L’obésité
Définition
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) (7), l’obésité se définit par une accumulation excessive et anormale de graisse entrainant un risque important pour la santé. Pour évaluer la sévérité de cet excès de masse grasse, il existe une formule simple appelée Indice de Masse Corporel (IMC).
IMC (kg/m²) = poids (kg) / taille (m)²
Le surpoids est défini par un IMC supérieur ou égal à 25 kg/m². L’IMC permet également de classer l’obésité en 3 grades :
– Grade 1 : IMC entre 30 et 35 kg/m²
– Grade 2 : IMC entre 35 et 40 kg/m²
– Grade 3 : IMC > 40 kg/m²
Un autre paramètre indépendant de l’IMC aide à évaluer le surpoids et l’obésité, c’est le tour de taille, il permet de chiffrer l’excès d’adiposité au niveau abdominal :
– Tour de taille > 102 cm chez l’homme
– Tour de taille > 88 cm chez la femme .
Un tour de taille au-dessus des valeurs seuils entraine un risque élevé de développer des maladies cardio-vasculaires. Il s’agit d’une obésité de type androïde, en opposition à l’obésité de type gynoïde dans laquelle les graisses sont réparties au niveau des cuisses. L’obésité est classée parmi les maladies depuis 1997.
Epidémiologie
• La prévalence croissante de l’obésité
L’étude ObEpi (3) analyse tous les trois ans depuis 1997, la prévalence du surpoids et de l’obésité en France par région, âge, sexe et en fonction de critères socioéconomiques. L’étude réalisée en 2012 porte sur un échantillon de plus de 25.000 personnes âgées de 18 ans et plus, représentatif des ménages ordinaires. Il en ressort que 32,3% des français adultes présentaient un surpoids, et 15% une obésité. L’étude a mis en évidence que la prévalence de l’obésité n’a cessé d’augmenter depuis 1997 (8). La proportion de femmes obèses est plus importante : 15,7 % versus 14,3 % chez les hommes. Il existe d’importantes disparités régionales. Quatre régions affichent des taux de prévalence élevés : le Nord-Pas de Calais, région la plus touchée avec 21,3 % (soit une prévalence de près de 40 % plus élevée que la moyenne) ; la Champagne-Ardenne, la Picardie et la Haute-Normandie avec des prévalences respectives de 20,9 %, 20 % et 19,6 %. En 2013, une étude portant sur 28 895 participants issus de la cohorte Constance (9) a mis en évidence des résultats similaires : La prévalence du surpoids était de 41,0 % chez les hommes et de 25,3 % chez les femmes. La prévalence de l’obésité globale était de 15,8 % pour les hommes et de 15,6 % pour les femmes. L’excès de poids concerne donc environ la moitié de la population française. A l’échelle mondiale, la prévalence de l’obésité a presque triplé entre 1975 et 2016 .
• Un problème majeur de santé publique
Pour l’OMS, la prévention et la prise en charge de l’obésité sont des priorités de santé publique (1). La majorité de la population mondiale vit dans des pays où le surpoids et l’obésité tuent plus de gens que l’insuffisance pondérale (7). L’OMS a élaboré le Plan d’action mondial pour la lutte contre les maladies non transmissibles 2013-2020 qui a notamment pour but l’arrêt de la progression des taux mondiaux d’obésité à leur niveau de 2010. A l’échelle nationale, le coût de l’obésité pour l’assurance maladie, est estimé entre 2,1 et 6,2 milliards d’euros. Cela représente entre 1,5 % et 4,6 % de la dépense courante de santé (10). Pour répondre à la progression épidémique de l’obésité et aux importantes dépenses de santé publique qu’elle engendre, le Plan National Nutrition Santé (PNNS) a été mis en place dès 2001 (11) pour améliorer l’état de santé de l’ensemble de la population en agissant sur l’un de ses déterminants majeurs : la nutrition. Le programme a été prolongé en 2006, puis en 2011 (12) et en 2017 .
Le Plan Obésité 2010-2013 (14) complète le PNNS 2011-2015, il s’articule autour de 4 grands axes :
1. Améliorer l’offre de soins et promouvoir le dépistage chez l’enfant et l’adulte.
2. Mobiliser les partenaires de la prévention, agir sur l’environnement et promouvoir l’activité physique.
3. Prendre en compte les situations de vulnérabilité et lutter contre la discrimination.
4. Investir dans la recherche.
Les principales recommandations du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) citées dans le PNNS 2017-2021 comprennent plusieurs mesures :
1. Mesures réglementaires et fiscales visant à modifier l’environnement nutritionnel.
2. Aménagement du territoire et urbanisme permettant de favoriser l’activité physique.
3. Communication et marketing : le Nutriscore est reconnu comme seul format de signalétique sur les emballages alimentaires.
4. Interventions et programmes de prévention auprès des enfants et des femmes en âge de procréer.
5. Allaitement maternel : promotion des environnements favorables à l’allaitement maternel.
6. Système de soins : développement de centres spécialisés de nutrition, réglementation stricte du recours à la chirurgie bariatrique.
Physiopathologie
L’obésité est une maladie multifactorielle dont tous les déterminants et facteurs liés au développement ne sont pas, à ce jour, parfaitement identifiés. Dès le début de la prise en charge, il faut savoir éliminer des causes secondaires même si celles-ci restent exceptionnelles : une hypothyroïdie, un hypercorticisme, une tumeur hypothalamique ou hypophysaire, ou encore certaines maladies génétiques rares avec obésité comme la maladie de Prader-Willy.
• L’obésité est une maladie du tissu adipeux
Le tissus adipeux contient des cellules, les adipocytes, qui stockent les réserves énergétiques sous la forme de graisses (15). La multiplication des adipocytes, l’infiltration de cellules inflammatoires dans le tissu adipeux, ainsi que la fibrose induite par l’inflammation peuvent en partie expliquer une résistance à la perte de poids.
• L’obésité évolue en 4 phases
Chaque phase correspond à des situations physiopathologiques, cliniques, thérapeutiques différentes .
Lors de la phase préclinique, avant même l’initiation de la prise de poids, des facteurs biologiques (génétiques et épigénétiques) jouent un rôle majeur. En effet, il existe une prédisposition génétique qui peut expliquer une susceptibilité individuelle à la prise de poids. Des études ont montré l’implication de certains gènes dans la prise de poids, le développement d’une obésité et les complications qui y sont liées .
Vient ensuite la phase initiale de constitution, lors de laquelle il y a une augmentation du stock adipeux. Elle résulte d’un déséquilibre entre les entrées et les sorties d’énergies.
Ce déséquilibre énergétique résulte de modifications quantitatives, qualitatives, et de la déstructuration des rythmes alimentaires. Notre environnement joue également un rôle majeur. Le stress, le sommeil, certains médicaments, certains virus et l’exposition à des polluants peuvent être incriminés dans le développement d’une obésité.
La phase d’aggravation est marquée par des fluctuations pondérales en lien avec des tentatives répétées de perte de poids très souvent suivies de rebonds pondéraux. Elle laisse place à la phase d’obésité constituée caractérisée par l’apparition des comorbidités. Dans cette ultime phase, on observe une chronicisation du processus d’inflation adipeuse et une résistance à l’amaigrissement (obésité dite « réfractaire »).
De récents travaux tendent à démontrer les liens existants entre la composition du microbiote intestinal, la prise de poids et le développement de complications liées à l’obésité ainsi que le rôle propre de l’intestin et des hormones qu’il sécrète (18). Les neuroscientifiques s’intéressent quant à eux au rôle du système nerveux central et notamment de l’hypothalamus dans la dérégulation de la prise alimentaire et de l’activité physique.
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Table des matières
GENERALITES
1) L’OBESITE
a) Définition
b) Epidémiologie
c) Physiopathologie
d) Complications
e) Prise en charge médicale
2) LA CHIRURGIE BARIATRIQUE
a) Epidémiologie
b) Critères d’opérabilité
c) Contre-indications
d) Techniques chirurgicales
e) Complications
3) LE SUIVI POST OPERATOIRE
1° INTRODUCTION
1) PROBLEMATIQUE
2) LA PLACE DES OUTILS NUMERIQUES EN MEDECINE GENERALE
3) ELABORATION D’UN OUTIL D’AIDE AU SUIVI DES PATIENTS OPERES DE CHIRURGIE BARIATRIQUE
4) OBJECTIFS
2° MATERIEL ET METHODE
1) GENESE ET CADRE GENERAL
a) Critères requis et choix de la forme
b) Acteurs du projet
2) CREATION DU FORMULAIRE
a) Création du protocole
b) Utilisation d’une plateforme informatique
3) EVALUATION D’OBELOGIC
a) Population
b) Questionnaire d’évaluation de l’outil
c) Critères d’évaluation
3° RESULTAT
1) MODALITES D’ACCES ET D’UTILISATION
2) FONCTIONNALITES ET CONTENU DU FORMULAIRE
a) Fonctionnalités du formulaire
b) Contenu du formulaire
3) OPTIONS AVANCEES DE L’OUTIL
a) Base de données et analyses statistiques
b) Ressources
c) Export des données vers le dossier médical
4) COMMUNICATION
5) RESULTATS DE L’EVALUATION
a) Caractéristiques de la population
b) Résultats des questions fermées d’évaluation d’OBELOGIC
c) Résultats du score SUS
d) Champ d’expression libre
4° DISCUSSION
1) PERTINENCE DE LA CREATION D’UN OUTIL D’AIDE AU SUIVI DES PATIENTS OPERES DE CHIRURGIE BARIATRIQUE POUR LE MEDECIN GENERALISTE
2) PERTINENCE DE LA CREATION DE NOTRE OUTIL SOUS FORME NUMERIQUE
3) PERTINENCE DU CONTENU DE NOTRE OUTIL
4) DISCUSSION DE L’EVALUATION DE NOTRE OUTIL
a) Population de l’étude
b) Discussion des réponses aux questions fermées
c) Discussion des résultats du SUS
d) Discussion des réponses ouvertes
5) LIMITES D’OBELOGIC ET DE SON EVALUATION
6) PERSPECTIVES
5° CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
RESUME