Effets de l’encombrement des espaces publics en milieu urbain dans la commune de pikine-nord

Le Sénégal est l’un des pays les plus urbanisés d’Afrique. En 2013, la population urbaine du Sénégal était estimée à 6 102 800habitants, soit un taux d’urbanisation de 45.2 %. Aujourd’hui on peut considérer qu’un sénégalais sur deux vit dans les centres urbains. La région de Dakar (3 137 196 habitants)se singularise par son degré d’urbanisation, elle regroupe presque la moitié de la population urbaine du pays, soit 49,6 %. Dakar a une urbanité très poussée avec 96,5 %, soit une population urbaine estimée à 3 026 316 habitants, concentrée dans les villes.

Et Pikine, qui jadis a connu une évolution rapide de la population (4,8% entre 1988 et 1998) et elle était estimée à 915 300 habitants en 2009 . On la considère aujourd’hui comme la ville la plus peuplée de la région de Dakar et même du Sénégal. Et ceci est dû à plusieurs facteurs. En effet, la crise agricole, accentuée par les sécheresses à répétition et la dégradation des terres de culture, a poussé les hommes surtout dans le vieux bassin arachidier à aller vers les espaces urbains plus cléments. Par conséquent, il s’ensuivit un essor fulgurant des activités économiques dans la région de Dakar et ses banlieues.

Ainsi, du fait de l’existence de certaines infrastructures de base, la ville de Pikine s’affirme grâce à ses potentialités en termes de ressources économiques fournies par les activités du secteur informel. L’informel concerne toutes les catégories d’activités : commerce, artisanat, transport, personnels de maison, etc. Le marché central au poisson, le marché aux fruits de Syndicat et le marché Zinc constituent le poumon économique de la banlieue. Les activités économiques de proximité concentrent l’essentiel de la population active. Cette situation se traduit par un essaimage de petites activités génératrices de revenus et de petites entreprises et ateliers artisanaux. En effet, les activités économiques qui se développent au niveau de Tally Bou Mack avec l’extension incontrôlée du Marché Zinc, a favorisé une forte implantation de marchands ambulants dans l’espace public entraînant ainsi un problème de la mobilité dans cette partie de l’espace communale de Pikine Nord. Ainsi, le commerce ambulant constitue, pour une catégorie de la population active, un moyen d’insertion professionnelle, une stratégie de survie contre le besoin et une source de revenus additionnels. Ces derniers qui le plus souvent travaillent de manière inorganisée pose quelques difficultés majeures tel que l’encombrement, la salubrité, etc. La question qui reste posée est de savoir si une telle occupation anarchique de l’espace ne va-t-elle pas entravée les autorisés locales dans leur volonté de développer la commune?

Problématique

Les tendances migratoires dans les pays du tiers monde ont eu pour effet une urbanisation accélérée dans les villes. Un nombre grandissant de migrants s’est retrouvé dans les zones de concentration, face à un développement capitaliste niant les réalités socio-économiques locales. Les pays du tiers monde sont confrontés à une crise qui engendre des difficultés au plan urbanistique, économique et social.

En Afrique, le développement s’est posé ainsi en termes d’urgence : besoins pressants de croissance économique, modernisation de la production, modernisation des infrastructures routières et équipements socio collectifs. Ainsi, les États africains n’ont pas été en mesure de créer suffisamment d’emplois. L’insuccès de l’industrialisation dans les pays d’Afrique a conduit, depuis leur indépendance, les États à un laisser-aller en matière de développement économique. Sans protection contre le chômage, les populations africaines ont alors fait preuve d’une impressionnante capacité de créativité pour s’adapter à cette réalité. L’économie informelle bien que dans une moins large proportion, est aussi présente dans les pays occidentaux industrialisés. Toutefois, en Afrique, elle prend une forme particulière.

Faute d’adopter une attitude prospective, l’urbanisation a été mal contrôlée et laissée à la loi de l’installation humaine, sans considération de la planification urbaine d’où le phénomène de l’occupation des trottoirs. Dans plusieurs capitales, la crise urbaine est inéluctable. Elle est considérée comme une crise de l’État, et celui-ci, dans l’incapacité d’apporter des solutions aux problèmes de gestion des espaces publics et des infrastructures de base, d’accompagner financièrement l’urbanisation galopante et mal maîtrisée, ferme ainsi les yeux. Bien que l’Afrique soit parmi les régions du globe les moins urbanisées, la croissance spectaculaire de sa population urbaine et spécialement dans les grandes villes, apparaît excessive et préoccupante, eu égard aux problèmes directs que posent ce phénomène qui a pris de l’ampleur : l’occupation des espaces publics. Ainsi, le débat sur l’espace public et son occupation spontanée et illégale pose le problème particulier de la gestion de l’espace urbain dans un contexte plus général de celui d’une urbanisation rapide et mal maîtrisée par l’ensemble des acteurs du développement urbain (Le Bris, Giannitrapani, 1991).

Ainsi le Sénégal qui connaissait une période de sécheresse très accrue dans les années 60-70, va voir d’importantes masses de populations rurales converger vers les villes comme Dakar, Thiès, Pikine, etc. En effet, longtemps considérées comme le poumon de l’économie arachidière du Sénégal, les régions de l’intérieur ont connu une forte décadence imputable à la crise agricole marquée par les aléas de la pluviométrie : baisse de la fertilité des sols, difficultés de constituer un stock de semences de qualité, « disette » et « famine » en période de soudure, disparition du cheptel. Ce passage d’une stabilité et d’une prospérité économique à la situation actuelle de crise permanente a bouleversé le régime migratoire des populations des régions du bassin arachidier. Les courants migratoires qui jadis, étaient de nature saisonnière, ont pris après une tendance définitive, faisant des villes principales et secondaires leur principal lieu d’aboutissement. Or, il est clair qu’à long terme, les potentialités d’emploi qu’offre les villes sont très faibles, se réduisant à la création spontanée de diverses activités dans le secteur informel en expansion limitée. En plus du croît naturel, la masse des ruraux qui s’installe en ville n’a fait qu’augmenter le nombre d’actifs qui déferlent sur le marché du travail. Il en résulte un accroissement du chômage urbain et l’apparition d’un sous-emploi chronique qui viennent remettre en cause tous les espoirs d’un avenir certain en ville . En effet, la forte croissance démographique alliée à la faiblesse des efforts en vers la formation professionnelle fait que les entreprises ne trouvent pas de main d’œuvre qualifiée. Le taux de chômage est d’environ 38% pour les plus de 15 ans, ce qui renforce la pression de demande sur le marché de l’emploi. Le taux de croissance annuel moyen actuel de la population est de 2,8% ; et chaque année environ 100000 nouveaux demandeurs d’emploi arrivent sur le marché du travail dont la moitié est analphabète. Seulement 3% ont un diplôme de l’éducation technique et de la formation professionnelle. Ceci donnant une indication sur l’intensité du besoin de qualification de la population. (Djibril Sow 2006). Dans ces conditions, les ménages vivent dans une situation de précarité économique et voient en l’activité commerciale une alternative de sécurité économique. Cette situation de la crise a favorisé le développement de nouvelles formes de commerces de grande envergure.

En d’autres mots, cette forte concentration de la population dans les villes va de pair avec un regroupement des activités économiques et administratives. Cependant, le manque d’infrastructures et d’équipements dédiés à ces types d’activités informelles va provoquer un effet ‘’Gold rush’’ de ces populations vers les espaces publics.

En 2011, le secteur informel au Sénégal concentrait 2 216 717 personnes, soit 48,8% de la population active estimée à 4 538 360 personnes. En effet, à Dakar, une simple observation laisse voir que les espaces publics en général, les trottoirs en particulier, et même les emprises de certaines voies sont occupés pour de multiples activités. Ainsi comment se pose le problème de l’occupation des espaces publics dans la commune de Pikine Nord? Les marchés ont longtemps constitué un haut lieu de la géographie urbaine africaniste et des paysages de ces villes. De ce fait, le marché Zinc dont les abords nous intéressent aussi est un symbole important du dynamisme commercial, voire de l’urbanité à Pikine. Mais, ce lieu apparaît de moins en moins aujourd’hui comme un bâtiment et de plus en plus comme un quartier : le commerce de la rue prend de l’importance sur le commerce de marché. Ainsi, autour de ce grand marché, l’affluence est forte non seulement dans les boutiques mais aussi sur les trottoirs préalablement destinés aux piétons et sur la chaussée réservée aux automobiles.

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Table des matières

Introduction générale
I. Problématique
II. Analyse conceptuelle
III. OBJECTIFS ET HYPOTHESES DE RECHERCHE
IV. METHODOLOGIE
PREMIERE PARTIE: PRESENTATION DE LA COMMUNE DE PIKINE NORD
CHAPITRE I : DELIMITATION DE NOTRE ZONE D’ETUDE
CHAPITRE II : MILIEU PHYSIQUE
CHAPITRE III: CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES
CHAPITRE IV : TISSU ECONOMIQUE DE LA COMMUNE
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DU PHENOMENE DE L’ENCOMBREMENT A TALLY BOUMACK
CHAPITRE I : DIAGNOSTIC DU SECTEUR INFORMEL
CHAPITRE II : PROFIL DE L’OCCUPANT
CHAPITRE III : LES FORMES D’OCCUPATION DE LA VOIE PUBLIQUE A TALLY BOUMACK
CHAPITRE IV : LES CONSEQUENCES LIEES A L’ENCOMBREMENT
TROISIEME PARTIE : STRATEGIES DE LUTTE CONTRE L’ENCOMBREMENT DES ESPACES PUBLICS
CHAPITRE I : CADRE JURIDIQUE ET INSTITUTIONNEL REGISSANT L’OCCUPATION DES ESPACES PUBLICS AU SENEGAL
CHAPITRE II : L’AUTORITE LOCALE FACE AU PHENOMENE DE L’ENCOMBREMENT
CHAPITRE III : OPERATIONS DE LUTTE CONTRE LES ENCOMBREMENTS
Conclusion générale
BIBLIOGRAPHIE
Table des matières
Annexe

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