ELEVAGE OVIN AU TCHAD
Le Tchad, est un pays sahélien à vocation pastorale, dont l‟économie repose sur la valorisation des produits de l‟élevage. Ce secteur d‟activité fait vivre 40% de la population rurale, représente 53% du PIB et emploi 80% de la population active dont plus de la moitié est composée de femmes (MERA, 2008). Le cheptel ruminant tchadien est composé de 7 245 226 bovins, 2 955 549 ovins, 6 438 451 caprins, 1 415 641 camelins, 405 030 équins, 445 566 ânes et 95 006 porcs (MERA-DESP, 2009). Ces chiffres sont dévalués par rapport à la réalité observée sur le terrain. Le dernier recensement effectué date de 1976. Depuis, aucun recensement n‟a été fait. Les effectifs du cheptel résultent d‟une estimation basée sur une extrapolation des chiffres donnés par le dernier recensement, auxquels on applique un facteur multiplicateur correspondant à un taux de croît estimé de la population animale. Ce taux est différent selon les espèces concernées. Il est de 2,4% pour les bovins, ovins et caprins, 3% pour les camelins, 2% pour les équins et asins et 5% pour les porcins (ME/DSPS, 2003).
Répartition et évolution des ovins au Tchad
Les ovins se rencontrent sur tout le territoire national.
– Dans la zone saharienne au Nord, on retrouve la race Arabe, la kababich et le Fezzanais à la frontière Tchad-Libye (Ahamat, 2005).
– La zone sahélienne abrite toutes les espèces ovines rencontrées au Tchad. Le sahel est la principale zone d‟occupation de la race Arabe dominante suivie de la race Peul.
– Deux principales races se partagent la zone soudanienne : Le mouton du Mayokébbi et le mouton Kirdimi.
Les ovins sont utilisés pour la production de viande. L‟amélioration du potentiel génétique du cheptel ovin se fait de manière traditionnelle avec des combinaisons de races locales entre elles. La sélection des animaux performants dans le troupeau est effectuée par les pasteurs eux-mêmes. Quelques croissements entre la race Arabe et des races exotiques ont été réalisés par les colons (Goni, 2010). Le mouton Arabe, avec sa robe noire et ses poils longs, a connu la plus longue histoire d‟amélioration génétique du Tchad entre 1938 et 1958. Des brebis de races Arabes ont été croisées en 1947 avec des géniteurs de race Karakul à la station d‟Abougoudan (Ouaddaï) pour la production de la fourrure d‟Astrakan très recherchée. De 1953 à 1957, la race Arabe a été améliorée pour la production de mouton de boucherie en introduisant des ovins français de race Mérinos, Berrichons et Solognots en N‟Gouri dans la région du Lac.
Importance de l’élevage ovin au Tchad
Environnement
Le Sahel est marqué par la sécheresse et l‟écart thermique important (Yenikoye, 2000). L‟élevage ovin est parfois l‟unique mode d‟exploitation et la seule source de revenus des sahéliens. Le mouton est rustique et grégaire. Il utilise la végétation les plus pauvres de manière semblable comparé à la chèvre et valorise mieux les zones à risque pouvant se dégrader rapidement (Tezenas Du Montecel, 1994). L‟apport du fumier améliore le rendement de la production végétale. Après les années des sécheresses, le mouton permet aux éleveurs ayant perdu leur cheptel bovin de reconstituer leur troupeau. La reconstitution du cheptel nigérien après la sécheresse est de 113,8% pour le cheptel ovin, 110,2% pour le caprin et 76,9% pour le bovin en 1981 par rapport au niveau avant la sécheresse (Bernus, 1983).
Aspect socioculturel
Le mouton occupe une place prépondérante dans la vie sociale. Il assure un statut social et une reconnaissance par leur utilisation dans les fêtes religieuses (mouton de la Tabaski), les cérémonies heureuses ou de deuil. Abattre ou offrir un mouton pour accueillir un étranger est une pratique culturelle de haute valeur dans la zone sahélienne du Tchad. L‟élevage ovin assure une sécurité alimentaire des populations vulnérables. C‟est un moyen de subsistance et un important facteur d‟intégration sociale. Il valorise le travail familial (Boutonnet, 1992), crée de l‟emploi (bergers, techniciens de l‟élevage et vétérinaire) et des profits. Avec l‟augmentation de la pression foncière au Tchad, la possession des petits ruminants facilite l‟accès à la terre. Ces éleveurs installés dans la zone périurbaine des grandes villes du pays sont bien placés dans la mobilisation des revenus et la prospérité des ménages ruraux.
Aspect économique
Les ovins occupent une place de choix dans l‟économique rurale et citadine. Le mouton intervient dans le troc contre les céréales et d‟autres produits de premières nécessités au Tchad. Il constitue dans un contexte de faible monétarisation et d‟insécurité, une source d‟épargne des ménages et contribue à la diversité des ressources possibles de revenu et de nourriture (Fall, 1989 ; Boutonnet, 1990 ; Tamboura et al., 1996 ; Tacher et al., 1999 ; Mamadou, 2000 ; Kamuanga, 2002 ; Duteurtre et al., 2003 ; Monget et al., 2004 ; Boye et al., 2005 ; Gagara, 2008 ; Gnanda, 2008) . L‟élevage ovin a été introduit avec succès dans trois (3) camps de réfugié installés au Nord du Tchad (Mahamat, 2007). Les ovins et les caprins contribuent plus dans l‟économie des ménages pauvres. Les ménages ayant opéré une vente d‟animaux au cours de l‟année représentent 87,5% (Fall, 1989). Le taux d‟exploitation des petits ruminants au Tchad est de 32,07% chez les ovins, 32,50% chez les caprins et 13,45% chez les bovins (MERA-DEPS, 2009). Ce taux est passé de 28% en 1964 à 75 % en 1994 en Afrique subsaharienne (Tacher et al., 1999). En 2007 l‟abattoir de Farcha seul a fourni 48 236 et 56 443 carcasses respectivement des caprins et des ovins destinés aux consommateurs de la ville de N‟Djaména (MERA, 2008). L‟exportation des ovins sur pieds représente en environ 59 686 tonnes par an (Goni, 2010). Les abattages contrôlés pour la consommation au Tchad est de 167 627 caprins contre 160 651 ovins, soit respectivement 2,60% et 5,36% (MERA, 2009). Ce taux d‟abattage des ovins est très faible comparé à ceux effectués par les ménages, particulièrement dans les zones urbaines et les périodes de fête. Selon la FAO, 2008, la production nationale de la viande ovine est de 15 414 tonnes. La peau de mouton est exportée généralement vers le Nigeria. Elle est aussi utilisée localement pour des usages divers : fabrication de cordages, de chaussures, des coussins, des ornements des couchettes, des sacs pour la réserve de grain et de l’eau, des tapis et des tentes.
Aspect nutritionnel
La viande ovine est très prisée, car elle est savoureuse (Fall et al., 2004). La consommation de viande au Tchad est estimée à 36 g/personne/j (FAO, 2009). Elle est l‟une des principales sources de protéines animales dans la zone sahélienne et saharienne du pays.
Le lait de mouton est aussi apprécié que celui de la chèvre et de la vache. La production de lait de brebis est concentrée dans la zone sahélienne et saharienne où la production de lait de vache est faible. Le lait de brebis est riche en toutes les vitamines comparées aux autres laits (FAO, 1995). Il représente l‟aliment complet (nourrit, désaltère et guéri) majeur, tant par sa qualité nutritionnelle que par sa valeur symbolique (Ague, 1998 ; Bernus, 2002). Dans la zone sahélienne ce lait est réservé principalement pour l‟alimentation des enfants (Fall, 1989).
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
Chapitre I :Elevage ovin au tchad
Introduction
I.1. Répartition et évolution des ovins au Tchad
I.2. importance de l’élevage ovin au Tchad
I.2.1. Environnement
I.2.2. Aspect socioculturel
I.2.3. Aspect économique
I.2.4. Aspect nutritionnel
I.3. Races ovines au Tchad
I.3.1. Races sahéliennes
I.3.1.1. Mouton arabe (synonyme : black maure, mouton maure à poil long, arab)
I.3.1.2. Mouton peul (synonyme : peuhl, fulani ou m’bororo)
I.3.1.3. Mouton kababich (synonyme : kababish, dudan desert, desert sudanese)
I.3.1.4. Mouton touareg (synonyme : targui)
I.3.1.5. Autres races
I.3.2. Races soudaniennes
I.3.2.1. Mouton kirdimi (synonyme : mouton nain du sud, kirdi, djallonké)
I.3.2.2. Mouton du mayo-kebbi (synonyme : mouton de l’ouest, poulfouli)
I.4. Systèmes de production
I.4.1. Systèmes extensifs
I.4.2. Système sédentaire
I.4.3. Système des oasis
Chapitre II : Generalite sur la reproduction des ovins
II.1. Reproduction
II.1.1. Appareil génital de la brebis adulte
II.1.1.1. Partie tubulaire
II.1.1.2. Partie glandulaire
II.2. Paramètres de reproduction chez la brebis
II.2.1. Puberté
II.2.2. Age au premier agnelage
II.2.3. Cycle sexuel
II.2.3.1. Différentes phases du cycle sexuel
II.2.3.2. Aspects hormonaux du cycle sexuel
II.2.3.4. Caractéristiques du cycle sexuel de la brebis
II.2.4. Gestation
II.2.5. Post-partum
II.2.6. Intervalle entre agnelage
II.2.7. Fertilité, fécondité, prolificité, productivité numérique et mortalité
II.3. Paramètres de productions chez la brebis
II.3.1. Production laitière
II.3.2. Poids
II.4. Principaux facteurs de variation des performances de reproduction chez les ovins
II.4.1. Effet du climat et l‟année
II.4.2. Alimentation
II.4.3. Principales pathologies
DEUXIEME PARTIE : EXPERIMENTALE
Chapitre I : Materiel et methodes
I.1. Matériel
I.1.1. Milieu physique
I.1.1.1. Caractéristique des zones
I.1.2. Animaux
I.1.2.1. Conduite des animaux
I.1.3. Matériel technique
I.1.3.1. Fiches techniques
I.1.3.2. Matériel de pesée et de prélèvement sanguin
I.2. Méthodes
I.2.1. Enquête sur les caractéristiques de l‟élevage périurbain ovin
I.2.2. Effet de l‟alimentation sur les performances de la reproduction
I.2.3. Effet de l‟alimentation sur les performances pondérale
I.2.4. Analyse statistique des données
Chapitre II : Resultats – Discussion
II.1. Résultats
II.1.1. Enquêtes sur les caractéristiques générales des élevages ovins périurbains
II.1.1.1. Identification des éleveurs enquêtés
II.1.1.2. Caractérisation des élevages
II.1.1.3. Pratique de la reproduction
II.1.1.4. Ressources alimentaires
II.1.2. Expérience sur l‟amélioration de la productivité des ovins en zone sahélienne humide
II.1.2.1. Effet de l’alimentation sur les performances de reproduction
II.1.2.2. Effet de l’alimentation sur les performances pondérales
II.2. Discussions
II.2.1. Enquêtes sur les caractéristiques générales des élevages ovins périurbains
II.2.2.Effet de l‟alimentation sur les performances de reproduction
II.2.3. Effet de l‟alimentation sur les performances pondérales
CONCLUSION
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