Emergence et évolution de la géographie urbaine
Méthode de travail
A partir de ce mémoire, nous cherchons à faire une analyse de la pertinence des documents d’urbanisme dans l’approche actuelle de l’aménagement des territoires. Il était important de veiller à expliquer le sens des mots, de savoir précisément de quoi nous allions parler. Pour illustrer les enjeux qui font le sujet d’étude de ce mémoire, il convient de choisir un territoire. Le choix s’est porté sur les Hauts de Saint-Aubin qui avaient la spécificité d’être un territoire actuellement en pleine transformation. Pour comprendre la bonne application ou non des enjeux sur le territoire, il convient d’en saisir toutes les caractéristiques physiques, paysagères, démographiques, urbaines, économiques et sociales. Les connaissances acquises en géographie ont permis d’appréhender toutes les subtilités des Hauts de Saint-Aubin. La partie suivante a nécessité de faire un long travail de tri par rapport au contenu des différents documents. La plupart avaient des enjeux similaires mais exprimés à des échelles différentes. Les documents d’urbanisme sont bien connus pour être relativement volumineux et le piège de ce travail aurait été de proposer un rappel des orientations sous la même forme. Le mémoire consistait donc à synthétiser toutes ces informations et d’en faire ressortir les enjeux essentiels qui concernaient notre terrain d’étude.
Le plus intéressant finalement reste la partie suivante qui confronte les discours politiques des acteurs avec la réalité du terrain. Les parties quatre et cinq se présentent plus sous la forme d’un diagnostic territorial, travail qui s’avère être enrichissant dans une future carrière en aménagement territorial et paysager. Pendant plusieurs jours de l’année 2015-2016, il a fallu se rendre sur place pour suivre l’évolution territoriale des quartiers Verneau et des Capucins afin de mettre à jour les données et constats établis auparavant. Ce mémoire propose ainsi une base de données, riche en photographies pour illustrer l’application des enjeux sur le territoire. Toutefois, il ne faut pas tomber dans le piège de se contenter de l’aspect matériel du territoire. Un territoire c’est aussi une population. Pour comprendre les représentations spatiales et avoir le ressenti des habitants sur l’application des objectifs de leurs territoires, il a fallu avoir recours à une enquête de terrain auprès des habitants. Cette enquête est davantage d’ordre qualitatif que quantitatif : l’échantillonnage ne comprend que 20 habitants.
La limite de cette enquête est qu’elle ne soit pas suffisamment représentative de l’ensemble de la population vivant sur les Hauts de Saint-Aubin. Cependant, le contexte fait qu’il est actuellement difficile d’établir une enquête quantitative étant donné que l’ORU du quartier Verneau n’est pas terminée et que d’autres aménagements sont prévus pour accueillir davantage d’habitants dans le quartier. Nous avons donc veillé à avoir un échantillonnage assez représentatif tant sur le sexe des personnes interrogées (cf. graphique n°1), que sur leur âge (cf. graphique n°2), leur statut socioprofessionnel (cf. graphique n°3), leur sous-quartier de résidence (cf. graphique n°4). Tout le travail d’analyse sur la traduction des enjeux sur le territoire se fonde sur un point de vue paysager dans la mesure où c’est le paysage qui sert de support de lecture et de compréhension d’un territoire.
Epistémologie
Etudier des documents d’urbanisme nécessite d’avoir pleine connaissance des termes qui sont employés. Il est important qu’on les explique dans une approche géographique. Il est nécessaire également de comprendre comment la ville à pu être appréhendée par les sociétés humaines au fil du temps. En effet, les modèles propres à la géographie urbaine ont permis de comprendre que les espaces urbains devaient être maitrisés, réglementés pour éviter une organisation anarchique de l’espace. D’ailleurs, tout le long de cette étude, nous répondrons à nos problématiques de départ en faisant appel à plusieurs sous-disciplines de la géographie : la géographie humaine, la géographie urbaine, la géographie sociale, la géographie culturelle, la géographie économique, la géographie de la population ou encore la géographie physique et environnementale. Il faut également souligner que l’étude fera appel à d’autres disciplines qui seront en interrelation. « Les villes sont la projection, sur une fraction de l’espace, des conditions naturelles, des héritages de l’histoire, du jeu des forces économiques, des efforts du progrès technique, du génie créateur des architectes, des contraintes administratives, des habitudes quotidiennes comme des aspirations conscientes ou inconscientes de leurs habitants. »(Etienne Dalmasso, 1989).
En effet, l’approche historique sera nécessaire pour expliquer l’évolution de l’aménagement du territoire au fil du temps. Des éléments de sociologie ou de psychologie seront présents lorsque nous aborderons des aspects de géographie sociale, ou encore l’étude du ressenti de la population à propos de leur territoire. Des aspects politiques seront évidemment évoqués car aménager des territoires résulte d’une politique; c’est-à-dire de choix stratégiques qui sont en premier lieu encouragés par les pouvoirs publics.
Le quartier Selon le Dictionnaire
Larousse (2006), le quartier est « une division administrative faisant partie d’une ville. » Pierre Merlin précise davantage cette définition en y ajoutant qu’il s’agit « d’une fraction de territoire qui est compris dans une ville avec des distinctions propres, […], formant une certaine unité, une individualité »7. On peut donc en déduire que le quartier est une portion de la ville qui se distingue de par ses caractéristiques territoriales et qui forme une unité reconnue administrativement. Il peut aussi renvoyer à une communauté, un groupe d’habitants, qui serait localisée dans cette portion de la ville. C’est au début du XXème siècle que le terme de quartier apparait dans l’étude des espaces urbains avec les travaux d’Elisée Reclus en 1895. Toutefois il sera surtout étudié à partir des années 1930 dans les analyses intra-urbaines que nous développeront dans la partie suivante. Le quartier est une échelle de référence pour étudier l’emplacement, la fonction, la démographie, l’évolution d’un territoire (R. Blanchard, 1935)8.
Il est aussi « une fraction d’espace urbain qui présente des caractères communs » (G.Chabot, 1948)9. Il a longtemps été un flou conceptuel : certains (les aménageurs notamment) lui attribuent une valeur fonctionnaliste : pour eux le quartier est un espace divisé socialement et techniquement qui font l’objet d’une certaine typologie. On distingue alors le Quartier d’affaire du quartier industriel, le quartier résidentiel du quartier ethnique,…D’autres (les sociologues par exemple), en parallèle, donnent au quartier une valeur organisatrice de l’espace urbain, c’est à dire que c’est un espace socialisé qui se structure grâce à une organisation communautaire, voire familiale et à une certaine proximité avec le voisinage. Dans les années 1980, les travaux du géographe Pierre Merlin ou encore de l’historienne Françoise Choay montrent que l’on aurait plus tendance aujourd’hui à prendre en compte les pratiques culturelles et de loisirs des habitants pour définir un quartier. En 2007, Anne-Lise Humain-Lamoure déduit à partir des travaux d’Authier, Bacqué et Guérin-Pace que le quartier est finalement « le résultat spatial de processus sociaux“10.
Lorsque l’on met en place une politique d’aménagement qui concerne la ville, on inclue automatiquement le quartier dans ces opérations. On le conçoit pour qu’il s’intègre à un réseau territorial en veillant à ce qu’il ait une fonction particulière et à ce qu’il présente des équipements publics. « Le quartier est le territoire dans lequel s’inscrit l’opération d’aménagement »(S.Guelton)11. C’est à cette échelle que les documents d’urbanisme doivent concilier les fonctions et les usages dans une organisation adaptée à l’espace urbain. C’est dans les années 1970, que les géographes vont commencer à contester la légitimité historique du quartier : les évolutions des villes en France, font qu’elles cherchent de plus en plus à s’intégrer à un système territorial multipolarisé. Lorsque c’est le cas, le quartier a tendance à perdre ses éléments d’identité passée dans le paysage. Toutefois, l’histoire du quartier demeure dans les représentations. Le nom du quartier fait souvent référence à un lieu-dit, un village de « l’époque rurale pré-urbaine » (M.J Bertrand)12 ou encore les anciennes pratiques de groupes socio-démographiques qui occupaient les lieux auparavant.13 Aujourd’hui on pense la ville à l’échelle de l’agglomération et le quartier est le résultat de politiques d’aménagement pensées à cette échelle. On aménage les quartiers pour faire en sorte que la ville soit intégrée à sa périphérie et connectée aux communes avoisinantes, donc à un système territorial multipolaire.
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Table des matières
INTRODUCTION
METHODE DE TRAVAIL
1. Epistémologie
1.1. Concepts et définitions
1.1.1. La ville et l’espace urbain
1.1.2. Le quartier
1.1.3. Les documents d’urbanisme
1.2. Emergence et évolution de la géographie urbaine
1.2.1. Les modèles de l’organisation géographique intra-urbaine
1.2.2. Les modèles systémiques en géographie urbaine
1.3. L’aménagement urbain : évolution et des enjeux nouveaux
1.3.1. Une notion plus générale : l’aménagement du territoire
1.3.2. Les principaux courants de l’aménagement urbain
2. Présentation du terrain d’étude
2.1. Localisation générale
2.2. Transformations de l’urbanisation du quartier
2.3. Démographie du quartier
2.4. Analyse paysagère de la zone d’étude
3. Des documents qui ont joué un rôle essentiel dans l’évolution du quartier Verneau
3.1. Les enjeux urbains et de mobilités
3.2. Les enjeux économiques
3.3. Les enjeux socio-culturels
3.4. Les enjeux environnementaux et paysagers
4. Une inégale application des enjeux territoriaux dans l’espace urbain des Hauts de Saint-Aubin
4.1. Des enjeux économiques globalement bien traduits sur le territoire
4.2. La traduction des enjeux socio-culturels autour de la mixité sociale
4.3. Des enjeux traduits autour de la valorisation paysagère et de la protection de l’environnement
4.4. Des enjeux urbains en partie liés à la rénovation urbaine de Verneau
5. La difficile application de certains enjeux sur les Hauts de Saint-Aubin
5.1. Des enjeux encore insuffisamment pris en compte
5.2. Des enjeux qui peuvent s’opposer sur un même territoire
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES ILLUSTRATIONS
TABLE DES CARTES
TABLE DES PHOTOS
TABLE DES GRAPHIQUES
TABLE DES SIGLES
ANNEXES
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