Effets des bandes fleuries sur la régulation des pucerons du potimarron par leurs prédateurs
L’agriculture, dépendante des produits phytosanitaires
L’utilisation des produits phytosanitaires en agriculture est devenue systématique pour optimiser les rendements des cultures de rente. En 2011, l’usage des produits phytosanitaires en France concerne 96 % des surfaces cultivables pour les herbicides, 64 % pour les fongicides et 34 % pour les insecticides . La famille des Cucurbitacées regroupe de nombreuses espèces cultivées et représente 30 % de la part du marché maraicher. Celles-ci sont aussi confrontées aux fortes utilisations en produits phytosanitaires, dont les insecticides. Entre autre, le potimarron (Cucurbita maxima) est une espèce soumise aux pressions des insectes ravageurs, notamment par les pucerons. Cette sensibilité est susceptible de favoriser des variations de rendements et de qualité de production contraignant les maraichers à utiliser des insecticides (Le Scoul & Coulombel, 2011).
Alternative aux pesticides pour la régulation des ravageurs en maraichage
Il existe et se développent des solutions pour palier l’utilisation d’insecticides en agriculture. La protection intégrée des cultures favorise leur réduction par des combinaisons de méthodes de lutte dans l’espace et le temps, privilégiant entre-autre la régulation naturelle (Valantin-Morison, 2012). En effet, des programmes agro-environnementaux ont été mis en places dans plusieurs pays européens (par exemple, programme de développement rural et de mise en jachère). Depuis 1993, le gouvernement suisse a subventionné les méthodes d’intrants faibles et d’agriculture durable et l’établissement d’habitats non cultivés. Par conséquent, les agriculteurs sont encouragés à augmenter la quantité de ces habitats non cultivés, y compris les habitats à faible apport, afin d’inverser le déclin observé de la faune des terres agricoles et de conserver ou d’améliorer les fonctions et les services des agroécosystèmes. Il a été démontré que la manipulation de l’environnement par création d’habitats peut améliorer la survie des ennemis naturels et ainsi améliorer leur efficacité en tant qu’agents de lutte antiparasitaire (Gurr et al., 1998).
Cette lutte dite par conservation peut être réalisée de l’échelle de la parcelle à celle du paysage. Par exemple, les bords de parcelle sont un habitat important qui fournit refuge et ressources pour de nombreux auxiliaires. Ainsi, les bords de parcelle jouent un rôle clé dans le maintien de la diversité biologique sur les terres agricoles (Fry, 1994). En outre, il peut être utile de combiner ces habitats semi-naturels avec une agriculture à faible intrants pour améliorer les effets sur la diversité de la faune et le contrôle naturel des nuisibles (Pfiffner 2000, Pfiffner et Luka, 2003).
Les bandes fleuries et leur attractivité pour les auxiliaires
La présence et la diversité d’auxiliaires dépendent de la qualité des habitats et des ressources disponibles à proximité de la parcelle et dans l’ensemble du paysage agricole. Les bandes fleuries sont un outils qui s’intègre dans la lutte biologique par conservation. Les bandes fleuries peuvent remplir les fonctions nécessaires à l’hébergement et au maintien de populations d’ennemis naturels aux abords des cultures. Des plantes cespiteuses jouent le rôle de refuges pour les arthropodes marcheurs et des plantes productrices de nectar et de pollen assurent la survie et la reproduction des syrphes (ASTERS, 2007) et des parasitoïdes (Haaland et al., 2011). La composition de bandes fleuries influence immédiatement la population d’auxiliaires attirés et la période d’attractivité. Une étude a montré que le critère de ressource nutritive d’une fleur pour un syrphe dépend de l’accessibilité du nectar. Lorsque ce dernier n’est pas extra floral, c’est la profondeur de la corolle qui est déterminante. Ainsi, le nombre de syrphes dans un mélange fleuri s’explique par l’abondance de fleurs à nectar accessible (van Rijn & Wackers, 2016).
Egalement, pour les parasitoïde, la présence de nectar augmente fortement leur espérance de vie et leur fécondité et par conséquent le taux de parasitisme sur les ravageurs (Heimpel, George & Jervis, Mark, 2005). Ces données appuient l’importance des espèces choisies pour la conception de bandes fleuries. Afin de favoriser la présence de prédateurs et parasitoïdes naturels des ravageurs ciblés, le mélange fleuri doit aussi favoriser la coïncidence spatiale et temporelle entre prédateurs et proies. Il est également primordial que les bandes fournissent les ressources alimentaires nécessaires au maintien de la population hors période de pullula tion du ravageur (Reboulet, 1999).
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Table des matières
GESTION AGROECOLOGIQUE DES RAVAGEURS EN MARAICHAGE
Introduction
1.1. Présentation de la structure d’accueil
1.2. Etude de l’impact de bandes fleuries aux abords d’une culture de potimarron sur les populations de ravageurs et d’auxiliaires
1.2.1. Contexte général
1.2.2. L’agriculture, dépendante des produits phytosanitaires
1.2.3. Alternative aux pesticides pour la régulation des ravageurs en maraichage
1.2.4. Le potimarron, ses ravageurs et leurs prédateurs
a) Aphis gossypii, un ravageur des Cucurbitacées
b) La régulation d’Aphis gossypii
1.2.5. Le potentiel de régulation biologique des auxiliaires
1.2.6. Les bandes fleuries et leur attractivité pour les auxiliaires
1.2.7. Contexte du stage
a) Problématique et objectif
b) Contexte et réalisation de l’objectif
Matériel et Méthode
2.1. Effets des bandes fleuries sur la régulation des pucerons du potimarron par leurs prédateurs
2.1.1. Dispositif expérimental
2.1.2. La bande fleurie
a) Itinéraires techniques (ITK)
b) Description botanique de la bande fleurie
c) Détermination de l’entomofaune volante de la bande fleurie
2.1.3. Les planches de potimarron
a) Itinéraires techniques (ITK)
b) Comptage des pucerons sur les potimarrons
c) Détermination de l’entomofaune sur les potimarrons
2.1.4. Analyse facultative de l’entomofaune du sol
2.2. Analyses statistiques
Résultats
3.1. Données météorologiques
3.2. Effets des bandes fleuries sur la régulation des pucerons du potimarron par leurs prédateurs
3.2.1. Description botanique de la bande fleurie
3.2.2. Analyse de l’homogénéité dans la bande fleurie
3.2.3. Potentiel attractif de la bande fleurie
a) La diversité entomologique
b) Comportement phénologique et attractivité du mélange
3.2.4. Description des populations de pucerons et régulateurs dans la culture
3.2.5. L’influence de la distance sur la régulation des auxiliaires et des pucerons du potimarron
Discussion
Conclusion et perspectives
5.1. Effets des bandes fleuries sur la régulation des pucerons du potimarron par leurs prédateurs
5.2. Pistes d’amélioration
5.3. Bilan et perspectives personnelles
Bibliographie
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