Saisons et température
Le climat y est tropical humide (1 200 mm/an). On distingue deux approches selon l’année hydrique d’une part, et selon le diagramme ombrothermique de WALTER et LIETH (1967), élaboré à partir des données météorologiques (1991-2000) de la Station d’Ambohitsilaozana. Ce qui nous conduit à affirmer que la région lacustre d’Alaotra présente deux saisons bien distinctes, 5 mois de saison humide ou des pluies (de Novembre à Mars) dans laquelle existe une saison perhumide (de Décembre à mi-Février) qui y est en contraste, et 7 mois de saison sèche (d’Avril à Octobre). L’insolation est mesurée à l’aide d’héliographes CAMPBELL, par le service météorologique. [12] L’insolation moyenne annuelle est de 2 085 heures au niveau d’Ambohitsilaozana, correspondant à une température moyenne annuelle de l’ordre de 15°C. Durant le mois le plus frais, la température est comprise entre 5 et 10°C. Le mois de Janvier présente le minimum avec une moyenne quotidienne de 4 h 5/10. Celle-ci croît ensuite jusqu’en Octobre (7 h 9/10). [11] La température varie de 12 à 19°C (T min), et de 22 à 29°C (T max) et a pour moyenne 17 à 24°C durant les dix années 1991-2000. Explicitement, en saison de pluie (ou saison chaude), de Novembre en Décembre, les maxima peuvent dépasser 35°C. En saison sèche, les mois les plus froids, Juillet – Août, les minima peuvent y descendre en dessous de 5°C. Voici ci-après deux aperçus de l’évolution de la température dans la région, enregistrée à la Station d’Ambohitsilaozana. Ce tableau montre qu’on peut en tirer l’absence de changements considérables.
Tectonique
Le Lac Alaotra est un lac d’origine tectonique, inscrit dans un fossé méridien remarquable (LAVILLE et al. 1998) [13], caractérisé par une eau ouverte naturelle de 1 à 2,5m de profondeur (maximum 4 m) à la fin de la saison de pluie. Il s’agit d’un effondrement limité par un système complexe de failles avec comblement lent par les effets d’une érosion active. La cuvette, à fond très plat, a une altitude moyenne de 755 à 760m. Elle est bordée de plateaux latéritiques érodés formant des collines arrondies encaissant des vallées profondes généralement marécageuses.
Ces plateaux comprennent:
– A l’Est une ligne de faite assez élevée (point culminant du bassin à 1580m sur la Haute Lovoka) séparant le bassin de l’Alaotra de celui de l’Onibe ;
– Au Sud des reliefs latéritiques fortement creusés de « lavaka » formant une ligne de partage des eaux peu marquée avec le bassin de l’Ivondro (cuvette de Didy) ;
– Au Sud-Ouest les hauts plateaux de l ‘Anjafy qui se prolongent vers le Nord-Ouest par un plateau gneissique abrupt constituant la ligne de partage des eaux avec le bassin de la Mahajamba ;
– Au Nord le massif de l’Ankitsika aux reliefs accentués que l’Anony contourne par l’Ouest avant de regagner le lac [15].
Systèmes aquifères
Par définition, un aquifère est une couche (ou massif de roches perméables) permettant l’écoulement significatif d’une nappe d’eau souterraine et le captage de quantités d’eau appréciables. Il peut comporter une zone non saturée. La partie mobile ou eau gravitaire forme la nappe d’eau souterraine exploitable. Le bassin versant lacustre d’Alaotra présente des aquifères formés par :
– des alluvions, des arènes et de socle fracturé dans les bas-fonds et plaines alluviales ;
– des altérites, des arènes et de socle fracturé au niveau des zones collinaires.
Les migmatites granitoïdes et les migmatites de Mangoro constituant le socle sont sous couvert altéritique puissant formé par des sols très kaoliniques, à texture sableuse ou sablolimoneuse. Par contre sur les migmatites gneissiques, plus résistantes, la couverture latéritique est plus mince. Donc comme tout site en zone du socle, le système est de type monocouche (altérite mince à absente) en zone du relief résiduel, à bicouche (altérite puissante aquifère) au niveau des interfluves. Une structure multicouche peut être rencontrée au niveau des basfonds et des plaines alluviales où le principal réservoir aquifère est dominé par des dépôts de sables alluvionnaires
Les marqueurs d’une tectonique récente
Dans la région étudiée deux types de marqueurs permettent de mettre en évidence une activité tectonique récente et actuelle : le fonctionnement hydrogéomorphologique des bassins versants lacustre d’Alaotra au Nord et de celui d’Ankay au Sud, et les indices morphostructuraux des mouvements verticaux.
Les témoins hydrogéomorphologiques de l’activité tectonique récente L’analyse des réseaux hydrographiques et des aires drainées montre une concentration des flux hydrauliques dans des couloirs étroits localisés par des escarpements de failles actives N-S, NE-SW et NW-SE (Tidahy, 1996). Plusieurs exemples montrent, en effet, que les réseaux de drainage sont contrôlés par des failles actives (Ravololonirina, 1996). Ainsi, dans le bassin Nord, tous les drains convergent vers le Lac où s’accumulent les larges cônes alluviaux, argileux. Là, le réseau est radial centrifuge, il atteste une zone au niveau du Lac. Ainsi, l’organisation et la hiérarchisation des réseaux hydrographiques témoignent d’un couplage Mouvement verticale-Erosion. L’érosion régressive, effectuée par le réseau d’un bassin versant arrivant à l’océan indien et se développant sur le flanc Est de la falaise Betsimisaraka, a conduit à la capture de la rivière Maningory qui constitue actuellement le seul émissaire du Lac à l’Est.
Les témoins morphostructuraux de mouvements récents La présence d’indices morphostructuraux particulièrement démonstratifs permet d’illustrer l’existence d’une activité tectonique récente. Prenons seulement l’exemple concernant ce Lac :
Son basculement vers l’Est est souligné par :
– le déplacement vers l’Est et le Nord-Est des marécages et du Lac (Figure 10) ;
– le soulèvement de l’épaulement Ouest du bassin (Figure 11) vigoureusement attaqué par les lavaka, et marqué par l’antécédence des cours d’eau, la Sahabe et ses affluents, qui surcreusent le horst d’Ankadibeviavy (1026 m) et le graben « perché » de Soalazaina (900 m) ;
– la vidange vers l’Est du Lac (Figure 12).
Consécutivement au soulèvement de l’épaulement Est, il y a eu un large épandage de coulées boueuses (debris-flow) avec les éléments grossiers non jointifs constitués de blocs de quartz dont le diamètre atteint souvent 50 cm. Ces blocs, disséminés au pied du relief constituant la bordure NE du bassin, passent vers l’Ouest, dans la partie distale, à des diamètres beaucoup plus faibles. En bordure du Lac (Figure 12), ces coulées boueuses, disloquées par des failles subméridiennes qui la compartimentent en plusieurs blocs, occupent les paléovallées perchées sur des horsts et de pente dirigée vers le Lac. Cette géométrie atteste bien un rejet en faille normale postérieure à la mise en place des coulées. En contrebas des horsts, un large éventail alluvial, argileux, s’étale vers l’Ouest en direction du Lac. Ce lobe, développé à partir de l’escarpement de la faille bordière orientale, était probablement alimenté par le réseau d’un bassin versant qui, situé encore plus à l’Est sur le relief, devait déboucher vers le Lac. Or ce lobe est actuellement incisé par la rivière Maningory qui s’écoule vers l’Est franchissant en cluse évasée l’épaulement Ouest du bassin. Cette rivière qui incise, plus à l’Est, la falaise Betsimisaraka située entre le bassin montagneux d’Alaotra (750 m) et l’océan indien, représente le seul émissaire du Lac vers cet océan. Ainsi, le cours supérieur du Maningory semble constituer un bel exemple de capture par érosion régressive vers l’Ouest d’un bassin versant qui se développait sur le flanc Est de la Betsimisaraka. Cette capture serait consécutive au basculement vers l’Est du bassin d’Alaotra.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE CONJONCTURES SOCIO-ECONOMIQUE ET SECTORIELLE
CHAPITRE I LA RÉGION ALAOTRA-MANGORO
I.1 Généralités
I.2 Situation économique
CHAPITRE II ZONE DU LAC ALAOTRA
II.1 Généralités
II.2 Situation socio-économique
DEUXIÈME PARTIE ETUDE HYDROGEOLOGIQUE
CHAPITRE III ÉTUDE BIBLIOGRAPHIQUE
III.1 Contexte physique
III.1.1 Végétation
III.1.2 Climat
III.1.2.1 Saisons et température
III.1.2.2 Précipitation
III.1.2.3 Evaporation et évapotranspiration
III.1.2.4 Domaines climatiques
III.2 Géologie
III.2.1 Série stratigraphique et faciès [12]
III.2.2 Tectonique
III.3 Hydrologie
III.3.1 Hydrographie
III.3.2 Les eaux souterraines
III.3.2.1 Systèmes aquifères
III.3.2.2 Types de nappes aquifères
CHAPITRE IV BASES METHODOLOGIQUES
IV.1 Télédétection et apport du MNT
IV.1.1 Traitement d’images
IV.1.2 Applications
IV.2 Méthode électrique
IV.2.1 Généralités
IV.2.2 Principe du sondage électrique
IV.3 Méthode Audio-Magnétotellurique
IV.3.1 Généralités
CHAPITRE V ETUDES ET TRAVAUX ANTÉRIEURS
V.1 Prospection géophysique
V.2 Le fossé du Lac Alaotra
V.2.1 Remplissage sédimentaire
V.2.2 Caractéristiques structurales du fossé
V.2.2.1 Les zones d’accumulation sédimentaire
V.2.2.2 Les reliefs
V.2.3 Les marqueurs d’une tectonique récente
V.2.3.1 Les témoins hydrogéomorphologiques de l’activité tectonique récente
V.2.3.2 Les témoins morphostructuraux de mouvements récents
TROISIÈME PARTIE SYNTHÈSE DES RÉSULTATS
1- Zone 1
2- Zone 2
3- Le Fossé de l’Alaotra
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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