Embranchement des némathelminthes

Embranchement des némathelminthes

Etude clinique des stéphanofilarioses

Distribution mondiale (52)(8)(23)

La répartition géographique des Stephanofilaria est vraisemblablement très vaste et encore incomplètement décrite. Les articles publiés sur le sujet proviennent majoritairement d’Asie, et d’une moindre part d’Amérique, d’Australie et des républiques du sud de l’ex URSS. Quelques articles européens traitent d’un syndrome similaire aux stéphanofilarioses mais sans en décrire précisément l’étiologie.

Stephanofilaria asiatiques

Les espèces dont la distinction taxonomique est remise en cause, à savoir S. assamensis, S. dedoesi, S. kaeli et S. okinawaensis se retrouvent dans plusieurs pays de l’Asie centrale. Curieusement, chaque pays semble avoir son espèce. Ainsi S. dedoesi a été décrite dans diverses îles de l’Indonésie (Java, Sumatra, Sulawesi, Billiton, Sumbawa), S. kaeli sévit en Malaisie, S. okinawaensis au Japon et S. assamansis en Inde, au Bengladesh, au Pakistan, au Daguestan et en Ouzbékistan.

Stephanofilaria stilesi

Stephanofilaria stilesi est la seule espèce décrite sur le continent américain. Elle est présente surtout aux U.S.A. notamment dans l’ouest où la prévalence dans les troupeaux atteignait 90 % dans les années 1950 (62) et au Canada. Elle a été observée également dans les îles Hawaï avec une prévalence de 89,8 % (6). Un article fait état de sa présence en Guyane (22).Cette espèce est également rencontrée fréquemment en Ouzbékistan et au Daguestan (8)(23)(9)(10).Une filaire ressemblant très fortement à Stephanofilaria stilesi a été étudiée en Australie (53).

Stephanofilaria africaines
Le continent africain ne semble héberger que des Stephanofilaria parasitant des animaux sauvages à savoir S. dinniki sur le rhinocéros noir en Afrique du sud et au Kenya et S. thelazioides sur l’hippopotame. Oduye rapporte néanmoins la présence sur des bovins de lésions de stéphanofilariose confirmées histologiquement au Nigeria lors d’une surveillance d’abattoir (52).

Stéphanofilarioses à espèce indéterminée

Quelques articles européens traitent d’un syndrome « plaies d’été » ressemblant fortement à une atteinte par Stephanofilaria stilesi mais l’agent étiologique n’a jamais été mis en évidence et seules des microfilaires d’espèce indéterminée y ont été trouvées. Ce syndrome a été observé en Finlande (94), en Norvège (12)(13), au Danemark et dans le nord de l’Allemagne (33).
Un autre article rapporte des cas de stéphanofilariose au Brésil mais là aussi sans indiquer l’espèce responsable (77).Le genre Stephanofilaria semble donc répandu sur la plupart des continents et des cas sont décrits dans des pays très éloignés géographiquement. De plus les hôtes intermédiaires sont multiples et fréquemment rencontrés dans de nombreuses régions. Il est probable que ce genre soit présent dans de nombreux autres pays dans lesquels il n’aurait pas fait l’objet d’étude ni de publication étant donnée l’importance économique et médicale relativement faible de cette maladie.

Distribution particulière

Certains auteurs observent une régionalisation très marquée des cas de stéphanofilariose. Johnson (53) étudie des troupeaux atteint par une filaire ressemblant fortement à Stephanofilaria stilesi dans le North Queensland en Australie. Il met en évidence des zones où la prévalence est supérieure à 80 % puis diminue nettement et progressivement jusqu’à disparaître. Cette distribution correspond à une prévalence maximale dans les zones où le climat varie peu et est propice au vecteur, Haematobia irritans exigua dans ce cas.De façon similaire, S. assamensis est surtout présente dans les régions d’Inde où le climat est humide et la végétation épaisse. Elle n’est jamais rencontrée dans les montagnes alors que S. zaheeri est largement répandue en Inde et sa répartition ne semble pas affectée par l’altitude (4)(91).Au Daguestan, la prévalence de S. assamensis et S. stilesi confondues est nettement inférieure en montagne que dans les plaines (2,8 % et 13,1 % respectivement).Une enquête norvégienne sur le syndrome « plaies d’été des trayons » montre que les cas sont moins nombreux sur le littoral et dans les montagnes (12).On voit donc que ces maladies, bien que largement répandues à travers le monde, s’observent souvent dans des régions délimitées plus ou moins étendues présentant des climats particuliers. Cette distribution des stéphanofilarioses est à relier à celle des hôtes intermédiaires qui sont très dépendants des conditions climatiques et notamment d’humidité.

Forme épidémiologique, prévalence et saisonnalité.

Du fait de leur période prépatente relativement longue et de leur nécessaire passage par un hôte intermédiaire, les stéphanofilarioses évoluent toujours suivant un mode enzootique. On note toutefois une saisonnalité marquée dans certaines régions où on observe des pics d’incidence importants durant quelques mois par an.Johnson dans sa revue (52) rappelle rapidement les taux de prévalence observés par différents auteurs dans les divers pays et régions étudiées au cours du siècle dernier.

Prévalence
a. S. assamensis
En Inde, la prévalence s’étend de 11,42 à 90 % suivant les régions et les saisons, tous sexes et âges confondus.
Au Pakistan, elle varie de 2,5 à 24 %, de 2 à 60 % au Bengladesh et de 4,8 à 37 % dans les états du sud de l’ex URSS. Elle est de 60 % dans les îles Andaman.
b. S. dedoesi
Décrite uniquement en Indonésie par plusieurs auteurs, la prévalence de ce parasite sur les bovins et les buffles est de l’ordre de 70 à 90 %.
c. S. zaheeri
La prévalence observée est très variable suivant les auteurs, allant de 5,35 % (24) à 96 % (1)(3).
d. S. kaeli
Sa prévalence en Malaisie est, d’après Fadzil (39), de 16 %.
e. S. okinawaensis
Ueno et al.(102) et Kono (59) évoquent un taux de prévalence de 66 % sur l’île Nansei où la maladie est enzootique.
f. S. stilesi
Des articles des années 1950 rapportent des taux de prévalence de 80 à 90 % dans l’ouest des USA (62) ainsi que dans les îles Hawaï (6). Ces données n’ont pas été actualisées depuis. La prévalence au Canada est elle aussi inconnue.
De nombreuses études ont par contre été réalisées en Ouzbékistan et au Daguestan où la prévalence est de 1,5 à 39 %.
g. Autres
L’enquête en Norvège sur les plaies d’été révélait une prévalence de 5 % en 1979 (12).

Saisonnalité

Dans les pays subissant de fortes variations climatiques durant l’année, on note une saisonnalité très marquée des cas de stéphanofilariose.C’est le cas en Inde pour S. assamensis où il existe un pic d’incidence durant les mois d’été (Juillet à Septembre) et un minimum en Mars (36), (fig. 7). Dans l’Ouest du Bengale, Roy, Gupta et Misra (88) ont montré que l’incidence des cas augmentait fortement pendant les mois d’été durant lesquels la température, les pluies et l’humidité sont importantes. La population de Musca conducens croît également durant ces mois. En étudiant les coefficients de corrélation entre ces différents facteurs et l’incidence, ils mettent en évidence l’importance majoritaire de l’humidité avec un coefficient de 0,7 contre 0,1719 pour la température et 0,1971 pour la pluie.A l’opposé de ces constatations, Rai et al. (82) montrent une augmentation de l’incidence durant la saison sèche dans le secteur des îles Bay. Ceci semble contradictoire avec les observations de Roy et al. (88) mais cette augmentation en Janvier est tout de même précédée par un accroissement de la population du vecteur depuis Octobre ce qui souligne bien la corrélation entre la présence de cette parasitose et celle des hôtes intermédiaires, le climat agissant sur ces derniers et non sur les Stephanofilaria elles mêmes.La saisonnalité est aussi très marquée dans le Sud de l’URSS pour S. stilesi et S. assamensis. Au Daguestan, on observe un pic d’incidence en été (5) alors qu’en Ouzbékistan il y a des pics au printemps et en automne dans les zones de collines et en été et en hiver en plaine et en montagne (23) (10).Hibler (48) observe l’infestation de l’ hôte intermédiaire de Stephanofilaria stilesi pendant deux ans dans l’état du Nouveau Mexique et trouve une incidence maximale au printemps et en automne, période durant laquelle les températures sont idéales pour la multiplication des vecteurs.

Epidémiologie analytique

sources de parasites

Les parasites s’accouplent et pondent des microfilaires dans les lésions cutanées qu’ils induisent. Ces plaies constituent l’unique source de parasites à laquelle les hôtes intermédiaires peuvent se contaminer. Les microfilaires et les œufs embryonnés de S. assamensis, zaheeri, kaeli et okinawaensis sont directement présents dans les exsudats et ainsi facilement ingérés par les mouches lécheuses (24)(20)(60) alors que les microfilaires de S. stilesi restent dans les vaisseaux lymphatiques du derme superficiel (29) (50)(48). Néanmoins, toutes les lésions ne sont pas équivalentes du point de vue de la quantité de parasites qu’elles contiennent. Ainsi une lésion active, hémorragique et exsudative, contient de nombreuses filaires adultes et microfilaires et attire plus facilement les mouches vectrices alors qu’une lésion croûteuse contient surtout des formes immatures (82).
Les études des hôtes intermédiaires en conditions naturelles montrent des taux d’infection de 0,38 à 2,1 % en Ouzbékistan (10)(56).

Population atteinte

Réceptivité
Les espèces atteintes par les stéphanofilarioses ont été abordées lors de l’étude du cycle des Stephanofilaria dans la première partie.
Facteurs de sensibilité
a. Sexe
Les mâles sont généralement plus touchés que les bœufs ou les femelles (53). Ceci est souvent observé notamment en Inde pour S. assamensis (86)(36) et en Australie (55). Dans une étude réalisée au Bengale, les mâles avaient un taux de prévalence de 17,34 % et les femelles de 14,03 %(91).
Les études de prévalence australiennes ont montré néanmoins que mâles et femelles étaient atteint de façon équivalente avant leur maturité sexuelle. Cette observation peut s’expliquer par une préférence du vecteur Haematobia irritans pour les animaux ayant un taux de testostérone élevé (34).En Inde aussi plusieurs articles signalent aussi une prévalence supérieure chez les mâles que chez les femelles, mais d’autres précisent l’importance de la localisation des lésions en fonction du sexe. Ainsi les mâles sont atteints préférentiellement sur la bosse alors que les femelles présentent des lésions surtout sur les membres (89). L’auteur explique cela par le fait que les mâles sont préférentiellement utilisés pour l’attelage ce qui occasionne une fragilisation de la peau au niveau de la bosse par le frottement du joug, tandis que les femelles pâturent souvent sur des terrains difficiles provoquant des blessures sur les membres.D’autre part, la prévalence des lésions sur la bosse est supérieure chez les mâles alors que celle des lésions sur l’oreille, où l’épaisseur et la qualité de la peau sont identiques chez mâles et femelles, est équivalente dans les deux sexes (4). De plus la prévalence chez les animaux de travail attelés est supérieure à celle chez les autres animaux au Bengladesh. Il semble donc que ce soit l’intégrité et la résistance de la peau et moins l’influence du taux de testostérone qui soit ici responsable de la plus grande sensibilité des mâles aux stéphanofilarioses indiennes d’autant plus que l’hôte intermédiaire ( Musca conducens) est différent de celui de la stéphanofilariose australienne ( Haematobia irritans exigua).

Age
Dans le cas des stéphanofilarioses asiatiques, l’ensemble des auteurs rapporte un âge minimum d’un à deux ans pour développer les lésions. Les jeunes de moins d’un an semblent résistants. La prévalence augmente avec l’âge jusqu’à 4 à 5 ans puis diminue pour être quasiment nulle à 10 ans (89) (86) (91) (36) (39) (4) (68). Hibler observe une forte corrélation positive entre la taille des lésions induites par S. stilesi, leur concentration en parasites et l’âge du bovin infecté. Les premières apparaissent vers 10 mois avec 1 nématode adulte par cm 2 puis cette concentration augmente jusqu’à une dizaine d’adultes par cm2 vers 3 à 5 ans pour diminuer ensuite jusqu’à 10 ans où il ne reste plus qu’un vers adulte par cm 2.
S. stilesi semble atteindre des animaux relativement plus jeunes que S. assamensis, Johnson et Toleman (55) rapportant le cas d’un veau de 69 jours présentant des lésions à S. stilesi.
De même S. okinawaensis est trouvée dans des lésions du mufle de bovins dès 4 mois et dans des lésions des trayons d’animaux de plus de 16 mois.

Race
Pour les stéphanofilarioses d’Asie et d’Australie, il apparaît que les races exotiques et leurs croisements sont plus sensibles que les races locales (type Bos indicus) avec une prévalence de 17,52 % pour les races importées et leurs croisements et de 14,03 % pour les races locales. Les raisons de cette résistance ne sont toutefois pas clairement établies (moindre attraction des vecteurs, résistance mécanique de la peau plus élevée, meilleures défenses contre les parasites au niveau cutané).

Robe
La luminosité de la robe semble également être un facteur de sensibilité pour la stéphanofilariose australienne, toutefois moins important que les précédents, les bovins à robes sombre étant plus touchés que ceux à robe claire (55). Or une étude a montré que les animaux à robe sombre étaient plus massivement infestés par H. irritans ce qui explique l’observation précédente (42).

Surinfection bactérienne
Staphylococcus aureus est présent quasiment en culture pure (12) ou associé avec S. albus (97) dans les lésions de stéphanofilariose et il semble que cette surinfection prédispose à la contamination par Stephanofilaria en milieu naturel en initiant la lésion et l’inflammation (39).

Transmission

Plusieurs études ont porté sur la transmission de Stephanofilaria assamensis pour laquelle il s’avère que la présence de blessures sur la peau de bovins sains ainsi que la présence de mouches Musca conducens et de bovins porteurs de lésions de stéphanofilariose est nécessaire (81). En effet, en mettant en présence des bovins malades, des bovins sains et des mouches M. conducens dans un endroit confiné, la transmission est impossible. Or celle-ci s’opère dès lors que la peau des animaux sains est lésée, car cela permet aux mouches de se nourrir et de transmettre les parasites. Une fragilisation de la peau est donc indispensable à la transmission des filaires dont les hôtes intermédiaires sont des mouches de type lécheur (Musca conducens, M. autumnalis, M. planiceps) alors que ceci est moins probable pour S. stilesi dont les vecteurs sont des mouches piqueuses.Des essais d’inoculation directe de larves et d’adultes de S. assamensis prélevés sur des lésions aiguës et déposés immédiatement sur la peau scarifiée de bovins sains isolés des mouches n’ont jamais abouti à la transmission de la maladie. Les adultes sont toujours retrouvés morts après 48 heures et aucune larve ne s’est développée (101). La transmission directe de bovin à bovin est donc impossible et la contamination de zones de peau saine par migration de filaires dans la peau est peu probable.De même la transmission est impossible lorsqu’on met des mouches (M. conducens) en contact avec un bovin sain dont la peau a été scarifiée immédiatement après les avoir alimentées sur des lésions actives de stéphanofilariose à S. assamensis (4). M. conducens n’est donc pas simplement un vecteur mécanique (comme elle l’est pour de nombreuses autres maladies) mais bel et bien un hôte intermédiaire indispensable à la transmission des stéphanofilarioses et à la formation de nouvelles lésions.

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Table des matières

Introduction 
1ère PARTIE: Etude des parasites 
1. Historique
2. Taxonomie
2.1. Embranchement des némathelminthes
2.2. Classe des nématodes
2.3. Ordre des Spirurida
2.4. Superfamille des Filarioidea
2.5. Famille des Filariidae
2.6. Genre Stephanofilaria p.1
2.6.1. Les espèces du genre Stephanofilaria.
2.6.2. Une distinction discutée
3. Morphologie
3.1. Filaires adultes
3.1.1. Aspect macroscopique
3.1.2. Aspect microscopique
3.2. Microfilaires
3.3. Stades larvaires
4. Cycle
4.1. Hôte définitif
4.2. Hôtes intermédiaires
4.3. Détails du cycle
4.3.1. Evolution chez l’hôte intermédiaire
4.3.2. Evolution chez l’hôte définitif
2ème PARTIE: Etude clinique des stéphanofilarioses 
1. Epidémiologie
1.1. Epidémiologie descriptive
1.1.1.Distribution mondiale
A. Stephanofilaria asiatiques
B. Stephanofilaria stilesi
C. Stephanofilaria africaines
D. Stéphanofilarioses à espèce indéterminée
1.1.2.Distribution particulière.
1.1.3.Forme épidémiologique, prévalence et saisonnalité.
A. Prévalence
B. Saisonnalité
1.2. Epidémiologie analytique
1.2.1. Sources de parasites
1.2.2. Population atteinte
A. Réceptivité
B. Facteurs de sensibilité
1.3. Transmission
2. Pathogénie et lésions
2.1. Aspect macroscopique et localisation anatomique des lésions
2.1.1. Aspect macroscopique des lésions
2.1.2. Localisation anatomique des lésions
2.2. Histopathologie
2.2.1. Stade aigu
2.2.2. Stade chronique
3. Diagnostic
3.1. Diagnostic clinique
3.2. Diagnostic de laboratoire
3.2.1. Prélèvements
3.2.2. Traitement des prélèvements
3.3. Diagnostic différentiel
4. Traitement
4.1. Organophosphorés
4.2. Anthelminthiques
4.3. Avermectines
4.4. Autres molécules efficaces
4.5. Importance de l’excipient des traitements locaux
5. Contrôle
5.1. Traitement des lésions
5.1.1. Traitement
5.1.2. Période d’intervention
5.1.3. Protection des bovins
5.2. Contrôle des hôtes intermédiaires
5.2.1. Lutte chimique
5.2.2. Destruction des gîtes de ponte
5.2.3. Lutte intégrée
Conclusion
Bibliographie

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