Efficacité technique des exploitations agricoles face à la culture du Nérica

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Concept de performance économique

Le diagnostic de l’Agriculture d’une zone ne s’arrête pas à l’identification des systèmes de production et à la caractérisation de leur fonctionnement technique. Le calcul des performances économiques de chacun des systèmes de production est indispensable à la fois pour contribuer à éclairer leur fonctionnement et pour poser des hypothèses quant aux perspectives d’évolution des exploitations. Il s’agit donc de rendre compte de la dynamique globale de l’Agriculture de la zone grâce à l’évaluation des performances économiques des différents systèmes de production (Cochet et Devienne, 2006). L’Agriculture, pour faire face aux exigences du développement économique et permettre l’accession au développement, se doit d’améliorer ses performances. Le taux de croissance de la production agricole, qui implique sa performance économique, est influencé par la quantité de facteur de production apportée et de leur utilisation selon la bonne pratique technique pour chaque culture. Ceci permet d’identifier les possibilités d’accroissement de la production sans ressources financières supplémentaires comme les subventions (Kane, 2010). Cette étude, dans le cadre de l’introduction du Nérica, met en exergue l’évolution de la performance économique des exploitations ne bénéficiant d’aucune forme de subvention. Une performance qui est influencée par plusieurs facteurs de production : terre, travail et capital ; mais également par des facteurs exogènes. Le résultat de cette influence, perçu à travers l’évaluation de la dynamique de la production, permet d’identifier les perspectives de développement de la zone.

Concept d’exploitation agricole

Le concept d’exploitation agricole issu des recherches sur les sociétés rurales a beaucoup été utilisé comme grille d’analyse de la diversité des structures de production1. Les agronomes ont formalisé depuis plusieurs décennies un cadre d’analyse de l’exploitation agricole fondé sur la production agricole de produits végétaux ou animaux. Dans le même temps, certains économistes ont développé un cadre d’analyse et d’action dans lequel l’exploitation agricole est vue comme une entreprise. Ce cadre d’analyse, cohérent avec celui des agronomes, s’est avéré très pertinent pour développer des services d’appuis permettant d’optimiser les résultats économiques de l’exploitation. Une optimisation qui s’opère en spécialisant les activités de production, en captant les subventions, et en arbitrant entre les facteurs terre, capital et main d’œuvre (Pichot, 2006). Entre autres, une exploitation agricole est une unité économique de production agricole soumise à une direction unique qui est le ménage et comprenant tous les animaux qui s’y trouvent et toute la terre utilisée pour la production agricole. Une exploitation agricole partage les mêmes moyens de production tels que la main-d’œuvre, les bâtiments et matériels agricoles (FAO, 1998).

Concept de vulgarisation agricole

La vulgarisation agricole consiste à diffuser auprès des agriculteurs, des connaissances techniques, financières et économiques. Pour le cas de l’étude, il s’agit d’un concept de vulgarisation se basant sur une approche par projet. Cette approche consiste à réaliser des activités de vulgarisation dans un endroit et dans un temps donnés avec, parfois, des injections de fonds extérieurs. Cependant, aucun fond n’a été octroyé par le projet pour les exploitations bénéficiaires de la zone d’étude, seul les semences ont été distribuées aux producteurs. L’objectif de la vulgarisation est de faire une démonstration de techniques et de méthodes qui pourraient être adoptées et continuer à être appliquées après l’achèvement du projet. Les changements à court terme observés sur la zone mesurent les résultats (Anderson, 1996).
La vulgarisation agricole peut également être définie comme toute action consistant à mettre à la portée de tous les agriculteurs d’une même région agricole ou d’une même catégorie des connaissances de progrès technique, économique et social. Cette action permet alors à ces agriculteurs d’élever leur niveau de vie et d’orienter leur production vers des activités plus rentables selon leur besoin (Canonge, 1959).
Toutefois, avant d’entamer un projet de développement dans le cadre d’une vulgarisation agricole, plusieurs procédés doivent être entrepris avec un certain ordre. La planification et la mise en œuvre d’un projet débute par une stratégie convenue, qui mène à l’idée d’une action donnée, qui est ensuite formulée, mise en œuvre, et évaluée en vue d’améliorer la stratégie et les interventions futures. En outre, il est à préciser qu’une étude de faisabilité, effectuée au cours de la phase d’instruction, est primordiale pour permettre de s’assurer que le projet proposé est bien fondé, et susceptible de répondre aux besoins des bénéficiaires prévus. Elle doit décrire la conception du projet dans tous ses détails opérationnels, en tenant compte de tous les aspects politiques, techniques, économiques, financiers, institutionnels, environnementaux, socioculturels, de gestion et de l’égalité hommes et femmes (Commission Européenne, 2001).
Pour le cas du projet d’introduction de la nouvelle semence de Nérica dans la Commune de Fenoarivo, il s’agit de la vulgarisation du nouveau riz dans le but d’améliorer le niveau de vie de la population en visant une amélioration de la productivité en riz.

Concept de système de production

Plusieurs chercheurs économistes ruraux ont déjà évoqués de nombreux concepts sur le système de production. La définition proposée par Chombart de Lauwe et Poitevin (1958) avec une vision micro-économique du système de production focalisée sur la gestion d’une exploitation agricole s’avère être pertinente pour cette étude. Selon ces deux auteurs, « Le système de production est la combinaison des facteurs de production et des productions dans l’exploitation agricole ; l’exploitation étant définie comme l’unité dans laquelle l’agriculteur pratique un système de production en vue d’augmenter son profit » (Chombart de Lauwe et Poitevin, 1958, p. 139). La combinaison des facteurs de production détermine en effet le système de production des exploitations pris en compte dans cette étude. Une autre définition du système de production proposée par Cochet en 2006 peut également être considérée. Selon lui, le système de production indique à la fois à la structure, l’organisation et le fonctionnement des exploitations agricoles. Il s’agit de comprendre ce que font les agriculteurs, comment et pourquoi et d’évaluer les résultats qu’ils obtiennent2 (Cochet et Devienne, 2006). En effet, pour ce travail, l’intérêt d’utiliser les systèmes de production dans l’analyse et l’évaluation des performances des exploitations agricoles est de pouvoir regrouper les exploitations ayant une même structure de production avec des méthodes de fonctionnement similaires.

Notion sur le nouveau riz d’Afrique (Nérica)

L’Association pour le Développement de la Riziculture en Afrique de l’Ouest (ADRAO), le Centre Africain du Riz, et leurs partenaires ont développé de nouvelles variétés de riz pour l’Afrique en croisant avec succès l’espèce africaine de riz Oryza glaberrima avec du riz asiatique O. sativa (Africa Rice Center, 2008). Plusieurs études d’adoption et d’impact menées dans l’Ouest Afrique par Africa Rice3 ont montré que l’introduction de la variété de riz Nérica a eu un impact significatif sur la productivité du riz de cette zone (African Development Bank Group, 2014).
Les variétés de riz Nérica sont parfaitement adaptées aux dures conditions de culture et au faible niveau de fertilisation des terres de riziculture pluviale de l’Afrique subsaharienne (ASS). Dans ces régions, les petits agriculteurs manquent de moyens pour irriguer et apporter des intrants à leurs cultures. Avec tous ses avantages combinés, les variétés de riz Nérica permettent de faire face à la plupart des contraintes de la riziculture pluviale (Akintayo et al., 2008). Pour cette étude, il s’agit de l’introduction de la variété Nérica 4 qui est une plante originaire de la Côte d’Ivoire présentant des avantages en termes de rendement élevé et qui s’adapte aux différents types d’écologies.

Présentation du projet d’introduction de la semence de Nérica

Le projet d’introduction de la nouvelle semence du Nérica dans la Commune de Fenoarivo, à partir de l’année 2016, est effectué dans le cadre d’une étude à l’Université de l’Hohenheim en Allemagne. Il s’agit de l’introduction d’une semence de riz pluvial afin d’appuyer les riziculteurs de la zone en augmentant leur productivité en riz pour qu’ils résistent à la période de soudure. L’objectif du projet de vulgarisation du Nérica dans la zone est d’améliorer la situation des producteurs en termes de développement de la culture de riz face aux conditions climatiques de la zone, mais également en termes de réduction de l’insécurité alimentaire.
Le processus d’introduction de la semence dans la zone est entamé en Novembre 2016. La descente sur terrain durant cette première période a été effectuée par deux formateurs-vulgarisateurs et quatre enquêteurs. Les formateurs-vulgarisateurs sont les agents du projet qui ont attribué une formation par fokontany adressée aux exploitations bénéficiaires de la semence. La formation concerne les techniques de culture à suivre par rapport au calendrier cultural du Nérica. Cependant, des démonstrations sur les pratiques n’ont pas eu lieu, et il en est de même pour les suivis et encadrements durant la période de culture. Une fois la récolte terminée, une deuxième descente a été effectuée en Juin 2017 pour recueillir les chiffres sur la quantité de production en Nérica obtenue par chaque exploitation bénéficiaire.

Introduction du Nérica dans d’autres pays d’Afrique

Le Nérica considéré comme un riz miracle africain a été introduit en Guinée et aussi en Côte d’Ivoire. En Côte d’Ivoire, lorsque la sécheresse s’est abattue, seule une variété de riz poussait correctement, c’est le Nouveau Riz pour l’Afrique ou Nerica. La saison suivante, tous les agriculteurs de la région ont voulus planter la nouvelle semence mais les graines étaient insuffisantes. D’autres agriculteurs de ce pays ont affirmé que le Nerica parce pousse plus vite et est rapidement rentable (Harch, 2004).
En Guinée, un pays où les premières variétés de Nerica ont été introduites en 1997, le besoins en riz de la plupart des exploitations a été satisfait et leur production suffit pour ne pas acheter au marché. Le Nerica est très apprécié par les agricultrices de ce pays, qui ont vu leurs récoltes de riz et leurs revenus augmenter considérablement. Le bureau national de coordination mis en place par le gouvernement pour le Nerica encourage les femmes à créer des syndicats de production contribuant à la diffusion de la nouvelle variété, à la formation et à la gestion des stocks de graines.
Sur un continent où il est souvent difficile de produire suffisamment de denrées alimentaires et où un tiers de la population souffre de malnutrition, les agriculteurs d’une dizaine de pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale obtiennent maintenant des récoltes de riz abondantes qui leur permettent non seulement de nourrir leur famille, mais également de vendre sur les marchés des excédents importants. Ce qui est dû au Nérica (Harch, 2004).

Méthodes

Cette partie des méthodes met en exergue la démarche globale de l’étude ainsi que la démarche spécifique de vérification de chaque hypothèse.

Démarche globale de l’étude

Phase exploratoire

Revue bibliographique

La consultation des ouvrages bibliographiques a permis dans un premier temps de situer le contexte de la filière rizicole par rapport aux études menées auparavant, puis dans un second temps de définir la problématique. Les documents exploités ont également aidé à déterminer les méthodes adoptées dans l’analyse de l’efficacité des techniques agricoles utilisées pour la culture de Nérica ainsi que pour les méthodes d’analyse de la performance économique des exploitations. Par ailleurs, les approches ainsi que les différents concepts et théories sur l’étude ont également été apportés par cette documentation.

Elaboration du questionnaire d’enquête

Le questionnaire a été élaboré suivant la situation de la zone ainsi que l’étude bibliographique selon les objectifs fixés dans l’appréhension du sujet. Il a permis de recueillir des informations auprès des exploitations prises comme échantillon. Le questionnaire regroupe les informations personnelles de chaque individu, mais aussi les données quantitatives sur la production des exploitations agricoles.

Phase de collecte d’informations et de données

Entretien auprès des personnes ressources guide d’entretien en annexe

Les entretiens au niveau des personnes ressources, caractérisés par un questionnaire fermé, ont permis d’apporter des informations sur les techniques rizicoles adoptées par les exploitations mais également sur leur système de production. Les personnes ressources qui ont été consultées sont : le Maire de la Commune de Fenoarivo, le représentant du CSA Ambalavao dans la Commune, les chefs fokontany et les chefs de village par secteur.

Focus-group

Le focus-group a été organisé afin de mettre en évidence le point de vue des participants sur les avantages et les inconvénients de la culture de la nouvelle semence Nérica par rapport aux autres variétés locales. Il s’agit également d’échanger les opinions de chacun concernant les techniques à adopter pour une meilleure productivité de la nouvelle variété. En tout, deux (2) focus-group ont été menés respectivement dans le Fokontany de Fenoarivo et le Fokontany de Maroilo.

Enquêtes auprès des exploitations

Echantillonnage

Une enquête a été réalisée auprès des exploitations se situant dans la Commune de Fenoarivo. Elle a notamment été effectuée dans les Fokontany de Fenoarivo et de Maroilo. Les exploitations prises comme échantillon sont issues de l’enquête entamée par Zeller et Grass en 2011 (Zeller et Grass, 2011).
Dans cette étude, l’échantillonnage aléatoire simple a été utilisé pour le choix de l’échantillon, une méthode qui consiste à choisir au hasard les individus considérés pour l’étude. A partir des échantillons considérés au préalable par Zeller et Grass en 2011, les individus pris comme échantillon pour cette étude sont issus des Fokontany de Fenoarivo et de Maroilo. Les échantillons issus de l’enquête de Zeller et Grass ont été considérés car ils présentent déjà des bases de données qui sont utilisées dans l’analyse de l’évolution de la performance économique des exploitations. De plus, le projet adopte cet échantillonnage.

Phase de traitement des données
Les données collectées, après saisie et compilation, ont été traités à l’aide des différents logiciels statistiques STATA 12, SPSS 20.0 et XLSTAT 2008. Le logiciel QGIS a été utilisé pour l’élaboration de la carte de localisation de la zone d’étude.
Démarche spécifique de vérification de chaque hypothèse
Démarche de vérification de l’Hypothèse 1 : « Le niveau d’efficacité technique des exploitations bénéficiaires du Nérica est faible »
Dans un premier temps, la vérification de cette hypothèse consiste à élaborer une typologie selon le rendement en Nérica obtenu par les exploitations agricoles bénéficiaires. Dans un deuxième temps, il s’agit de déterminer le score d’efficacité de ces exploitations selon chaque type.
Démarche de vérification de la sous-hypothèse 1.1 : « Les exploitations bénéficiaires du Nérica possèdent un niveau d’efficacité technique faible »
Une typologie a été réalisée compte tenu de la différence de rendement en Nérica obtenu par chaque exploitation bénéficiaire.
Démarches pour la typologie
La typologie est basée sur le rendement obtenu par chaque exploitation. En effet, des exploitations agricoles ont obtenu des rendements alors que d’autres n’ont rien récolté. De ce fait, une typologie a été élaborée en classifiant les exploitations en deux types préétablis selon le rendement obtenu en Nérica. Ensuite, pour déterminer les caractéristiques de chaque type d’exploitation, la méthode statistique de l’Analyse des Correspondances Multiples (ACM) a été utilisée.
Variables
Le rendement a été la variable considérée dans l’élaboration de la typologie. Pour l’identification des caractéristiques de chaque type, les variables prises en compte pour l’ACM ont été les facteurs de production directement liés au rendement en Nérica obtenu. Ces variables sont les suivantes :
 Superficie allouée au Nérica en Ha (SUP_Ner) ;
 Main d’œuvre mobilisée pour la culture du Nérica en Hj/Ha (MO_Ner) ;
 Quantité d’engrais biologique utilisée pour le Nérica en kg/Ha (ENG_BIO).
Finalité
L’ACM a permis d’observer les caractéristiques de chaque type d’exploitations. La typologie a été réalisée sous XLSTAT 2008 et la codification des variables en ACM avec le logiciel SPSS 20.
En utilisant la méthode Data Envelopment Analysis (DEA), la vérification de cette sous-hypothèse consiste à l’évaluation du score d’efficacité des exploitations bénéficiaires du Nérica selon chaque type. Cette méthode est une approche non paramétrique qui sert à estimer la frontière de production des exploitations agricoles. Elle consiste à comparer l’efficacité de chaque exploitation avec celles des exploitations techniquement efficaces de l’échantillon considéré. La distance entre la frontière et l’exploitation agricole concernée représente son efficacité (Ghali et al., 2013). La frontière d‘efficacité est déterminée en se basant sur les meilleures pratiques parmi toutes les exploitations de l’échantillon. Elle permet donc d’identifier un ensemble d‘exploitations efficaces pouvant servir de référence pour ceux qui sont inefficaces (Hanafi, 2011).
Notion de Data Envelopment Analysis (DEA)
Une des approches à privilégier pour mesurer l’efficacité technique et en isoler l’effet de l’environnement externe est le Data Evelopment Analysis (DEA). Développée à l’origine par Charnes et al. (1978), sur la base des travaux fondamentaux de Farrell (1957), c’est une technique de programmation linéaire permettant la modélisation non-paramétrique de la relation entre les intrants de production et les extrants produits (Coelli et al., 1998). La méthode DEA a aussi été utilisée en économie agricole pour comparer, entre autres, l’efficacité technique d’un groupe d’agriculteurs dans une production donnée (Belzille et Li, 2014).
Dans l’approche non paramétrique, la méthode DEA est la plus courante pour estimer la frontière de production des exploitations agricoles. Elle consiste à comparer les performances de chaque exploitation avec celles des meilleures exploitations de l’échantillon considéré. La distance entre la frontière de production, où se trouvent les exploitations efficaces, et l’exploitation étudiée représente son efficacité (Ghali et al., 2013).
La méthode DEA permet de calculer l’efficacité technique totale. Elle permet également de détecter, parmi les facteurs de production utilisés, quels sont ceux qui sont utilisés en excès. Cet excès correspond à la réduction potentielle supplémentaire d’un facteur de production en plus de la réduction proportionnelle de tous les facteurs identifiée par le score d’efficacité (Coelli et al., 2005).
La méthode DEA peut être illustrée par la figure 2 :
Dans cette Figure 2, la frontière de production « SS’» est déterminée par les exploitations C et D qui sont les exploitations efficaces. Le score d’efficacité des exploitations à la frontière est de « 1 ». Les exploitations A et B sont inefficaces. Selon Farrell, la mesure de l’efficacité technique de A et B est représentée respectivement par les rapports OA’/OA et OB’/OB. En ce qui concerne l’exploitation fictive se trouvant sur le point A’, alors qu’elle est sur la frontière, il est difficilement concevable de la considérer comme efficace, puisqu’elle peut réduire l’utilisation du facteur X2 d’une quantité égale à CA’ et continuer à produire la même quantité de produit. Ainsi, pour être efficace au sens de Koopmans (1951), l’exploitation.
Etapes à suivre pour une approche non paramétrique
L’approche non paramétrique est de type déterministe ; elle a été introduite par Farrell en 1957 et développe de manière simultanée les deux étapes suivantes (Coelli et al., 1998) :
 Etape 1 : A partir d’un ensemble d’observations sur un ensemble d’exploitations, chacune est comparée aux autres. Une frontière de production est représentée par les exploitations techniquement efficaces. Sur cette frontière, aucune exploitation ne produit plus avec une quantité moindre d’intrants. Dans le cas contraire, elle est incluse dans l’ensemble des possibilités de production et est déclarée d’une certaine inefficacité technique, d’où son nom d’approche déterministe.
 Etape 2 : C‘est la mesure de l’écart qui existe entre chacune de ces exploitations et la frontière de production qui permet de calculer le score d‘efficacité de chaque exploitation. Les valeurs des scores sont comprises entre 0 et 1. Ce score d’efficacité sera d’autant plus faible que la représentation de l’exploitation est éloignée de la frontière de production.
Méthode CCR-I (Charnes, Cooper et Rhodes orienté Intrant)
Dans la littérature, les deux variantes de la méthode DEA les plus employées sont le modèle CCR5 et le modèle BCC6. Le premier suppose des rendements d’échelle constants7 ; une augmentation dans la quantité d’intrant consommée mènera à une augmentation proportionnelle dans la quantité d’extrant produite. En revanche, le deuxième suppose les rendements d’échelle variables8 ; la quantité d’extrant produite découle d’une augmentation non proportionnelle des intrants (Hanafi, 2011).
Pour les deux modèles cités précédemment, on distingue :
 Les modèles dits « orientés intrants », si l’efficacité en termes d’intrants est étudiée, c’est-à-dire, s’il s’agit de l’inefficacité en terme d’excès d’intrants ;
 Les modèles dits « orientés extrants » si l’efficacité en termes d’extrants est analysée, c’est-à-dire, si l’inefficacité par l’insuffisance d’extrants est appréhender (Ambapour, 2001).
Cette présente étude se limite donc au modèle CCR orientés intrants. L’efficacité proposée par le modèle CCR est l’efficacité technique totale. Dans le modèle CCR, les hypothèses suivantes sont à poser :
 La technologie est à rendements constants ;
 Il existe une forte convexité de l’ensemble de production ;
 Il existe une libre disposition des intrants et des extrants.
Les détails sur les formules et les démarches à suivre dans le calcul du score d’efficacité technique sont présentés en Annexe 4.
Détermination de l’extrant et des intrants
La variable Y représente l’extrant rendement en Nérica obtenu par les exploitations et trois (3) intrants ont été adoptés pour cette étude. A savoir :
 X1 : superficie allouée à la production du Nérica ;
 X2 : quantité de main d’œuvre nécessaire à la production du Nérica ;
 X3 : quantité d’engrais biologique utilisée par les exploitations agricoles.
Facteurs de production en excès
Les facteurs de production en excès sont déterminés à partir des excès en intrants issus de la méthode DEA. Les excès en intrant sont les valeurs auxquelles chaque intrant doit être diminué pour que les exploitations selon chaque type atteignent un score d’efficacité technique égale à 1. Autrement dit, pour qu’une exploitation se trouve sur la frontière de production.
Méthode d’analyse des déterminants de l’efficacité technique
Après l’exécution de la méthode DEA, chaque exploitation obtient un niveau d’efficacité technique et il est possible de mesurer l’effet de certains facteurs socio-économiques, en plus des facteurs techniques, sur ce niveau. Certains facteurs peuvent être caractérisés par des variables contextuelles, en ce sens qu’ils n’entrent pas directement dans le procédé de production mais ils peuvent tout de même influencer l’efficacité technique. Ces facteurs peuvent être de nature endogène9 ou exogène10 (Amoussouhoui, 2014). Pour cela, les scores d’efficacité technique déterminés pour l’échantillon total sont régressés sur les déterminants potentiels. La méthode utilisée pour cette régression est la méthode d’estimation Tobit à variable dépendante censurée étant donné que les valeurs possibles de l’efficacité technique varient entre 0 et 1. C’est un modèle statistique utilisé pour décrire une relation entre une variable dépendante censurée et une variable indépendante.
Le modèle d’analyse considéré est y* = Xiβ + εi est une variable latente observée seulement quand elle est positive. Quand la variable latente est négative, la variable dépendante
prend une valeur nulle. X sont les variables choisies pour expliquer le modèle.
Le modèle Tobit se présente comme suit : yi = {  0Xiβ + εi lorsque y*i > 0 lorsque y*i ≤ 0
yi : variable dépendante à expliquer ;
Xi : variable explicative ;
β :  coefficient du modèle associé à la variable explicative Xi ;
εi   :  terme d’erreur ;
i :  observation.

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Table des matières

INTRODUCTION
1 MATERIELS ET METHODES
1.1 Matériels
1.1.1 Délimitation de l’étude
1.1.1.1 Choix du thème
1.1.1.2 Choix de la zone d’étude
1.1.1.3 Localisation de la zone d’étude
1.1.2 Démarche conceptuelle
1.1.2.1 Concept d’efficacité technique
1.1.2.2 Concept de performance économique
1.1.2.3 Concept d’exploitation agricole
1.1.2.4 Concept de système de production
1.1.2.5 Notion sur le nouveau riz d’Afrique (Nérica)
1.1.2.6 Présentation du projet d’introduction de la semence de Nérica
1.1.2.7 Introduction du Nérica dans d’autres pays d’Afrique
1.2 Méthodes
1.2.1 Démarche globale de l’étude
1.2.1.1 Phase exploratoire
1.2.1.2 Phase de collecte d’informations et de données
1.2.1.3 Phase de traitement des données
1.2.2 Démarche spécifique de vérification de chaque hypothèse
1.2.2.1 Démarche de vérification de l’Hypothèse 1 : « Le niveau d’efficacité
technique des exploitations bénéficiaires du Nérica est faible »
1.2.2.2 Démarche de vérification de l’Hypothèse 2 : « Les exploitations bénéficiaires du Nérica sont les plus performantes sur le plan économique »
1.2.3 Limites de l’étude
1.2.3.1 Par rapport à la nouvelle variété de semence
1.2.3.2 Par rapport à la méthodologie
2 RESULTATS
2.1 Efficacité technique des exploitations agricoles face à la culture du Nérica
2.1.1 Typologie des exploitations bénéficiaires selon le rendement en Nérica obtenu
2.1.1.1 Effectif des exploitations bénéficiaires du Nérica par type
2.1.1.2 Caractéristiques des deux types d’exploitations bénéficiaires du Nérica selon l’ACM
2.1.2 Scores d’efficacité technique des exploitations productrices du Nérica
2.1.2.1 Score d’efficacité technique moyen selon chaque type d’exploitations agricoles
2.1.2.2 Excès en intrants et réduction des facteurs de production selon chaque type
2.1.2.3 Analyse des déterminants de l’efficacité technique
2.2 Performance économique des exploitations agricoles bénéficiaires du Nérica
2.2.1 Caractérisation des deux types d’exploitation
2.2.2 Comparaison des indicateurs de performance de chaque type d’exploitation
2.2.2.1 Différences entre les types d’exploitations agricoles selon les indicateurs de performance à travers chaque année de campagne
2.2.2.2 Evolution des indicateurs de rentabilité des exploitations agricoles à travers les années de campagne 2013, 2016 et 2017
3 DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
3.1 Discussions
3.1.1 Efficacité technique des exploitations agricoles
3.1.1.1 Faible niveau d’efficacité technique
3.1.1.2 Grande disparité entre les exploitations sur le plan technique
3.1.1.3 Excès en intrants
3.1.1.4 Facteurs déterminants de l’efficacité technique
3.1.2 Situation de la performance économique des exploitations
3.1.2.1 Caractéristique de chaque type d’exploitations
3.1.2.2 Performance économique des exploitations bénéficiaires du Nérica pas significativement différente de celle des exploitations non bénéficiaires
3.1.2.3 Effet de l’introduction du Nérica non perçue à travers l’évolution de la situation économique des exploitations bénéficiaires
3.1.3 Facteurs liés à la faible performance des producteurs
3.1.3.1 Conditions liées à la zone auxquelles font face les producteurs
3.1.3.2 Manque de moyen financier et d’organismes de micro-finances
3.1.3.3 Décentralisation non effective au niveau de la Commune
3.2 Recommandations
3.2.1 Amélioration de l’efficacité technique des exploitations dans la culture du Nérica .
3.2.1.1 Procéder à une étude de faisabilité de la culture du Nérica dans la zone
3.2.1.2 Financer les exploitations agricoles en termes d’intrants et de matériels agricoles
3.2.1.3 Intensifier les formations et les suivis techniques
3.2.2 Meilleure performance des exploitations de la zone
3.2.2.1 Créer des organisations paysannes
3.2.2.2 Appuyer le projet et les collectivités décentralisées
3.2.2.3 Installer des institutions de crédit de proximité et faciliter les procédures d’accès
3.2.2.4 Diversifier les activités agricoles et non agricoles
3.2.3 Plan d’action
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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