Effets des contentions souples adhésives dans la prévention des récidives d’entorse de cheville chez les sportifs

Situation d’ancrage

Lors de mon stage en cabinet libéral, j’ai pu apprécier la prise en soin de patients atteints d’entorses de cheville et cela à différents stades de rééducation. Cette pathologie, connue de tous, est souvent sous-estimée car considérée comme étant bénigne (1). Cependant, une entorse bénigne négligée peut conduire à des récidives, des instabilités chroniques de cheville (ICC) voire à de l’arthrose (2). Ce deuxième stage de troisième année de formation m’a permis de mettre en application les cours reçus à l’Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie (IFMK) de Brest. Bien que les moyens et principes de rééducation appliqués par les Masseurs-Kinésithérapeutes Diplômés d’État (MKDE) soient globalement les mêmes dans le cadre de la rééducation de patients atteints d’entorses de la cheville, les critères de reprise sportive m’ont paru assez flous.

Nous avons vu en deuxième année quelques tests de stabilité fonctionnelle tels que le « Side Hop Test » et le « Star Excursion Balance Test » (SEBT) par exemples que nous pouvons utiliser afin de comparer l’articulation saine et l’articulation lésée. Ainsi, lorsque les résultats à ces tests sont sensiblement égaux des deux côtés, nous pouvons considérer que le patient a récupéré et peut retourner à son activité y compris à son activité sportive. Cependant, c’est en étant confrontée à la question d’une patiente lors d’une séance de rééducation pour son entorse de cheville « je peux reprendre la course à pied ? » que je me suis demandé si l’on peut se contenter des résultats aux tests de stabilité fonctionnelle pour autoriser ou non la reprise du sport en étant sécuritaire. Le risque étant ici la récidive. En tant que masseur kinésithérapeute, on se doit de penser déjà lors d’une première entorse aux préventions secondaire et tertiaire. En effet, ce champ apparaît dans le référentiel de compétences du MKDE : selon la compétence 3 « Concevoir et conduire une démarche de promotion de la santé, d’éducation thérapeutique, de prévention et de dépistage », il appartient au MKDE de « proposer des démarches […] de prévention et de dépistage ». Dans une telle situation, l’enjeu est donc de s’assurer que tous les voyants sont au vert pour la reprise sportive en limitant au maximum le risque de récidive. Il s’agit donc de dépister les risques de récidives dans une optique de prévention. Dire qu’un patient est apte ou non à la reprise sportive est cependant délicat. C’est pourquoi, bons nombres de sportifs reprennent leurs activités ou participent à des compétitions sous couvert d’un moyen de contention, à l’image de Kévin Mayer, décathlonien, arborant un taping de cheville aux Championnats du Monde d’Athlétisme 2019 de Doha.

Nous avons eu, en début de troisième année de formation, un travail pratique sur la pose de bandes adhésives de types K-Tape et tape dans le cadre de la prise en soin d’entorses de la cheville en phase aiguë. Je me suis alors documentée vis-à-vis des recommandations ; la Haute Autorité de Santé (HAS) préconise la pose de tape en phase aiguë de l’entorse pour une « immobilisation relative » de l’articulation (3). Puis, en début de quatrième année de formation, dans le cadre du module l’Unité d’Enseignement 23 – Interventions en pathologies spécifiques : Kinésithérapie du sport, nous avons vu une technique de pose de taping dans le cadre de la pratique sportive.

Constatant l’intérêt porté aux contentions adhésives par les MKDE du sport ainsi que par les sportifs dans le cadre de pathologies musculo-squelettiques dont l’entorse de cheville fait partie, j’ai alors décidé d’axer mon mémoire de fin d’étude sur ce sujet. En pratique, je n’ai pas eu la chance d’accompagner d’équipes sportives ce qui m’aurait permis d’utiliser le taping lors de la phase de reprise sportive. Cependant, je projette d’en faire l’usage dans mon exercice futur afin d’accompagner aux mieux les sportifs dans leur reprise d’activité.

Anatomopathologie de l’entorse de cheville

Épidémiologie 

La cheville est l’articulation la plus exposée aux entorses de par sa situation anatomique qui lui impose une charge au centimètre carré la plus élevée de toutes les articulations (8). Quotidiennement, on estime à 6000 le nombre de personnes en France consultant aux urgences hospitalières pour entorse de cheville. Ce chiffre représente 7 à 10% des consultations aux urgences propulsant ainsi l’entorse de cheville en tête des motifs de passage les plus fréquents aux urgences (9). Dans 80% des cas, il s’agit d’une entorse du ligament latéral externe (LLE) (10).

L’entorse latérale de la cheville est le trouble musculo-squelettique le plus répandu dans les populations physiquement actives (11). 15 à 20 % des entorses diagnostiquées aux urgences résultent d’accidents du sport et sont à relier plus particulièrement aux sports collectifs avec changements d’appui tels que le basketball, le volleyball, le football ou encore le handball. La fréquence des entorses de cheville et le coût qu’elles représentent sont un problème de santé publique. En effet, elles sont à l’origine d’un coût estimé à 1,2 millions d’euros par jour pour notre société (12).

Dans la pensée commune, l’entorse de cheville est une pathologie bénigne poussant un grand nombre de patients qui en sont victimes à la négliger. Selon Terrier et al., 57% des personnes atteintes d’une entorse de cheville ne sont ni examinées ni traitées (1). Ces données nous indiquent donc que les chiffres épidémiologiques sont bien en deçà de la réalité. Cependant, il est intéressant de noter que les taux de récidives avec ou sans rééducation sont proches (1,4). Le taux élevé de négligence d’un premier épisode d’entorse de cheville permet d’expliquer l’importance des récidives et des instabilités chroniques. En effet, 70% des personnes atteintes feront des entorses à répétition et parmi elles, 30% présenteront une ICC. Cette dernière fait le lit de l’arthrose talo-crurale post traumatique (2).

Cette cascade de complications résultant d’une première entorse de cheville peut entraîner des séquelles fonctionnelles impactant la qualité de vie jusqu’à représenter un réel handicap pour la personne qui se voit contrainte de limiter ou d’arrêter son activité physique.

Si l’on s’intéresse au football, les femmes sont davantage touchées par les entorses de cheville que les hommes, et ce quels que soient le niveau et l’âge (13). La fréquence des entorses chez les hommes semble avoir tendance à augmenter avec l’âge et le niveau de compétition à la différence de chez les femmes où celle-ci diminue avec l’âge (14).

Chez les jeunes, les traumatismes de cheville représente entre 17 et 23% des blessures (15) et ce sont les lésions ligamentaires qui arrivent en tête des blessures les plus fréquentes (68%) suivies par les contusions (13%), les fractures (3%) et les pathologies de croissance (2%) (14). Il est important de noter la différence entre les joueurs professionnels et les joueurs amateurs. En effet, chez les professionnels, la cheville est passée, depuis les années 2000, de la première à la troisième localisation des blessures derrière les cuisses et les genoux (16). Cependant, chez les footballeurs amateurs, la cheville est la première localisation de blessures (25% des blessures) (17,18). En ce qui concerne les blessures ligamentaires de cheville, dans 75% des cas, le ligament talo-fibulaire antérieur (LTFA) est le seul touché. Le ligament tibio-fibulaire antérieur inférieur (LTFAI) est le second touché (19). L’arrêt sportif est en moyenne de 23 jours dans 80% des blessures (16). Cependant, il est primordial de s’assurer de la bonne cicatrisation ligamentaire car selon Cloke et al., 74% des footballeurs ont des symptômes un an après la blessure initiale (14). De plus, les récidives sont fréquentes : selon Barelds et al., 8 à 11% des entorses de cheville récidivent (7) et à 25 ans de recul, des signes d’arthrose sont présents sur 33% des cheville lésées .

Ces données épidémiologiques confirment l’importance de prévenir les entorses de cheville ainsi que leurs possibles complications et ceci semble d’autant plus important que notre patient est sportif et/ou qu’il présente des facteurs de risque (FR).

Anatomie et biomécanique de la cheville

Généralités

La cheville se situe dans la région du cou-de-pied qui englobe du point de vue anatomique les articulations talo-crurale et tibio-fibulaire inférieure (21). Fonctionnellement, elle est en rapport avec les articulations tibio-fibulaire supérieure, subtalaire (également appelée talo-calcanéenne) et transverse du tarse (21). L’étendue de cette articulation permet d’expliquer le nombre important de lésions pouvant accompagner une entorse. L’ensemble de ces articulations permet d’orienter la voûte plantaire dans l’espace afin d’adapter la marche à tout type de terrain (22). Autrefois comparée à tort à une mortaise, l’articulation de la cheville est dorénavant assimilée à une pince (21). En effet, lors des mouvements de flexion et d’extension de cheville, une adaptation entre les malléoles fibulaire et tibiale a lieu ; concomitamment à la flexion (également appelée flexion dorsale) de cheville, s’effectue un écartement des deux malléoles. À l’inverse, l’extension (également appelée flexion plantaire) de cheville, est accompagnée d’un rapprochement des malléoles. Ainsi, il s’agit bien d’un fonctionnement de type pince. On parlera alors de pince bimalléolaire et non de mortaise bimalléolaire.

Arthrologie et biomécanique de la cheville

L’articulation talo-crurale (ou tibio-tarsienne) est une articulation synoviale de type ginglyme c’est-à-dire faite pour glisser (21). Elle est formée par trois os ; le talus plus large en avant qu’en arrière est en contact par sa surface latérale avec la face médiale de la malléole fibulaire et par sa surface médiale, avec la face latérale de la malléole tibiale. L’articulation talo-crurale est à géométrie variable de par la forme du talus ; ainsi on aura une variation de la distance bimalléolaire selon qu’on soit en flexion dorsale ou plantaire. L’articulation talo-crurale est une articulation à un degré de liberté en flexion-extension selon l’axe bimalléolaire (axe oblique en bas, arrière, dehors). Le mouvement de flexion dorsale de cheville est le mouvement qui rapproche la face dorsale du pied et la face antérieure du segment jambier, son amplitude est d’environ 20° (21). Le mouvement de flexion plantaire est le mouvement qui éloigne la face dorsale du pied et la face antérieure du segment jambier ; son amplitude est d’environ 40° (21).

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Table des matières

Table des matières
1 Introduction
1.1 Situation d’ancrage
1.2 Questionnement
2 Cadre conceptuel
2.1 Anatomopathologie de l’entorse de cheville
2.1.1 Épidémiologie
2.1.2 Anatomie et biomécanique de la cheville
2.1.3 Définition de l’entorse et classification
2.1.4 Symptômes cliniques
2.1.5 Étiologies de l’entorse de cheville
2.1.6 Physiopathologie de l’entorse
2.1.7 Traitement- Rééducation
2.1.8 Conséquences de l’entorse de cheville
2.2 Les contentions souples
2.2.1 Histoire
2.2.2 Définition
2.2.3 Objectifs
2.2.4 Indications
2.2.5 Contre-indications
2.2.6 Matériel
2.2.7 Propriétés des contentions souples adhésives
2.2.8 Système sensorimoteur et contentions souples adhésives
2.3 Prévention
2.4 Problématique
3 Méthode
3.1 Type d’études sélectionnées
3.2 Type de participants inclus
3.3 Type de contention inclus
3.4 Identification des études
3.5 Sélection des études
3.6 Extraction des données
3.7 Qualité des articles
3.8 Biais de recherche
4 Résultats
4.1 Résultats de la recherche
4.2 Caractéristiques des études incluses
4.2.1 Caractéristiques des échantillons
4.2.2 Type de pathologie des participants
4.3 Types d’intervention des études incluses
4.4 Objectifs des études incluses
4.5 Mesures des études incluses
4.6 Synthèse descriptive des études incluses
5 Analyse des résultats et discussion
5.1 Biais des études incluses
5.2 Impact du tape dans la prévention tertiaire des entorses de cheville
5.3 Impact du tape sur différents facteurs de risque de récidive
5.3.1 Effet du tape sur l’amplitude articulaire de la cheville
5.3.2 Effet du tape sur la proprioception
5.3.3 Effet du tape sur le temps de latence du muscle long fibulaire
5.3.4 Effet du tape sur les performances fonctionnelles
5.3.5 Effet du tape sur les perception subjectives
5.4 Retour sur les hypothèses
5.5 Prolongement de la réflexion
6 Conclusion

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