Eléments de virologie concernant le virus de la rage
Répercussion sur le statut français vis-à-vis de la rage
Suite à cet épisode, la France a perdu son statut indemne de rage pour une période minimale de 2 ans, sans que cela n’ait de conséquence sur les mesures nationales relatives à la rage. Certains pays, pays tiers ou Etats membres, pourraient toutefois exiger que les carnivores domestiques en provenance du territoire français aient subi un titrage d’anticorps satisfaisant. A ce jour, aucun pays n’a officiellement fait de demande dans ce sens (Note de service de la DGAL, SDSPA du 30 avril 2008).
Cas de la chienne Lugy le 24 avril 2008 dans le Var
– Description et reconstitution des faits:
L’Institut Pasteur a confirmé le 24 avril 2008, un cas de rage chez une chienne dénommée Lugy, à Le Rayol-Canadel-Sur-Mer, dans le Var. La souche virale a été génotypée le 25 avril 2008. Il s’agit d’un Lyssavirus de génotype 1, de type Africa II, d’Afrique de l’Ouest. Lugy étant née en Gambie, il est très probable que cette souche virale soit d’origine gambienne (Note de service de la DGAL, SDSPA du 30 avril 2008).En mars 2008, Lugy, âgée alors de 6 mois, est retrouvée blessée par une touriste belge en vacances en Gambie. Cette dernière l’emmène dans un cabinet vétérinaire local pour la faire soigner, puis décide de l’adopter. A cette occasion, la chienne est identifiée par puce électronique et reçoit une injection de primo-vaccination contre la rage le 15 mars 2008. Le 5 avril, un certificat de bonne santé est établi par un vétérinaire local. Le lendemain, Lugy et sa nouvelle propriétaire quittent la Gambie, sans qu’aucun titrage des anticorps antirabiques n’ait été effectué, au moins 30 jours après la vaccination et 3 mois avant le départ comme l’exige le règlement 998/2003. Elles arrivent à Bruxelles, en Belgique, le 7 avril, après que l’avion a fait escale à Dakar. La chienne est alors traitée dans une clinique vétérinaire belge pour une blessure nécrotique, faisant vraisemblablement suite à une morsure. Le 12 avril, la propriétaire de Lugy la confie à une de ses amies à Bruxelles pour quelques heures. Le lendemain, la chienne et sa propriétaire se rendent à Le Rayol-Canadel-Sur-Mer en voiture (Bourhy et Dacheux, 2008).
A partir du 16 avril, l’état général de Lugy se dégrade. Elle est présentée dans 3 cliniques vétérinaires du Var, les 18,19 et 20 avril 2008. La suspicion de rage est établie dans la troisième clinique, dans laquelle Lugy est restée en observation. La chienne y mourra de rage le 21 avril. Son cadavre fera immédiatement l’objet d’un prélèvement pour recherche de rage (Note de service de la DGAL, SDSPA du 30 avril 2008).
Mesures réglementaires mises en oeuvre en France
Détermination des périodes à risque:
La période d’excrétion virale supposée de Lugy s’étend du le 1er au 21 avril 2008. La date de début de cette période a été calculée en retranchant 15 jours à la date d’apparition des premiers symptômes. La date de fin correspond à la date du décès de la chienne (Note de service de la DGAL, SDSPA du 30 avril 2008).
Détermination des zones géographiques à risque
Les zones à risque se limitent à la ville de Bruxelles pour la Belgique et à la commune de Le Rayol-Canadel-Sur-Mer pour la France. En effet, la propriétaire et sa chienne ne se sont pas arrêtées au cours de leur trajet de Bruxelles à Le Rayol-Canadel-Sur-Mer (Bourhy et Dacheux, 2008).
Identification des personnes et animaux contaminés ou éventuellement contaminés et mesures prises
En France, dès le 25 avril 2008, soit le lendemain du diagnostic de certitude posé par l’Institut Pasteur, un communiqué de presse du Ministère de l’Agriculture et du Ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports a été publié afin de rechercher les personnes qui auraient pu être en contact avec Lugy durant la période à risque. Ce communiqué est disponible à l’annexe 5. En Belgique, un communiqué de presse a également été publié et une campagne d’information a été menée, à l’aide de posters d’alerte dans les zones administratives concernées. La France a de plus pris contact avec le vétérinaire et les autorités sanitaires de la République de Gambie, afin que les mesures de prophylaxie soient appliquées aux personnes et aux animaux ayant pu être en contact avec Lugy (Bourhy et Dacheux, 2008).
Les investigations effectuées par les autorités sanitaires locales et nationales ont permis de déterminer que Lugy n’était pas sortie de la résidence secondaire de la propriétaire dans le Var, excepté pour se rendre dans les trois cliniques vétérinaires (Note de service de la DGAL, SDSPA du 30 avril 2008). Au total, trente-deux personnes ayant été en contact rapproché avec Lugy ont été identifiées, afin d’être prises en charge par un centre de traitement antirabique. Treize de ces personnes ont été exposées en Belgique : la propriétaire, les deux passagers assis près de cette dernière dans l’avion, le personnel naviguant de l’avion, le vétérinaire belge et son personnel, et les amis de la propriétaire en Belgique. Les dix-neuf autres personnes concernées ont été exposées en France (Bourhy et Dacheux, 2008).
De plus, Lugy n’a pas été en contact avec des animaux extérieurs au foyer familial de ses maîtres lors de son séjour en France. La chienne a seulement été en contact avec le chat de la propriétaire, âgé de 18 ans, non vacciné contre la rage (Note de service de la DGAL, SDSPA du 30 avril 2008).
Zones soumises à restriction
A l’exception du chat de la propriétaire, qui a été euthanasié et testé négatif pour la rage, aucune mesure de restriction concernant les animaux n’a été prise dans le Var, ni sur le reste du territoire français, compte-tenu de l’absence de contacts entre Lugy et d’autres animaux (Bourhy et Dacheux, 2008).
– Répercussion sur le statut français vis-à-vis de la rage:
Cet événement n’a pas eu de répercussion sur le statut français vis-à-vis de la rage, étant donné que la France a déjà perdu son statut indemne suite à l’épisode de février 2008. Le cas de Lugy n’aurait, de toute façon, pas eu d’influence sur le statut de la France vis-à-vis de la rage puisqu’il ne s’agissait pas d’un cas autochtone mais d’un cas importé.
Cas du chiot Grungy le 14 novembre 2008 en Isère:
Description et reconstitution des faits
L’Institut Pasteur a diagnostiqué en novembre 2008 un cas de rage canine en Isère. Il s’agit d’un chiot âgé de 3 mois environ, trouvé et recueilli le 12 octobre 2008 sur un parking de station service, en bord de route à la sortie de Malaga, en Espagne (InVS, novembre 2008). Bien que non identifié et de statut vaccinal inconnu, ce chiot est ramené à Saint André le Gaz, en Isère, en camion. Au cours du trajet, le camion s’est arrêté plusieurs fois (à Almeria, Valencia, Figueras et Montpellier) mais le chiot Grungy n’en est sorti qu’en laisse. Il n’a eu aucun contact avec un animal ou une autre personne que celle l’ayant recueilli. Le 24 octobre 2008, il est présenté pour vaccination de routine à la consultation du cabinet vétérinaire des Bruniaux, à Fitilieu (38), où il reçoit ce jour là une injection d’un vaccin polyvalent CPV-L /DAP mais n’est pas vacciné contre la rage (DDSV de l’Isère, 2008).Les premiers signes de la maladie apparaissent le 31 octobre : le chiot est subitement très abattu en soirée. Le lendemain son état apathique s’aggrave et d’autres symptômes apparaissent : absence d’appétit, difficulté à déglutir, léger vomissement. Le 2 novembre 2008, Grungy, très malade, est apporté en urgence au cabinet vétérinaire. Un traitement par injections lui est administré avec conseil de le rapporter le lendemain. Lorsqu’il retourne au cabinet le lendemain, le chiot est hospitalisé. Il présente des symptômes nerveux qui s’aggravent et des signes d’agressivité apparaissent. Des soins lui sont prodigués sans amélioration notable de son état. Le port de gants est préconisé par les vétérinaires au cours de ces soins. Le 7 novembre, le vétérinaire contacte la DDSV de l’Isère pour lui faire part de ses constats inquiétants. L’animal meurt le 10 novembre. Le lendemain, son cadavre est apporté au laboratoire départemental de l’Isère qui prépare le prélèvement et l’envoie à l’Institut Pasteur. Le 14 novembre, le résultat n’est encore que partiel (immunofluorescence et ELISA) mais considéré comme très probablement positif. Le 17 novembre, la positivité du résultat est définitivement confirmée. Le lendemain, le typage de la souche est effectuée : celle-ci a une origine marocaine (Lyssavirus de génotype 1 de clade Africa I) (DDSV de l’Isère, 2008).
Mesures réglementaires mises en oeuvre en France
Détermination des périodes à risque
La période durant laquelle le chiot était potentiellement contagieux s’étend du 14 octobre, soit 16 jours avant le début des symptômes, au 10 novembre 2008, date de la mort de l’animal (InVS, novembre 2008).
Détermination des zones géographiques à risque:
Selon les déclarations faites par la personne aillant recueilli le chiot, celui-ci vivait principalement dans la maison isolée au milieu des bois. Il sortait un peu dans le parc clôturé de palissades sous la surveillance de sa nouvelle propriétaire (Bourhy, 2009). Les zones géographiques à risque se limitent donc à la commune de Saint André le Gaz, pour la France et aux alentours du parking où le chiot a été découvert, pour l’Espagne.
Guide du mémoire de fin d’études avec la Médecine Vétérinaire |
Étudiant en université, dans une école supérieur ou d’ingénieur, et que vous cherchez des ressources pédagogiques entièrement gratuites, il est jamais trop tard pour commencer à apprendre et consulter une liste des projets proposées cette année, vous trouverez ici des centaines de rapports pfe spécialement conçu pour vous aider à rédiger votre rapport de stage, vous prouvez les télécharger librement en divers formats (DOC, RAR, PDF).. Tout ce que vous devez faire est de télécharger le pfe et ouvrir le fichier PDF ou DOC. Ce rapport complet, pour aider les autres étudiants dans leurs propres travaux, est classé dans la catégorie CAS DE RAGE où vous pouvez trouver aussi quelques autres mémoires de fin d’études similaires.
|
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : ETUDE GENERALE DE LA RAGE EN FRANCE ET DANS LE MONDE
I – Historique de la rage
II – Importance de la rage en France et dans le monde
A – Une zoonose mortelle
B – Un enjeu économique
III – Eléments de virologie concernant le virus de la rage
A – Classification
B – Immunité antirabique : applications pratiques
1 – L’immunité humorale
2 – L’immunité cellulaire
IV – Etude de la maladie
A – Sources d’infection
B – Modalités de la transmission de la maladie
C – Description des signes cliniques
1 – La phase d’incubation
2 – Les symptômes chez l’Homme
3 – Les symptômes chez l’animal
D – Diagnostic de la rage
1 – Diagnostic chez l’animal
2 – Diagnostic chez l’Homme
E – Traitement
V – Situation actuelle en France et dans le monde
A – Situation actuelle en France
1 – Situation en France métropolitaine
2 – Cas particulier de la Guyane française
B – Situation actuelle chez nos voisins européens
1 – La rage des mammifères non volants / terrestres
2 – La rage des chiroptères
C – Situation actuelle dans le reste du monde
VI – Mesures de prophylaxie actuelles
A – Prophylaxie sanitaire
1 – En pays indemne
2 – En pays infecté
B – Prophylaxie médicale
1 – Prophylaxie médicale pour les animaux
2 – Prophylaxie médicale pour l’Homme
VII – Organismes impliqués dans le contrôle de la rage
A – Organismes impliqués dans le contrôle de la rage à l’échelle mondiale
1 – L’OMS
2 – L’OIE
3 – L’ARC
4 – CDC
B – Organismes impliqués dans la surveillance de la rage en France
1 – Les structures centrales
2 – Les structures décentralisées
DEUXIEME PARTIE : DESCRIPTION DES CAS DE RAGE DE MAMMIFERES TERRESTRES SURVENUS EN FRANCE
I – Isolats viraux d’origine non autochtone
A – Cas de la chienne Cracotte le 26 février 2008 en Seine-et-Marne
1 – Description et reconstitution des faits
2 – Mesures réglementaires mises en oeuvre en France
3 – Répercussion sur le statut français vis-à-vis de la rage
B – Cas de la chienne Lugy le 24 avril 2008 dans le Var
1 – Description et reconstitution des faits
2 – Mesures réglementaires mises en oeuvre en France
3 – Répercussion sur le statut français vis-à-vis de la rage
C – Cas du chiot Grungy le 14 novembre 2008 en Isère
1 – Description et reconstitution des faits
2 – Mesures réglementaires mises en oeuvre en France
3 – Répercussion sur le statut français vis-à-vis de la rage
II – Isolats viraux d’origine autochtone
A – Cas d’une chatte domestique le 23 novembre 2007 en Vendée
1 – Description et reconstitution des faits
2 – Mesures réglementaires mises en oeuvre en France
3 – Répercussion sur le statut français vis-à-vis de la rage
TROISIEME PARTIE : IDENTIFICATION ET ANALYSE DES POINTS CRITIQUES ET K ACTIONS A METTRE EN OEUVRE
I – Méthodologie
II – Dans les pays d’enzootie
A – Identification et analyse des points critiques
1 – Protéger l’UE d’une introduction à partir de pays tiers
2 – Protéger les membres de l’UE indemnes de rage, d’une introduction à partir de K pays nouvellement intégrés dans l’UE et où la rage est enzootique
3 – Dimension éthique
B – Actions envisageables
1 – Dans les pays tiers où la rage sévit de façon enzootique
2 – Dans les pays ayant récemment intégrés l’UE et où la rage sévit encore
III – Les pays européens de transit
A – Identification et analyse des points critiques
1 – Aux frontières des pays européens de transit
2 – Rôle des vétérinaires dans les pays européens de transit
B – Actions envisageables
IV – Au niveau du territoire français
A – Identification et analyse des points critiques
1 – Aux frontières du territoire français
2 – Les DDSV
3 – Le vétérinaire sanitaire
B – Actions envisageables
1 – Aux frontières du territoire français
2 – Les DDSV
3 – Le vétérinaire sanitaire
4 – Renforcement de la vaccination antirabique sur le territoire national
V – Responsabilité civile et pénale des propriétaires de carnivores domestiques
A – Identification et analyse des points critiques
1 – Sanctions encourues
2 – Sanctions réellement appliquées
B – Actions envisageables
VI/ Bilan des actions à entreprendre
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
Télécharger le rapport complet