Encouragements sur les performances
Lโรฉgalitรฉ femmes-hommes et les rapports sociaux de genre sont des thรฉmatiques qui retiennent particuliรจrement notre intรฉrรชt. Omniprรฉsentes dans nos vies quotidiennes, tant du point de vue personnel que professionnel, elles sont pourtant peu prรฉsentes dans les rรฉflexions, comme dรฉcouvert lors du module suivi en deuxiรจme annรฉe, BP33PIG ยซ Pรฉdagogie interculturelle et genre ยป. Bien souvent en effet, les personnes nโont pas conscience des phรฉnomรจnes prรฉsents. La sociรฉtรฉ dans laquelle chacun-e grandit joue un rรดle essentiel dans la faรงon de construire notre identitรฉ et de se voir en tant que fille ou garรงon. Depuis les sรฉminaires de ce module, nous avons pris conscience des diffรฉrents agents qui contribuent ร la socialisation diffรฉrenciรฉe des filles et des garรงons. Lโรฉcole, aussi, joue un rรดle important en matiรจre de socialisation des รฉlรจves, par exemple au travers du curriculum cachรฉ. Cโest pourquoi nous pensons que cette prise de conscience est extrรชmement importante pour que lโรฉcole puisse finalement transmettre les valeurs de la sociรฉtรฉ dans laquelle nous vivons, lโรฉgalitรฉ des genres, entre autres.
Nous voyons que malgrรฉ les combats fรฉministes menรฉs aux 19 et 20 รจmes siรจcles et lโรฉgalitรฉ finalement inscrite dans la Constitution depuis 1981, elle nโest dans les faits pas rรฉalisรฉe tel que prรฉvu par la lรฉgislation. LโONU dรฉfinit lโรฉgalitรฉ des genres comme suit : ยซ On entend par lโรฉgalitรฉ des sexes que les femmes et les hommes aient des conditions รฉgales pour rรฉaliser leurs pleins droits et leur potentiel et pour contribuer ร lโรฉvolution politique, รฉconomique, sociale et culturelle du pays, tout en profitant de ces changements. Lโรฉgalitรฉ homme-femme nโimplique pas que les hommes et femmes soient identiques, mais quโils aient des possibilitรฉs et des chances รฉgalesยป. Cependant, les chiffres actuels (BEFH, 2011) montrent quโil y a encore bien des diffรฉrences et inรฉgalitรฉs entre hommes et femmes, notamment au niveau des choix de formation. Entre autres, on retrouve plus de femmes dans les sciences humaines et plus dโhommes dans les sciences techniques. La rรฉpartition des hommes et des femmes dans les diffรฉrents degrรฉs de la scolaritรฉ montre aussi que le choix du mรฉtier est largement influencรฉ par le sexe et donc les stรฉrรฉotypes prรฉsents dans la sociรฉtรฉ. On retrouve ainsi une majoritรฉ de femmes dans lโenseignement primaire et une majoritรฉ dโhommes dans les degrรฉs secondaires et universitaires. Il y a aussi des disparitรฉs dans les salaires qui ne sont pas encore รฉquitables, tout comme au niveau du taux dโengagement, puisque les femmes sont plus souvent employรฉes pour du temps partiel.
Cadre thรฉorique
Afin de prรฉciser notre sujet, nous prรฉsentons dans cette partie les concepts que nous jugeons pertinents pour aborder notre thรฉmatique. Nous choisissons de commencer par dรฉfinir la socialisation, qui permet de rendre compte de lโinfluence de lโenvironnement dโun enfant sur son dรฉveloppement. Ensuite, nous prรฉsentons les concepts de genre, de stรฉrรฉotypes et de curriculum cachรฉ.
Socialisation
En consultant une dรฉfinition issue dโun dictionnaire gรฉnรฉraliste, nous lisons : ยซ Le processus par lequel lโenfant intรฉriorise les divers รฉlรฉments de la culture environnante (valeurs, normes, codes symboliques et rรจgles de conduite) et sโintรจgre dans la vie sociale. ยป (Larousse, 2015). Cependant, pour mieux comprendre ce concept, nous nous intรฉressons aux dรฉfinitions quโen donne la sociologie. Nous nous concentrons sur le modรจle ยซ holiste ยป ou du ยซ dรฉterminisme social ยป dโEmile Durkheim, qui dit que la sociรฉtรฉ crรฉe lโindividu en lui imposant des valeurs, normes et rรดles. Lโindividu est ainsi conditionnรฉ par ce que lโon appelle des agents de socialisation, cโest-ร dire des acteurs sociaux qui influencent la construction dโidentitรฉ de chacun-e. Parmi ceux-ci il y a tout dโabord la famille, puis notamment lโรฉcole, les pairs, lโentreprise, lโรฉglise et les mรฉdias. En dโautres termes, il sโagit donc de la construction de lโidentitรฉ de lโindividu par lโacquisition et lโintรฉriorisation des modรจles de la sociรฉtรฉ dont il fait partie. La socialisation est donc indispensable ร la sociรฉtรฉ puisquโelle permet une cohรฉsion sociale et ainsi, un bon fonctionnement. Dans notre travail, nous ne nous intรฉressons pas aux diffรฉrences de socialisation de deux sociรฉtรฉs donnรฉes, ou de deux รฉpoques, mais nous nous focalisons sur les diffรฉrences de socialisation entre les filles et les garรงons ร lโรฉcole, nommรฉe la socialisation diffรฉrenciรฉe selon le sexe. Pour bien comprendre cette diffรฉrence de la construction de lโidentitรฉ chez les enfants, nous nous ciblons ci-dessous sur deux agents de socialisation, la famille, premier ร lโลuvre et lโรฉcole, notre travail sโintรฉgrant dans le contexte scolaire.
Agents de socialisation
Au niveau de la famille, mรชme avant la naissance, lors de la connaissance du sexe biologique du bรฉbรฉ, les parents commencent ร construire un environnement sensoriel sexuรฉ pour leur futur enfant. Notamment, ils amรฉnagent la chambre dโenfant diffรฉremment, des couleurs pastel pour les filles et vives pour les garรงons. Une fois lโenfant venu au monde, les parents sโadressent aux filles de maniรจre plus douce, leur parlent davantage et interprรจtent leurs pleurs comme de la peur. ร lโopposรฉ, avec les garรงons les parents sont plus directifs et plus tolรฉrants face aux comportements colรฉriques et interprรจtent les pleurs comme de la colรจre (La ManerIdrissi, 2006). Aussi, Duru-Bellat (1990) remarque que les qualificatifs destinรฉs aux garรงons portent sur le physique, la force, la taille et la vigueur, tandis que pour les filles, ils sont plutรดt axรฉs sur lโesthรฉtique. Les filles sont stimulรฉes au niveau du comportement social et invitรฉes ร รชtre plutรดt passives et dรฉpendantes des adultes, alors que les garรงons sont encouragรฉs sur un plan moteur et poussรฉs ร lโautonomie, ร lโactivitรฉ et ร lโindรฉpendance. Relevons que les adultes nโont pas conscience de se comporter ainsi diffรฉremment, eux-mรชmes socialisรฉs ils contribuent malgrรฉ eux ร reproduire les stรฉrรฉotypes de sexes en vigueur.
De plus, ce qui importe ร tout parent est assurรฉment de permettre ร lโenfant dโรชtre intรฉgrรฉ dans un groupe, plus largement dans la sociรฉtรฉ et le fait de partager les normes, mais aussi les stรฉrรฉotypes prรฉsents peuvent favoriser le processus.
Concernant le dรฉveloppement de lโenfant, cโest ร partir de 7 mois quโil arrive ร faire la diffรฉrence entre filles et garรงons. ร 18 mois, il sait ร quel sexe il appartient et il adopte des comportements qui sont โadรฉquatsโ ร son sexe. Par exemple, il aura tendance ร refuser un jouet qui nโest pas adaptรฉ, selon les rรดles de sexe, ร son sexe biologique. ร 24 mois dรฉjร , lโenfant commence ร intรฉgrer les stรฉrรฉotypes de sexe prรฉsents dans sa culture, notamment il regardera plus longtemps une photo dโun homme qui se maquille ou qui fait la vaisselle (Le Maner-Idrissi, 2006).
Aussi, il est important de noter que les parents proposent des jeux et jouets diffรฉrents selon le sexe de lโenfant. Les jouets sont conรงus pour que les enfants imitent les rรดles stรฉrรฉotypรฉs tenus par les adultes. Les jouets de filles sont axรฉs sur le domaine domestique et du maternage, imitent les domaines professionnels de lโรฉducation, des soins, de la vente et de lโesthรฉtisme et dรฉveloppent des compรฉtences verbales et de motricitรฉ fine. Au contraire, les jouets des garรงons se rรฉfรจrent ร des professions telles que mรฉdecin, pompier, policier et des mรฉtiers de la construction. De plus, leurs jouets sont plus techniques, offrent la possibilitรฉ de manipulation et dรฉveloppent des capacitรฉs spatiales, mathรฉmatiques et techniques (DuruBellat et Jarlรฉgan, 2001). Dans les magasins, les jouets sont trรจs clairement sรฉparรฉs en deux rayons diffรฉrents et il est impensable par exemple pour le garรงon dโaller dans le rayon des filles. Les parents ont dโailleurs plus de plaisir ร offrir un jouet ร leur enfant si celui-ci est en adรฉquation avec son sexe (La Maner-Idrissis, 1997). Ainsi, un petit garรงon sait trรจs vite quโil a plus de chance de recevoir un camion quโune poupรฉe. Cela pose problรจme, car on enferme tout le monde dans des catรฉgories, on attribue des rรดles et prive les enfants de dรฉvelopper dโautres connaissances et apprentissages.
Duru-Bellat (2001) relรจve que lโรฉcole aussi participe ร la construction des diffรฉrences entre les sexes en raison du fait quโon y donne implicitement beaucoup dโinformations sur les comportements adรฉquats ร chaque sexe. Les รฉlรจves construisent diffรฉremment leur identitรฉ sexuรฉe et genrรฉe selon leur sexe. Progressivement, par les agents de socialisation, lโenfant sโadapte ร ces normes de masculinitรฉ ou de fรฉminitรฉ selon son sexe. Premiรจrement, les รฉlรจves ร leur entrรฉe dans lโรฉcole primaire sont confrontรฉs ร une majoritรฉ de femmes dans lโenseignement tandis que les postes de doyens et de directeurs sont souvent occupรฉs par des hommes, comme le montrent les statistiques prรฉsentรฉes par le bureau de lโรฉgalitรฉ entre les femmes et les hommes du canton de Vaud. Les รฉlรจves voient dรฉjร une rรฉpartition inรฉgalitaire dans les mรฉtiers. Des messages implicites sont dรฉlivrรฉs, par exemple quโil revient aux femmes de sโoccuper de lโรฉducation et aux hommes de diriger.
Deuxiรจmement, les รฉtudes qui se penchent sur la littรฉrature enfantine dรฉmontrent que les albums jeunesse sont trรจs fortement marquรฉs par des stรฉrรฉotypes de genre (Anne DafflonNovelle, 2006). En effet, il existe dix fois plus de livres avec un hรฉros plutรดt quโune hรฉroรฏne et mรชme les doudous des hรฉros sont prรฉsentรฉs comme des objets masculins (Dafflon-Novelle, 2002). Aussi, lorsque le sexe du personnage nโest pas prรฉcisรฉ, les enfants le perรงoivent comme un garรงon parce quโils ont intรฉgrรฉ que cโest le sexe par dรฉfaut. Ainsi, les auteurs doivent ajouter un attribut fรฉminin gรฉnรฉralement trรจs stรฉrรฉotypรฉ pour que le personnage soit reconnu comme รฉtant une fille. Effectivement, une รฉtude dรฉmontre que lorsque deux images dโours sont prรฉsentรฉes ร des enfants de 3-4 ans, ils ne savent pas sโil sโagit dโun personnage fรฉminin ou masculin. Ce nโest que quand on y ajoute un attribut trรจs fรฉminin, comme du maquillage, une jupe ou un balai, quโils savent faire la diffรฉrence (Ferrez, E. & Dafflon Novelle, A. (2003).
Les mรชmes constats ont รฉtรฉ faits par Anne Dafflon-Novelle (2003) et Sylvie Cromer (2012) avec les manuels scolaires. Lโon peut y remarquer une sous-reprรฉsentation des femmes et une surreprรฉsentation de personnages stรฉrรฉotypรฉs au niveau des rรดles sociaux des femmes et des hommes. Les hommes sont notamment รฉvoquรฉs par leur statut professionnel, tandis que les femmes par le statut familial.
Troisiรจmement, on retrouve le curriculum cachรฉ (Perrenoud, 1993) des enseignant-e-s. Le curriculum cachรฉ correspond aux valeurs, aux idรฉes et au vรฉcu que lโenseignant-e transmet aux รฉlรจves sans rรฉellement en รชtre conscient ; concept que lโon sโappliquera de dรฉfinir par la suite. Ainsi nous constatons quโร lโรฉcole les รฉlรจves nโapprennent pas seulement des savoirs, mais รฉgalement des comportements, des attitudes et des rรดles ร adopter qui diffรจrent selon le sexe.
Genre
Au niveau biologique, les hommes et les femmes sont rรฉpartis dans deux catรฉgories bien distinctes, mรขles et femelles. Cependant, les problรฉmatiques de transgenre, dโhomosexualitรฉ et dโambivalence sexuelle commencent ร remettre en question cette bicatรฉgorisation, puisque le sexe biologique nโest pas toujours en adรฉquation avec lโidentitรฉ de la personne. Dans notre sociรฉtรฉ, nous pouvons ainsi dire que la bicatรฉgorisation nโexiste quโร lโรฉtat civil.
Intรฉressons-nous maintenant ร la dรฉfinition de ce concept, apparu dans la deuxiรจme partie du 20e siรจcle. Les courants fรฉministes des annรฉes 70 soulรจvent la question de lโidentitรฉ sexuรฉe. On y analyse les inรฉgalitรฉs et les discriminations subies par les femmes et lโon se demande par qui et pourquoi elles sont produites. Les fรฉministes utilisent ce terme pour dรฉsigner que les inรฉgalitรฉs entre les femmes et les hommes sont dus plutรดt ร des facteurs sociaux quโร des facteurs biologiques. Elles refusent donc de considรฉrer ces inรฉgalitรฉs comme naturelles et inรฉvitables. Simone de Beauvoir (1949) dit ยซ Lโapproche genre part du constat que les inรฉgalitรฉs entre les femmes et les hommes sont construites par les sociรฉtรฉs. Ces inรฉgalitรฉs rรฉsultent des rรดles masculins et fรฉminins assignรฉs sur la base de diffรฉrences biologiques. ยป, dโoรน aussi la fameuse citation ยซ On ne naรฎt pas femme, on le devient ยป.
En Suisse, le genre fait son apparition en Sciences de lโรฉducation en 1977. ร cette รฉpoque, on parle plutรดt de ยซ rapports sociaux de sexe ยป que du terme ยซ genre ยป tel quโil est utilisรฉ actuellement (Collet, 2011).
Le concept de genre interroge lโidentitรฉ sexuรฉe en termes de rapports sociaux de sexes et met lโaccent sur la construction sociale du sexe. On peut dire alors que le genre va au-delร de tout ce qui concerne le biologique et quโil sโintรฉresse plus particuliรจrement aux rapports sociaux et aux relations quโentretiennent les femmes et les hommes. Cโest pour cette raison que lโon dit que le genre est une identitรฉ construite par nos croyances, nos valeurs et normes. Dโune certaine faรงon, la sociรฉtรฉ construit des choses propres ร lโhomme et propres ร la femme. Par exemple, lorsquโon parle de mรฉtiers de femmes ou de mรฉtiers dโhommes lโon croit quโil existe des domaines rรฉservรฉs uniquement ร lโun des deux sexes. La sociรฉtรฉ attribue donc des tรขches, des rรดles, des attributs diffรฉrents pour chaque sexe. Ces diverses caractรฉristiques ne sโacquiรจrent pas de maniรจre autonome, mais dans la relation avec la sociรฉtรฉ et les gens appartenant ร cette sociรฉtรฉ. Cโest ce que relรจve รฉgalement Collet (2011) en citant que ยซ nous sommes un produit de notre sociรฉtรฉ et lโaffection des รชtres qui nous entoure est une condition sine qua non ร notre dรฉveloppement. ยป
De plus, le genre questionne les hiรฉrarchies entre hommes et femmes, cโest-ร -dire leur rapport social, rรฉgi par les normes de la sociรฉtรฉ. Ces normes et hiรฉrarchisations amรจnent forcรฉment ร des catรฉgories. Cependant, avoir des strictes catรฉgories telles quโhommes versus femmes ou blancs versus noirs engendrent des discriminations pour les groupes infรฉrieurs, dans ce cas les femmes. Avec les รฉtudes genre, ces diffรฉrences deviennent des inรฉgalitรฉs, quโil faut expliquer, comprendre, dรฉconstruire et combattre. Ceci nous renvoie ร la deuxiรจme dรฉfinition du genre de Collet et Mosconi (2010, p.101) : ยซ un rapport social de pouvoir du groupe des hommes sur le groupe des femmes, quโinstituent des normes de sexe diffรฉrenciatrices et hiรฉrarchisantes. ยป Pour conclure, on pourrait dire que le genre, au niveau politique, a comme but de promouvoir lโรฉgalitรฉ des droits et le partage รฉquitable des responsabilitรฉs entre les femmes et les hommes en nโoubliant pas les diffรฉrences de hiรฉrarchisation dรฉjร construites dans chaque sociรฉtรฉ quโil sโagit de combattre.
Stรฉrรฉotypes
Le stรฉrรฉotype est un concept omniprรฉsent dans notre sociรฉtรฉ, puisquโil est utilisรฉ par chaque รชtre humain. Il prend toute son importance dans notre recherche, car cโest un automatisme inconscient employรฉ รฉgalement par les enseignant-e-s. La Direction de lโEฬgaliteฬ des Chances de la Communauteฬ francฬงaise deฬfinit le steฬreฬotype comme ยซ un ensemble de croyances socialement partageฬes concernant des traits caracteฬristiques des membres dโune cateฬgorie sociale ยป. Jahoda (1964) ajoute que ce sont des idรฉes prรฉconรงues ยซ cโest-ร -dire, qui ne rรฉvรจlent pas dโune apprรฉciation neuve de chaque phรฉnomรจne, mais dโhabitudes de jugement et dโattentes routiniรจres. [โฆ] Un stรฉrรฉotype est une croyance qui ne se donne pas comme une hypothรจse confirmรฉe par des preuves, mais est plutรดt considรฉrรฉe, entiรจrement ou partiellement ร tort, comme un fait รฉtabli. ยป En dโautres termes, le stรฉrรฉotype est un processus mental automatique et naturel qui nous permet de comprendre rapidement la complexitรฉ du monde qui nous entoure (Scharnitzky, 2006) en crรฉant des catรฉgorisations, des grilles dโanalyses et des rรฉfรฉrences qui se basent sur lโappartenance sociale, le sexe et lโorigine raciale. Ces constructions mentales sont donc nรฉcessaires ร lโรชtre humain pour apprรฉhender son environnement.
Curriculum cachรฉ
Selon Philippe Perrenoud (1995), il y a trois types de curriculums, le prescrit, le rรฉel et le cachรฉ. Le terme curriculum dรฉsigne un parcours ou un programme รฉducatif suivi par un apprenant. Le curriculum prescrit (formel) correspond au monde des textes, cโest-ร -dire, dans le cadre de lโรฉcole, le Plan dโรฉtudes romand, les lois scolaires et les manuels. Cโest donc ce ร quoi lโenseignant-e doit se rรฉfรฉrer pour planifier son enseignement. Puis vient, le curriculum rรฉel (rรฉalisรฉ) qui correspond au monde pรฉdagogique, cโest-ร -dire, tout ce que lโenseignant-e fait rรฉellement du programme scolaire. En effet, chaque enseignant-e interprรจte le programme de faรงon diffรฉrente et sa faรงon de le transmettre diffรจre selon la classe quโil-elle a devant luielle. Cโest bien ce que cite Perrenoud (1995) dans la citation suivante: ยซ Chacun sait bien quโil y a les programmes, et il y a ce quโon en fait dans les classes (p.47) ยป. Ensuite, il y a le curriculum cachรฉ, qui est dรฉfini par Forquin (1995) comme ยซ ces choses qui sโacquiรจrent ร lโรฉcole (savoirs, compรฉtences, reprรฉsentations, rรดles, valeurs) sans jamais figurer dans les programmes officiels ou explicites (p.33). ยป En dโautres termes, ce sont toutes les valeurs, les idรฉes et le vรฉcu du corps enseignant, les apprentissages sociaux et les modes de sociabilitรฉ, qui sont transmis aux รฉlรจves mรชme si elles ne sont pas mentionnรฉes dans le formel et le prescrit. De plus, ces รฉlรฉments sont transmis de maniรจre inconsciente et non contrรดlรฉe par les enseignant-e-s.
Prรฉsentation de lโรฉtude
Objet dโรฉtude
Nous observons donc dans la littรฉrature que les filles et les garรงons construisent diffรฉremment leur identitรฉ sexuรฉe ร cause des divers agents de socialisation. On constate ces diffรฉrences tant dans la sphรจre privรฉe quโร lโรฉcole. Ce qui nous intรฉresse dans ce travail est lโagent de socialisation de lโรฉcole, plus prรฉcisรฉment les interactions entre lโenseignant-e et les รฉlรจves. Toutefois, nous sommes conscientes que ces interactions ne constituent pas le seul facteur ร avoir un impact sur la construction de lโidentitรฉ sexuรฉe des garรงons et des filles, puisque lโรฉcole ne se rรฉsume pas seulement ร cela. Il y a aussi dโautres รฉlรฉments comme les interactions qui se passent entre pairs ou en dehors de lโรฉcole.
Mรฉthodologie
รchantillon
Cette recherche est menรฉe dans quatre classes du canton de Vaud, dont deux chez les 1 4H et les deux autres chez les 5-8H. Il nous paraรฎt judicieux dโavoir une large palette dโobservations qui couvrent tout le cycle primaire pour nous permettre de percevoir lโรฉvolution au cours des premiรจres annรฉes de la scolaritรฉ des รฉlรจves. Pour chaque classe, il nous semble important de mentionner le nombre de filles et de garรงons, car cโest un facteur qui influence le nombre dโinteractions avec lโenseignant-e. En effet, on pourrait croire quโil y a plus dโinteractions avec le sexe surreprรฉsentรฉ dans la classe. Dans la classe de 1-2H, on retrouve neuf garรงons et 11 filles. Celle-ci est tenue par une enseignante. Chez les 4H, le nombre de filles et de garรงons est รฉgal ร dix pour chacun et cette classe est รฉgalement suivie par une enseignante. La classe de 6H, tenu par un enseignant est composรฉe de neuf รฉlรจves garรงons et neuf รฉlรจves filles. Et enfin, en 8H, il y a dix garรงons et huit filles. Le cours de mathรฉmatiques est donnรฉ par un enseignant, tandis que celui de franรงais est donnรฉ par une enseignante.
Dรฉfinition des dimensions et indicateurs
Afin de bien comprendre ce tableau, il est nรฉcessaire dโexpliciter les diffรฉrents termes qui sโy trouvent et qui correspondent aux indicateurs de nos observations.
Conclusion
Ce travail nous permet de constater que les inรฉgalitรฉs entre les filles et les garรงons persistent ร lโรฉcole, sans que cela nโinterpelle la plupart dโentre nous, malgrรฉ toutes les tentatives de sensibilisation que ce soit par exemple dans la littรฉrature, dans les recommandations de la CDIP (confรฉrence des directeurs et directrices de lโinstruction publique) ou par lโInstance pour la promotion de lโรฉgalitรฉ. Pour arriver ร cette conclusion, nous avons menรฉ une recherche dans nos classes de stage ร propos de la question ยซ Quelles diffรฉrences peut-on observer dans les interactions entre lโenseignant-e et ses รฉlรจves, selon quโil sโagit dโune รฉlรจve fille ou dโun รฉlรจve garรงon ? ยป. Afin dโy rรฉpondre, nous avons comptabilisรฉ le nombre dโinteractions que lโenseignant-e avait avec les filles et les garรงons en mathรฉmatique et en franรงais, relevรฉ les encouragements sur les performances et les compliments sur lโesthรฉtique et dโautres remarques ร connotations genrรฉes. Cet approfondissement donne lieu aux constats suivants :
โฏ dans lโensemble des interactions, lโenseignant-e se comporte diffรฉremment selon quโil sโagit dโune รฉlรจve ou dโun รฉlรจve.
โฏ peu importe la discipline, que ce soit en franรงais ou en mathรฉmatique, il y a plus dโinteractions entre lโenseignant-e et les garรงons.
โฏ trรจs peu de compliments sur lโesthรฉtique ont รฉtรฉ relevรฉs, mais ils sont tous destinรฉs aux
filles. Les encouragements sur les performances sont adressรฉs aux garรงons.
โฏ les enseignant-e-s font des remarques ร connotation genrรฉe dans leur pratique enseignante quotidienne.
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Table des matiรจres
1 Introductionย
2 Cadre thรฉoriqueย
2.1 Socialisation
2.1.1 Agents de socialisation
2.2 Genre
2.3 Stรฉrรฉotypes
2.4 Curriculum cachรฉ
3 Prรฉsentation de lโรฉtudeย
3.1 Objet dโรฉtude
3.2 Question dโรฉtude et hypothรจses
4 Mรฉthodologieย
4.1 รchantillon
4.2 Outil de recueil de donnรฉes
4.3 Dรฉfinition des dimensions et indicateurs
4.3.1 Interactions
4.3.2 Sollicitations
4.3.3 Compliments
4.3.4 Encouragements
4.4 Procรฉdure
5 Restitution et analyse des donnรฉes
5.1 Sollicitations
5.2 Compliments sur lโesthรฉtique
5.3 Encouragements sur les performances
5.4 Autres remarques genrรฉes
5.4.1 Autres remarques genrรฉes en 1-2H
5.4.2 Autres remarques genrรฉes en 6H et 8H
6 Discussion des rรฉsultats
7 Limites et forces
8 Conclusion
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