellules sanguines immunologiquement compรฉtentes (ex : neutrophiles). Elle amรฉliore aussi la trophicitรฉ de la muqueuse intestinale et rรฉduit la translocation bactรฉrienne. Lโarginine: elle est le prรฉcurseur du monoxyde dโazote et tient ainsi une place importante au sein des rรฉactions inflammatoires et immunitaires.
Les acides grasย
Les lipides alimentaires tiennent une place particuliรจre parmi les nutriments capables de moduler les rรฉponses immunitaires et inflammatoires.
Les acides gras poly insaturรฉs
Apportรฉs par lโalimentation ou dรฉrivant de la polymรฉrisation des acides gras essentiels, ils sont les prรฉcurseurs des รฉicosanoides, puissants mรฉdiateurs de lโinflammation et de la rรฉaction immunitaire. Leur synthรจse se fait dans la cellule selon deux voies enzymatiques
– Voie de la cyclooxygรฉnase ร Prostaglandines E (PGE)
– Voie des lipooxygรฉnases ร leucotriรจnes B (LTB)
Les lipides agissent รฉgalement sur lโimmunitรฉ par modification des structures membranaires des macrophages et des cellules mononuclรฉes sanguines. Ces modifications agissent sur les rรฉcepteurs et lโactivitรฉ enzymatique des membranes. Il semble possible de moduler les rรฉponses inflammatoires et immunitaires en modifiant la nature des huiles alimentaires. Ainsi, chez les sidรฉens, la prise orale de 18 g/ j dโacide gras poly insaturรฉs n- 3 pendant 10semaines diminue les cytosines inflammatoires telles que lโIL 1 et le TNF alfa.
Conclusionย
A lโissue de cette รฉtude sur lโรฉvaluation de la prise en charge des enfants malnutris de 6 ร 59 mois infectรฉs par le VIH hospitalisรฉs dans le service de pรฉdiatrie du CHU Gabriel TOURE, nous remarquons que :
โค Sur 488 enfants hospitalisรฉs pour malnutrition aiguรซ sรฉvรจre en Pรฉdiatrie gรฉnรฉrale et aux urgences Pรฉdiatriques, 27 enfants รฉtaient infectรฉs par le VIH soit une frรฉquence de 5,5%.
โค La majoritรฉ des enfants rรฉsidait en commune V et VI soit respectivement 22,2% et 33,3%.
โค Une prรฉdominance masculine=18 (66,7%) avec un sexe ratio รฉgal ร 2.
โคA la sortie de lโURENI, 22 patients avaient un rapport poids/ taille < -3 Z Score soit 81,5%.
โค Le traitรฉ avec succรจs de lโURENI a รฉtรฉ obtenu chez 21 patients soit 77,8%.
โค Nous dรฉplorons 4 dรฉcรจs soit 14,8% et 2 cas dโabandon soit 7,4% ont รฉtรฉ enregistrรฉs.
|
Table des matiรจres
I-INTRODUCTION
II-OBJECTIFS
III- GENERALITES
IV-METHODOLOGIE
V-RESULTATS
VI-COMMENTAIRES ET DISCUSSION
VII- CONCLUSION
Tรฉlรฉcharger le rapport complet