Produits de santé inclus dans le domaine
La pharmacovigilance s’exerce sur les médicaments et produits à finalité sanitaire à usage humain ou animal. Le médicament est défini par l’article L.511 de la loi 94-57 du 28 juillet 1994 portant définition du médicament. « On entend par médicament toute substance, composition ou préparation présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines ou animales , ainsi que tout produit pouvant être administré à l’homme ou à l’animal , en vu d’établir un diagnostic médical ou de restaurer , corriger ou modifier leurs fonctions organiques. Sont notamment considérés comme des médicaments :
– Les produits cosmétiques et d’hygiène corporelle , contenant une substance ayant une action thérapeutique au sens de l’alinéa 1er ci-dessus , si cette substance est susceptible de manifester son action lors d’une utilisation normale , ou contenant des substances vénéneuses à des doses et concentrations supérieures à celles fixées par arrêté du ministre chargé de la Santé ou ne figurant pas sur ce même arrêté ;
– Les produits diététiques qui renferment, dans leur composition des substances chimiques ou biologiques ne constituant pas elles mêmes des aliments, mais dont la présence peut conférer à ces produits, soit des propriétés spéciales recherchées en thérapeutique diététique soit des propriétés de repas d’épreuve ;
– Les produits présentés comme pouvant neutraliser ou détruire sur l’organisme humain, les substances toxiques employées dans un but militaire ou agissant sur l’organisme humain ayant subi l’effet de telles substances ;
– Les produits présentés comme supprimant l’envie de fumer ou réduisant l’accoutumance au tabac ;
– Les eaux minérales naturelles modifiées dans leurs caractéristiques initiales par l’additif d’un produit autre que le gaz naturel s’échappant du griffon de leur source et présentées comme possédant des propriétés curative ou préventive ou sous une forme pharmaceutique particulière en vue d’une application de ces propriétés ;
– Les produits utilisés pour l’application de lentille de contact » (Ministère de la santé et de la prévention, 2010).
Effets néfastes liés aux produits de santé
Avant leur mise sur le marché, la connaissance sur les effets indésirables des médicaments est incomplète. Au cours des essais cliniques (études de phases I, II, III), le médicament n’a en effet été administré qu’à un nombre limité de sujets sélectionnés (quelques centaines à quelques milliers) et le plus souvent, dans des conditions privilégiées : milieu hospitalier, surveillance intensive, essais de durée limitée, minimum d’associations médicamenteuses ou d’utilisation chez les sujets à risque (enfants, personnes âgées, femmes enceintes insuffisants rénaux ou hépatiques …). Dans ces conditions, les effets indésirables, rares et potentiellement graves ont statiquement peu de chance d’être observés. Une fois que le médicament est mis sur le marché, débute la phase IV d’étude des médicaments qui est la pharmacovigilance.
Des années durant, le médicament se prescrit avec moins de précaution à un grand nombre de malades très hétérogènes et souvent en association avec d’autres médicaments. C’est à ce moment que des effets indésirables, jusque – là méconnus peuvent apparaitre (Neda, 2010). Un médicament constitue très schématiquement une balance entre des bénéfices en rapport avec ses propriétés thérapeutiques et des risques qui sont ses propriétés secondaires, parfois délétères pour le patient. Trois types d’effets indésirables produits par un médicament dans l’organisme sont classiquement distingués (Julien, 2010) :
Les effets pharmacodynamiques
Ils caractérisent l’action du principe actif. Ce sont les effets recherchés lors de l’administration du produit, autrement dit, les effets thérapeutiques. Les effets pharmacodynamiques se produisent aux variations de réponses prés, chez tous les sujets. Certains de ces effets peuvent être sans importance pour l’utilisation clinique : on parlera d’effets latéraux ou secondaires.
Les effets toxiques
Ils sont consécutifs à la prise volontaire de doses excessives (supra thérapeutiques) du médicament. Ils font l’objet de la toxicovigilance, une surveillance dépendant des Centres Anti-poison.
Les effets indésirables
Il s’agit de manifestations nocives, non désirées, survenant chez un patient traité ou ayant été traité par un médicament et attribuées à ce dernier. Il convient de noter qu’effets secondaires et effets indésirables n’ont pas la même signification : un effet indésirable est un effet secondaire néfaste, qui porte atteinte à la santé du patient. Les effets indésirables surviennent de manière imprévisible chez certains sujets lors de l’utilisation à posologies recommandées du médicament. Leur fréquence peut s’accroitre lors d’associations médicamenteuses ou lors d’un mésusage d’un médicament. Le mésusage est défini comme l’usage inapproprié d’un médicament, en dehors des indications validées lors de son Autorisation de Mise sur le Marché, exposant un patient donné à un risque avéré ou potentiel, sans bénéfice corrélatif. Alors qu’un événement indésirable est défini comme toute manifestation inopportune survenant chez une personne pendant un traitement, qu’elle soit considérée ou non comme liée à un médicament. On peut classer les effets indésirables en fonction de leur gravité (Julien, 2010) : Un effet indésirable grave est caractérisé par un des facteurs de gravité suivant : le décès, la mise en jeu du pronostic vital, une invalidité ou une prolongation d’hospitalisation, ou enfin une anomalie ou une malformation congénitale. Peut également être considéré comme grave tout effet jugé comme tel par le professionnel de santé mais, ne rentrant pas dans le cadre de cette définition réglementaire.
Parallèlement, selon leur catégorie, il existe quatre types d’effets indésirables (Royer, 1997) :
➤ Type A (pour « Augmented »)
Il s’agit d’un effet attendu découlant directement des propriétés pharmacologiques. Il est dose-dépendant, fréquent et rarement grave. Un effet indésirable de type A est décrit dans le Résumé de Caractéristiques du Produit (RCP).
➤ Type B (pour « Bizarre »)
Effet souvent inattendu, sans lien direct avec les propriétés pharmacodynamiques du médicament, généralement d’origine allergique, non dose-dépendant, rare et souvent grave.
➤ Type C (pour « continuous »)
Effet survenant après administration prolongée. La tolérance, la pharmacodépendance et l’effet rebond sont des effets de type C.
➤ Type D (« Delayed »)
Effet tardif. On classe dans cette catégorie les effets carcinogènes, tératogènes et tout effet indésirable sur la reproduction.
Notification spontanée
Définition
Elle désigne un cas d’événement indésirable rapporté par un observateur à un système de surveillance (Montastruc et coll, 2009). La notification spontanée représente la pierre angulaire de tout système de Pharmacovigilance. Elle constitue une source d’information sur les modes d’utilisation d’un produit de santé dans les conditions réelles, après sa commercialisation. Grâce à la notification spontanée, les centres de pharmacovigilance sont plus aptes à détecter les effets indésirables. Cependant, dans certains cas, des études épidémiologiques additionnelles sont nécessaires (Ministère de la santé et de la prévention, 2011). La notification se fait sur la fiche de notification conçue par le Centre National de Pharmacovigilance. Cette fiche de notification est mise à la disposition des professionnels de santé dans toutes les structures hospitalières et les centres de santé.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE : GÉNÉRALITÉS
I- HISTORIQUE
II- LA PHARMACOVIGILANCE
II-1- Définition
II-2- Objectifs
II-3- Produits de santé inclus dans le domaine
II-4- Effets néfastes liés aux produits de santé
II-4-1- Les effets pharmacodynamiques
II-4-2- Les effets toxiques
II-4-3- Les effets indésirables
II-5- Notification spontanée
II-5-1- Définition
II-5-2- Procédure de la notification
II-6- Imputabilité
II-6-1- La méthode française d’imputabilité
II-6-2- La méthode de l’OMS
II-7- Signal
II-8- Alerte
III- L’IMPORTANCE DE LA PHARMACOVIGILANCE DANS LE SYSTÈME DE SANTÈ ACTUEL
III-1- Les limites quantitatives des essais cliniques
III-2- Les caractères sélectifs des essais cliniques (« limites qualitatives »)
III-3- La courte durée des essais cliniques (« limites temporelles »)
IV- LE DÉVELOPPEMENT ET L’ORGANISATION DE LA PHARMACOVIGILANCE AU SÈNÈGAL
IV-1- Système National de Pharmacovigilance
IV-2- Structures et acteurs du Système Sénégalais de Pharmacovigilance
IV-2-1- La Direction de la Pharmacie et du Médicament
IV-2-2- La Commission Nationale de Pharmacovigilance
IV-2-3- Le Comité Technique de Pharmacovigilance
IV-2-4- Le Centre Anti-poison
IV-2-5- Le Laboratoire National de Contrôle des Médicaments
IV-2-6- Les Hôpitaux
IV-2-7- La Région Médicale
IV-2-8- Les Laboratoires Pharmaceutiques
IV-2-9- Les Programmes de Santé
IV-2-10- Les Professionnels de Santé
IV-2-11- L’OMS et les autres partenaires
IV-2-12- Autres acteurs
IV-3- Processus de transmission de la notification
IV-3-1- Notification
IV-3-2- Transmission de la fiche
IV-3-3- Circuit de collecte des informations
IV-4- Prise de décision
IV-5- Rétro information ou feedback
IV-6- Procédure d’enquête et de suivi
DEUXIÈME PARTIE : Bilan d’activité de la Pharmacovigilance au Centre Anti-poison du Sénégal de 2009 à 2014
I- MÈTHODOLOGIE
I-1- Type et période d’étude
I-2- Cadre d’étude
I-3- Matériel, Procédures de collecte et variables étudiées
I-4- Analyse des données
II- RÈSULTATS
II-1- Évolutions du nombre de fiches de notifications
II-2- Le sexe et la tranche d’âge des patients touchés par les effets indésirables
II-3- Profil des différents notificateurs
II-4- Modalités et structures de santé d’origine des notifications
II-5- Régions de provenance des notifications
II-6- Produits de santé incriminés
II-7- Classification des produits de santé incriminés
II-7-1- Médicaments
II-7-2- Les plantes médicinales
II-7-3- Vaccins
II-8- Effets indésirables déclarés
II-8-1- Les effets indésirables dus aux médicaments et aux plantes médicinales
II-8-2- Les Manifestations Aigues Post Immunisation (MAPI)
II-9- Niveau de gravite des effets indésirables notifiés
II-10- Relation de cause à effet selon la méthode d’imputabilité de l’OMS
III- DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES