L’urbanisation
Dans le dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, dont la rédaction a été coordonnée par pierre MERLIN en (1993), le terme urbanisation a deux sens distincts. Le premier sens (rare en français, plus fréquent en espagnol, par exemple) est l’action d’urbaniser, de créer des villes ou d’étendre d’espace urbain. Le second sens (plus fréquent) désigne la concentration croissante de la population dans les villes (autrefois) et dans les agglomérations urbaines (aujourd’huit). Par extension, on parle d’urbanisation, au sens sociologique pour designer l’accroissement du nombre de ceux bénéficient des avantages traditionnellement associés à la ville et au forme d’urbanité qu’elle développe : avec les moyens de communications modernes, les média et les moyens de transport rapides, c’est aujourd’hui la quasi totalité de la population des pays industriels avancés qui est touchés par l’urbanisation, prise dans ce sens20 » Selon M. POLESE (1995), le concept urbanisation se définit par «le passage d’une société rurale à une société urbaine. Il désigne également la croissance la plus rapide des populations urbaines par rapport aux populations rurales ». Il fait une distinction entre l’urbanisation et la croissance urbaine car cette dernière désigne l’augmentation en nombre de la population des villes. La population d’une ville peut augmenter sans qu’il n’ait hausse de taux d’urbanisation alors que le taux d’urbanisation mesure le niveau d’urbanisation à un moment donné ; c’est le rapport entre la population urbaine et la population totale. Cependant il indique que l’urbanisation et la croissance urbaine vont de pair. La Banque Mondiale définit l’urbanisation comme un changement de proportion de la population nationale résidant dans les zones urbaines, la croissance urbaine indique le changement dans la taille de la population indépendamment des changements dans la population rurale et reconnaît que la définition de la taille minimale d’un établissement humain varie selon les pays. Ainsi, nous définissons l’urbanisation comme le phénomène démographique se traduisant par une tendance à la concentration de la population dans une ville. En effet, les sécheresses des années 1970 suite à un déficit pluviométrique ont favorisé une forte migration des populations rurales vers les régions notamment la capitale. Ce phénomène accentué par la croissance démographique de la ville a abouti à une occupation rapide de la zone des niayes. Dans la commune de Pikine, cette urbanisation, spontanée et anarchique, est imputable à la concentration et l’augmentation de la population à Dakar et se manifeste à travers l’occupation, sans accompagnement, ni aménagement préalable, des dunes et des abords dépressionnaires.
Aménagement
C’est l’ « organisation » globale de l’espace destinée à satisfaire les besoins des populations intéressées en mettant en place des équipements nécessaires et en valorisant les ressources naturelles » c’est l’action de construire, de réparer des bâtiments selon le dictionnaire le robert(1993). C’est aussi un « ensemble d’actions concertées visant à disposer avec ordre les habitants, les activités, les constructions, les équipements et les moyens de communications sur l’étendue du territoire ». D’après le dictionnaire de R.BRUNET et AL. (1992), l’aménagement est « une action volontaire et réfléchit d’une collectivité sur son territoire, soit au niveau local (aménagement rural, urbain, local), soit au niveau régional (grands aménagements régionaux, irrigations), soit au niveau national (aménagement du territoire) ». Pour J.P.Pinot : dans vocabulaire de géomorphologie littorale et d’aménagement littoral(1993), l’aménagement est «la transformation matérielle de la disposition des lieux ». J.M.BECET(1997), conçoit l’aménagement « en termes d’objectifs avec pour finalité, l’amélioration du cadre de vie des habitants ». D’après les différentes définitions, il en ressort plusieurs aspects, à savoir :
– organisation spatiale
– satisfaction des besoins des populations
– valorisation des ressources naturelles
– transformation
– amélioration du cadre de vie
Ainsi, la notion d’aménagement est à percevoir comme le moyen idéal par lequel les autorités en place peuvent, par le biais de leurs relations (infrastructures, équipements) et de leurs politiques permettre l’amélioration des conditions de vie des populations et à une meilleure gestion des ressources naturelles, à l’exemple de l’espace du littorale qui présente d’énormes atouts économiques, environnementaux et parfois même culturels. La définition du concept aménagement nous permet, en effet, de mieux appréhender la notion du non aménagement des étendues d’eau autrement dit le lac Thiouroure et Warouwaye qui séparent les communes d’arrondissement de Yeumbeul Nord et Wakhinane Nimzatt.
La pluviométrie
Les précipitations enregistrées en hivernage sur près de trois mois sont en partie causées par la mousson issue de l’anticyclone de Sainte Hélène. La région de Dakar est comprise entre les isohyètes 500 et 600 mm. La pluviométrie a connu une grande variabilité et une période de sécheresse à partir des années 1970. Les précipitations les plus importantes surviennent au mois d’août et septembre. Elles dépassent souvent 100 mm. Ceci correspond au maximum de la migration du F.I.T vers le Nord. En dehors de cette saison pluvieuse, Dakar enregistre aussi des précipitations en saison dite sèche. Ce sont des pluies de Heug engendrées par les incursions de l’alizé maritime dont l’humidité et la force sont renforcées par l’hiver boréal. Les pluies de Heug sont de faible importance mais peuvent atteindre des valeurs exceptionnelles de l’ordre de 50 mm.
Historique de la création de la commune
En effet, après la Seconde Guerre Mondiale, la population de Dakar augmente à un rythme inattendu et auquel elle n’était pas préparée. Le Plateau européen était de plus en plus menacé par le surpeuplement de Médina et des bidonvilles qui se formaient tout autour. Grand Dakar fut créé alors pour l’extension de la ville. Mais, très vite, il se densifie et la nécessité de chasser une partie des habitants pour rénover l’intérieur de la ville africaine poussa les autorités à inventer Pikine sur le TF 3892, vaste quadrilatère appartenant aux Domaines. Dagoudane-Pikine originel constituait le seul rempart. Ailleurs, tout lotissement d’envergure était exclu: au sud, les terrains longeant la route de Rufisque sont accaparés par les industriels et l’armée; à l’est et à l’ouest l’urbanisation est bloquée par la présence des Niayes maraîchères, des terres coutumières des villageois Lebous et de l’aéroport de Yoff. Les premiers habitants de la ville de Pikine provenaient des quartiers péricentraux tels que Médina, Gueule Tapée, Colobane Niangor, Grand Dakar, Baye Gaïdé, Kip Coco et Ouagou Niayes. Les autorités administratives principalement et les populations secondairement faisaient un pari particulièrement audacieux pour Pikine. Nombreux ont été dubitatifs quant à la décision de déguerpir et d’installer dans des dunes de sable inhospitalières des dizaines de milliers de personnes, à plus d’une dizaine de kilomètres de la ville, sans qu’aucun emploi, école, structure sanitaire ou transport n’ait été planifié. C’est comme si ces installations devaient être temporaires pour trouver ensuite des solutions durables plus tard. « Personne ne croît en la durée, donc en la réussite de l’expérience : Pikine n’est pas une future banlieue mais un campement provisoire, une ville d’attente parallèle à Dakar, et peuplée de Dakarois». Malgré le caractère austère, Pikine se positionne comme un pôle d’attraction. La lointaine banlieue se perpétue, se gonfle démesurément à partir des années 1970, absorbant petit à petit les villages traditionnels (Thiaroye, Yeumbeul, Chapitre VII : Historique de la commune, le découpage administratif et L’évoLution spatiale Malika, Mbao, Keur Massar, etc.) pour proliférer et devenir au début des années 1990 la première ville (du point vue population) de la région de Dakar41. Cette forte explosion démographique et spatiale a très vite engendré des difficultés, notamment dans les domaines de l’occupation foncière, de l’assainissement, de la gestion de services urbains de base (l’accès à l’eau, électricité, évacuation et traitement des ordures ; etc.), de la promotion d’activités économiques structurantes ; etc. Cette situation participe sans doute à ce qui a motivé le nouveau découpage administratif qui, par décret n° 90-1134 du 8 octobre 1990, sépare la ville de Pikine en deux communes autonomes (la ville de Pikine et la commune de Guédiawaye). Mais cette décision n’était-elle pas essentiellement politique car Pikine et Guédiawaye constituent une continuité à la fois géographique, historique, sociale et culturelle. Ainsi devenue Ville en 1990, Pikine, capitale de la banlieue dakaroise a été divisée, par l’article 77 de la loi 96-06 du 05 février 1996 portant code des collectivités locales, en 16 communes d’arrondissement. Pikine connaît une croissance très rapide. Elle comptait officiellement 140 000 habitants en 1971 (Vernière : 1973), 740 000 habitants en 1991, 768 826 habitants en 2002 (MEF.DAPS RGPH :), aujourd’hui Pikine est peuplée de plus de 915 300 personnes (MEF, ANSD : 2006). Avec Guédiawaye son prolongement naturel, Pikine abrite aujourd’hui plus de la moitié de la population de l’agglomération dakaroise. Cette population est majoritairement jeune et la ville fait face à de nombreux défis en matière d’infrastructures, d’éducation, de formation, d’emplois, de gestion foncière, environnementale ; etc
Contournement des étendues
D’une superficie de 92 ha, le lac Thiouroure et Warouwaye se trouve dans la grande Niaye de pikine à l’intérieur des communes d’arrondissement de Yeumbeul Nord et de Wakhinane Nimzatt. Cette continuité de lacs, longs de six (6) kilomètres, a été rapidement touchée par l’urbanisation galopante et irrégulière de la commune entamée depuis la période de forte migration de la population vers la capitale. L’ occupation spontanée et anarchique, de part et d’autre, de ces cours d’eau séparant totalement les deux communes d’arrondissement et le manque notoire d’infrastructures à l’image des ponts, ponceaux et pirogues pour assurer le trafic, exposent les population dans une situation extrêmement difficile. En effet, l’enquête réalisée au près des ménages montre que les populations de Yeumbeul Nord toutes comme celles de Wakhinane Nimzatt effectuent un long parcours pour passer d’un espace à l’autre. Le manque criard de moyens, pouvant permettre à ces individus de traverser ces zones humides, les pousse à faire un contournement, sur une longue distance, pour aller de Guédiawaye à Pikine. Ils empruntent, par conséquent, la route qui passe par « marché boubess », « Tally Thiaroye Kao » avant d’arriver dans l’une ou l’autre localité.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : CADRE DE REFERENCE
Chapitre I : Revue de littérature
Chapitre II : cadre conceptuel
Chapitre III : Problématique
Chapitre IV : Cadre Opératoire
Chapitre V : Méthodologie utilisée
DEUXIEME PARTIE : CADRE DE L’ETUDE
Chapitre VI : Le cadre de l’étude
Chapitre VII : Historique de la création de la commune et de l’évolution spatiale
TROISIEME PARTIE : ANALYSE DES RESULTATS
Chapitre Vlll : Absence d’aménagement et mobilité entravée
Chapitre lX : Le non aménagement du lac Thiouroure et Warouwaye comme facteur aggravant des inondations
Chapitre X : le non aménagement du lac Thiouroure et Warouwaye comme facteur isolant deux quartiers à profil urbain différencié
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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