Effets ricochet sur le développement psychomoteur

Au cours de la formation en psychomotricité, une question est posée régulièrement aux étudiants, qu’ils entendront également au cours de leur vie professionnelle. Qu’est-ce que la psychomotricité ? Vaste question, contre laquelle je suis venue buter de nombreuses fois. Je me suis surprise par moments à y répondre de manière claire, récompensée par le regard éclairé de mon interlocuteur. Et la fois suivante, m’enfonçant dans des explications floues et vaseuses, je fais face au regard perdu d’un pauvre hère qui regrette sa question … Quelle triste façon d’honorer un métier plein de promesses ! En cette dernière année de formation, ma maître de stage m’a offert un schéma de ce qui pour elle constitue l’abord psychomoteur du sujet. Figurez-vous un triangle. À chacun de ses angles, un mot, une sphère différente de l’individu. L’aspect physique correspond au corps de l’individu dans le sens de son intégrité, son fonctionnement physiologique, mécanique. L’aspect psychologique englobe la sphère émotionnelle de l’individu, sa personnalité, son histoire. La troisième pointe est intitulée contexte ou situations. Elle représente l’environnement de l’individu, son contexte d’évolution, actuel et passé. Au centre du triangle, la psychomotricienne avait inscrit « psychomotricité ». Notre métier est un métier du lien, lien entre ces différentes sphères qui, de façon très schématique, correspondent à l’être au monde de l’individu. Notre tâche, face à chaque nouveau patient, chaque nouvelle rencontre, est de questionner chacun de ces trois aspects, et d’établir la source du déséquilibre qui amène notre patient jusqu’à nous.

Plantons le décor …

Cheminement

Point de départ

Ma porte d’entrée vers la psychomotricité a été la médiation équine. J’ai su très tôt que je voulais pouvoir allier ma vie professionnelle à l’intérêt profond que je porte aux chevaux. Lors de séjours en Normandie, j’ai souvent assisté mon moniteur d’équitation dans l’accueil de groupes en situation de handicap et de personnes âgées. Ces groupes venaient pour monter à cheval, ou se promener en calèche. Ces expériences m’ont sensibilisée à l’apport thérapeutique du contact avec les chevaux, et rapidement j’ai relié médiation équine et psychomotricité. En arrivant dans la formation, mon projet professionnel était donc centré autour de cet intérêt. Puis au fur et à mesure de nos cours, de mes expériences corporelles et cliniques, de ma re découverte aussi de moi-même à travers tous nos enseignements, la psychiatrie adulte et la clinique du traumatisme me sont apparues comme particulièrement passionnantes. Le traumatisme en particulier m’a interpellée, peut-être parce que nous n’avions pas de cours spécifiques à ce sujet. De cette façon, le lien avec la psychomotricité, la place du corps dans le traumatisme et toutes les questions que je me posais restaient à creuser de mon côté ! J’ai ainsi commencé à me renseigner. Assez rapidement je me rends à l’évidence : le traumatisme, vaste sujet ! Alors qu’est-ce qui m’intéresse spécifiquement ? Le traumatisme militaire revient régulièrement dans mes recherches, dans mes lectures. Il m’intrigue et me questionne plus que les autres. Je me mets alors à la recherche d’un stage en milieu militaire, il me faut confronter mes lectures et mes idées à la réalité clinique. C’est finalement la réalité de la vie de stagiaire qui me rattrape, et je n’obtiens pas le stage désiré .

En pleine (dé)construction : une rencontre

En parallèle de tout cela, en tout début de formation, une amie psychomotricienne et monitrice d’équitation adaptée au handicap m’évoque une de ses collègues, qu’elle connaît très bien et dont elle me transmet le contact. Après quelques échanges, il est convenu que j’attende ma troisième année de formation pour organiser un stage avec elle. Je continue à approfondir ma formation, à (dé)construire ce que je sais, ce que je vis. Au cours de ma deuxième année, je rencontre la professionnelle en question : elle vient à la fac pour une intervention autour des enfants co-victimes de violences conjugales, accompagnée d’une médecin spécialisée. Ce dont elles témoignent me passionne, m’interroge, me dérange, m’effraie même sur certains points. J’ai envie de découvrir cette clinique de manière plus approfondie. L’année se poursuit. Je fais des rencontres, tant sur le plan humain que professionnel, que je n’oublierai pas de si tôt. Durant mon stage long notamment, je découvre la réalité clinique, l’adaptation aux patients, et l’humanité derrière les vignettes cliniques. Les réunions de synthèse me permettent de comprendre la complexité du travail en équipe et son importance tant pour soi que pour les patients. Puis confinement. Arrêt de mon stage. Je reste en contact avec ma maître de stage, qui me tient au courant de la vie de l’hôpital de jour. Je reviens durant le mois de juin pour clôturer mon stage long, et démarre début juillet un stage court, dans la même structure. Même lieu, différentes modalités. Je suis sur place quatre jours par semaine pendant un mois. Je découvre le fonctionnement d’été de l’hôpital de jour, je prends une place plus active ; il est plus facile de s’impliquer de manière quotidienne qu’en ne venant qu’un jour par semaine en parallèle des cours et pratiques de la formation. Ma perception de mon futur métier s’épaissit grâce cette nouvelle expérience quotidienne de la clinique. À la fin du mois, il m’est difficile de dire au revoir aux patients et à l’équipe soignante. Je me surprends à penser déjà à la prochaine occasion que j’aurai de passer dire bonjour, et pourquoi pas à postuler sur le secteur … La troisième année se profile, j’ai signé les conventions pour un stage auprès de la psychomotricienne conseillée par mon amie, et d’autres pour un stage en équithérapie. J’ai hâte !

Et finalement …

Mon amie a vu juste : l’entente est immédiate avec ma première maître de stage, Isis. Comme convenu par avance, ma place est celle d’observatrice. Malgré tout, notre fonctionnement évolue rapidement et selon les consultations et les situations je commence à intervenir, le plus souvent auprès de l’enfant quand Isis s’adresse au(x) parent(s). En fin d’année, nous travaillons de plus en plus en binôme, et s’il arrive qu’Isis doive s’absenter je mène la séance. Une journée par semaine, je découvre donc à la fois la prise en soin en petite enfance, le soutien à la parentalité, et la clinique des victimes de violences intrafamiliales. Je confronte enfin directement mes intérêts et connaissances théoriques du traumatisme à la réalité clinique. Et mes interrogations demeurent, s’épaississent et évoluent au fur et à mesure que je trouve des ébauches de réponses, tant dans mes expériences au cours des consultations que dans mes échanges, avec ma maître de stage et les équipes soignantes. Quelle est la place de la psychomotricité dans le repérage, et la prise en soin des enfants covictimes de violences conjugales ? De quels outils disposons-nous, professionnels en psychomotricité ? Quels sont les signes cliniques de ces traumatismes ? Comment étayer ces enfants et les soutenir dans leurs difficultés ? Un sujet se dessine pour mon mémoire de fin de troisième année. Je voulais initialement relier l’équithérapie, qui m’a emmenée jusqu’à la psychomotricité, et le traumatisme, dont l’intérêt s’est construit au fil de la formation. Finalement, mon intérêt clinique pour les violences intrafamiliales l’emporte, principalement parce que mon terrain de stage me permet de confronter directement mes hypothèses et questionnements sur le sujet. Pour le(s) lien(s) avec la médiation équine, si je peux déjà en esquisser certains moi-même, je devrai attendre d’être professionnelle diplômée pour l’expérimenter concrètement.

Terrain clinique du mémoire

Mon projet de mémoire ébauché, je m’intéresse à mon terrain d’observation. Le stage sur lequel je m’appuierai se déroule au sein de centres de protection maternelle et infantile (PMI). Ces centres, gérés par le département, ont pour vocation d’accueillir l’enfant et ses parents, des premiers jours de vie jusqu’à, en théorie, l’âge de six ans . Les missions des PMI sont les suivantes : « planification et l’éducation familiale » via des consultations gratuites, « suivi médical préventif des femmes enceintes et des enfants », ainsi que « L’agrément et le suivi des modes d’accueil du jeune enfant ». (Colombo, 2013) Pour les psychomotriciens spécifiquement, il s’agit de suivre le jeune enfant dans son développement, et le soutenir pour que celui-ci soit le plus fluide possible. Ce suivi précoce permet un repérage précoce d’éventuelles difficultés, et l’orientation vers les structures de soin et les éventuels bilans nécessaires.

PMIa, visite guidée 

Isis, ma maître de stage, travaille dans deux structures différentes sur ma journée de stage. Au sein de la PMI dans laquelle nous travaillons le matin, que j’évoquerai comme la PMIa, l’équipe est bien huilée et fournit un vrai travail commun. Je découvre le travail au sein d’une structure fonctionnelle à tous niveaux : travail pluri professionnel, liens entre les différents acteurs de soin, espaces adaptés. Seul fonctionnement altéré : dans le contexte de crise sanitaire, l’accès à la salle de psychomotricité, avec tout son matériel, est limité aux professionnels. Nous accueillons donc les familles dans une salle plus étroite, avec plusieurs fauteuils pour les adultes ainsi qu’une table et des chaises à hauteur d’enfant. La configuration de la pièce permet d’avoir un espace malgré tout pour des activités de motricité globale (nous utilisons régulièrement des ballons, cerceaux, rouleaux …). En fonction de l’âge de l’enfant et de ses difficultés, si elles sont connues avant le rendez-vous, nous avons une idée de ce que nous voulons observer et choisissons en fonction le matériel que nous apporterons dans cette salle. Habituellement, Isis préférait laisser l’enfant explorer sa salle et son matériel, ce qui lui permettait d’observer ce vers quoi l’enfant se tournait en premier lieu. Cela lui donnait d’emblée des indications pour la suite de la séance.

Autre ajustement sanitaire : les consultations ont été réduites de moitié, nous avons donc au maximum trois consultations par matinée. Nous sommes également tenues d’aérer la salle et désinfecter le matériel entre deux rendez-vous. La salle d’attente est grande, y sont disposés différents jeux, certains mobilisant la motricité fine, d’autres la motricité globale. Les fauteuils et chaises sont répartis, selon les normes de distanciation en vigueur, contre les murs. L’espace d’accueil est représenté par un comptoir, devant les bureaux administratifs, à côté du sas d’entrée. La salle de psychomotricité est à gauche de l’espace d’accueil et d’attente, tandis que la salle utilisée cette année pour les consultations est du côté droit. Nous traversons donc régulièrement la salle d’attente.

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Table des matières

Introduction
I – Plantons le décor
1- Cheminement
1.1 Point de départ
1.2 En pleine (dé)construction : une rencontre
1.3 Et finalement
2- Terrain clinique du mémoire
2.1 PMIa, visite guidée
2.2 PMIb, ou l’adaptation du psychomotricien à l’œuvre
2.3 L’organigramme des PMI du secteur
2.4 Positionnement de la psychomotricienne, Isis
3 – Observatoire des violences envers les femmes
4 – Notions autour du développement psychomoteur ordinaire
4.1 Fusion initiale et préoccupation maternelle primaire
4.2 Délimitation des contours, apparition du contenant
4.3 Le corps lieu d’échanges, d'(inter)actions
4.4 Tonus, postures, axialité : ouverture sur le monde
II – Quelles violences ? Quelles victimes ?
1 – Différents types de violences référencés
2 – En quelques chiffres
3 – La stratégie de l’agresseur
III – Conséquences des violences
1 – Dans les classifications
1.1 Le sommaire à la loupe
1.2 « Enfant affecté par la souffrance relationnelle chez les parents »
1.3 « Négligence envers un enfant »
1.4 « Sévices psychologiques sur un enfant »
2 – Conséquences sur l’enfant dès la vie intra-utérine
2.1 Complications pendant la grossesse
2.2 Prématurité : facteur de risque bien connu
3- Psycho-traumatisme
3.1 Psycho-traumatisme, késako ?
3.1.1 Approche neurologique : Suzanne Robert Ouvray
3.1.2 Approche psychanalytique
3.2 Mécanismes de défense observés
3.2.1 Mémoire traumatique
3.2.2 Dissociation
3.2.3 Stress
4 – Effets ricochet sur le développement psychomoteur
4.1 Rudy, ou le tourbillon autonome
4.2 Reprenons du début
4.2.1 Portage et premiers liens mis à mal
4.2.2 Des tensions à la rigidité
4.3 Comportements réactionnels observés chez l’enfant
4.4 Phénomène de répétition de la violence
IV – Au feu les pompiers : psychomotricité ?
1 – Repérage : un facteur à avoir en tête
1.1 Question systématique aux parents
1.2 Réaction en cas de découverte de violences
1.3 Le Violentomètre
2 – Accompagnement vers la protection
2.1 « Protéger la mère, c’est protéger l’enfant »
2.2 Travail en réseau
2.3 Guider vers les structures et démarches adaptées
3 – Accompagnement de l’enfant
3.1 Mise en sens, mise en mots
3.2 Par le dessin ou le jeu, soutenir la symbolisation
3.3 Puis aborder les symptômes résiduels
3.3.1 Le cheval : immersion dans un monde sensible et sensoriel
3.3.2 Par l’animal, (re)découverte de la relation structurante
Conclusion
Bibliographie
Annexe

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