Eléments conceptuels et théoriques sur la mobilité

 ELEMENTS CONCEPTUELS ET THEORIQUES SUR LA MOBILITE

LES DIFFERENTES FORMES DE MOBILITE 

Le terme de mobilité provient du latin mobilis, il désigne ce qui peut être mu ou déplacé, à commencer par soi-même. Très largement utilisé en géographie, en sociologie, en économie et dans les sciences connexes, ce terme renvoie à l’ensemble des pratiques et des comportements en matière de déplacements d’un lieu à un autre, ou plus largement au nombre moyen de déplacements.

Très largement, le CERTU définit la mobilité comme « le nombre moyen de déplacements effectués par une personne de plus de cinq ans résident dans un périmètre donné, pour un jour de semaine, tous moyens de transports confondus » (CERTU, 2005). Le déplacement étant « un mouvement d’une personne entre un lieu de départ et un lieu d’arrivée pour un motif déterminé, à l’aide d’un ou de plusieurs modes de transport » (MOUR, 2013). La définition du CERTU réduit alors la mobilité à un déplacement, or mobilité et déplacement ne sont pas synonymes, en effet, d’après Jacques Levy et Michel Lussault (2003), la mobilité ne se limite pas uniquement au déplacement physique et au transport, elle peut être vue comme un fait social. C’est alors qu’ils associent le terme de mobilité à « l’ensemble des manifestations liées au mouvement des réalités sociales (hommes, objets matériels et immatériels) dans l’espace ». Cela signifie que ce n’est pas le déplacement en tant que tel qui est intéressant, mais ce sont les circonstances dans lesquelles ce mouvement est effectué et ce qu’il implique qui le sont et vaut la peine d’être étudiées. Le déplacement associé à la mobilité ne permet alors pas de couvrir l’ensemble du champ de signification du terme mobilité.

Cependant notons que cette définition diffère selon les disciplines, ainsi, « Lorsqu’un géographe parle de mobilité, il ne parle pas de la même chose que lorsqu’un ingénieur ou un sociologue utilise cette notion, ce qui rend difficile le dialogue entre leurs savoirs respectifs. En clair, lorsqu’on évoque la mobilité, on ne sait pas exactement de quoi on parle : tout dépend de la discipline dont on est originaire. La mobilité est sociale, spatiale, physique, virtuelle, ou potentielle, elle concerne les personnes, les biens et les informations » (Kaufmann, 2008). Ce rapport présentera la mobilité spatiale, telle qu’elle est définie en géographie. D’après le dictionnaire d’analyse spatiale de Jean-Jacques Bavoux et Laurent Chapelon (2014), la mobilité spatiale est provoquée par des agents qui échangent dans l’espace et dans le temps (biens, informations, services) et tout déplacement répond à un besoin ou à un devoir variable selon sa nature et son intensité.

Cependant, même en réduisant la focale à la mobilité spatiale des personnes, quatre significations différentes du terme de mobilité sont utilisées pour décrire des mouvements dans l’espace géographique et s’influencent réciproquement (Kaufmann, 1999):
➤ La mobilité quotidienne : l’ensemble des déplacements de la vie quotidienne ;
➤ Les voyages : l’ensemble des déplacements interrégionaux ou internationaux impliquant l’intention d’un retour à court terme ;
➤ La mobilité résidentielle : les changements de localisation résidentielle internes à un bassin de vie sans intention de retour à court terme ;
➤ La migration : L’installation dans une autre région ou un autre pays, sans intention de retour à court terme.

Traditionnellement l’analyse de la mobilité spatiale se fait à partir de trois éléments : les espaces reliés (lieux); les mouvements (flux) ; les éléments déplacés (marchandises, personnes), et est considérée dans le temps (mobilité intercontinentale, interrégionale et locale) et dans l’espace (mobilité saisonnière, occasionnelle, hebdomadaire et quotidienne). Notre étude traite uniquement de la mobilité spatiale quotidienne à l’échelle locale, dans le but de décrire les déplacements associés aux activités habituelles des individus. Ce type de mobilité est définie par Jean Pierre Orfeuil (1999) « comme l’ensemble des déplacements dont les origines et les destinations sont à l’intérieur d’un cercle de 80 km à vol d’oiseau du domicile, et qui correspond à peu près à 100 km de distance réelle ». Plus simplement, la mobilité quotidienne peut être vu comme un mouvement d’un point à un autre dans l’espace, avec un retour dans la journée (Brunet, Ferras, 2005).

LES INSCRIPTIONS SPATIALE DE LA MOBILITE 

La mobilité peut en partie se mesurer en nombre de déplacements et, selon J-P Orfeuil ces derniers seraient générés par la réalisation d’un motif de destination. Ainsi pour réaliser leurs activités, les individus sont amenés à effectuer des séries de déplacements à partir du lieu de résidence ou d’un autre lieu, tels que le travail, le loisir et les commerces. Le déplacement joue donc un rôle important dans la vie quotidienne : il permet aux ménages de réaliser leurs activités. Malgré cela le déplacement est perçu comme un « temps mort », il semble donc nécessaire d’optimiser ce temps par l’intégration d’autres activités dans le déplacement principal. Cette notion d’enchaînement des activités peut s’apparenter à ce qu’est appelé en théorie des graphes, un cycle, c’est à dire « une chaîne fermée dont l’origine et l’extrémité sont confondues », telle que « chaque arête ait une extrémité en commun avec l’arête précédente, et l’autre extrémité en commun avec l’arête suivante, le nombre d’arêtes de la suite étant la longueur de la chaîne» (Bavoux, Chapelon, 2014, p96). Dans notre étude, l’arête s’apparente à l’itinéraire, sa distance et son inscription spatiale, et l’extrémité au lieu où la personne s’arrête pour un motif défini (travail, commerces, loisirs, autres). C’est ce que Kaufmann nomme le «chaînage des déplacements », et définit comme « l’enchaînement dans le temps d’activités extérieures, sans que l’on repasse par son domicile » (2008). Le chaînage est donc un cycle Eulérien . Cette pratique permet de passer moins de temps à effectuer les déplacements et de pouvoir combiner plusieurs activités, c’est ce que J P Bailly (2001) intitule « la chasse aux temps morts ». Ainsi si on prend l’exemple d’une personne souhaitant se rendre à un point A et à un point B, son trajet sera moins long si elle part de son domicile en direction de A puis de B sans repasser par son domicile que si elle va en A, rentre chez elle puis pars en B.

Les déplacements « reflètent donc le rapport qu’entretiennent les individus avec l’espace à travers l’exercice de leurs différentes activités quotidiennes » (Hani, 2010, p19). Les déplacements ont des inscriptions spatiales distinctes pouvant être classées en quatre groupes (A. Bonnafous, 1981), qui correspondent aux différentes formes de déplacements effectuées par les individus :
➤ La forme simple constituée de deux déplacements (aller-retour) ;
➤ La forme étoilée correspondant à la succession des déplacements allers-retours, avec à chaque fois le domicile comme point de départ ;
➤ La forme en boucle correspondant aux déplacements effectués par un individu qui réalise une série d’activités consécutives, avec le lieu de résidence comme point de départ initial et d’arrivée final ; Par la suite nous qualifierons cette typologie de forme de déplacement comme un chaînage.
➤ La forme complexe réalisée par un individu qui effectue des déplacements correspondant à la fois à la succession des allers-retours (forme simple) et des déplacements en boucle (chaînage).

Deux grandes formes de déplacement se distinguent donc : la forme simple et la forme en boucle, ou chaînage, nous utiliserons ces termes et ces formes pour notre réflexion. Pour récapituler, le chaînage s’apparente à une association d’activités de motifs secondaires sur un motif principal sans repasser par le domicile, il peut alors intégrer une ou plusieurs boucles sur une journée. Une boucle étant réalisée dès lors que l’individu repasse par son domicile. Cette forme s’oppose à la forme étoilée qui est l’association de plusieurs « formes simples » correspondant à des déplacements directs ou pendulaires où l’individu n’effectue pas de détour et repasse systématiquement par son domicile avant chaque nouveau déplacement.

La pratique de ces formes de déplacements dépend de plusieurs paramètres, tels que la situation socioprofessionnelle, le mode de vie et les activités quotidiennes des membres du ménage (Hani, 2010). Concernant les motifs de déplacements, ils peuvent être classés en quatre « sphères » (Kaufmann, 1999) :
➤ La sphère de travail
➤ La sphère de l’engagement (activités politiques et associatives)
➤ La sphère domestique (les achats)
➤ La sphère du temps libre (loisirs, visites…)
Par ailleurs les déplacements en tant que tels peuvent être classés en deux grandes catégories : les déplacements générés par le travail et les autres déplacements. La première catégorie comporte des déplacements concentrés dans le temps c’est-à dire aux heures de pointes et dans l’espace, dans le centre-ville et dans les axes radiaux, alors que la seconde catégorie comporte des déplacements plus diffus, qui constituent la part majeure de la mobilité pendant la journée et augmentent en fonction du revenu et de la motorisation.

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Table des matières

Introduction générale
PARTIE 1 : INTRODUCTION AU SUJET DE RECHERCHE
A. Contextualisation du sujet de recherche
1. Eléments conceptuels et théoriques sur la mobilité
2. La ruralité
3. La mobilité dans les territoires ruraux
4. Présentation du programme de recherche MobiTer
B. Matériaux et territoire d’étude
1. Matériaux d’étude de la mobilité pour le territoire étudié
2. Présentation du territoire d’étude
C. Définition d’une problématique
PARTIE 2: DESCRIPTION DU PANEL ET DE L’UTILISATION DES GPS
A. Panel et outils employés
1. Présentation de l’echantillon
2. Enregistrements GPS : Objectifs et méthode
3. Le système d’information géographique (SIG)
B. Procédure employée pour le traitement des données de notre étude de déplacement..
1. Extraction des données brutes et importation dans une base de données destinée à une
exploitation sous sig
2. Représentation des traces gps sous sig et production de cartographies
C. Résultats
1. Résultats obtenus sur le panel complet
2. Résultats obtenus pour le panel « habitants du rural isolé »
3. Résultats obtenus pour le panel « habitants du rural polarisé »
Partie 3 : Analyse et retour critique
A. Analyse des résultats
1. La pratique de mobilité spatiale et l’emprise sur le territoire
2. La pratique spatiale en tant que formes de déplacements
B. Avantages et limites de l’étude de la pratique du territoire par les traceurs GPS
1. Les avantages de ce type de méthode
2. Les limites de cette méthode
Conclusion
Bibliographie
Table des illustrations
Annexe

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