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Concept de performance économique
Le diagnostic de l’Agriculture d’une zone ne s’arrête pas à l’identification des systèmes de production et à la caractérisation de leur fonctionnement technique. Le calcul des performances économiques de chacun des systèmes de production est indispensable à la fois pour contribuer à éclairer leur fonctionnement et pour poser des hypothèses quant aux perspectives d’évolution des exploitations. Il s’agit donc de rendre compte de la dynamique globale de l’Agriculture de la zone grâce à l’évaluation des performances économiques des différents systèmes de production (Cochet et Devienne, 2006). L’Agriculture, pour faire face aux exigences du développement économique et permettre l’accession au développement, se doit d’améliorer ses performances. Le taux de croissance de la production agricole, qui implique sa performance économique, est influencé par la quantité de facteur de production apportée et de leur utilisation selon la bonne pratique technique pour chaque culture. Ceci permet d’identifier les possibilités d’accroissement de la production sans ressources financières supplémentaires comme les subventions (Kane, 2010). Cette étude, dans le cadre de l’introduction du Nérica, met en exergue l’évolution de la performance économique des exploitations ne bénéficiant d’aucune forme de subvention. Une performance qui est influencée par plusieurs facteurs de production : terre, travail et capital ; mais également par des facteurs exogènes. Le résultat de cette influence, perçu à travers l’évaluation de la dynamique de la production, permet d’identifier les perspectives de développement de la zone.
Concept d’exploitation agricole
Le concept d’exploitation agricole issu des recherches sur les sociétés rurales a beaucoup été utilisé comme grille d’analyse de la diversité des structures de production1. Les agronomes ont formalisé depuis plusieurs décennies un cadre d’analyse de l’exploitation agricole fondé sur la production agricole de produits végétaux ou animaux. Dans le même temps, certains économistes ont développé un cadre d’analyse et d’action dans lequel l’exploitation agricole est vue comme une entreprise. Ce cadre d’analyse, cohérent avec celui des agronomes, s’est avéré très pertinent pour développer des services d’appuis permettant d’optimiser les résultats économiques de l’exploitation. Une optimisation qui s’opère en spécialisant les activités de production, en captant les subventions, et en arbitrant entre les facteurs terre, capital et main d’œuvre (Pichot, 2006). Entre autres, une exploitation agricole est une unité économique de production agricole soumise à une direction unique qui est le ménage et comprenant tous les animaux qui s’y trouvent et toute la terre utilisée pour la production agricole. Une exploitation agricole partage les mêmes moyens de production tels que la main-d’œuvre, les bâtiments et matériels agricoles (FAO, 1998).
Concept de vulgarisation agricole
La vulgarisation agricole consiste à diffuser auprès des agriculteurs, des connaissances techniques, financières et économiques. Pour le cas de l’étude, il s’agit d’un concept de vulgarisation se basant sur une approche par projet. Cette approche consiste à réaliser des activités de vulgarisation dans un endroit et dans un temps donnés avec, parfois, des injections de fonds extérieurs. Cependant, aucun fond n’a été octroyé par le projet pour les exploitations bénéficiaires de la zone d’étude, seul les semences ont été distribuées aux producteurs. L’objectif de la vulgarisation est de faire une démonstration de techniques et de méthodes qui pourraient être adoptées et continuer à être appliquées après l’achèvement du projet. Les changements à court terme observés sur la zone mesurent les résultats (Anderson, 1996).
La vulgarisation agricole peut également être définie comme toute action consistant à mettre à la portée de tous les agriculteurs d’une même région agricole ou d’une même catégorie des connaissances de progrès technique, économique et social. Cette action permet alors à ces agriculteurs d’élever leur niveau de vie et d’orienter leur production vers des activités plus rentables selon leur besoin (Canonge, 1959).
Toutefois, avant d’entamer un projet de développement dans le cadre d’une vulgarisation agricole, plusieurs procédés doivent être entrepris avec un certain ordre. La planification et la mise en œuvre d’un projet débute par une stratégie convenue, qui mène à l’idée d’une action donnée, qui est ensuite formulée, mise en œuvre, et évaluée en vue d’améliorer la stratégie et les interventions futures. En outre, il est à préciser qu’une étude de faisabilité, effectuée au cours de la phase d’instruction, est primordiale pour permettre de s’assurer que le projet proposé est bien fondé, et susceptible de répondre aux besoins des bénéficiaires prévus. Elle doit décrire la conception du projet dans tous ses détails opérationnels, en tenant compte de tous les aspects politiques, techniques, économiques, financiers, institutionnels, environnementaux, socioculturels, de gestion et de l’égalité hommes et femmes (Commission Européenne, 2001).
Pour le cas du projet d’introduction de la nouvelle semence de Nérica dans la Commune de Fenoarivo, il s’agit de la vulgarisation du nouveau riz dans le but d’améliorer le niveau de vie de la population en visant une amélioration de la productivité en riz.
Concept de système de production
Plusieurs chercheurs économistes ruraux ont déjà évoqués de nombreux concepts sur le système de production. La définition proposée par Chombart de Lauwe et Poitevin (1958) avec une vision micro-économique du système de production focalisée sur la gestion d’une exploitation agricole s’avère être pertinente pour cette étude. Selon ces deux auteurs, « Le système de production est la combinaison des facteurs de production et des productions dans l’exploitation agricole ; l’exploitation étant définie comme l’unité dans laquelle l’agriculteur pratique un système de production en vue d’augmenter son profit » (Chombart de Lauwe et Poitevin, 1958, p. 139). La combinaison des facteurs de production détermine en effet le système de production des exploitations pris en compte dans cette étude. Une autre définition du système de production proposée par Cochet en 2006 peut également être considérée. Selon lui, le système de production indique à la fois à la structure, l’organisation et le fonctionnement des exploitations agricoles. Il s’agit de comprendre ce que font les agriculteurs, comment et pourquoi et d’évaluer les résultats qu’ils obtiennent2 (Cochet et Devienne, 2006). En effet, pour ce travail, l’intérêt d’utiliser les systèmes de production dans l’analyse et l’évaluation des performances des exploitations agricoles est de pouvoir regrouper les exploitations ayant une même structure de production avec des méthodes de fonctionnement similaires.
Notion sur le nouveau riz d’Afrique (Nérica)
L’Association pour le Développement de la Riziculture en Afrique de l’Ouest (ADRAO), le Centre Africain du Riz, et leurs partenaires ont développé de nouvelles variétés de riz pour l’Afrique en croisant avec succès l’espèce africaine de riz Oryza glaberrima avec du riz asiatique O. sativa (Africa Rice Center, 2008). Plusieurs études d’adoption et d’impact menées dans l’Ouest Afrique par Africa Rice3 ont montré que l’introduction de la variété de riz Nérica a eu un impact significatif sur la productivité du riz de cette zone (African Development Bank Group, 2014).
Les variétés de riz Nérica sont parfaitement adaptées aux dures conditions de culture et au faible niveau de fertilisation des terres de riziculture pluviale de l’Afrique subsaharienne (ASS). Dans ces régions, les petits agriculteurs manquent de moyens pour irriguer et apporter des intrants à leurs cultures. Avec tous ses avantages combinés, les variétés de riz Nérica permettent de faire face à la plupart des contraintes de la riziculture pluviale (Akintayo et al., 2008). Pour cette étude, il s’agit de l’introduction de la variété Nérica 4 qui est une plante originaire de la Côte d’Ivoire présentant des avantages en termes de rendement élevé et qui s’adapte aux différents types d’écologies.
Présentation du projet d’introduction de la semence de Nérica
Le projet d’introduction de la nouvelle semence du Nérica dans la Commune de Fenoarivo, à partir de l’année 2016, est effectué dans le cadre d’une étude à l’Université de l’Hohenheim en Allemagne. Il s’agit de l’introduction d’une semence de riz pluvial afin d’appuyer les riziculteurs de la zone en augmentant leur productivité en riz pour qu’ils résistent à la période de soudure. L’objectif du projet de vulgarisation du Nérica dans la zone est d’améliorer la situation des producteurs en termes de développement de la culture de riz face aux conditions climatiques de la zone, mais également en termes de réduction de l’insécurité alimentaire.
Le processus d’introduction de la semence dans la zone est entamé en Novembre 2016. La descente sur terrain durant cette première période a été effectuée par deux formateurs-vulgarisateurs et quatre enquêteurs. Les formateurs-vulgarisateurs sont les agents du projet qui ont attribué une formation par fokontany adressée aux exploitations bénéficiaires de la semence. La formation concerne les techniques de culture à suivre par rapport au calendrier cultural du Nérica. Cependant, des démonstrations sur les pratiques n’ont pas eu lieu, et il en est de même pour les suivis et encadrements durant la période de culture. Une fois la récolte terminée, une deuxième descente a été effectuée en Juin 2017 pour recueillir les chiffres sur la quantité de production en Nérica obtenue par chaque exploitation bénéficiaire.
Introduction du Nérica dans d’autres pays d’Afrique
Le Nérica considéré comme un riz miracle africain a été introduit en Guinée et aussi en Côte d’Ivoire. En Côte d’Ivoire, lorsque la sécheresse s’est abattue, seule une variété de riz poussait correctement, c’est le Nouveau Riz pour l’Afrique ou Nerica. La saison suivante, tous les agriculteurs de la région ont voulus planter la nouvelle semence mais les graines étaient insuffisantes. D’autres agriculteurs de ce pays ont affirmé que le Nerica parce pousse plus vite et est rapidement rentable (Harch, 2004).
En Guinée, un pays où les premières variétés de Nerica ont été introduites en 1997, le besoins en riz de la plupart des exploitations a été satisfait et leur production suffit pour ne pas acheter au marché. Le Nerica est très apprécié par les agricultrices de ce pays, qui ont vu leurs récoltes de riz et leurs revenus augmenter considérablement. Le bureau national de coordination mis en place par le gouvernement pour le Nerica encourage les femmes à créer des syndicats de production contribuant à la diffusion de la nouvelle variété, à la formation et à la gestion des stocks de graines.
Sur un continent où il est souvent difficile de produire suffisamment de denrées alimentaires et où un tiers de la population souffre de malnutrition, les agriculteurs d’une dizaine de pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale obtiennent maintenant des récoltes de riz abondantes qui leur permettent non seulement de nourrir leur famille, mais également de vendre sur les marchés des excédents importants. Ce qui est dû au Nérica (Harch, 2004).
Méthodes
Cette partie des méthodes met en exergue la démarche globale de l’étude ainsi que la démarche spécifique de vérification de chaque hypothèse.
Démarche globale de l’étude
Phase exploratoire
Revue bibliographique
La consultation des ouvrages bibliographiques a permis dans un premier temps de situer le contexte de la filière rizicole par rapport aux études menées auparavant, puis dans un second temps de définir la problématique. Les documents exploités ont également aidé à déterminer les méthodes adoptées dans l’analyse de l’efficacité des techniques agricoles utilisées pour la culture de Nérica ainsi que pour les méthodes d’analyse de la performance économique des exploitations. Par ailleurs, les approches ainsi que les différents concepts et théories sur l’étude ont également été apportés par cette documentation.
Elaboration du questionnaire d’enquête
Le questionnaire a été élaboré suivant la situation de la zone ainsi que l’étude bibliographique selon les objectifs fixés dans l’appréhension du sujet. Il a permis de recueillir des informations auprès des exploitations prises comme échantillon. Le questionnaire regroupe les informations personnelles de chaque individu, mais aussi les données quantitatives sur la production des exploitations agricoles.
Phase de collecte d’informations et de données
Entretien auprès des personnes ressources guide d’entretien en annexe
Les entretiens au niveau des personnes ressources, caractérisés par un questionnaire fermé, ont permis d’apporter des informations sur les techniques rizicoles adoptées par les exploitations mais également sur leur système de production. Les personnes ressources qui ont été consultées sont : le Maire de la Commune de Fenoarivo, le représentant du CSA Ambalavao dans la Commune, les chefs fokontany et les chefs de village par secteur.
Focus-group
Le focus-group a été organisé afin de mettre en évidence le point de vue des participants sur les avantages et les inconvénients de la culture de la nouvelle semence Nérica par rapport aux autres variétés locales. Il s’agit également d’échanger les opinions de chacun concernant les techniques à adopter pour une meilleure productivité de la nouvelle variété. En tout, deux (2) focus-group ont été menés respectivement dans le Fokontany de Fenoarivo et le Fokontany de Maroilo.
Enquêtes auprès des exploitations
Echantillonnage
Une enquête a été réalisée auprès des exploitations se situant dans la Commune de Fenoarivo. Elle a notamment été effectuée dans les Fokontany de Fenoarivo et de Maroilo. Les exploitations prises comme échantillon sont issues de l’enquête entamée par Zeller et Grass en 2011 (Zeller et Grass, 2011).
Dans cette étude, l’échantillonnage aléatoire simple a été utilisé pour le choix de l’échantillon, une méthode qui consiste à choisir au hasard les individus considérés pour l’étude. A partir des échantillons considérés au préalable par Zeller et Grass en 2011, les individus pris comme échantillon pour cette étude sont issus des Fokontany de Fenoarivo et de Maroilo. Les échantillons issus de l’enquête de Zeller et Grass ont été considérés car ils présentent déjà des bases de données qui sont utilisées dans l’analyse de l’évolution de la performance économique des exploitations. De plus, le projet adopte cet échantillonnage.
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Table des matières
INTRODUCTION
1 MATERIELS ET METHODES
1.1 Matériels
1.1.1 Délimitation de l’étude
1.1.1.1 Choix du thème
1.1.1.2 Choix de la zone d’étude
1.1.1.3 Localisation de la zone d’étude
1.1.2 Démarche conceptuelle
1.1.2.1 Concept d’efficacité technique
1.1.2.2 Concept de performance économique
1.1.2.3 Concept d’exploitation agricole
1.1.2.4 Concept de système de production
1.1.2.5 Notion sur le nouveau riz d’Afrique (Nérica)
1.1.2.6 Présentation du projet d’introduction de la semence de Nérica
1.1.2.7 Introduction du Nérica dans d’autres pays d’Afrique
1.2 Méthodes
1.2.1 Démarche globale de l’étude
1.2.1.1 Phase exploratoire
1.2.1.2 Phase de collecte d’informations et de données
1.2.1.3 Phase de traitement des données
1.2.2 Démarche spécifique de vérification de chaque hypothèse
1.2.2.1 Démarche de vérification de l’Hypothèse 1 : « Le niveau d’efficacité
technique des exploitations bénéficiaires du Nérica est faible »
1.2.2.2 Démarche de vérification de l’Hypothèse 2 : « Les exploitations bénéficiaires du Nérica sont les plus performantes sur le plan économique »
1.2.3 Limites de l’étude
1.2.3.1 Par rapport à la nouvelle variété de semence
1.2.3.2 Par rapport à la méthodologie
2 RESULTATS
2.1 Efficacité technique des exploitations agricoles face à la culture du Nérica
2.1.1 Typologie des exploitations bénéficiaires selon le rendement en Nérica obtenu
2.1.1.1 Effectif des exploitations bénéficiaires du Nérica par type
2.1.1.2 Caractéristiques des deux types d’exploitations bénéficiaires du Nérica selon l’ACM
2.1.2 Scores d’efficacité technique des exploitations productrices du Nérica
2.1.2.1 Score d’efficacité technique moyen selon chaque type d’exploitations agricoles
2.1.2.2 Excès en intrants et réduction des facteurs de production selon chaque type
2.1.2.3 Analyse des déterminants de l’efficacité technique
2.2 Performance économique des exploitations agricoles bénéficiaires du Nérica
2.2.1 Caractérisation des deux types d’exploitation
2.2.2 Comparaison des indicateurs de performance de chaque type d’exploitation
2.2.2.1 Différences entre les types d’exploitations agricoles selon les indicateurs de performance à travers chaque année de campagne
2.2.2.2 Evolution des indicateurs de rentabilité des exploitations agricoles à travers les années de campagne 2013, 2016 et 2017
3 DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
3.1 Discussions
3.1.1 Efficacité technique des exploitations agricoles
3.1.1.1 Faible niveau d’efficacité technique
3.1.1.2 Grande disparité entre les exploitations sur le plan technique
3.1.1.3 Excès en intrants
3.1.1.4 Facteurs déterminants de l’efficacité technique
3.1.2 Situation de la performance économique des exploitations
3.1.2.1 Caractéristique de chaque type d’exploitations
3.1.2.2 Performance économique des exploitations bénéficiaires du Nérica pas significativement différente de celle des exploitations non bénéficiaires
3.1.2.3 Effet de l’introduction du Nérica non perçue à travers l’évolution de la situation économique des exploitations bénéficiaires
3.1.3 Facteurs liés à la faible performance des producteurs
3.1.3.1 Conditions liées à la zone auxquelles font face les producteurs
3.1.3.2 Manque de moyen financier et d’organismes de micro-finances
3.1.3.3 Décentralisation non effective au niveau de la Commune
3.2 Recommandations
3.2.1 Amélioration de l’efficacité technique des exploitations dans la culture du Nérica .
3.2.1.1 Procéder à une étude de faisabilité de la culture du Nérica dans la zone
3.2.1.2 Financer les exploitations agricoles en termes d’intrants et de matériels agricoles
3.2.1.3 Intensifier les formations et les suivis techniques
3.2.2 Meilleure performance des exploitations de la zone
3.2.2.1 Créer des organisations paysannes
3.2.2.2 Appuyer le projet et les collectivités décentralisées
3.2.2.3 Installer des institutions de crédit de proximité et faciliter les procédures d’accès
3.2.2.4 Diversifier les activités agricoles et non agricoles
3.2.3 Plan d’action
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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