Contexte général de l’étude
Actuellement, la problématique du changement climatique touche le globe. Les effets de ce changement se perçoivent à travers une augmentation des températures moyennes mondiales de l’atmosphère et de l’océan, une fonte massive de la neige et de la glace, et une élévation du niveau de la mer (GIEC, 2007). Ceci a été dicté par une augmentation exceptionnelle de la concentration des gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère, dont 18% sont imputés à la déforestation et 14% à l’Agriculture (Global Canopy Program, 2009).Les GES existants sont le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4), l’oxyde nitreux (N2O), l’hexafluorure de soufre (SF6), les hydrofluorocarbures (HFC), et les perfluorocarbures (PFC) ou hydrocarbures perfluorés (Maljean-Dubois, 2007).Toutefois, les plus connus sont le CO2, principal GES, ainsi que le CH4, et le N2Ode par leur concentration élevée en GES(www.fao.org, 2009 et LESCUYER et LOCATELLI, 1999). Le cas le plus marquant d’augmentation de concentration de GES concerne celle du CO2 qui, durant la période préindustrielle, était estimée à environ 288 ppm et a connu une croissance vertigineuse atteignant les 368 ppm en l’an 2000 avec une prévision escomptée entre 540 ppm et 970 ppm pour l’année 2100 (IPCC, 2007).
Face aux constatations des effets de ces changements sur les systèmes naturels de l’environnement humain (GIEC, 2007), des mesures mondiales ont été prises afin d’atténuer cette augmentation de la teneur en GES dans l’atmosphère. Ces mesures incluent la signature de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC) en 1992 à Rio et le protocole de Kyoto en 1997 avec deux axes stratégiques bien définis : atténuation des effets du changement climatique et adaptation aux changements climatiques (Blaser, 2007). L’adaptation consiste en une planification qui réduit la vulnérabilité des écosystèmes naturels et humains, et les impacts du changement climatique. Par contre, l’atténuation consiste à réduire la source des émissions liées aux activités humaines, piéger le CO2 dans l’atmosphère, et le séquestrer. Pour les pays en développement, le protocole de Kyoto propose des mécanismes de flexibilité afin de réduire les émissions de GES dont le Mécanisme de Développement Propre (MDP).Ainsi, le MDP favorise la création de projets dont le but est d’accroître les puits de GES tant dans le domaine forestier qu’agricole.
Madagascar a ratifié la CCNUCC en 1998 et le Protocole de Kyoto en 2003 en s’engageant à réduire ses émissions de GES. Cela lui a ouvert l’accès au projet MDP du type « crédit» et qui concerne surtout les projets du domaine forestier et agricole enregistrés auprès du Comité exécutif du MDP (Seeberg-Elverfeldt, 2010). D’une part la forêt est déjà bien connue par son rôle de puits de GES entrainant les projets de reboisement et de réduction des émissions de GES. D’autre part, bien que l’agriculture contribue de façon importante au changement climatique, elle constitue également un puits de carbone et a un important potentiel d’atténuation du changement climatique (Seeberg-Elverfeldt, 2010).
Dans ce contexte, un projet dit projet « MAHAVOTRA » en partenariat avec l’Agrisud International et la fondation GoodPlanet a été mis en œuvre dans la région d’Itasy depuis 2011 dont l’objectif est non seulement de montrer que la pratique de l’agroécologie (SRI, compost,…) permet de lutter contre le changement climatique et de promouvoir un développement durable mais aussi d’imaginer de nouveaux mécanismes de financement des pratiques agricoles durables grâce au « marché du carbone ».L’étude réalisée en 2010-2011 sur l’empreinte carbone des exploitations agricoles dans la région d’Itasy par Rakotovao (2011)a démontré l’intérêt de ces pratiques agroécologiques dans l’atténuation du changement climatique (Agroecologie et foresterie à Itasy,2011).
Cette étude, quant à elle, est focalisée sur la comparaison des empreintes carbones de 50 exploitations agricoles de la commune d’Imerintsiatosika basées sur des pratiques agroécologiques dans la région d’Itasy. Cette commune est intéressante pour le projet MAHAVOTRA car les informations recueillies complètent leur base de données sur lesimpacts environnementaux en termes d’émissions de GES des différentes pratiques agroécologiques mises en place par le projet.
Présentation du milieu d’étude
Localisation géographique
La commune rurale d’Imerintsiatosika se trouve dans la Région Itasyet fait partie de la zone d’intervention du projet Agrisud International à Madagascar. Elle appartient au district d’Arivonimamo et se situe au Moyen-Ouest d’Antananarivo, à 28 km de la capitale sur la RN1. La commune d’Imerintsiatosika est composée de 48 villages contrôlés par le chef-lieu du village et a comme coordonnées GPS : S18°55’19.4 E047°10’47.24.Elle couvre une superficie totale de 282km² (PRD Itasy, 2005).
Milieu physique
Climat
La région d’Imerintsiatosika est caractérisée par un climat de type tropical d’altitude à rythme pluviométrique, avec l’alternance d’une saison chaude et humide d’Octobre à avril et d’une saison fraiche et sèche de mai à septembre. La température moyenne annuelle est de l’ordre de 17°C tandis que la pluviosité moyenne annuelle est d’environ 1150 mm (Service météorologie d’Ampandrianomby, 1995-2007).
La topographie
Le relief est formé, dans sa majeure partie, de montagnes et de collines ainsi que de quelques bas-fonds en alternance. Des variations de pentes sont constatées : le long des collines les pentes sont plus ou moins modérées et s’échelonnent entre 15 à 30% environs, tandis que sur les flancs de vallées et sur les sommets, les pentes sont plus fortes et peuvent atteindre plus de 40%. L’altitude varie entre 1260 et 1445m.
Pédologie
Les sols ferralitiques typiques des Hautes Terres dominent la région et sont localisés en bas de pente et sur les basses collines. Des types de sols hydromorphes sont particulièrement occupés par de riziculture irriguée et sont dominés par un engorgement temporaire ou permanent d’eau. Enfin, des types de sols à tendance peu évoluée ou Baiboho se situent le long de la rivière Katsaoka (bourrelet de berge) riche en potasse (K2O) mais qui manque en général de phosphate (P2O5) et d’Azote (N). En plus, il y a aussi des sols peu évolués d’érosion (colluvion de bas de pente), qui se développent sur gneiss que l’érosion a mis à nu sur des pentes très marquées (Rabenaivo, 2000).
Hydrologie
Le système hydrologique ressemble à celui des hautes terres centrales. La zone est traversée à l’Est par le fleuve de Katsaoka (affluent de l’Ikopa).La rivière d’Iombofotsy passe au nord-ouest de la région. Les rivières sont biens alimentées, mais des crues exceptionnelles augmentent les débits à des valeurs spécifiques, qui sont parfois enregistrées en période cyclonique, entraînant des inondations. Le débit moyen annuel est de l’ordre de 15 à 50l/s/km² et varie avec l’importance du régime pluvial et celui de la pente du relief.
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Table des matières
I.INTRODUCTION
I.1. CONTEXTE GENERAL DE L’ETUDE
I.2. PROBLEMATIQUE
I.3 OBJECTIFS ET HYPOTHESES DE L’ETUDE
I.3.1.Objectifs
I.3.2 Hypothèses
II. METHODOLOGIE
II.1 PRESENTATION DU MILIEU D’ETUDE
II.1.1Localisation géographique
II.1.2 Milieu physique
II.1.2.1 Climat
II.1.2.2 La topographie
II.1.2.3 Pédologie
II.1.2.4 Hydrologie
II.2. CARACTERISTIQUES DES EXPLOITATIONS AGRICOLES ETUDIEES
II.2.1. Localisation des exploitations étudiées
II.2.2. Typologie des exploitations agricoles
II.3. TRAVAUX DE TERRAIN
II.3.1. Enquête
II.3.2. Relevés GPS
II.3.3. Inventaire des espèces ligneuses et mesures dendrométriques
II.4. TRAITEMENT ET ANALYSE DES DONNEES
II.4.1. Carte des flux des ressources
II.4.1.1 Traitement de données issues des enquêtes
II.4.1.2 Caractérisation des compartiments et des flux
II.4.2. Intégration des données GPS dans un SIG
II.4.3. Détermination de l’empreinte carbone des exploitations
II.4.3.1. Définition de l’empreinte carbone
II.4.3.2.Calculateur de l’empreinte carbone
II.4.3.3. Les sources de GES
III.4.3.4. Les puits de GES
III.4.3.5.Traitement statistique
III. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III.1 EMPREINTE CARBONE DES EXPLOITATIONS AGRICOLES DANS LA REGION
III.1.1 Empreinte carbone par classe d’exploitation agricole
III.1.1.1 Description de chaque classe
III.1.1.2 Empreinte carbone par classe
III.1.2 Empreinte carbone par qualité d’adoption d’exploitation agricole
III.2. CARTE DE FLUX ET EMPREINTE CARBONE DE QUELQUES EXPLOITATIONS TYPES
III.2.1 Empreinte carbone de la classe 1
III.2.1.1.Type «Classe 1-Maître exploitants»
III.2.1.2. Type « classe 1-Paysans adoptants »
III.2.1.3. Type « classe 1-Paysans non adoptants »
III.2.2 Empreinte carbone de la classe 2
III2.3.2.1 Type « classe 2-Maître exploitants»
III.2.2.2 Type « classe 2-Paysans adoptants »
III.2.2.3 Type « classe 2-Paysans non adoptants »
III.2.3 Empreinte carbone de la classe 3
III.2.3.1 Type « Maître exploitants»
III.2.3.2 Type « classe 3-Paysans adoptants »
III.2.3.3 Type « classe 3-Paysans non adoptants »
IV.DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
IV.1. DISCUSSIONS
IV.1.1. Sur la méthodologie
IV.1.1.1 Travaux de terrain
IV.1.1.2.Calcul de l’empreinte carbone
IV.1.2.Empreinte carbone des exploitations par classe et par qualité d’adoption
IV.1.2.1Contribution des différents postes à l’empreinte carbone par qualité d’adoption
IV.1.2.2.Diversité des modes de gestion et impacts sur le bilan de GES
IV.1.2.2. Etude comparative de l’empreinte carbone
IV.1.2.3.Influence des activités non agricoles sur l’empreinte carbone des exploitations agricoles
IV.1.2.4.Situation par rapport aux études déjà effectuées
IV.1.2.5 Sur les hypothèses
IV.2. RECOMMANDATIONS
IV.2.1. Apports et intérêts de la recherche
IV.2.1.1 Intérêts scientifiques
IV.2.1.2. Apport pour le projet MAHAVOTRA et l’ONG Agrisud Internationale
IV.2.2. Recommandations méthodologiques
IV.2.2.1 Analyses en laboratoire
IV.2.2.2 Elaboration de nouvelle typologie
IV.2.3. Recommandations sur les résultats
IV.2.3.1.Sur les résultats
IV.2.3.2.Sur le calculateur
V.CONCLUSION