ELABORATION DE FARINE FORTIFIEE POUR FEMME EN AGE DE PROCREER

Sécurité alimentaire

Lorsque les périodes de soudure sont particulièrement difficiles, l’état nutritionnel de la population est considérablement détérioré (LANDAIS et al, 2007). Les difficultés alimentaires sont principalement liées au climat et au type de sol de la région. En 2016, une difficulté d’accès critique à la nourriture dans les régions d’Androy est marquée selon le Score de Consommation Alimentaire (SCA) qui est un indicateur d’évaluation de régime alimentaire des ménages durant les 7 derniers jours : 50,38% des ménages ont un SCA pauvre (SCA < 21) et 26,39% ont un SCA limite (21 < SCA < 35) (FAO /PAM, 2016).Concernant le type d’alimentation, les pratiques alimentaires sont très éloignées des recommandations internationales et varient selon les périodes de l’année. En période faste, deux types de plats familiaux traditionnels sont fréquemment consommés : un plat de maïs préparé avec du niébé et un plat de manioc préparé avec de la dolique d’Egypte (Dolichos lablab). Pendant la période de soudure, où l’insuffisance alimentaire prédomine, les ménages ont recours aux aliments de disette, notamment le kobokoboke et le lilagne. Leurs apports en nutriments et en énergie ne peuvent couvrir les besoins journaliers du groupe cible (DENIZEAU, 2007). Aucune considération particulière n’est portée à l’endroit de l’alimentation des FAP.

DESCRIPTION DES VARIABLES SOCIOECONOMIQUES DES FAP BENEFICIAIRES DE LA KOBA HERY

Etant donnée la courte durée de la prise en charge, les données socioéconomiques d’un échantillon de 55 FAP choisies au hasard dans 10 communes les plus proches (Ampamata, Anjapaly, Antanimora, Antaritarika, Beanantara, Beloha, Marolinta, Marovato, Tranovaho, Tsihombe) ont été recueillies par voie de questionnaire individuel (Cf. Annexe 8).

Consommation de la Koba Hery durant la prise en charge

Le tableau 21 synthétise les caractéristiques de consommation de la Koba Hery. Il a été constaté que :
– seulement 14% des FAP ont une quantité restante de sachets égale à celle attendue, c’est à dire, ont suivi les instructions sur la consommation ;
– 76,7% des femmes ont une quantité de sachets inférieure à celle attendue, c’est à dire, plus de sachets ont été consommés. L’explication reçue est que : une partie (18 sachets en moyenne) a été partagée gratuitement avec d’autres personnes, enfants ou autres membres de la famille (détail en annexe 11) ;
– 9,3% des femmes avaient encore une quantité supérieure à celle attendue.
Par ailleurs, 76,7% des FAP ont affirmé avoir consommé la totalité de leur ration. Ce pourcentage a évolué et a atteint 86,1% lors de la dernière distribution. En matière de consommation journalière de la Koba Hery, 60,5% avaient consommé plus de 4 sachets et 25,6% ont oublié d’en consommer la veille de l’enquête.

Etat nutritionnel des FAP

Les comparaisons de l’’état nutritionnel des femmes prises en charge entre le moment de l’admission S1, en S3 et à la fin S5 est présenté dans les tableaux 25, 26, 27 et 28 respectivement pour les FE, les FA, les FNEA et toutes les catégories de femmes. Dans l’ensemble, la valeur moyenne du PB a présenté une amélioration significative de S1 jusqu’en S5 (p < 0,0001). En résumé, Selon le niveau socioéconomique, la taille du ménage est élevé (8 personnes), il serait alors possible que la ration de la Koba Hery pour la femme prise en charge soit distribuée aux autres membres de la famille. La consommation de la Koba Hery par une grande proportion (86%) de femmes prises en charge est irrégulière. Certaines d’entre elles avaient mangé la ration supérieure et d’autres inférieures à celle attendue. Ce qui pourrait s’expliquer par le fait que, vu le niveau socioéconomique de la famille des cibles, ces dernières ont été tentées de partager leur ration aux autres membres. Par ailleurs, les modalités de cuisson de la Koba Hery n’étaient pas encore, pour certaines, bien maîtrisées, ce qui se reflète sur son apport énergétique. Malgré la courte durée de la prise en charge, 58,8% des cibles ont leur PB augmenté (≥ 210 mm).

CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

Cette étude réalisée dans le cadre du projet AINA II nous a permis de :
– nous familiariser aux différentes techniques et méthodes d’analyse couramment utilisées en Sciences des Aliments et en Nutrition ;
– réaliser la formulation d’aliments composés enrichis ;
– nous initier aux différentes techniques d’évaluation sensorielle et aux traitements statistiques correspondants ;
– maîtriser les techniques d’enquête nutritionnelle, les méthodes de mesures anthropométriques et d’acquérir des formations sur les analyses statistiques des données y afférentes.
Il ressort de cette étude que :
– parmi les formules à base d’aliments locaux proposées [maïs (F1), maïs/mil (F2), maïs/niébé (F3)], celle à base de maïs (F1) est la plus appréciée par les FAP ;
– la quantité d’eau de cuisson permettant d’obtenir 40% de MS avec 70 g de farine est de 130 ml et celle de 1 kg est de 1450 ml ;
– la consistance avec un TI de 0,09 g/kg de BAN est jugée adéquate ;
– le partage familial de la ration de la Koba Hery est l’une des raisons du nonrespect de la quantité recommandée. En effet, parmi les 43 FAP enquêtées sur l’utilisation de la Koba Hery, 86% ont consommé plus ou moins la ration et 16,7% en ont donné aux autres membres de la famille. L’instruction pour l’utilisation de ce nouveau produit fortifié nécessite un renforcement ;
– les 58,8% des FAP prises en charge ont été guéries de la malnutrition si le PB a été considéré comme critère de guérison. Il faut noter tout de même que l’expérience a été réalisée en condition réelle, il n’a pas été demandé si ces gens reçoivent (ou pas) leurs repas habituels et également s’il y a eu modifications des pratiques alimentaires durant la période de prise en charge. Il se pourrait que le changement observé n’est pas uniquement le fruit de la consommation (ou non) de la farine fortifiée.
Ce travail présente des limites. Dans l’avenir, il serait donc intéressant de :
– renforcer l’éducation sur la préparation de la Koba Hery ;
– sensibiliser davantage les FAP sur l’intérêt d’une alimentation diversifiée et de la consommation d’un produit fortifié à moindre coût ;
– sensibiliser encore les femmes pour éviter les risques liés au partage familial (soit la quantité pour une ration, soit le nombre de repas recommandé) ;
– effectuer des suivis sur les modalités d’utilisation des farines de prise en charge et faire régulièrement une démonstration culinaire de la préparation de la bouillie ;
– s’aligner à la durée de prise en charge recommandée dans le protocole national si on dispose plus de temps et de moyen ;
– faire une épreuve descriptive pour caractériser le profil alimentaire du produit.

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Table des matières

INTRODUCTION
SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE ET CADRE CONCEPTUEL DE L’ETUDE
I. PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
I.1. DONNEES GEOGRAPHIQUES
I.2. CLIMATOLOGIE ET HYDROLOGIE
I.3. CADRE ECONOMIQUE
I.3.1. Sources de revenus
I.3.2. L’alternance de période de récolte et de soudure
I.4. SITUATION ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE
I.4.1. Sécurité alimentaire…
I.4.2. Etat nutritionnel des FAP de la région Androy
II.LE PROJET AINA II
II.1. HISTORIQUE
II.2. OBJECTIF
II.3. ACTIVITES6
III. BESOINS NUTRITIONNELS DES FAP
MATERIELS ET METHODES
I. IDENTIFICATION DE LA FARINE ENRICHIE APPRECIEE PAR LES FAP ANDROY
I.1. FORMULATION DE LA FARINE
I.2. ANALYSE SENSORIELLE
I.2.1. Test triangulaire
I.2.2. Test de classement
I.2.3. Test de notation
I.3. EXPLOITATION DES DONNEES
II. DETERMINATION DE LA QUANTITE D’EAU DE CUISSON (QEC) ET DE LA CONSISTANCE DE LA BOUILLIE APPRECIEE PAR LES FAP
II.1. DETERMINATION DE LA QUANTITE D’EAU DE CUISSON
II.1.1. Détermination de la quantité d’eau de cuisson pour une ration
II.1.2. Détermination de la quantité d’eau de cuisson pour 1 kg de farine
II.1.3. Préparation des bouillies avec différentes quantités d’eau et mesure de la teneur en matière sèche
II.2. DETERMINATION DE LA QUANTITE DE BAN A INCORPORER DANS LA BOUILLIE
II.3. DETERMINATION DE LA CONSISTANCE APPRECIEE PAR LES FAP
III. EVALUATION DE L’EFFICACITE DE LA FARINE FORTIFIEE SUR LA CONSOMMATION ALIMENTAIRE ET L’ETAT NUTRITIONNEL DES FAP
III.1. DESCRIPTION DES VARIABLES SOCIOECONOMIQUES DES FAP BENEFICIAIRES DE LA KOBA HERY
III.2. MODALITES D’UTILISATION DE LA KOBA HERY
III.3. EFFICACITE DE LA KOBA HERY SUR L’ETAT NUTRITIONNEL DES FAP
III.3.1. Recueil des données
III.3.2. Traitement, saisie et analyse statistique des données
RESULTATS ET DISCUSSION
I. FORMULE DE FARINE APPRECIEE PAR LES FAP
I.1. TEST TRIANGULAIRE
I.2. TEST DE CLASSEMENT PAR RANG
I.3. TEST DE NOTATION
II.QUANTITE D’EAU DE CUISSON RETENUE ET CONSISTANCE DE LA BOUILLIE APPRECIEE PAR LE FAP
II.1. QUANTITÉ D’EAU DE CUISSON SELON LA QUANTITE DE FARINE
II.2. TAUX D’INCORPORATION DE BAN
II.3. CONSISTANCE APPRECIEE PAR LES FAP
II.3.1. Test triangulaire
II.3.2. Test de classement
II.3.3. Test de notation
III. EFFICACITE DE LA KOBA HERY SUR L’ETAT NUTRITIONNEL DES FAP
III.1. CARACTERISTIQUES SOCIOECONOMIQUES DES FAP
III.2. CARACTERISTIQUES DU CHEF DE MENAGE
III.3. CONDITIONS D’HABITATION
III.4. CONSOMMATION ALIMENTAIRE
III.5. UTILISATION DE LA KOBA HERY
III.5.1. Consommation de la Koba Hery durant la prise en charge
III.5.2. Consommation la veille de l’enquête
III.5.3. Mode de préparation
III.6. EFFICACITE DE LA KOBA HERY SUR L’ETAT NUTRITIONNEL DES FAP
III.6.1. Répartition des FAP prises en charge
III.6.2. Etat nutritionnel des FAP
CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES