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Propriétés physico-chimiques et sources d’exposition
Le plomb (Pb) est un métal bleu grisâtre, mou, malléable, flexible, facile à laminer et de faible conductivité. Il a une densité élevée de l’ordre de 11,34 et sa température de fusion s’élève à 327,43°C. Son numéro atomique est 82 et son poids atomique est de 207,2g/mol avec un point d’ébullition situé à 1740°C. Il s’oxyde à la température ordinaire et en présence d’eau, d’air et de gaz carbonique il se forme une couche protectrice d’oxycarbonate de plomb (Abadin et al. 2007). Le Plomb a longtemps été utilisé dans plusieurs domaines d’activités qu’il soit professionnel ou extra-professionnel et ceci a beaucoup contribué à son expansion dans l’environnement. (Chanel et coll, 2000 ; Floraa et coll, 2006 ; Silverman et Holladay, 2014).
Les sources d’exposition professionnelle au plomb concernent principalement l’activité industrielle avec la fabrication d’accumulateurs et de batteries automobiles, l’extraction de métal par fusion, le recyclage ou le décapage de peintures au plomb, l’utilisation de solvant pétroliers par les mécaniciens (Abadin et coll, 2007 ; Cabral et coll, 2012).
Pour l’exposition extra-professionnelle, le Plomb présent dans l’alimentation, les peintures, les essences et la pollution atmosphérique avec les rejets industriels en sont les principales sources d’exposition. (Chanel et coll, 2000). D’après le site du Ministère de la Santé Français dans un rapport publié en septembre 2001(://www.sante.gouv.fr, mai 2017), l’utilisation de l’essence sans plomb dans les pays industrialisés depuis les années 1970 a permis de réduire de 70 à 85 % la concentration de plomb dans l’air en milieu urbain.
Toxicocinétique
La connaissance de la toxicocinétique du plomb est importante pour mieux comprendre les différentes étapes de sa biotransformation dans l’organisme.
Absorption, distribution et stockage
Si les populations professionnelles sont le plus souvent exposées au plomb par inhalation, la population générale est aussi exposée par les voies digestive et cutanée ; cependant l’absorption par la voie cutanée est beaucoup plus rare (Abadin et coll, 2007 ; Mushak, 2011). Des facteurs, tels que la taille des particules et leur hydrosolubilité, favorisent l’absorption du plomb dans l’organisme (Bismuth et coll, 2000 ; Nemmar et coll, 2002 ; Silverman et Holladay, 2014). L’absorption par voie cutanée est très rare et est largement inférieure à celles observées par voies respiratoire et digestive. (Abadin et coll, 2007 ; Mushak, 2011). Le plomb absorbé par l’organisme passe dans tous les organes à travers le sang, avec un tropisme particulier pour le foie, les reins, la rate, la moelle osseuse et les os (Bismuth et coll, 2000 ; Silverman et Holladay, 2014). La distribution du plomb dans l’organisme est identique quel que soit la voie d’absorption. Dans le sang, le plomb est initialement transporté à 99% par les érythrocytes et le reste se retrouve dans le plasma et se fixe aux protéines circulantes (Sarkar, 2002). Le stockage du plomb dans l’organisme se fait à plus de 90% dans les os et le reste se trouve dans les autres tissus de l’organisme. La figure 3 résume la toxicocinétique du plomb de l’absorption à l’élimination.
Mécanismes de toxicité
Les facteurs qui favorisent la présence du Pb dans notre environnement sont aussi bien naturels qu’anthropiques. Les études montrent de plus en plus qu’il n’y a pas d’effet de seuil dans sa toxicité et que même des plombémies très basses peuvent avoir des effets délétères (Floraa et coll, 2006). Le plomb n’est pas un élément indispensable à la vie cellulaire. Une fois dans l’organisme, il peut perturber l’homéostasie du milieu intérieur et affecter ses cibles principales que sont le système cardiovasculaire, le système hématologique, le système nerveux, le système rénal, l’appareil reproducteur et le système immunitaire. (Chanel et coll, 2000 ; Floraa et coll, 2006, Silverman et Holladay, 2014 ; Skerfving et Bergdahl, 2015).
Effets cardiovasculaires
Une exposition chronique au plomb peut avoir un impact direct sur le coeur en perturbant le fonctionnement des systèmes hormonaux et neuronaux. Ces systèmes jouent un rôle essentiel dans la régulation de la fréquence cardiaque, des résistances vasculaires périphériques et du débit cardiaque et la moindre perturbation de l’une de ses variables pourrait aboutir à une hausse de la pression artérielle (Skerfving et Bergdahl, 2015). L’hypertension induite par une exposition au plomb est aussi favorisée par l’inhibition du monoxyde d’azote (NO), qui est un important régulateur de la pression artérielle en assurant le maintien d’un tonus vasodilatateur constant (Bismuth et coll, 2000 ; Chanel et coll, 2000 ; Abadin et coll, 2007). Une exposition chronique au plomb entraine toujours une activation directe ou indirecte du système rénine-angiotensine-aldostérone qui est l’un des principaux régulateurs du système cardiovasculaire. (Abadin et coll, 2007 ; Skerfving et Bergdahl, 2015).
Effets cancérogènes et génotoxiques
Les études épidémiologiques ne montrent pas une augmentation significative du risque cancérigène lié à une exposition au plomb ou à l’un de ses dérivés. Toutefois, une analyse de l’ensemble des données traitant ce sujet a révélé une faible augmentation de l’incidence de certains cancers chez des sujets travaillant en particulier dans les fonderies et la fabrication de batteries. Ceci a permis au Centre Internationale de Recherches sur le Cancer (CIRC) de classer le plomb dans la catégorie 2B des substances cancérigènes en raison des données trouvées chez l’animal (CIRC, 1980). De nos jours, les résultats obtenus in vitro et in vivo ne permettent pas de tirer des conclusions claires quant à la génotoxicité du plomb. L’hypothèse la plus fréquente dans la littérature est que le plomb entrainerait une altération de l’ADN en affectant la stabilité des complexes formés par les groupements phosphates et les bases (Abadin et coll, 2007).
Effet sur le système nerveux
L’action du plomb sur le système nerveux se manifeste principalement par une encéphalopathie et une neuropathie périphérique. Les études montrent que les effets centraux sont plus fréquents chez les jeunes tandis que les effets périphériques se manifestent le plus souvent chez l’adulte (Skerfving et Bergdahl, 2015). Le cerveau du foetus est particulièrement sensible aux toxiques en raison d’une plus grande perméabilité de la barrière méningée.
Ce qui fait que les conséquences exercées par le plomb sur cette zone sont plus intenses avec une diminution des connexions intercellulaires et de la libération des neurotransmetteurs tels que l’acétylcholine, la noradrénaline et la dopamine (Kitman et Pouillot, 2005).
Les conséquences du Pb sur le système nerveux, qu’elles soient morphologiques ou pharmacologiques, affectent le cerveau de manière générale (Floraa et al., 2006 ; Haefliger et al., 2009 ; Skerfving et Bergdahl, 2015). Une plombémie au-dessus de 10μg/dL est associée chez l’enfant à une déficience intellectuelle qui, dans la majorité des cas, est irréversible (Bellinger et coll, 2003; Canfield et coll, 2003, Lanphear et coll, 2005 ; Kordas et coll, 2006; Skerfving et Bergdahl, 2015).
Effets rénaux
Le rein est l’un des principaux organes cibles du plomb. Son atteinte résulte d’une exposition chronique à ce métal et apparait tardivement dans la plupart des cas. Une caractéristique constante de la néphropathie induite par le plomb consiste en des anomalies structurelles au niveau des cellules du tube contourné proximal (Chanel et coll, 2000 ; Abadin et coll, 2007). Après de longues périodes d’exposition au plomb, la plombémie mesurée dans le sang total peut évoluer jusqu’à atteindre 600μg/l (Haefliger et coll, 2009). Ceci aurait pour conséquences des lésions glomérulaires et des tubulopathies pouvant aboutir à une insuffisance rénale modérée définitive, souvent associée à une hypertension artérielle (Chanel et coll, 2000, Kitman et Pouillot, 2005).
Effets sur la reproduction
Le plomb altère la fertilité chez la femme et entraine une teratogenicité chez le foetus. Il traverse la barrière placentaire et provoque une foeto-létalité. Des effets tératogènes ont également été observés chez plusieurs espèces autres que l’homme. Il est admis que des intoxications aiguës ou subaiguës liées à de fortes expositions professionnelles au plomb peuvent être à l’origine d’un dysfonctionnement ovulatoire, de fausses couches mais aussi d’une augmentation de la mortalité postnatale (Abadin et coll, 2007). De nos jours, l’appareil reproducteur masculin fait l’objet de nombreuses explorations et certaines hypothèses telles qu’une altération de la qualité du sperme causée par une modification du taux d’hormones (testostérone) sont avancées (Chanel et coll, 2000).
Effets hématologiques
Au niveau hématologique, le plomb peut induire une anémie hypochrome de type microcytaire qui s’accompagne en général d’une augmentation du nombre de réticulocytes à granulation basophiles résultant de l’inhibition de la pyrimidine-5’-nucléotidase (Abadin et coll, 2007 ; Mushak, 2011). Une exposition prolongée au plomb peut conduire à une anémie qui s’installe progressivement du fait de la réduction de la durée de vie des érythrocytes et d’une baisse considérable de la synthèse de l’hème par inhibition enzymatique (Mushak, 2011 ; Skerfving et Bergdahl, 2015). Cette baisse de la synthèse de l’hème peut aussi être à l’origine d’une diminution du taux d’hémoglobine dans l’organisme surtout quand la plombémie atteint 400μg/l.
Le plomb, dans son action toxique sur le système hématologique perturbe l’activité de trois enzymes que sont ALAS (Acide Amino-levulinique Synthétase), ALAD (Acide Amino-levulinique Déshydratase) et la férrochélatase. L’ALAS et l’ALAD sont des enzymes qui catalysent la synthèse de l’acide amino-lévulinique qui est le premier précurseur de la biosynthèse de l’hème. La férrochélatase est un enzyme qui intervient dans la dernière étape de la biosynthèse de l’hème en assurant la conversion de la protoporphyrine en hème (Floraa et coll, 2006 ; Abadin et coll, 2007; Mushak, 2011; Skerfving et Bergdahl, 2015).
Effets immunotoxiques
Les effets du plomb sur le système immunitaire concernent principalement les expositions chroniques et subchroniques à ce métal. Ils se manifestent le plus souvent par une diminution du taux de lymphocytes T, des lymphocytes B ou des lymphocytes NK pouvant aboutir à une immunosuppression, une baisse du taux d’immunoglobulines sériques ou encore l’avènement de maladies auto-immunes (Abadin et coll, 2007 ; Skerfving et Bergdahl, 2015). Il peut aussi entrainer une altération de la reconnaissance du non soi par les cellules du système immunitaire et inhiber la production d’interféron gamma et d’interleukine 2 qui ont pour rôle principale la communication entre les leucocytes pour activer la réponse immunitaire (Skerfving et Bergdahl, 2015). Ces effets auront comme conséquence majeure une altération de la fonction immunitaire rendant l’organisme vulnérable aux agents pathogènes.
Le système immunitaire
Le système immunitaire est un ensemble complexe de cellules, d’organes et de molécules. Toutes ces cellules proviennent de cellules souches pluripotentes (Pelus, 2017). Celles-ci donnent naissance à deux lignées distinctes, l’une lymphoïde, et l’autre myéloïde.
Le système immunitaire pour se défendre contre les agressions venant du milieu extérieur développe un système de défense appelé réponse immunitaire. Elle est vaste complexe et dépend de la voie de pénétration du pathogène. Elle est constituée de trois lignes de défense dont la première est constituée par les barrières naturelles que sont la peau, les secrétions des muqueuses et les flores bactériennes.
La deuxième ligne de défense est assurée par les cellules phagocytaires, l’inflammation et les produits antimicrobiens. La troisième ligne de défense est constituée par les cellules spécialisées que sont les lymphocytes B et T (Bellanti, 2012). Les deux premières lignes constituent la réponse immunitaire innée tandis que la dernière ligne représente l’immunité adaptative ou acquise.
Les cellules du système immunitaire sont, pour la plupart, d’origine hématopoïétique. Seuls les lymphocytes T et B expriment respectivement à leurs surfaces des récepteurs d’antigènes, le TCR et le BCR, qui leur permettent d’assurer une réponse spécifique. Cependant, un grand nombre d’autres cellules hématopoïétiques participent directement à l’induction, à la régulation et à l’expression de la réponse immunitaire spécifique, en même temps qu’elles assurent l’immunité non spécifique. Il s’agit des cellules Natural Killer (NK), des polynucléaires, des mastocytes, des plaquettes et des cellules de la lignée monocyte/macrophage dont les multiples formes tissulaires constituent le système histiocytaire.
l’immunité innée
L’immunité innée représente un ensemble de mécanismes de défense présents dès la naissance et est génétiquement hérités. Les cellules de l’immunité innée possèdent un ensemble de récepteurs codés par des gènes de la lignée germinale de l’hôte et capables de reconnaitre les agents pathogènes (Lemahieu, 2004 ; Hamona et Quintin, 2016).
Ces récepteurs reconnaissent des motifs moléculaires partagés par de nombreuses substances étrangères qui ne sont pas présents chez l’hôte (Hamona et Quintin, 2016).
La réponse immunitaire innée est assurée d’abord par certaines barrières physiques comme la peau et les muqueuses mais aussi par des mécanismes de défenses tels que la phagocytose qui permet l’ingestion et la destruction des pathogènes et la sécrétion de substances toxiques qui entrainent la destruction des pathogènes.
Les granulocytes
Ils sont encore appelés polynucléaires et appartiennent à l’immunité innée. Ils ont une fonction non spécifique à un antigène et sont surtout caractérisés par la présence de plusieurs noyaux. Ils renferment des granules contenant des enzymes destinées à être déversées lors d’infection, de réactions allergiques ou inflammatoires.
Les phagocytes
Ce sont des cellules capables d’ingérer et de détruire des particules de tailles variables et ont surtout une fonction essentiellement antibactérienne. Il s’agit principalement des macrophages et des monocytes.
Les cellules présentatrices d’antigène
Plusieurs cellules peuvent jouer ce rôle de présenter l’antigène au lymphocyte T CD4+ et T CD8+. Il s’agit entre autres des cellules dendritiques, des monocytes, des lymphocytes B et des macrophages. Elles ont aussi la capacité d’engendrer des effecteurs cytotoxiques spécifiques ou d’amplifier la réponse des lymphocytes T. Cependant, les cellules dendritiques représentent les CPA professionnelles.
L’immunité adaptative
L’immunité adaptative est un ensemble de mécanismes ne préexistant pas à la naissance. Elle est acquise spécifiquement face à un agent étranger dans l’organisme (Bluestone et Abbas, 2003). Les cellules de l’immunité adaptative ou acquise sont les lymphocytes T, médiateurs de l’immunité cellulaires, et les lymphocytes B, médiateurs de l’immunité humorale (Ddo et coll, 2003). Les lymphocytes sont les seules cellules qui portent des récepteurs spécifiques d’antigène. Aucun critère morphologique ne permet de distinguer leurs différentes classes et sous-classes. Néanmoins ils constituent une famille très hétérogène du point de vue fonctionnel.
Les lymphocytes possèdent des marqueurs ou antigènes de surface qui permettent de les identifier, de déterminer leur stade de différenciation et d’activation. Ces marqueurs de surfaces sont appelés CD ou « clusters of différenciation ».
Les lymphocytes T
Les lymphocytes T possèdent certaines caractéristiques particulières qui permettent leur identification :
Ils sont particulièrement recirculant et représentent 60 à 80% des lymphocytes sanguins chez l’adulte ;
Leur durée de vie est très longue,
Le récepteur pour l’antigène s’appelle le TCR.
Le TCR est de nature hétérodimérique, formé par l’association de deux chaînes polypeptidiques glycosylées ancrées dans la membrane et produites par plusieurs gènes situés sur les chromosomes 7 et 14. Il constitue le site de reconnaissance de l’épitope à la surface des CPA. Ce récepteur des lymphocytes T ne reconnaît que des antigènes protéiques. Ceux-ci ne sont jamais natifs : les protéines doivent être découpées en peptides qui sont ensuite associées à des molécules du CMH.
Les lymphocytes T expriment également à leur surface :
La molécule CD3 qui assure la transduction du signal principal
La molécule CD2 qui est un facteur d’adhésion
La molécule CD28 ou CD40 ligand qui est une molécule de co-stimulation induisant le signal.
Il existe deux sous populations lymphocytaires T qui se distinguent par leurs corécepteurs : les lymphocytes T CD4+ ou lymphocytes T auxiliaires et les lymphocytes T CD8+ encore appelés lymphocytes T cytotoxiques.
Les lymphocytes T CD8+
Les lymphocytes T CD8+ ou T cytotoxiques (CTL) expriment l’antigène CD8 à leur surface. Ils reconnaissent l’antigène présenté par une molécule du CMH de classe I. Les antigènes présentés sont des antigènes endogènes, produits par la cellule. La reconnaissance est le premier signal d’activation. Un second signal permet l’expression du pouvoir cytotoxique de la cellule. Ces lymphocytes T reconnaissent et se lient à des cellules cibles infectées par des virus, des cellules cancéreuses ou du non soi, et libèrent des protéines effectrices telle que la perforine. Cette dernière provoque des trous dans la membrane de la cellule cible entraînant la sécrétion des granzymes qui détruisent la cellule infectée.
Celle-ci perd son cytoplasme et meurt en moins de deux heures. Une fois la perforine injectée, le lymphocyte se détache et se met à la recherche de nouvelles cellules cibles (Mosmann et coll, 1995).
Les lymphocytes T cytotoxiques sécrètent aussi le facteur nécrosant des tumeurs (TNF) qui tue lentement les cellules cibles en l’espace de 48 à 72 heures. Ils sécrètent également de nombreuses lymphokines qui interviennent de multiples façons pour amplifier la réponse immunitaire. Ils sont également impliqués dans la surveillance immunologique (Navarro et coll, 1999).
Recueil des prélèvements
Pour les cas, les prélèvements de sang ont été recueillis le 25 mai 2016 par une équipe de techniciens supérieur de laboratoire qui, après avoir coordonnée avec les participants, s’est rendu dans leur zone d’habitation pour effectuer les prélèvements sur place. Les témoins ont été prélevés au laboratoire. Les échantillons ont été recueillis dans des tubes EDTA de 10ml en respectant les conditions de conservation et de transport.
Matériel et méthode
La séparation et conservation des cellules
Reactifs et consommables
tubes Falcon 15ml,
ficoll
hotte à flux laminaire
centrifigeuse
microscope optique
lame de Neubaeur
RPMI, FBS
PS
L-glu
DMSO
Principe de la séparation cellulaire
Les éléments figurés du sang périphérique, en milieu Ficoll-Triosil de haute densité, subissent durant la centrifugation une migration différentielle qui conduit à leur séparation en deux fractions : d’une part, les érythrocytes et les granulocytes qui sédimentent au fond du tube et d’autre part, les lymphocytes, les monocytes et les plaquettes qui restent à l’interface échantillon/milieu de séparation. Le milieu de séparation Ficoll-Triosil est une solution de densité 1,077 contenant :
du Ficoll de haute masse moléculaire (400.000 Da), très soluble dans l’eau mais de faible viscosité intrinsèque, possède des propriétés agrégantes vis-à-vis des globules rouges,
du Triosil, qui forme avec le Ficoll une solution de faible viscosité et de haute densité qui a pour rôle d’établir une osmolarité et une densité adaptées à la sédimentation des granulocytes.
Lors de la centrifugation, les cellules sédimentent vers l’interface échantillon/Ficoll-Triosil. A l’interface, les érythrocytes sont agrégés du fait de la présence de Ficoll. La densité des agrégats étant supérieure à celle du Ficoll-Triosil, les érythrocytes sédimentent au fond du tube. La densité des granulocytes (plus sensibles que les lymphocytes aux variations de pression osmotique) s’élève dans une solution hyperosmotique. Ils sédimentent donc, tandis que les cellules mononucléées du sang périphérique (PBMC) demeurent à l’interface échantillon/milieu de séparation.
Mode opératoire
La séparation cellulaire s’est faite en milieu stérile pour éviter toute contamination. Il a été mis 5 ml de Ficoll dans un tube Falcon de 15ml puis 10ml de sang y ont été ajoutés de manière à le faire déposer lentement sur le Ficoll. Les tubes ont ensuite été centrifugés pendant 20 mn à 2100 tpm. Apres centrifugation, le plasma a été collecté et conservé au congélateur à -80°C. L’anneau cellulaire de PBMC a ensuite été récupéré au niveau de l’interface Ficoll-plasma, et transférer dans un autre tube Falcon de 15ml avant de le suspendre avec 14 ml de la solution RPMI/PS pour une étape de lavage par centrifugation pendant 10 mn à 1800 tpm. Au bout de la centrifugation, le surnageant a été jeté et le culot cellulaire resuspendu dans 10 ml de RPMI/PS. A partir de la suspension cellulaire, 50ul ont été dilués à volume égal avec du Bleu Trypan pour le comptage des cellules.
Pour le comptage, 10μl de la suspension contenant le Bleu Trypan ont été déposés sur une lame de Neubaeur pour un décompte des cellules sur 16 carrés de la lame à l’objectif 40. Après comptage, les cellules ont été de nouveau lavées pour une conservation dans 10%DMSO/10%FBS/RPMI.
Décongélation des cellules
Lorsque tous les échantillons ont été collectés, les cellules ont ensuite été décongelées pour procéder au marquage cellulaire. Pour la décongélation, préparer une solution 10%FBS/RPMI puis mettre 2ml de cette solution dans des FACS tubes stériles de 5ml. Sortir les cellules du congélateur -150° C et laisser dans la hotte jusqu’au début de décongélation. Prendre, avec une pipette P1000, 500ul de la solution de décongélation, ajouter dans le cryotube contenant les cellules et mélanger jusqu’à décongélation total. Prendre 500ul des cellules en suspension, mettre dans le FACS tube contenant la solution de décongélation et mélanger. A partir du FACS tube, prendre 500ul de solution, mettre dans le cryotube et mélanger. Prendre 1ml du cryotube, mettre dans le FACS tube et mélanger. Procéder de la même manière jusqu’à transfert total des cellules dans le FACS tube. Centrifuger pendant 5 min à 1800tpm à TA.
Verser le surnageant et resuspendre les cellules dans 2ml de 10%FBS/RPMI pour le comptage des cellules avec du BT. Après comptage (N), centrifuger pendant 5 min à 1800tpm, verser le surnageant puis ajouter le volume nécessaire pour obtenir 5.106 PBMC/ml (5/N).
Marquage cellulaire
Réactifs et consommables
Anticorps anti CD3- FiTC
Anticorps anti CD4- PE
Anticorps anti CD19- PerCP
Anticorps anti CD56 – APC
PS
FBS
FACSBUFFER
Principe de la cytométrie
La cytométrie de flux est une technique d’analyse multiparamétrique sur plusieurs milliers de cellules isolées. Les mesures simultanées de caractéristiques physiques et biologiques des cellules sont effectuées isolément sur chacune d’entre-elles lorsque, entraînées par un fluide au centre d’une veine liquide, elles traversent le faisceau laser. Après intersection du rayon incident, la cellule diffracte la lumière. L’intensité de la lumière diffractée dans l’axe (angle < 12°), est proportionnelle à la taille de la cellule (FSC : forward scatter); celle diffractée à 90° est représentative de son contenu cytoplasmique (SSC: side scatter).
Les signaux détectés par le système optique sont amplifiés, convertis en signaux électroniques puis en valeurs numériques. Elles sont analysées grâce à l’unité informatique du cymomètre. L’affichage simultané des paramètres, FSC, SSC traités par le logiciel, visualise chaque cellule sur l’écran sous forme de point. C’est le cytogramme, nuage de signaux punctiformes qui apparaît. Selon les deux paramètres, il est possible de distinguer différentes populations cellulaires et de tracer le contour de la population à étudier en excluant d’une part les débris sur les critères de petite taille (FSC) et petite granularité (SSC) et d’autre part les agrégats situés très haut dans la partie supérieure de l’écran. La zone d’intérêt ainsi délimitée (appelée gate ou fenêtre ou région) est la population cellulaire homogène. Seules les valeurs concernant cette région sont analysées par l’emploi du logiciel. D’autres paires de signaux comme FSC et la fluorescence peuvent être considérées, de nouveaux points apparaissent représentant chacun une cellule en fonction de sa taille et de la fluorescence qui lui est associée.
Discussion
Dans la présente étude, nous avons essayé de montrer les manifestations immunotoxiques du Pb. Le système immunitaire, pour se protéger contre les agressions des agents du milieu extérieur va produire, par le biais des cellules immunitaires, des thiols qui sont soit des cystéines, des glutathions ou des métalloprotéines (Abadin et coll, 2007) qui sont des molécules possédant un fort pouvoir de neutralisation contre les métaux lourds. Ils se lient aux métaux et inhibent leurs effets néfastes sur l’organisme comme la dénaturation des protéines de faible poids moléculaire (Dickinson et Forman 2002a ; Dickinson et Forman 2002b ; Skerfving et Bergdahl, 2015).
Le recyclage des batteries d’alimentation automobile dans le but de récupérer le plomb est devenu une activité rentable en raison de la hausse du prix de ce métal sur le marché mondial. Au Sénégal l’exposition de la population au Pb s’accentue de jour en jour vu l’accroissement des activités de recyclage des batteries automobiles par divers couches sociale (Cabral et coll, 2012). L’objectif principal de notre travail était d’évaluer l’impact de l’exposition au plomb sur le système immunitaire chez des femmes ex-transformatrices de batteries automobiles à base de Pb dans le quartier Ngagne Diaw de Thiaroye sur mer Dakar/Sénégal. Pour se faire on a mesuré les pourcentages des lymphocytes T, B et NK de ces sujets.
Beaucoup de travaux effectués sur la surveillance de l’exposition au plomb des populations dans le monde ont été menés sur des populations de composition et de tailles différentes. En effet, beaucoup ont porté sur des populations de taille relativement importante comme c’est le cas des études menées au Sénégal portant sur l’intoxication collective au plomb causé par le recyclage informel de batterie automobiles à Thiaroye qui a concerné 81 sujets (Haefliger et coll, 2009). C’est aussi le cas des travaux menés par Sata et coll qui ont concerné 71 sujets travaillant dans une usine de fabrication de produits chimiques utilisant le plomb comme matière première (Sata et coll, 1998). L’âge moyen de la population exposée et la taille de l’échantillon des témoins utilisés sont comparables à ceux utilisés dans notre étude.
En considérant la demie vie du Pb dans les os qui est estimée à environ 10ans il ressort des plombémies mesurées lors de l’intoxication que ce métal est toujours présents dans l’organisme des populations du quartier Ngagne Diaw et probablement a des quantités susceptibles de causer (˃100μg/l) des dommage à l’organisme du fait que la toxicité du plomb est sans seuil.
Parmi les 20 femmes exposées au Pb dans notre étude, 30% présentaient des douleurs articulaires fréquentes, ce qui est en phase avec les données de la littérature vu que le lieu principal de stockage du Pb dans l’organisme se trouve être les os où il est stocké à plus de 90% (Abadin et coll, 2007). Il a aussi été démontré qu’une exposition chronique au Pb pourrait être responsable d’une altération du système nerveux centrale et périphérique (Skerfving et Bergdahl, 2015). Ceci pourrait expliquer les céphalées et les troubles de mémoires récurrents dont sont respectivement victimes 65% et 40% de notre population exposée. Ces résultats sont similaires à ceux rapportés par plusieurs autres études (Floraa et coll, 2006 ; Haefliger et coll, 2009 ; Skerfving et Bergdahl, 2015). Toujours parmi le groupe des sujets exposées, 30% des femmes ont au moins une fois fait une fausse couche ou eu un enfant décédé juste après la naissance ; ce résultat est corroboré par les travaux d’Abadin et coll qui ont montré qu’une intoxication aiguë ou chronique liées à de fortes expositions professionnelles au plomb pouvait être à l’origine d’un dysfonctionnement ovulatoire, de fausses couches mais aussi d’une augmentation de la mortalité postnatale (Abadin et coll, 2007).
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Table des matières
Première partie : GENERALITES SUR LE PLOMB ET LE SYSTEME IMMUNITAIRE
I. Le Plomb
I.1. Propriétés physico-chimiques et sources d’exposition
I.2. Toxicocinétique
I.2.1. Absorption, distribution et stockage
I.2.2. Métabolisme et Excrétion
I. 3. Mécanismes de toxicité
I.3.1. Effets cardiovasculaires
I.3.2. Effets cancérogènes et génotoxiques
I.3.3. Effet sur le système nerveux
I.3.4. Effets rénaux
I.3.5. Effets sur la reproduction
I.3.6. Effets hématologiques
I.3.7. Effets immunotoxiques
II. Le système immunitaire
II.1. L’immunité innée
II.1.1. Les cellules NK
II.1.2. Les granulocytes
II.1.3. Les phagocytes
II.1.4. Les cellules présentatrices d’antigène
II.2. L’immunité adaptative
II.2.1. Les lymphocytes T
II.2.1.1. Les lymphocytes T CD8+
II.2.1.2. Les lymphocytes T CD4+
II.2.2. Les lymphocytes B
Deuxième partie : METHODOLOGIE, REUSLTATS, DISCUSSION
I. Méthodologie
I.1. Type d’étude
I.2. Cadre d’étude
I.3. Population d’étude
I.4. Recueil des prélèvements
I.5. Matériel et méthode
I.5.1. La séparation et conservation des cellules
I.5.2. Décongélation des cellules
I.5.3 Marquage cellulaire
I.6. Stratégie de gating
I.7. Analyse statistique
II. Résultats
II. 1. Caractéristiques de la population d’étude
II.2. Distribution des lymphocytes totaux
II.3. Distribution lymphocytes TCD4+ et TCD8+
II.4. Distribution des lymphocytes B
II.5 Distribution des lymphocytes NK
III. Discussion
Conclusion et perspective
REFERENCES
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