Enculturation et stratégies d’acculturation

Enculturation et stratégies d’acculturation

Historique récent de la migration en Suisse

La Suisse a une tradition intimement liée à la migration. Les statistiques actuelles montrent qu’un tiers de la population est issu de l’immigration. Notre pays se distingue grâce à une variété de langues, confessions et cultures. Plusieurs vagues d’immigration ont caractérisé le dernier siècle de l’histoire suisse. Dans son ouvrage L’immigration en Suisse – soixante ans d’entrouverture, Étienne Piguet (2004) retrace l’histoire récente de l’immigration dans notre pays en la divisant en cinq phases. Une première période est caractérisée, après la Deuxième Guerre mondiale (1948-1962), par une ouverture qui débouche par la suite sur une xénophobie croissante au sein de la population. Le gouvernement introduira alors d’importantes restrictions à la main-d’oeuvre étrangère (1963-1973). Avec la crise pétrolière de 1973, un grand nombre d’étrangers perdront leur emploi et seront contraints de rentrer dans leurs pays d’origine. La quatrième période est caractérisée par une économie croissante qui redevient le principal moteur d’immigration en Suisse (1985-1992). Plusieurs tentatives de reformuler complètement la politique d’immigration suivront dans les années suivantes, afin de faire face à la complexification des motifs d’immigration. Avec l’accord en 2008 sur la libre circulation Caglioti Tabea & Besse Julien Bachelor of Arts in Travail Social dans l’Union européenne et la nouvelle loi sur l’immigration, la Suisse entre dans une nouvelle phase (2013).

Cette nouvelle phase est caractérisée par une opinion publique partagée sur le sujet de la migration. D’une part, on observe un renforcement de ce que Piguet (2013) appelle la « culture des droits de l’homme », constituée par des valeurs qui se veulent universelles et représentatives de toute démocratie libérale moderne. Cette même culture permet aux personnes immigrées d’accéder à des droits civils, voire politiques, souvent véhiculés par les accords internationaux que l’État suisse se doit de respecter envers l’Union européenne. D’autre part, les partis de droite, porteurs des propositions de réduction du flux migratoire et de fermeture des frontières, ont connu ces dernières années une augmentation progressive des adhésions de personnes issues de la classe moyenne. Ces partis politiques ont pris de plus en plus de place dans l’opinion publique en portant les valeurs de « l’État-nation ». Celui-ci est caractérisé par « une pacte national [sic], visant à garantir à ses ressortissants, en échange de leur allégeance, un traitement préférentiel vis-à-vis des non-citoyens » (Piguet, 2013, p. 132). Ce qui engendre la peur d’une immigration incontrôlée, face aux supposées conséquences négatives qui pourraient se répercuter sur les citoyens.

Avoir un aperçu du contexte historique dans lequel la politique migratoire actuelle se situe nous aide à comprendre les enjeux auxquels la population migratoire doit faire face en arrivant en Suisse. La Confédération a deux fonctions concernant la politique migratoire. D’une part, elle garde le rôle d’accueil humanitaire historiquement et internationalement représenté par la « Croix-Rouge ». D’autre part, elle encadre le flux migratoire. Les changements politiques mis en place par la Confédération ont engendré une évolution du paradigme du migrant concernant son intégration dans le tissu social, professionnel et identitaire. Nous estimons que ces notions sont nécessaires à la compréhension de la complexité du bagage historique que le phénomène migratoire engendre. Cette complexité a évolué dans les représentations de la population, dans les décisions concernant l’accueil et la prise en charge ainsi que dans le débat général qui accompagne l’actualité suisse. Nous pouvons remarquer que les différents termes qui définissent et caractérisent le domaine de la migration sont étroitement liés entre eux. Différencier le mot « requérant d’asile » des termes généraux « migrant » et « réfugié » nous donne une vision plus claire du contexte dans lequel nous allons mener notre travail de recherche. En outre, ceci nous permet aussi de cibler plus précisément tout ce qui concerne le cadre juridique traitant l’asile. Ce dernier sera développé par la suite.

La procédure d’asile pour les mineurs en Suisse

Notre personne-ressource nous a expliqué la complexité des procédures lorsqu’il s’agit de prouver la minorité d’un jeune. Plusieurs raisons (engagement forcé dans l’armée, guerre civile etc.) peuvent pousser une personne à quitter son pays d’origine pour rejoindre un autre pays et y demander l’asile. Le parcours migratoire est dans la plupart des cas rempli de complications et situations qui présentent un risque conséquent. Dans le cas des mineurs qui entreprennent un parcours migratoire, leur minorité augmente leur vulnérabilité. Lorsqu’ils arrivent en Suisse, l’enjeu se situe dans la certification de la minorité afin de pouvoir accéder aux prestations prévues par la loi suisse et par le droit international. Le jeune doit passer par des entretiens qui prouvent sa minorité en expliquant son parcours, les difficultés rencontrées ainsi que les motifs de son départ. Une fois que le jeune est légalement reconnu en tant que mineur, le passage par un autre État membre de l’accord Dublin n’est pas pris en considération dans sa prise en charge. Le seul élément examiné pour déterminer le statut attribuable est donc le motif de départ. Si nous comparons les procédures d’asile des personnes majeures et celles des personnes mineures, Caglioti Tabea & Besse Julien Bachelor of Arts in Travail Social le caractère de ces dernières ne change pas, mais l’article 17 de la LAsi détermine leur priorité de traitement.

La Suisse, en ratifiant la CDE23, s’est engagée à protéger les RMNA de la même façon que les autres enfants. Ils peuvent donc exercer les mêmes droits des jeunes Suisses et ils ont droit à la protection ainsi qu’à une prise en charge même sans avoir un statut de réfugiés. Leur légitimité est liée à la minorité qui les regroupe dans une catégorie reconnue par la Confédération comme étant plus vulnérable. Nous pouvons citer comme exemple l’article 2, qui traite la non-discrimination, l’article 22 qui assure la protection particulière, l’article 6 qui reconnaît le droit à la survie et au développement ainsi que l’article 12, qui garantit le droit d’être entendu. Toute action d’accompagnement lors de la procédure d’asile d’un mineur non accompagné devra tenir compte de l’intérêt supérieur de l’enfant. Cependant, comme explicité par Villanueva24 et Ambresin25 dans la citation suivante, l’intérêt supérieur de l’enfant entre en contradiction avec la politique migratoire : « L’une des difficultés principales dans le soin des MNA réside dans le vécu, par l’intervenant, d’une tension permanente entre l’intérêt supérieur de l’enfant et la politique migratoire de la Confédération et des cantons » (2010, p. 5). Un exemple pratique de cette tension est représenté par l’impact que les auditions et les décisions administratives ont sur la santé mentale du jeune. Ces décisions entraînent des états dépressifs, une perte de motivation ou des anxiétés importantes auxquelles le travailleur social doit faire face dans l’accompagnement (2010, p. 5).

Le contexte juridique de l’asile en Suisse présente de grandes orientations : le maintien du système en place, la multiplication des statuts, l’accélération des procédures et la diminution des prestations dans un but de dissuasion. Ces orientations régissent la formulation des lois sur l’asile qui encadrent l’accueil de la population issue de la migration. Les lois sont soumises au droit international qui assure entre autres le respect des droits des personnes migrantes et des enfants. Nous avons pu comprendre que la procédure d’asile reste la même pour les personnes mineures que pour les majeures. La différence réside dans la non-prise en compte du parcours migratoire pour définir le permis attribuable au mineur, ainsi que dans la protection inconditionnelle qui lui est garantie. Cependant, des tensions entre les différents intérêts de la politique d’asile suisse et du droit international sont susceptibles d’entrer en jeu dans la prise en charge des RMNA. Ces tensions peuvent avoir une influence sur la manière dont la personne migrante décide de se saisir de la culture du pays d’accueil. C’est pour cette raison que nous allons maintenant développer les différents modèles et termes liés à l’intégration.

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Table des matières

1 Table des matières
2 Introduction 
3 Choix de la thématique
3.1 Motivations personnelles
3.1.1 Julien
3.1.2 Tabea
3.2 Motivations professionnelles
3.2.1 Julien
3.2.2 Tabea
3.2.3 Conclusion
3.3 Lien avec le travail social
4 Objectifs – question de recherche – hypothèses 
4.1 Objectifs
4.1.1 Personnels
4.1.2 Professionnels
4.1.3 Méthodologiques
4.2 Question de recherche
4.3 Hypothèses
4.3.1 Hypothèse n°1
4.3.2 Hypothèse n°2
4.3.3 Hypothèse n°3
5 Cadre théorique
5.1 Introduction
5.2 La migration
5.2.1 Introduction
5.2.2 Définition et clarification des différents termes utilisés
5.2.3 Historique récent de la migration en Suisse
5.2.4 Conclusion
5.3 Asile
5.3.1 Introduction
5.3.2 Définition
5.3.3 Politique actuelle en Suisse
5.3.4 Le contexte juridique de l’asile en Suisse
5.3.5 Conclusion
5.4 Enculturation et stratégies d’acculturation
5.4.1 Introduction
5.4.2 Enculturation
5.4.3 Les stratégies d’acculturation de Berry et Sam
5.4.4 Conclusion
5.5 Inclusion – exclusion
5.5.1 Introduction
5.5.2 Inclusion
5.5.3 Exclusion
5.5.4 Conclusion
5.6 Un univers tripolaire
5.6.1 Introduction
5.6.2 Le travailleur social avec une attitude clinique : entre l’attention portée au capital matériel et l’atténuation de la souffrance
5.6.3 Le travailleur social avec une attitude normative : entre loi et application de celle-ci
5.6.4 Le travailleur social avec une attitude militante : entre combat et unité
5.6.5 Conclusion
5.7 Modèles d’intervention sociale
5.7.1 Introduction
5.7.2 Le modèle réparateur assimilationniste
5.7.3 Le modèle ethnoculturel
5.7.4 Le modèle communautaire et le modèle interculturel
5.7.5 Modèle antidiscriminatoire
5.7.6 Contradictions chez les travailleurs sociaux
5.7.7 Conclusion
5.8 Conclusion du cadre théorique
6 Méthodologie
6.1 Terrain d’enquête
6.2 Échantillon
6.3 Méthode de récolte de données
6.4 Enjeux éthiques
7 Analyse
7.1 Introduction
7.2 Stratégies d’acculturation de Berry et Sam
7.2.1 Intégration
7.2.2 Séparation
7.2.3 Assimilation
7.2.4 Marginalisation
7.2.5 Synthèse
7.3 L’univers tripolaire
7.3.1 Le travailleur social avec une attitude clinique
7.3.2 Le travailleur social avec une attitude normative
7.3.3 Le travailleur social avec une attitude militante
7.3.4 Possible corrélation entre genre et attitude ?
7.4 Les cinq modèles d’interventions sociales et les tensions liées au temporel
7.4.1 Le modèle réparateur assimilationniste
7.4.2 Le modèle interculturel
7.4.3 Le modèle antidiscriminatoire
7.4.4 Le modèle ethnoculturel
7.4.5 Le modèle communautaire
7.4.6 Les tensions liées au temporel
7.5 Synthèse de l’analyse
7.5.1 Vérification des hypothèses
7.5.2 Réponse à la question de recherche
8 Pistes d’action et différents bilans
8.1 Pistes d’action
8.1.1 Formations continues pour les travailleurs sociaux
8.1.2 Le développement local en matière d’inclusion des jeunes migrants
8.1.3 L’utilisation des outils numériques dans l’expression de l’identité et du récit de vie
8.2 Différents bilans
8.2.1 Bilan méthodologique
8.2.2 Bilan binomial
8.2.3 Bilan professionnel
9 Conclusion
10 Références
10.1 Bibliographie
11 Annexes 
11.1 Tableau des illustrations
11.2 Grille d’entretien
11.3 Convention de retranscription « Transcriber »

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