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La formation du taux de change
Le taux de change est un prix
Le taux de change d’une monnaie résulte d’une confrontation offre-demande. Une monnaie a un prix exprimé dans une autre monnaie si et seulement si il se trouve au moins deux opérateurs face à face, le premier souhaitant vendre la première monnaie pour acquérir la seconde, alors que l’autre opérateur a le souhait inverse7.
Le taux de change est donc un prix de marché. Comme sur n’importe quel marché, la demande et l’offre évoluent : un taux de change est donc variable à la hausse ou à la baisse dans le temps. On peut donc acquérir une monnaie à un prix élevé et se trouver confronter à la baisse de sa valeur, ce qui caractérise le risque de change.
On peut aussi préférer recourir à une autre monnaie que la monnaie nationale. Si le cours légal de la monnaie implique que chaque agent économique doit utiliser la monnaie nationale, pour les transactions courantes, il reste possible de choisir dans quelle(s) monnaie(s) seront effectuées les transactions internationales ou les placements à l’étranger.
La valeur du taux de change
Comme pour n’importe quel bien, le taux de change s’établit à l’intersection des courbes d’offre et de demande, dont les formes sont habituelles. Concernant la demande, l’achat d’une devise dépend de celle-ci et la pente de la courbe de demande est négative. La baisse de prix d’une devise pour un pays équivaut à une baisse du prix des produits de l’autre pays. Concernant l’offre, la vente d’une devise dépend de son prix avec une pente positive.
Soit l’exemple du Fmg et de l’Euro. Sur la figure suivante, la courbe d’offre et de demande se coupe au point T. Le taux de change est égal à 1€=12000Fmg. A ce prix, la quantité d’euro échangée est Q. Imaginons que la demande d’euro augmente (la courbe de demande se déplace de D en D’), l’offre restant inchangée : alors le taux de change augmente de T en T’.
La loi du prix unique
Cette loi bien connue est une des bases de la théorie du commerce international et explique la présence d’arbitrages internationaux. Supposons que tous les pays convertissent leurs prix nationaux en une monnaie commune de référence. Cette conversion permet de faire une comparaison entre les prix des biens et services.
Dans une économie ouverte, c’est à dire une économie où les échanges commerciaux sont libres, s’il existe une différence de prix pour le même bien, alors les agents achètent le bien en question dans le pays le moins cher et le revende dans les pays ayant les prix les plus élevés. Ce faisant, les prix augmentent dans les pays le moins cher et réciproquement. La pratique rationnelle de l’arbitrage induit la loi du prix unique, c’est à dire l’égalité des prix exprimé en une monnaie commune. Un bien ne peut avoir durablement des prix différents lorsque les économies sont en concurrence. La monnaie étant l’intermédiaire générale des échanges, elle est essentiellement demandée pour son pouvoir d’achat aussi bien national qu’international.
En d’autre termes, la loi du prix unique nous dit que, sur des marchés compétitifs exempts de coûts de transports et de barrière officielle aux échanges (comme les droits de douanes), des biens identiques vendus dans des pays différents doivent se vendre pour le même prix lorsque ces prix sont exprimés en une monnaie. Lorsque les échanges sont libres et sans coûts, les biens identiques doivent s’échanger aux même prix relatifs indépendamment de l’endroit où ils sont vendus.
La parité du pouvoir d’achat
Selon la théorie de la PPA, le taux de change entre les monnaies des deux pays est égal au rapport des niveaux des prix entre les deux pays9. La théorie de la PPA prédit qu’une baisse dans le pouvoir d’achat intérieur d’une monnaie (indiqué par un accroissement dans le niveau intérieur des prix) sera associée par une dépréciation proportionnelle de la monnaie sur le marché des changes. Symétriquement, la PPA prédit qu’un accroissement dans le pouvoir d’achat intérieur de la monnaie sera associé à une appréciation proportionnelle de celle-ci.
L’idée de base de la PPA fut proposée dans les écrits des économistes britanniques du XIXème Siècle, parmi lesquels RICARDO (qui fut à l’origine de la théorie des avantages comparatifs).
La PPA énonce que le niveau de prix dans tous les pays sont les mêmes quand ils sont mesurés en termes d’une même monnaie.
Superficiellement, l’énoncé de la PPA ressemble à la loi du prix unique. Il y a cependant une différence entre la loi du prix unique et la PPA : la loi du prix unique s’applique à des biens individuels (comme le bien i ) tandis que la PPA s’applique au niveau général des prix, qui est un indice composite des prix de tous les biens entrant dans le panier de biens de référence.
Le marché des changes :
Les taux de change représentent les prix des devises étrangères en monnaie nationale et comme tous les prix, ils se forment sur des marchés spécifiques : les marchés des changes.
Les marchés des changes déterminent les taux de change d’équilibre instantanés au comptant et à terme. Ces taux résultent de la confrontation des offres et des demandes de devises correspondant aux opérations courantes (biens, services, revenus, transferts) et aux opérations financières (investissements directs et de portefeuille, autres investissements) de la balance des paiements. L’offre et la demande de devises correspondent à la couverture immédiate et à terme des opérations courantes et financières ainsi qu’à des prises de position ou à des retournements de position en faveur ou en défaveur de la monnaie nationale.
Les principaux acteurs du marché de change sont les banques commerciales, les entreprises qui sont engagées dans le commerce international, les institutions financières non bancaires telles que les sociétés de gestion d’actifs et les compagnies d’assurance, les banques centrales. Chaque acteur détient leur rôle respectif et les individus peuvent aussi y intervenir mais les transactions en liquides ne représentent qu’une fraction infime de la totalité des échanges en devises.
Les taux d’intérêt jouent un rôle important sur le marché des changes; en effet, les importants dépôts qui s’y échangent rapportent un intérêt, et un intérêt différent selon les devises. Les dépôts rapportent un intérêt parce qu’ils sont en réalité des prêts octroyés par les déposants à la banque.
Le taux d’intérêt d’une devise est la première information nécessaire pour calculer le taux de rendement d’un dépôt dans une devise particulière.
La théorie de la parité des taux d’intérêts (PTI)
Si la PPA est une théorie du taux de change à long terme, la théorie de la PTI est une théorie de courte période. Enoncé par John Maynard KEYNES (1923), cette approche isole les aspects purement financiers des taux de change. Elle trouve son origine, non plus dans l’arbitrage sur les prix des biens et services, mais dans la comparaison des rendements de placements faits dans différentes monnaies10.
Toute opération effectuée par chaque agent économique se base sur la comparaison des taux d’intérêt, plus précisément, toute décision de placement en faisant le choix entre deux unités différentes de deux pays dépend du meilleur rendement attendu et calculé à partir de la relation entre le taux d’intérêt et le taux de change des deux pays distincts.
Tous les investisseurs font le même raisonnement et déplacent leurs capitaux jusqu’à l’égalité qui suit soit établie : (1 + r) K = (11++r* ) K
Où r : le taux d’intérêt en vigueur dans l’un des deux pays
r* : le taux d’intérêt en vigueur dans l’autre pays
K : l’unité de capital disposé par l’individu
¶ e : la variation du taux de change sur la période t (=durée de déplacement)
Ainsi, le taux de change est à parité lorsque la différence entre les taux d’intérêt entre les deux pays est compensée par la différence entre le taux de change à terme et le taux de change au comptant, le taux de change anticipé évolue selon les mouvements de taux d’intérêt.
Choix d’un régime de change et objectifs de politique économique :
L’objectif ultime de la politique économique, et donc du choix d’un régime de change, est de parvenir à la croissance la plus rapide et la plus stable possible ou plus exactement, à la stabilisation de la production avec une inflation basse et stable. Le régime de change affecte en effet la stabilité et la compétitivité de l’économie.
En général, la gestion optimale du taux de change dépend des objectifs économiques des autorités, de la source des chocs sur l’économie et des caractéristiques structurelles de l’économie en question. Par conséquent, il est difficile de tirer de la théorie une ligne directrice de politique de taux de change d’une applicabilité générale. Cependant, le critère le plus couramment adopté est la stabilité de la production réelle et la question concrète serait toujours de savoir comment gérer au mieux le taux de change de manière à réduire la variation de la production réelle autour de son plein rendement face aux chocs éventuels provenant des différentes sources externes et internes. Le degré de flexibilité ou de fixité qui devrait être adopté dans des circonstances spécifiques a donc été d’une importance primordiale.
Les premiers arguments en faveur des taux de change flexibles sont que l’ajustement des taux de change permet de se protéger contre les chocs extérieurs. En effet, face aux mouvements du niveau des prix extérieurs, les prix internes peuvent être stabilisés par un ajustement approprié du taux de change. En conséquence, quand les chocs nominaux extérieurs sont importants, la flexibilité sur la gestion du taux de change sera souhaitable.
Par rapport aux chocs spécifiques internes, lorsqu’ils sont d’origine monétaire (provenant du marché monétaire), maintenir un taux de change fixe serait, du point de vue classique, plus efficace pour stabiliser la production. Etant donné que l’offre monétaire est endogène, sous un taux de change fixe, les perturbations du marché monétaire domestique pourraient simplement être absorbées par des changements des réserves internationales sans affecter les conditions offre-demande sur le marché des biens qui détermine le niveau d’activité économique. Par contre, quand les chocs domestiques sont réels, provenant du marché des biens, le taux de change devrait être ajusté pour stabiliser la production en augmentant (ou en diminuant) la demande extérieure. Par exemple, une appréciation du taux de change devrait amortir l’effet d’un choc positif sur la demande interne de production en orientant la demande additionnelle vers l’extérieur.
Généralement, dans la mesure où la politique vise à la stabilisation de la production face aux chocs temporaires, le taux de change devrait être ajusté quand les chocs viennent de l’extérieur ou du marché intérieur des biens, mais devrait être fixé quand les chocs sont originaires du marché monétaire domestique. Toutefois, les caractéristiques structurelles de l’économie telles que l’ouverture au commerce international, le degré de mobilité du capital et les rigidités dans le marché du travail, affectent les vertus protectrices des régimes de taux de change.
De prime abord, il peut être suggéré que plus l’économie est ouverte (exemple : part plus large des biens échangeables), plus approprié sera le choix pour la fixation du taux de change puisque l’ouverture rend le taux de change fixe plus efficace en diffusant vers l’extérieur le choc monétaire interne. Mais aussi, l’ouverture aide l’ajustement du taux de change à stabiliser la production face aux chocs de la demande interne ou externe. Il est donc évident que l’ouverture ne détermine pas de manière exacte le choix des régimes de taux de change.
La mobilité du capital, qui lie directement les taux d’intérêt domestiques et étrangers, influence aussi l’efficacité de l’ajustement du taux de change pour stabiliser l’économie, d’une part et d’autre part, amplifie les effets déstabilisateurs d’un choc donné de la demande interne sous le régime d’un taux de change fixe.
Efficacité des régimes de change : inflation et croissance
De nombreux travaux ont tenté d’estimer l’efficacité relative des régimes de change. D’après le FMI, d’une part dans le passé, les régimes de change fixe ont été associés à une inflation moindre et à un investissement plus important, mais également à des gains de productivité, et donc à une croissance, plus faible. Il semble donc que c’est le régime de change qui explique la faiblesse de l’inflation, et non une situation moins inflationniste qui autorise la fixité du taux de change.
D’autre part, les régimes de change vraiment flexibles sont ceux qui ont le moins bien fonctionné, avec une inflation plus forte, et des résultats médiocres en termes de croissance, tandis que les régimes intermédiaires sont ceux qui semblent avoir garanti les meilleurs performances de croissance, même si par nature, ils ont autorisé d’avantage d’inflation.
Un certain nombre de contraintes limitent le champ des régimes de change qu’un pays peut adopter. Dans une parfaite mobilité de capitaux, par exemple, il est impossible d’avoir à la fois un régime de change totalement fixe et une politique monétaire parfaitement autonome. Symétriquement, lorsqu’un pays souhaite conserver l’autonomie de sa politique monétaire, il est tenu de choisir un régime de change flexible ou de limiter la mobilité de capitaux.
Les effets de la variation du taux de change
Au cours des vingt dernières années, la recherche portant sur les sources potentielles des fluctuations économiques a connu un regain d’intérêt. Selon des études effectuées dans des pays en économie fermée, la volatilité des variables économiques comme la production et la monnaie ne change pas considérablement lorsqu’un pays passe d’un régime à un autre. Cependant, malgré l’influence de ces résultats, sur les recherches en économie ouverte, il semble que le changement de régime de change exercerait une influence sur l’activité réelle d’une économie.
En effet, les variables économiques sont les plus touchées par la variation du taux de change du fait que cette dernière présente des effets, entre autres, sur les prix intérieurs, sur la balance des paiements, sur le budget de l’Etat, sur les comptes monétaires, aussi bien que sur le secteur réel. Prenant appui sur les PED, des études ont montré que ces variables économiques sont fortement liées à la production. Certes, les effets du régime de change sur la volatilité de la production sont significatifs.
Il s’avère nécessaire de souligner que la variation de change peut être rééquilibrante ou déséquilibrante. Elle est rééquilibrante lorsqu’elle égalise les prix ou les productivités en corrigeant les déséquilibres extérieurs, déséquilibrants dans le cas où elle modifie sans raison les prix relatifs.
Considérons quelques points :
Variation du taux de change et volatilité de la production :
Etant parmi les sources potentielles de la fluctuation du PIB, les termes de l’échange génèrent la volatilité de la production.
Le degré d’ouverture est la variable qui suscite le plus de variation du PIB, suivie de l’offre de monnaie, de la consommation publique et de l’investissement. Le niveau des échanges avec l’extérieur est donc un élément important dans la recherche des instruments susceptibles de minimiser les fluctuations du PIB dans les PED.
Sur les marchés parfaits équilibrés par les prix, les variations du change auraient des effets aussi clairs que mécaniques puisqu’elles modifient les prix d’achat et de vente à l’extérieur et, l’offre et la demande étant commandées par les prix, influencent directement les équilibres micro-économique et macro-économique.
Variation du taux de change et balance commerciale :
Considérons la définition du solde de cette balance (BC):
BC=X–M
BC = PX.QX – PY.QY
BC : balance commerciale
X : exportation
M: importation
P X :prix du bien X QX : quantité de biens X
PY : prix du bien Y QY : quantité de biens Y
Le solde de la balance commerciale diminuera de manière univoque si la variation de la dépense à l’exportation est inférieure à la variation de la dépense à l’importation.
En effet, la variation de la balance commerciale dépend de la Condition de Marschall-Lerner 12 et si cette condition n’est pas remplie, un effet pervers peut être observé : après réévaluation (dévaluation), la balance commerciale devient encore plus excédentaire (déficitaire).
Supposons que la demande nationale d’importation est parfaitement inélastique. Dans ce cas, une baisse de prix à l’importation après réévaluation entraîne également une baisse de la valeur des importations. Si cette baisse était plus grande que celle de la valeur des exportations, la balance commerciale deviendrait alors excédentaire (si elle était équilibrée au départ) ou plus excédentaire (si la réévaluation était provoquée par un excédent initial).
La probabilité qu’un effet pervers puisse se manifester dépend donc de l’évaluation des élasticités-prix de la demande.
En outre, la modification des prix relatifs entraînée par un changement du taux de change se répercute sur le revenu réel dont dépendent – en termes réels – les importations. Ainsi, dans le cas d’une réévaluation, les termes de l’échange ont tendance à s’améliorer : le revenu réel s’accroît entraînant également un accroissement des importations : la balance commerciale réagit donc normalement (réaction normale).
D’autre part, une dévaluation, dans un pays en sous-emploi, pourrait déclencher le mécanisme suivant:
la production nationale s’accroît par un mécanisme du multiplicateur keynésien car elle répond à une demande étrangère qui remplace sur le marché intérieur la diminution des importations. Il en résulte un accroissement de la demande intérieure, qui freine le rééquilibre de la balance externe.
Une dévaluation détériore très probablement les termes de l’échange. La baisse du revenu réel qui en découle réduit la demande intérieure au bénéfice de la demande étrangère et libère une partie de la production nationale. Pour que la balance externe puisse se trouver en équilibre, il faut que cette partie de la production nationale corresponde exactement au déficit accru de la balance commerciale résultant de la détérioration des termes de l’échange.
3- Variation du taux de change et masse monétaire :
Partons de l’hypothèse suivante : le niveau général des prix intérieur est lié directement à celui des prix mondiaux à travers le taux de change.
En se référant sur la théorie de la PPA, il existe un lien étroit entre le taux de change de deux monnaies nationales et leur pouvoir d’achat exprimé en biens et services. Le taux de change entre deux pays est donc proportionnel au rapport de leurs prix intérieurs.
En tenant compte de la théorie quantitative, une relation simple entre le niveau de prix domestique et la masse monétaire de chaque pays peut être établie
MV=PQ
M*V* = P*Q*
M : masse monétaire en circulation
V : vitesse de circulation de la monnaie
P : prix domestique
Q : quantité de production
* : équilibre
Considérant les variations, le taux de change peut être défini comme un rapport entre les variations des masses monétaires de chaque pays : t M M*
Si on part de l’idée que le marché monétaire se trouve équilibré, on peut remplacer l’offre par la demande de monnaie dans chaque pays en distinguant la demande de transaction de la demande de spéculation. La demande de transaction est fonction du revenu formé par le produit PQ, par contre, la demande de spéculation est une fonction inverse du taux d’intérêt observé dans chaque pays.
La variation du taux de change s’explique donc par l’écart du taux d’inflation observé dans chaque pays, par l’écart entre les taux de croissance réelle de l’activité économique de chaque pays et par la différence entre les niveaux des taux d’intérêt.
La monnaie nationale s’apprécie donc lorsque :
l’inflation est plus forte à l’étranger
le taux d’accroissement réel de la production est plus élevé à l’étranger (à cause de l’effet multiplicateur entraînant une hausse plus forte des importations à l’étranger)
une variation du taux d’intérêt est plus faible à l’étranger qu’à l’intérieur attirant ainsi des capitaux étrangers vers l’économie nationale.
En bref, le choix d’un régime de change est très important pour le bon déroulement de l’activité économique. Certes, c’est à partir de la connaissance de son efficacité que les autorités monétaires puissent établir les décisions appropriées aux différents obstacles de l’économie tout en sachant pertinemment que trop de variation du taux de change peut susciter des effets indésirables. Mais il existe un lien étroit entre régime de change et politique monétaire, objet de notre étude dans le chapitre suivant.
LES DEBATS THEORIQUES SUR LA POLITIQUE MONETAIRE
Les débats théoriques contemporaines sur la politique monétaire :
Les monétaristes friedmaniens ainsi que les tenants de la Nouvelle Macro-économie classique ont récusé la conception keynésienne de la politique économique sous deux points clefs venant de ces auteurs :
une politique d’aisance monétaire ne peut que réveiller l’inflation ou l’alimenter.
les interventions discrétionnaires sont soit inefficaces, soit contre-productives, parce qu’elles viennent se heurter aux anticipations rationnelles des agents privés.
La conception keynésienne :
L’œuvre maîtresse du célèbre économiste John Maynard Keynes (1883-1946), Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, a été publié en 1936. Keynes y met en cause les postulats des économistes classiques; il place la recherche du plein emploi au cœur de l’économie et expose l’importance de l’Etat sur les politiques économiques à mettre en œuvre pour y parvenir. La politique principale sur laquelle il met l’accent est la politique monétaire. Il stipule qu’il faut créer de la monnaie afin de faire baisser les taux d’intérêt. Non seulement cette politique encourage l’investissement, mais elle n’est pas préjudiciable à l’épargne, qui ne dépend pas du taux d’intérêt, mais du revenu, qui lui-même dépend en partie de l’investissement.
Une politique de taux d’intérêt faible est donc toujours recommandée tant que le plein emploi n’est pas atteint.
La politique monétaire comporte des limites dont la principale est que la préférence pour la liquidité peut devenir virtuellement absolue, une fois le taux d’intérêt tombé à un certain niveau, puisque presque tout le monde préfère l’argent liquide à la détention d’une créance qui rapporte un taux d’intérêt aussi faible. L’autorité monétaire perd alors la direction effective du taux de l’intérêt, car la demande de monnaie devient illimitée.
Les monétaristes friedmaniens :
L’école monétariste, dont le chef de file incontestable est Milton Friedman (prix Nobel en 1976), s’oppose ouvertement à l’analyse keynésienne. Les monétaristes reconnaissent les imperfections du marché, mais ils ne croient pas que l’Etat soit efficace pour corriger ces imperfections. L’Etat ne doit surtout pas mener de politiques discrétionnaires; il se limitera à une gestion restrictive de l’économie inscrite sur le long terme.
La théorie de Friedman prolonge la théorie quantitative de la monnaie. Il pense que la monnaie est un actif comme un autre et que la demande de monnaie dépend du niveau de richesse, de l’inflation anticipée et de la rentabilité des autres actifs. Plus le niveau de richesse est grand, le taux d’inflation anticipée faible et le rendement des actifs bas, plus la demande de la monnaie sera forte.
FRIEDMAN considère que la demande de monnaie est une fonction stable des facteurs précités; il s’oppose donc à l’analyse keynésienne de la préférence pour la liquidité. Il affirme que les fluctuations économiques sont indépendantes de la demande de monnaie, mais qu’elles résultent de l’offre de monnaie (niveau de croissance de la quantité de monnaie) en partie décidée par les autorités monétaires.
Les objectifs de la politique monétaire
La politique monétaire :
C’est l’un de principaux instruments dont disposent les responsables économiques d’un pays, avec la politique budgétaire. C’est un instrument de politique économique consistant à fournir les liquidités nécessaires au bon fonctionnement et à la croissance de l’économie tout en veillant à la stabilité de la monnaie. La quantité de monnaie en circulation dans une économie seront alors obligés de limiter leurs activités économiques (consommation, production, investissement, etc.…)14.
A l’inverse, une quantité de monnaie trop abondante met à la disposition des agents un pouvoir d’achat bien supérieur à la quantité de biens disponibles, ce qui peut provoquer une hausse des prix (inflation).
C’est l’ensemble des moyens mis en œuvre pour agir sur l’évolution de la masse monétaire.
On distingue deux types de politique monétaire :
1. La politique monétaire expansionniste : elle n’est dans la logique keynésienne qu’un instrument d’accompagnement de la politique budgétaire et permet d’avoir des taux réels faibles. Politiques économiques des » Trente Glorieuses » : la politique monétaire est alors une composante des politiques économiques qui visent à atteindre le » carré magique » (croissance maximum, plein emploi, stabilité des prix, équilibre externe).
2. La politique monétaire restrictive ou politique monétariste : le seul objectif est la stabilité de la valeur de la monnaie via la maîtrise de l’inflation en augmentant par exemple les taux d’intérêt (rappel de la théorie quantitative et du contrôle de la masse
monétaire). Politiques de rigueur en réponse au second choc pétrolier : politique monétariste aux USA dès 79 et désinflation compétitive en France dès 83
Les objectifs :
La politique monétaire a pour objectif général d’adapter le mieux possible l’offre de monnaie du système bancaire aux besoins des agents économiques en vue d’obtenir la régulation de l’activité à court et moyen terme qui déboucherait sur une croissance sans inflation et riche en emplois.
Les objectifs de la politique monétaire rejoignent ainsi les objectifs de la politique économique que sont la croissance (avec un niveau satisfaisant de moyens de paiement en circulation dans l’économie) et à la stabilité interne de la monnaie (afin d’éviter l’inflation).
Mais la politique monétaire ne peut pas agir directement sur ces objectifs. En revanche, elle peut agir efficacement sur certaines variables de l’économie qui elles-mêmes influencent les objectifs de croissance et de stabilité des prix, les variables comme la masse monétaire par exemple, sont des objectifs intermédiaires. Les autorités monétaires se fixent donc des objectifs intermédiaires sur lesquelles elles exercent une influence directe. Ce sont les objectifs quantitatifs (évolution des agrégats monétaire), les objectifs de taux d’intérêt et les objectifs de change.
On parle de politique monétaire régie par des règles lorsque les responsables politiques annoncent à l’avance la manière dont leurs politiques réagiront à diverses situations et lorsqu’ils s’engagent à respecter, quoi qu’il advienne, la teneur de cette annonce. En principe, on admet que la règle qui permet de résoudre le biais inflationniste est de la même nature que la règle de Friedman : un taux constant de croissance de la quantité de monétaire. On admet aussi d’autres règles (taux de croissance constant des prix) ; et on accepte même des règles contingentes.
Les politiques discrétionnaires par contre, laissent les responsables politiques libres d’évaluer les situations au cas par cas et de leur appliquer, sur cette base, la politique monétaire qui leur semble la plus adéquate. La politique discrétionnaire est préconisée par les keynésiens du fait de la complexité de la politique monétaire et la fragilité des systèmes bancaires modernes. Les règles limitent les marges de manœuvre des Banques Centrales lors d’éventuelles crises financières, rendant ces dernières plus probables.
Mais les autorités monétaires doivent se servir de différents instruments suivant les objectifs préétablis.
Les principaux instruments de la politique monétaire
Les instruments par l’intermédiaire desquels les autorités monétaires peuvent agir pour atteindre les objectifs de la politique monétaire sont nombreux. Certains instruments visent à agir principalement sur le comportement d’offre de monnaie de banque, il s’agit des instruments qui concernent la liquidité bancaire. D’autres instruments visent à agir principalement sur la demande de monnaie (et donc de crédit) des agents non bancaires, il s’agit dans ce cas d’agir sur le prix de la monnaie : le taux d’intérêt. D’autres instruments sont plus contraignants, il s’agit en particulier de l’encadrement de crédit15.
Détaillons donc ces différents instruments, à savoir, l’action sur la liquidité bancaire, la manipulation du taux d’intérêt et l’encadrement du crédit.
L’action sur la liquidité bancaire :
La liquidité des banques, c’est à dire la quantité de monnaie de banque centrale dont elles disposent compte tenu des dépôts qu’elles gèrent et des crédits qu’elles accordent, est influencée d’une part par le comportement du public, d’autre part par la politique de la banque centrale qui, en agissant sur la liquidité bancaire, vise à agir sur la création de la monnaie par les banques.
La Banque centrale peut agir de deux façons sur la liquidité bancaire:
la Banque peut créer plus ou moins de monnaie centrale (opération de refinancement)
la Banque peut contraindre les banques à détenir plus ou moins de monnaie centrale
S’agissant de l’obligation faite aux banques de détenir de la monnaie centrale, l’instrument privilégié est le taux de réserves obligatoires.
Le taux de réserve obligatoire est un instrument qui fait obligation aux établissements de crédit de maintenir à leur compte auprès de la Banque centrale un solde proportionnel à l’encours des dépôts liquides effectués par les agents non-bancaires. La principale raison pour l’instauration du système de réserves obligatoires est le souci d’assurer une liquidité des établissements de crédit suffisante pour protéger les dépôts de la clientèle.
Il est généralement considéré comme un instrument efficace de la politique monétaire.
Les réserves obligatoires sont donc des ressources que les banques donnent gratuitement à la Banque centrale alors qu’elles auraient pu les prêter à leurs clients afin de réaliser un profit.
Ainsi, lorsque la Banque centrale augmente le montant des réserves obligatoires, les banques doivent réduire leurs offres de crédit; en revanche, une diminution de ces réserves encourage les banque à prêter davantage de fonds (augmentation de la masse monétaire).
La manipulation des taux d’intérêt :
Si la Banque centrale ne souhaite pas agir directement sur le volume de la liquidité bancaire, elle peut néanmoins en moduler le coût en manipulant le taux d’intérêt.
Par ses interventions sur le marché interbancaire où les établissements de crédit s’échangent de la monnaie Banque centrale, ou plus exactement sur le marché monétaire, l’institut d’émission peut agir sur le coût de refinancement des banques commerciales. En effet, pour freiner l’octroi de crédits aux firmes et particuliers, la Banque centrale s’efforce d’élever le coût de la monnaie banque centrale que les établissements de second rang cherchent à se procurer. Ces établissements répercutent sur leurs clients la hausse du coût : les crédits sont donc offerts finalement avec des taux d’intérêt majorés. Certains clients risquent de renoncer à leur projet d’investissement ou d’achat; et la progression de la demande de crédit ne peut alors qu’être freinée.
L’opération d’open market sur un marché monétaire n’exige pas l’intervention quotidienne et obligée de la banque centrale. Les intervenants sont suffisamment nombreux pour que le mécanisme de l’offre et de la demande de monnaie joue normalement.
L’encadrement du crédit :
C’est une mesure réglementaire qui s’impose aux banques. Celles-ci doivent respecter un certain pourcentage d’augmentation annuelle des crédits qu’elles distribuent : ainsi, d’une année sur l’autre, le total des crédits distribués ne doit pas augmenter de plus de tant de %. En cas de dépassement, les banques sont soumises à des sanctions (en particulier, la monnaie banque centrale dont elles ont besoin leur coûtera plus cher). Comme les banques limitent alors la distribution de crédits aux différents agents de l’économie, la création monétaire est ralentie.
Le caractère concurrentiel des banques ne peut que faiblement évoluer et dans cette logique de rationnement, les banques ont tendance à jouer la sécurité et à privilégier leurs clients traditionnels. Dans le même esprit interventionnisme, l’Etat peut également octroyer des financements privilégier à certains secteurs ou catégorie d’agents (agriculture,
logement…) par l’intermédiaire de prêts alloués à un taux d’intérêt inférieur au taux du marché, qui transitent par des réseaux bancaires et financiers spécifiques. L’Etat contrôle donc non seulement l’évolution de la masse globale des crédits mais il influence également la répartition de ces derniers entre les agents économiques.
Tels sont généralement les objectifs et les instruments de la politique monétaire et à chaque objectif doit correspondre un instrument respectif. Mais quelle relation existe-t-il entre la politique monétaire et le taux de change?
Efficacité conditionnelle de la politique monétaire selon les régimes de change
L’efficacité des politiques économiques dépend entre autre du régime de change et du degré de mobilité de capitaux. C’est dans les années 1960, avec le modèle de Mundell-Fleming, que le débat relatif à l’efficacité comparée des politiques économiques commence à s’inscrire dans un cadre d’analyse précis. Il est donc d’une importance primordiale de se baser sur ce modèle pour bien appréhender l’étude.
Le modèle Mundell-Fleming :
C’est un modèle qui vise à adapter le schéma IS-LM au cas d’une économie ouverte. Le modèle de base IS-LM étant un modèle à prix fixes, ne prend donc pas en compte le problème de l’inflation, l’approche néo-keynésienne « à la Mundell-Fleming » de l’économie ouverte ne confronte à la politique économique qu’à deux problèmes simultanés : l’équilibre interne (c’est à dire le plein emploi des moyens de production) et l’équilibre externe (c’est à dire l’équilibre de la balance des paiements).
Le modèle se construit dans un plan formé par i : le taux d’intérêt et Y : la production. BP est la courbe de la balance des paiements, représentative de tous les couples (io, Yo) compatibles avec l’équilibre extérieure16.
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Table des matières
Introduction
PARTIE I : APPROCHE THEORIQUE
CHAPITRE I : CONCEPT DU TAUX DE CHANGE
SECTION I : Les termes fondamentaux
1- Taux de change
2- Les mesures du taux de change
SECTION II : La formation du taux de change
1- Le taux de change est un prix
2- La théorie de la parité des pouvoirs d’achat (PPA)
2-1- La loi du prix unique
2-2- La parité du pouvoir d’achat
3- Le marché des changes
4- La théorie de la parité des taux d’intérêts (PTI)
CHAPITRE II : LE DEBAT : « TAUX DE CHANGE ADMINISTRE / TAUX DE CHANGE LIBRE
SECTION I – Choix d’un régime de change
1- Définitions
2- Choix d’un régime de change et objectifs de politique économique
SECTION II : Efficacité des régimes de change : inflation et croissance
SECTION III : Les effets de la variation du taux de change
1- Variation du taux de change et volatilité de la production
2- Variation du taux de change et balance commerciale
3- Variation du taux de change et masse monétaire
CHAPITRE III : LES DEBATS THEORIQUES SUR LA POLITIQUE MONETAIRE
SECTION I : Les débats théoriques contemporaines sur la politique monétaire
1- La conception Keynésienne
2- Les monétaristes friedmaniens
SECTION II : Les objectifs de la politique monétaire
1- La politique monétaire
2- Les objectifs
SECTION III : Les principaux instruments de la politique monétaire
1- L’action sur la liquidité bancaire
2- La manipulation du taux d’intérêt
3- L’encadrement du crédit
SECTION IV : Efficacité conditionnelle de la politique monétaire selon les régimes de change
1- Le modèle Mundell-Fleming
2- Cas d’un régime de changes fixes
3- Cas d’un régime de changes flexibles
PARTIE II : APPROCHE PRATIQUE : LE CAS DE MADAGASCAR
CHAPITRE I : ANALYSE ATRAVERS LA SITUATION ECONOMIQUE DE MADAGASCAR DE 1990 à 1994 période 1990 et 1994
1- Evolution du taux de change de 1990 à 1994
2- La politique monétaire de 1990 à 1994
SECTION II : Résultats macroéconomiques entre 1990 et 1994
1- L’inflation
2- Balance des paiements
CHAPITRE II : ANALYSE A TRAVERS LA SITUATION ECONOMIQUE DE MADAGASCAR DE 1995 à 2000
SECTION I : Evolution du régime de change et de la politique monétaire de 1995 à 2000
1- Evolution du taux de change entre 1995 et 2000
2- La politique monétaire de 1995 à 2000
SECTION II : Résultats macroéconomiques entre 1995 et 2000
1- Le niveau des prix
2- Balance des paiements
CHAPITRE III : ANALYSE A TRAVERS LA SITUATION ECONOMIQUE DE MADAGASCAR DE 2001 à 2004
SECTION I : Evolution du régime de change et de la politique monétaire de 2001 à 2004
1- Le taux de change et le MID
2- La politique monétaire de 2001 à 2004
SECTION II : Résultats macroéconomiques entre 2001 et 2004
1- Les prix
2- La balance des paiements
CONCLUSION
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
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