Emigration, Réseaux Ethniques et IDE

Le modèle de Stark, Helmenstein et Prskawetz (1997)

Les écrivains ont pensé qu’une économie ouverte à l’immigration n’offre pas seulement des opportunités pour les travailleurs mais elle influence également sur la structure des motivations qu’ils confrontent. « Les hauts salaires prévus pour les plus qualifiés dans les pays étrangers affectent la décision d’acquisition des qualifications dans les pays d’origine » (Stark et al., 1997). D’une façon plus simple, la migration internationale motive l’éducation dans les pays d’origine ce qui représente un moteur pour le développement de ces derniers.

Ils ont essayé de formuler un modèle qui prend en considération les opportunités offertes aux travailleurs étrangers. Les économistes ont intégré les motivations par les salaires et les informations disponibles aux travailleurs dans les pays d’origine ainsi qu’aux employeurs dans les pays d’accueil, afin de démontrer que « la fuite des cerveaux peut en effets être un bien déguisé » c’est-à-dire le Brain Drain peut se convertir en Brain Gain dans le pays d’origine.

Leurs arguments sont simples : Face à une opportunité d’émigrer et recevoir un revenu espéré plus haut, sous la condition d’avoir un certain niveau d’éducation, les travailleurs qui tendent à optimiser leur revenu, acquièrent le capital humain nécessaire et migrent. Les employeurs dans le pays d’accueil payent initialement tous les travailleurs migrants le même salaire28. Par la suite, et après le déchiffrage des qualifications individuelles, les employeurs façonnent leurs payements selon les productivités individuelles.

Dans cette optique, les travailleurs qualifiés vont récolter des salaires plus hauts et ceux qui sont moins qualifiés peuvent avoir des salaires plus bas, même plus bas que ceux récoltés dans les pays d’origine. Stark (1995) a signalé la possibilité de retour de quelques travailleurs non qualifiés après la découverte des qualifications et l’ajustement des salaires.

Les auteurs ont voulu calculer le niveau moyen du capital humain dans les pays d’origine en situation d’économie fermée après l’émigration et l’émigration-retour. Ils ont spécifié les conditions sous lesquelles le niveau moyen du capital humain dans le pays d’origine après l’émigration et l’émigration-retour est plus élevé que le niveau qui correspond si l’émigration n’est pas autorisée. C’est dans ce cas-là, que nous pouvons parler d’un effet positif de l’émigration sur les économies des pays d’origine.

Ils ont conclu que la formation du capital humain répond aux effets de l’émigration sur l’incidence du Brain Gain. Cet effet résulte surtout de l’émigration des travailleurs moins qualifiés. Le Brain Gain peut survenir sans recoure à l’argument de l’apparition du gain à partir de nouveaux qualifications qui sont acquises à l’étranger et rapportées au pays d’origine après le retour (Stark et al., 1997).

En général, leurs résultats ont suggéré que le la fuite des cerveaux bénéfique survient largement si la participation des moins qualifiés dans l’occupation est plus large. La grille des salaires respectant les qualifications dans les pays d’accueils est plus séduisante que celle dans les pays d’origines. Pour eux, puisque l’émigration espérée modifie favorablement les motivations des travailleurs envers l’investissement dans le capital humain dans les pays pauvres, les décideurs politique doivent réviser leurs décisions avant de s’engager dans les mesures qui entravent la migration internationale.

Le modèle de Montford (1997)

Comme les premiers, cet économiste a montré l’effet de la fuite des cerveaux sur la motivation de l’éducation. Pour cela, il a utilisé une version simplifiée du modèle de Miyagiwa (1991)29. Après avoir décrit l’économie sans l’émigration, l’auteur a passé aux effets de l’émigration des personnes éduquées30 d’un côté, et lors de l’absence du recrutement des émigrés éduqués de l’autre côté. Sous le «contrôle d’immigration», l’auteur a supposé que la probabilité d’une émigration réussie est indépendante du nombre des travailleurs éligibles d’émigrer33. Ainsi, la politique migratoire, pour lui, est totalement anticipée. Il a supposé, sous l’ordre de la motivation du désir d’émigration, que le salaire par unité d’efficience du travail est toujours plus élevé dans une grande économie que dans une petite économie ouverte. L’économiste a conclu que le niveau de la technologie est toujours plus élevé dans l’économie mondiale.

Sous le contrôle d’immigration, et lorsqu’il existe une probabilité d’émigration, la décision d’éducation des agents devient un problème d’utilité espérée, ce qui a poussé l’auteur à supposer que les agents sont neutre face aux risques. Il existe une possibilité que l’auteur a mentionnée, celle dans le cas où le gouvernement du pays d’origine peut influencer la probabilité d’émigration, à travers un agrément avec le gouvernement de l’autre monde ou via le contrôle des frontières.

En général, l’économiste a pensé que si la fuite des cerveaux est bénéfique pour les pays d’origine, cela dépond de la taille relative de ce nombre. C’est-à-dire l’effet positif de la fuite des cerveaux va dominer l’effet négatif, s’il est faible et si la proportion des agents éduqués dans le pays d’origine est faible aussi. En général, l’économiste a montré que la fuite des cerveaux peut augmenter la productivité dans le pays d’origine34. Il a aussi montré comment une possibilité d’une émigration temporaire de main d’oeuvre éduquée peut influencer sur l’augmentation de la productivité du pays d’origine.

Dans le même article, l’économiste a étudié la façon dont laquelle la migration peut modifier la distribution des revenus d’un côté et la structure des classes d’éducation dans le pays d’origine. Il a considéré trois niveaux d’éducation et il a montré comment la fuite des cerveaux élimine le niveau le plus bas dans la structure d’éducation dans les pays d’origine. Aussi, cette fuite, pousse les descendants de tous les agents qui restent dans le pays à la convergence vers le niveau le plus élevé de la structure.
Dans ce papier, Montford a montré que – lorsque l’accumulation du capital humain est endogène et l’émigration successive n’est plus une certitude – l’interaction entre la décision d’accumulation du capital humain, la croissance et la distribution des revenus pousse la fuite des cerveaux temporaire ou permanente à augmenter. Aussi, cette même interaction engendre une égalité des revenus dans une petite économie ouverte.

Le modèle de Vidal (1998)

L’idée générale de ce travail tourne sur l’effet possible de l’émigration sur la formation du capital humain. Selon Vidal, l’émigration vers les pays fournissant des salaires élevés pour les plus qualifiés, génère une motivation d’investissement dans le capital humain. Alors le niveau de la formation du capital humain dans le pays d’origine peut ainsi être positivement corrélé avec la probabilité d’émigration internationale.

Ce qui est de nouveau dans ce papier est la modélisation de la trappe de pauvreté. Selon l’économiste, la monté d’émigration peut mener le pays d’origine à sortir de la trappe de sous-développement. Aussi, l’auteur a discuté les implications du modèle pour la controverse de la convergence. A travers l’investissement dans le capital humain, les individus augmentent leurs capacités rentables et contribuent à l’augmentation du niveau de la productivité. La formation du capital humain est ainsi guidée par des motivations individuelles et des externalités dans et à travers les générations. L’un des caractéristiques intéressantes de l’approche OLG pour le capital humain et la croissance est la possibilité de multiplier les états stationnaires et des systèmes dynamiques caractérisés par des externalités limités.

Le modèle de base développé par l’économiste suit étroitement le cadre développé par Galor et Tsiddon (1996)37 et complète le modèle de Montford. Il a développé d’avantage l’idée qui prédit que l’émigration peut être constructive de la croissance économique à travers la fourniture d’une motivation à la formation du capital humain dans les pays d’origine.

Vidal a posé une condition sous laquelle l’émigration cause une bifurcation dans les dynamiques du modèle. Selon lui, dans ce cas l’émigration peut libérer le pays d’origine de la trappe de sous-développement. Pour que cette condition se réalise, la probabilité d’émigration doit être suffisamment élevée, ce qui implique la nécessité d’un effet de seuil, comme dans le modèle d’Azariadis et Drazen (1990). Dans la deuxième piste, l’auteur a considéré une extension dans laquelle la probabilité d’émigration est endogène et supposée dépendre du niveau moyen du capital humain dans le pays d’origine.

Dans le même ordre d’idée, afin d’analyser les implications de la migration internationale du travail, l’auteur a posé la problématique suivante : Comment une augmentation dans la probabilité d’émigration peut-elle affecter la structure de la formation du capital humain dans le pays d’origine ? Ensuite, Vidal a démontré la proposition suivante : Plus la probabilité d’émigration est élevée plus le niveau de la formation du capital humain est élevé. Pour le faire, il a supposé que l’externalité positive gouvernant l’accumulation du capital humain est du type Galor et Stark (1994).

En général, dans ce papier, l’auteur a développé d’avantage la possibilité d’une émigration du travail qui peut réellement être constructive de la croissance économique. Pour cela, il a fourni une motivation supplémentaire de la formation du capital humain dans le pays d’origine. Aussi, il a conclu que les barrières posées à l’émigration par les pays caractérisés par des salaires élevés découragent la formation du capital humain dans les pays caractérisés par des salaires faibles. Aussi, les opportunités du travail dans les pays voisins, technologiquement supérieurs, génèrent des effets d’externalités « Spillover effets» sur la formation du capital humain dans les pays d’origines.

Pour lui, ces résultats sont compatibles avec les travaux empiriques de Chua (1993) qui a montré que la convergence est plus favorable de survenir entre les pays de la même région qu’entre les régions dans le monde. Parallèlement, Beine et al., (1998) et Beine et al., (2011)38 ont fourni un support empirique pour un effet positif de l’émigration internationale sur les taux de croissance des pays d’origine.

Après avoir terminé avec les modèles théoriques qui ont tenté de trouver un lien positif de l’émigration sur la croissance en passant par le biais de l’augmentation du capital humain dans les pays d’origine, nous allons dans ce qui suit focalisé sur les études empiriques qui ont tranché sur la question de la fuite des cerveaux et la croissance économique.

Les études empiriques

Les données empiriques tentant d’affirmer ces travaux théoriques ont été mitigés. Bein et al., (2001) ont étudié les effets de la migration internationale sur la formation du capital humain et la croissance dans les pays d’origine. Selon eux la migration internationale génère deux genres d’effets : Premièrement, un effet dit « l’effet des cerveaux39 », selon lequel, sous l’hypothèse de l’ouverture du pays d’origine, les chances d’émigration contre des salaires espérés relativement élevés vont encourager l’investissement dans l’éducation. Le deuxième effet dit : « l’effet Fuite40 », il représente la deuxième partie du scénario de l’émigration, qui conduit vers « le départ de quelques si ce n’est pas tous les agents éduqués » (Bein et al., 2001).

Les auteurs ont regroupé leurs scénarios pour pouvoir tirer un indicateur d’impact total qui capte le fait de la domination de l’un des deux effets. Ainsi, à travers leur modèle qui ne diffère pas des trois modèles de base déjà cités, ils ont essayé de détecter la présence d’une fuite des cerveaux bénéfique. Ils ont trouvé que la fuite des cerveaux bénéfique est réalisable dans le cas où le pays se trouve dans une trappe de sous-développement avec des probabilités d’émigration pas élevées. Aussi, la fuite des cerveaux bénéfique peut survenir lorsque le pays est relativement croissant avec des probabilités d’émigration moyennes. Empiriquement, les résultats ont montré la présence d’une fuite des cerveaux bénéfique plus large que dans les prédictions théoriques.

Après ces confirmations empiriques, les auteurs ont suggéré l’élimination des barrières à l’émigration posées pour préserver les financements publics de l’éducation. Selon eux l’établissement de telles barrières aura un effet négatif sur la formation du capital humain à long terme. Finalement, les auteurs ont pensé qu’à partir des perspectives des pays de destination, les politiques migratoires sélectives doivent aussi être révisées sous la lumière de leurs impacts sur la croissance dans les pays d’origine.

Defoort (2007) a exploré une nouvelle base de données contenant les stocks et les taux d’émigration vers les 6 principaux pays receveurs de l’OCDE, ces statistiques sont classées par niveau d’éducation. L’économiste a montré dans sa thèse de doctorat que l’émigration qualifiée a certes augmenté à partir du début des années 90 dans le cadre de la globalisation de la mobilité et la hausse mondiale des qualifications. L’auteur a également constaté l’existence des inégalités dans les pays d’origine poussant à l’encouragement de l’émigration qualifiée au détriment de l’émigration non qualifiée.

D’un côté, elle a mis en évidence la possibilité de l’existence d’une fuite de cerveau bénéfique dans les pays les plus pauvres, à condition, les taux d’émigration qualifiée ne doivent pas être grands. D’un autre côté, selon Defoort: « Les projections de taux de fuite des cerveaux à l’horizon 2050 nous montrent qu’une accentuation des politiques d’immigration (choisie) dans les principaux pays receveurs européens pourrait s’avérer extrêmement néfaste pour les pays de départ des migrants » (Defoort, 2007).

Brzozowski (2007) a essayé d’étudier la relation entre la migration de la main d’oeuvre qualifiée, l’investissement en éducation et la croissance économique. Il a défini la perte due à la fuite des cerveaux par l’occupation de la main qualifiée des emplois des travailleurs non qualifiés. Pour en arriver là, l’auteur a développé un modèle dans lequel il a conclu que cette « perte de cerveaux est doublement nuisible aux économies en transition » (Brzozowski, 2007). En premier lieux, l’auteur a mentionné le départ d’un grand nombre de travailleurs qualifiés comme une perte considérable dans le capital humain. La réduction du capital humain dans ces pays d’origine engendre une réduction dans la croissance économique.

Deuxièmement, il a pensé que les perspectives de la migration internationale baisse le rendement du capital humain, donc, la majorité des individus font des études pour émigrer. Selon lui, « Cette effet négatif des cerveaux réduit à son tour le taux de croissance du pays d’origine » (Brzozowski, 2007).
Brzozowski (2008) a pensé que les études empiriques et théoriques sur le sujet ont été trop optimistes. L’auteur a démontré que la menace de l’abondant des études due à l’utilisation inappropriée du capital humain des immigrés peux en réalité diminuer l’investissement en éducation future. L’économiste a critiqué les méthodes d’analyse suivies par les économistes de la nouvelle économie de la fuite des cerveaux. Selon lui, les chercheurs doivent analyser les effets de diasporas théoriquement et empiriquement, l’impact du trans-nationalisme de la main d’oeuvre qualifiée sur le développement des pays d’origine, les études empirique au niveaux microéconomique et les enquêtes sur l’éducation induite doivent être complétées dans des régions ou la main d’oeuvre est facilement transportables.

Bein, Docquiert et Rapoport, dans leurs fameux article “Brain Drain and Human Capital Formation in Developping Countries : winners and losers” (2008), ils ont utilisé une nouvelle base de données45 de 127 pays sur le taux d’émigration par les niveaux d’éducation. Leurs résultats ont montré l’existence d’un effet positif des perspectives de l’émigration qualifiée sur les niveaux de formation du capital humain. Ils ont trouvé que l’élasticité de la formation du capital humain à l’émigration qualifiée est stable à travers les spécifications et les méthodes d’estimation et elle est égale à 5%.

L’aspect théorique

La littérature sur les transferts de fonds reste jusqu’au là sans contours. La plus part des travaux ont suivi le même chemin pour identifier les causes, les couts et les bénéfices des transferts de fonds sans essayer d’aller vers une variété méthodique. Comme tout phénomène influant sur l’économie, ses effets ont des causes et des conséquences. On ce qui concerne les causes des transferts de fonds, les études de Stark (1991), Brown (1997), Poirine (1997) et Smith (2003) ont distingué quatre causes principales, qui peuvent être résumé comme suite :

La première est la motivation altruiste, l’idée est que les émigrés transfèrent de l’argent vers le reste de la famille dans le pays d’origine par ce qu’ils se soucient du bien-être de la famille. A travers le modèle altruiste, le transfert de fonds donne une satisfaction aux émigrants grâce à leur préoccupation du bien-être de la famille. Les transferts de fonds altruistes sont plus répondus dans les pays ou la solidarité familiale est forte70. Les familles dans les sociétés arabes et musulmanes sont très solidaires. En Algérie par exemple, un membre peut fonder une famille et vivre dans la maison familiale toute sa vie, ce qui n’est pas le cas dans les pays dits développés.

La seconde motivation est basée sur l’intérêt personnel. Un mobile égoïste qui pousse l’émigré à transférer son épargne vers un endroit plus sûr. Pour lui, il doit sauver au moins une tranche de ces actifs en les transférant vers son pays d’origine. En général, les émigrés investissent leurs argents dans l’achat du foncier ou dans des actifs financiers (Les titres surtout), car ça représente une façon d’épargner avec des gains garantis.

Les fonds transférés et les investissements placés sont en général administrés par un ou plusieurs membres de la famille restants dans le pays d’origine. Durant la période d’émigration, l’émigré a besoin des agents de confiance pour leur confier son épargne. Dans ce cas, les membres de la famille, qui ont contribué à accroitre la richesse de la famille, sont les plus favorables à recevoir un héritage dans l’avenir. Donc, même la motivation égoïste ne peut pas être dissociée de la raison altruiste.

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Table des matières

Introduction Générale
Chapitre I : Espérances d’émigration et fuite des cerveaux bénéfique
1- La revue de la littérature
2- Les études empiriques
3- Les perspectives d’émigration des étudiants algériens et le capital humain
Chapitre II : Transferts de Fonds
1- L’aspect théorique
2- Les cas pratiques
3- Les transferts de fonds vers l’Algérie
Chapitre III : Migration Retour
1- Les théories de base
2- Les études empiriques
3- La migration-retour des algériens
Chapitre IV : Emigration, Réseaux Ethniques et IDE
1- Un survol théorique
2- Les réseaux ethniques algériens
3- Les IDE en Algérie
Chapitre V : Réseaux Ethniques et Commerce Extérieur
1- La revue de la littérature
2- Les études empiriques
3- L’émigration des algériens et le commerce international
Conclusion Générale

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