Le mil occupe une place non négligeable dans les cultures céréalières. Les principaux pays producteurs sont l’Inde, le Nigeria, Le Mali, le Burkina Faso, le Sénégal (FAO, 1995 ; 1997). Au Sénégal, le mil à chandelle est produit dans presque toutes les régions du pays surtout dans le bassin arachidiers (Broutin C. et al, 2000). Il est essentiellement cultivé pour l’alimentation mais également peut servir de fourrage, de clôture aussi bien au Sénégal que dans les autres pays du tiers monde. Cependant dans les pays développés, le mil est surtout utilisé pour la nourriture des animaux (FAO, 1997). Et pourtant le grain de mil a une valeur nutritive supérieure à celle du maïs et du sorgho. IL est considéré comme la céréale d’excellence des intellectuels (Lathan M.C., 2001).
Les productions globalement faibles pourraient être plus importantes si le mil n’était pas confronté à un certain nombre de problèmes d’ordre biotique et abiotique. Parmi les problèmes biotiques, il y’a l’action des ravageurs tels que les insectes mais également à un certain nombres de maladies notamment fongiques comme le mildiou, l’ergot et le charbon du mil, Moesziomyces penicillarae initialement Tolyposporium penicillarae. Ce charbon est un Basidiomycète de l’ordre des Ustilaginales. Ce pathogène attaque les ovaires du mil qu’il transforme en sore remplis de spores noirs d’où le nom de charbon du mil attribué à cette maladie. Cette pathologie provoque des baisses assez importantes de rendement. Les baisses ont été estimées à 6.057t en 1986 soit 423.940 millions CFA de pertes chiffrées (CNRA de Bambey, 1986). Plusieurs études ont été faites sur la morphologie, la biologie, sur les méthodes de lutte… etc. Pour apporter notre contribution à une meilleure connaissance de ce pathogène, nous nous sommes fixés comme objectif l’étude du mode d’action du champignon. Pour ce faire plusieurs études ont été menées au laboratoire et en serre pour :
➤ Isoler des souches monoclonales.
➤ Evaluer leur pathogénicité.
➤ Faire des inoculations simples et combinées à partir de souches choisies selon leur virulence pour déterminer d’une part la virulence de ces clones en saison pluvieuse et d’autre part l’existence de facteurs additifs ou non additifs du pouvoir pathogène.
➤ Faire des inoculations à partir d’un filtrat de souche monoclonale.
➤ Mettre en évidence les possibilités d’infection par les racines de M. pénicillariæ.
Matériel végétal
Historique et distribution géographique
Le mil perlé (Pennisetum glaucum l.) a été probablement découvert dans le sud Sahara, il y a près de 3000 à 5000 ans. IL a été ensuite transportée en Afrique orientale et centrale et en Inde en raison de son excellente tolérance à la sécheresse, il y’a près de 2000 ans (FAO, 1995). Le terme « mil » regroupe un ensemble de graminées alimentaires annuelles qui ont pour caractéristique commune la petitesse de leur grain. Les espèces les plus importantes sont le mil pénicillaire ou mil perlé ou encore mil en chandelle, l’éleusine, le millet commun et le millet des oiseaux. Le mil pénicillaire compte pour près de la moitié de la production mondiale du mil (FAO, 1997). C’est donc le plus important des espèces de mil cultivées à travers le monde avec un total de 40 millions d’hectares cultivés (FAO, 1996) et 26 millions de terres emblavées en Afrique sud-saharien et dans le sub continent indien. Le mil perlé est une culture traditionnelle en Afrique occidentale, surtout au sahel, en Afrique centrale, orientale et australe. En Asie, il est cultivé en Inde, au Pakistan et le long de la côte sud de la Péninsule Arabique. Il a été récemment introduit dans les plaines côtières du sud-est des Etats-Unis, où il est utilisé comme fourrage d’été (FAO, 1997). En Afrique, 80% de la production provient de l’ouest du continent et les principaux producteurs sont le Nigeria, le Niger, le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal. Le Nigeria compte à lui seul 40% de la production régionale suivi du Niger avec 20%. La production africaine de mil pénicillaire est estimée en 1992-1994 à 11,36 millions de tonnes sur une superficie d’environ 18,5 millions d’hectares avec un rendement moyen de 0,61tonne/hectare. Ces moyennes cachent cependant des écarts régionaux très importants. Les rendements sont en général très faibles et très variables d’une campagne à une autre (ROCAFREMI, 2002).
Au Sénégal notamment, la production céréalière totale se situe entre 800.000 et 1.000.000 de tonnes par an dont 70% à 80% pour le mil en chandelle. Déjà dans les années 60, la production céréalière (mil & sorgho) tournait autours de 450.000 tonnes (Charrier A. et al, 1997) soit une hausse de près de 50%.
La culture du mil est pratiquée presque dans toutes les régions du pays essentiellement dans le bassin arachidier (Thiès, Diourbel, Kaolack, Fatick) mais également dans la région de Tambacounda (Broutin C. et al, 2000).
Description
Le mil pénicillaire est une espèce annuelle de la famille des Graminées et de la tribu des Panicées. Elle est diploïde (2n=14), sexuée, hermaphrodite et préférentiellement allogame avec une protogynie bien marquée. Sa pollinisation est anémophile. C’est une céréale à cycle rapide de grande taille, robuste et vigoureuse à port érigé pouvant atteindre 2 mètres de hauteur (White R. O. et al, 1959). La longueur du cycle de culture, du semis à la récolte, peut varier de 60 jours, pour les variétés plus précoces, à 180 jours pour les variétés les plus tardives. Les variétés semi tardives et tardives encore appelées « Sanio » restent les plus nombreuses dans la zone soudano-sahélienne alors que les formes précoces prédominent dans la zone climatique typiquement sahélienne et sont appelées « Souna » (http://www.icrisat.org).
Quelque soit la durée du cycle, le développement du mil comprend trois phases essentielles :
➤ Phase végétative, GS1 : qui est la phase de germination et de croissance de la plante (http://www.icrisat.org). Elle débute avec la levée des plantules et continue jusqu’au moment de l’induction florale (Boulama M. et al, 1993).
➤ Phase de développement de l’épi, GS2 qui correspond au développement des feuilles, à la floraison et l’émergence de l’épi (http://www.icrisat.org). Pendant cette phase, toutes les feuilles s’étendent, tandis que celles qui se trouvent à la base de la tige, se dessèchent. A la montaison, les entre-nœuds apparaissent et se rallongent à partir de la base. Les talles plus en retard, suivent les mêmes phases de développement que la tige. L’accumulation de la biomasse concerne, en ce moment là, les racines les feuilles et les tiges (Boulama M. et al, 1993).
➤ Phase de remplissage du grain, GS3 qui est la phase de formation et de maturation des gains (http://www.icrisat.org). Elle débute avec la fécondation des fleurs femelles de l’inflorescence et se poursuit jusqu’à la maturité des grains (Boulama M. et al, 1993).
La durée de chacune de ces phases précitées en fonction des variétés et les phases phénologiques principales sont consignées dans le tableau et le schéma suivants de Boulama M. et al (1993).
Le grain est exceptionnel et le fourrage présente une grande potentialité. IL est considéré à l’image du maïs et du sorgho comme des céréales grossières. Le mil perlé présente un nombre variable de talles, la longueur de l’épi, les dimensions et la couleur des grains sont également variables. Il en est de même pour la hauteur de la plante. Cependant tous ces facteurs dépendent des cultivars et des conditions environnementales (http://www.icrisat.org).
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Table des matières
Introduction
I. SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
1. Matériel végétal
1.1 Historique et distribution géographique
1.2 Description
1.2.1 Les tiges
1.2.2 Les talles
1.2.3 Les racines
1.2.4 Les feuilles
1.2.5 Les épis
1.2.6 Les graines
1.3 Ecologie
1.4 Utilisation
1.5 Taxonomie
2. Matériel fongique
2.1 Historique et distribution géographique
2.2 Description
2.2.1 Les sores
2.2.2 Les balles de spores
2.2.3 Les spores
2.2.4 Les cellules stériles
2.2.5 Les sporidies
2.3 Cycle et mode d’infection
2.4 Symptômes et dégâts
2.5 Méthodes de lutte
2.6 Taxonomie
II. MATERIEL ET METHODES
1. Matériels
1.1 Matériel végétal
1.2 Matériel fongique
1.3 Milieux de cultures
2. Méthode
2.1 Cultures sur lames et germination des spores
2.2 Isolement des souches
2.3 Essais de conjugaison des souches de M. pénicillariæ en boite de Pétri
2.4 Méthodes d’inoculation des épis de mil
2.4.1 Test d’agressivités des souches isolées
2.4.2 Inoculation simple de l’épi à partir des souches choisies
2.4.3 Inoculation simple de l’épi à partir d’un filtrat de souches de l’inoculum S10
2.4.4 Inoculation d’épis avec combinaison de souches
2.5 Méthode d’inoculation par les racines
III. RESULTATS
1. Cultures sur lames
2. Isolement des souches
3. Souches compatibles
4. Résultats des inoculations
4.1. Agressivité des souches isolées
4.2. Inoculations simples d’épis à partir des souches choisies
4.3. Inoculation simple à partir de filtrat de la souche S10
4.4. Inoculation d’épis avec des combinaisons de souches
4.5. Inoculations par les racines
IV. DISCUSSION
V. CONCLUSION ET PERSPECTIVES
REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE