Une paralysie faciale est définie comme la perte de la mimique par atteinte des voies motrices faciales [1]. Elle est périphérique quand l’atteinte du nerf facial siège au niveau de son noyau pontique ou du tronc cérébral ; tout au long de l’angle pontocérébelleux jusqu’à la glande parotide [2]. Le visage transmet nos émotions et les signaux de la communication non verbale. La perte du sourire et de l’expression du visage dépasse donc largement un simple déficit moteur [3]. La paralysie faciale périphérique est une pathologie relativement fréquente et toujours rencontrée en consultation d’urgence du fait du préjudice esthétique et psychologique qu’elle engendre. Et exige une attitude diagnostique et thérapeutique spécifique [4-5]. Elle survient aussi bien chez les hommes que chez les femmes, sans prédominance saisonnière. Elle touche environ 20 à 30 personnes sur 100 000 par an en France et en Tunisie [6]. Chez l’enfant comme chez l’adulte, son incidence est estimée à environ 0,5 pour 1000. Selon une étude malgache sur la paralysie faciale réalisée par Rakotoarisoa et son équipe publiée en 2012, la paralysie faciale périphérique à frigore constituait 72,18% des cas [7]. Actuellement à Madagascar, la paralysie faciale périphérique pose un problème diagnostique et étiologique : un problème diagnostique à cause de l’absence de diagnostic topographique, l’insuffisance d’utilisation des moyens d’exploration fonctionnelle du nerf facial, l’inexistence de matériels pour les explorations électrophysiologiques, le manque de moyen financier des patients ; un problème étiologique à cause d’un grand nombre de paralysie faciale périphérique sans cause retrouvée.
LE NERF FACIAL
Le nerf facial ou le VII est la septième paire des nerfs crâniens. C’est un nerf mixte, constitué d’une volumineuse racine motrice qui se distribue aux muscles peauciers de la face et du cou, et d’une racine sensitivo-sensorielle, plus grêle .
EMBRYOLOGIE DU NERF FACIAL
Le primordium acousticofacial provient du rhombencéphale, et apparait à la troisième semaine d’âge embryonnaire. Le nerf facial va assurer l’innervation du deuxième arc branchial qui donnera naissance aux muscles de la face, au stapes, au ventre postérieur du muscle digastrique, au ligament et au muscle stylo-hyoïdien, à l’artère stapédienne et au nerf facial lui-même [9]. A la cinquième semaine, le ganglion géniculé s’ébauche et donnera lieu au muscle grand pétreux superficiel. Le nerf intermédiaire s’individualise. Au milieu de cette période apparait une autre branche destinée au ventre postérieur du muscle digastrique [9]. A la septième semaine, le nerf auriculaire postérieur se positionne en aval de la sortie de la corde du tympan et le nerf stapédien est fonctionnel [9]. A la huitième semaine, la capsule cartilagineuse de la vésicule de l’oreille se creuse d’un sillon profond autour du nerf facial, de l’artère stapédienne et du muscle de l’étrier. Ce sillon deviendra le canal facial ou canal de Fallope. Le bourgeon parotidien se développera de part et d’autre du nerf facial formant ainsi deux lobes : une partie exofaciale et l’autre endofaciale [9]. A la vingt et unième semaine, le processus d’ossification du canal de Fallope commence par sa face profonde. Un processus qui ne s’entame pas qu’après la mise en place de toutes les branches collatérales du nerf facial et après la régression de l’artère stapédienne [9]. Initialement le nerf facial suit un trajet rectiligne. Puis à la croissance du mésencéphale, une première coudure appelée genou du nerf se forme à la sixième semaine. Au quatrième mois de vie in utéro ; en rapport avec le développement de la cavité tympanique ; le coude du nerf prend naissance. A la naissance, l’os tympanal et le processus mastoïde sont déjà présents mais leurs développements ne sont pas encore terminés. Ici la troisième portion intra-pétreuse est absente c’est pourquoi la deuxième portion sort directement du foramen stylo-mastoïdien .
ANATOMIE DU NERF FACIAL
Origine réelle
Le noyau moteur se trouve au niveau du colliculus facial situé dans le plancher du quatrième ventricule au niveau pontique [10]. Ces neurones sont subdivisés en deux groupes de fibres : le groupe ventral destiné à l’innervation de la partie supérieure de la face, et le deuxième groupe à celle de la partie inférieure [8]. Le noyau végétatif comprend deux noyaux qui appartiennent au système parasympathique : le noyau lacrymo-muco-nasal situé en arrière du noyau moteur du trijumeau [11].Et le noyau sensitivo-sensoriel qui se situe dans le ganglion géniculé.
Origine apparente
Les axones dans le tronc cérébral sont revêtus d’enveloppe gliale, à la sortie du tronc, elles se munissent d’une gaine de Schwann. A l’issue du tronc cérébral le nerf facial se place au-dessus du nerf intermédiaire puis le quitte par la fossette latérale du bulbe .
Trajet et rapports
Portion intracrânienne
Dans le tronc cérébral, les deux racines motrices et sensitives avec le nerf intermédiaire sortent au niveau de la partie postéro-latérale du pont. Le nerf chemine ensuite dans l’angle ponto-cérébelleux avec le nerf cochléo-vestibulaire pour former le paquet acousticofacial avant d’entrer dans le méat acoustique interne (MAI). A la sortie du MAI, le VII va être entouré d’un canal osseux dans l’os temporal sur trois centimètres : le canal facial [11]. Le nerf peutalors être décomposé en trois segments :
– La première portion (I) ou segment labyrinthique va du fond du MAI au ganglion géniculé et se termine par le genou du VII.
– La deuxième portion (II) ou segment tympanique se termine par le coude du VII.
– La troisième portion (III) ou segment mastoïdien se termine au processus stylomastoïdien .
Portion intrapétreuse
Parmi les nerfs crâniens, le nerf facial est celui qui suit un trajet basi-crânien le plus long mesurant 20 à 30 cm. A l’intérieur de l’os pétreux, il creuse un canal appelé canal facial ou aqueduc de Fallope. Dans ce canal, étroit, le nerf facial suit un trajet contourné dit en baïonnette ou en forme de Z. Cette forme en Z définit trois portions du nerf dans ce canal : labyrinthique, tympanique et mastoïdienne .
Portion extra crânienne
Le nerf facial quitte la mastoïde au niveau du foramen mastoïdien, se divise avant de pénétrer dans la glande parotide pour donner après ses branches terminales .
Branches terminales
Essentiellement deux branches dont la division se fait dans la parotide : une branche supérieure temporo-faciale et une branche inférieure cervico-faciale qui se ramifieront dans les muscles de la peau et du cou .
PHYSIOLOGIE DU NERF FACIAL
Le nerf facial moteur
Le nerf facial a un rôle principal moteur, il assure l’innervation motrice des muscles peauciers de la face et du cou ; à l’exception du releveur de la paupière supérieur (innervée par la troisième paire des nerfs crâniens). Il existe des fibres motrices venant des collatérales du facial (nerf stapédien, nerf auriculaire postérieur, nerf digastrique et stylo-hyoïdien), alors que les fibres terminales sont destinées aux muscles peauciers de la face et du cou (branches temporales, zygomatiques, buccales, mandibulaires et cervicales) .
Le nerf facial parasympathique
Le nerf facial parasympathique innerve le système lacrymo-nasal et le système salivaire. Le système lacrymo-nasal va assurer la sécrétion lacrymale et la sécrétion de mucus au niveau de la cavité nasale. Le système salivaire stimule la sécrétion salivaire des glandes sous-mandibulaires et sublinguales .
Le nerf facial sensitif
Il assure l’innervation de la zone de Ramsay-Hunt qui correspond à une partie du méat acoustique externe et de la région rétro-auriculaire .
Le nerf facial gustatif
Il conduit la gustation issue des bourgeons du goût des deux tiers antérieurs de la langue et du palais .
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I- LE NERF FACIAL
I-1 EMBRYOLOGIE DU NERF FACIAL
I-2 ANATOMIE DU NERF FACIAL
I-2-1 Origine réelle
I-2-2 Origine apparente
I-2-3 Trajet et rapports
I-3 PHYSIOLOGIE DU NERF FACIAL
I-3-1 Le nerf facial moteur
I-3-2 Le nerf facial parasympathique
I-3-3 Le nerf facial sensitif
I-3-4 Le nerf facial gustatif
II- PARALYSIE FACIALE PERIPHERIQUE
II-1 DEFINITION
II-2 URGENCE ET GRAVITE
II-3 ETHIOPATHOGENIE
II-4 EPIDEMIOLOGIE
II-5 DIAGNOSTICS
II-5-1 Diagnostic positif
II-5-2 Diagnostic différentiel
II-5-3 Diagnostic étiologique
II-6 TRAITEMENT
II-6-1 Buts
II-6-2 Moyens
II-6-3 Indications
II-6-4 Surveillance
II-7 EVOLUTION
II-7-1 Guérison spontanée
II-7-2 Séquelles et complications
DEUXIEME PARTIE : METHODES ET RESULTATS
I- METHODES
I-1 Objectifs
I-1-1 Objectif général
I-1-2 Objectifs spécifiques
I-2 Résultats du recrutement
I-3 Caractéristiques du cadre de l’étude
I-3-1 Lieu de l’étude
I-3-2 Description du service
I-3-3 Personnels du service
I-4 Type d’étude
I-5Période d’étude
I-6 Durée d’étude
I-7 Population d’étude
I-7-1 Critères d’inclusion
I-7-2 Critères de non inclusion
I-8 Technique de collecte des données
I-9Variables étudiées
I-10 Considérations éthiques
I-11 Limites de l’étude
II- RESULTATS
II-1 Données socio-démographiques
II-1-1 Selon l’âge
II-1-2 Selon le genre
II-2 Données cliniques
II-2-1 Selon les antécédents
II-2-2 Selon le motif de consultation
II-2-3 Selon le mode de début de la maladie
II-2-4 Selon les signes physiques
II-2-5 Selon les examens audiologiques
II-2-6 Selon les examens d’imagerie médicale
II-3 Données étiologiques
II-4 Traitement
II-4-1 Selon le délai de prise en charge
II-4-2 Selon le traitement médical
II-4-3 Kinésithérapie faciale
II-5 Résultats des traitements
II-5-1 Selon les résultats du traitement médical et de la kinésithérapie
II-5-2 Selon le délai de prise en charge
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
I- Données socio-démographiques
I-1 Age
I-2 Genre
I-3 Fréquence
II- Données cliniques
II-1 Les antécédents
II-2 Le motif de consultation
II-3 Le mode de début
II-4 Les signes physiques
II-5 Les signes associés
II-6 Explorations cliniques du nerf facial
II-6-1 La fonction motrice du nerf facial
II-6-2 Bilan topographique
III- Données paracliniques
III-1 Les examens audiologiques
III-2 L’imagerie
III-3 Les examens biologiques
IV- Les étiologies de la paralysie faciale
V- Traitement
V-1 Selon le délai de prise en charge
V-2 Selon les moyens thérapeutiques
V-3 Selon les résultats du traitement
V-3-1 En fonction des traitements entrepris
V-3-2 En fonction du délai de prise en charge
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES