La pêche et l’aquaculture demeurent, pour des centaines de millions de personnes à travers le monde, une ressource de première importance, qu’il s’agisse de l’alimentation, de la nutrition, des revenus ou des moyens d’existence. En 2014, l’offre mondiale de poisson a atteint le chiffre record de 20 kg par habitant, à la faveur de la forte croissance de l’aquaculture, qui fournit désormais la moitié du poisson destinée à la consommation humaine, et d’une légère amélioration de l’état de certains stocks de poissons due à une meilleure gestion des pêches (FAO, 2016) . En outre, le poisson continue d’être l’un des produits alimentaires de base les plus échangés dans le monde, et plus de la moitié des exportations en valeur proviennent des pays en développement. Les rapports récents établis par des experts de haut niveau soulignent la contribution considérable que peuvent, et surtout que pourront dans l’avenir, apporter les océans et les eaux intérieures à la sécurité alimentaire et à la nutrition d’une population mondiale qui devrait atteindre 9,7 milliards de personnes en 2050 (FAO, 2016) .
Le Sénégal, une des régions les plus poissonneuses du monde, le secteur de la pêche, en progression constante, joue un rôle capital dans l’économie nationale. Ce pays présente des avantages géographiques et climatologiques qui confèrent à son littoral une réputation de zone très productive de la côte ouest africaine. Compte tenu de ces atouts, la pêche maritime sénégalaise occupe une place de choix dans l’économie nationale. Toutefois, le secteur traverse une situation difficile qui s’est traduite par une baisse de son poids dans le Produit Intérieur Brut (PIB) qui passe de 1,7% en 2012 à 1,4% en 2015 (ANSD, 2015) . La région du Sine-Saloum draine l’une des parties les plus peuplées du Sénégal avec plus du sixième de la population (1,5 millions d’habitants) pour une superficie qui ne représente que 1,2% de celle du territoire national. Les ressources halieutiques sont d’une importance capitale pour ces populations puisqu’étant la principale source de protéines animales et de revenus, suite au déclin de l’agriculture (Kébé, 1994). Cependant, les captures ont fortement diminué depuis une douzaine d’années, passant de 40.000 tonnes à moins de 10.000 tonnes (Diouf et al., 1991).
Le développement du secteur des pêches ne peut se concevoir sans une véritable politique des pêches qui doit s’appuyer sur des informations scientifiques. Malheureusement, les connaissances de base sur le milieu estuarien du Sine Saloum sont trop limitées, notamment en ce qui concerne la ressource et son exploitation. (Kébé, 1994). Mugil curema, appartenant à la famille des mugilidés occupe une place non négligeable dans les débarquements. Elle est d’une importance capitale pour les populations. Cependant très peu de données existent sur sa biologie. C’est pour participer à la recherche d’une bonne gestion des pêcheries en général et de la ressource halieutique en particulier que des recherches ont été effectuées dans le Delta du Saloum par l’équipe de l’IUPA à travers des pêches expérimentales. Les données utilisées dans cette étude proviennent des campagnes de pêche réalisées dans la zone. L’objectif général de ce travail est de contribuer à l’amélioration de la gestion de la pêcherie de Mugil curema dans le Delta du Saloum en évaluant les paramètres de la reproduction et l’impact de l’environnement afin d’assurer une utilisation durable de cette ressource au profit des populations côtières. Le plan de cette étude s’articule autour de cinq points. Le premier point porte sur les généralités ; le deuxième traite du matériel et de la méthodologie utilisée. Le troisième point concerne les paramètres environnementaux prélevés dans le milieu d’étude ; dans le quatrième point il s’agit des relations morphométriques et le cinquième point est consacré aux résultats et à la discussion. Une conclusion générale et des recommandations mettront un terme à cette étude.
GENERALITES
Description de l’espèce
Mugil curema est un poisson pélagique scolarisé dans la famille Mugilidés (Carvalho, 2007). Son corps est comprimé et allongé. La surface dorsale du mulet blanc est bleue, verte ou olive avec des reflets bleutés tandis que les côtés sont argentés permettant un camouflage des prédateurs. Le juvénile a une tache dorée ou jaune vif derrière l’opercule (plaques osseuses qui supportent les couvertures branchiales) (Bonner, 2007). Il existe une variation marquée du nombre d’écailles et de rayons de la nageoire pectorale entre les différentes populations. La plupart des individus ont des nageoires dorsales à rayons épineux largement séparés avec 4 épines et 9 rayons mous et des nageoires pelviennes avec une épine et 5 rayons. Cette espèce est fort semblable à première vue à Mugil cephalus du fait de la coloration jaune des nageoires pelviennes et anales. Mais certains caractères à peine visibles permettent de distinguer cette espèce. Il s’agit des nageoires pelviennes et anales qui ont la coloration jaune, celles dorsales translucides et caudales bordées de noir (Albaret, 1992).
Classification
Mugil curema répond à la classification suivante :
Embranchement : Vertébrés
Super classe : Poissons
Classe : Ostéichtyens
Sous classe : Actinoptérygiens
Super ordre : Téléostéens
Ordre : Perciformes
Famille : Mugilidae (Boumendjellilia, 2005) .
Habitat et distribution
Mugil curema est présent dans tout l’hémisphère occidental de l’Atlantique Ouest de la Nouvelle-Écosse aux Bermudes, du golfe du Mexique au sud du Brésil et dans l’Atlantique Est du golfe de Californie au Chili (Nirchio et al., 2005, Bonner, 2007) et est généralement trouvé dans les eaux côtières telles que les baies, les plages, les lagunes et les rivières à marée. Le mulet blanc se rencontre le plus souvent dans les habitats à végétation submergée (Castillo-Rivera et al., 2002).
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Table des matières
1. INTRODUCTION
2. GENERALITES
2.1 Description de l’espèce
2.2 Classification
2.3 Habitat et distribution
2.4 Biologie
3. MATERIEL ET METHODES
3.1 Zone d’étude
3.2 Choix de l’espèce
3.3 Stratégie d’échantillonnage
3.4 Paramètres environnementaux
3.4.1 Température
3.4.2 Salinité
3.4.3 Conductivité
3.4.4 Oxygène dissous
3.4.5 pH
3.5 Relations morphométriques
3.5.1 Relation taille-poids
3.5.2 Relation longueur totale-longueur à la fourche
3.5.3 Coefficient de condition moyen
3.6 Paramètres biologiques
3.6.1 Sex-ratio
3.6.2 Rapport gonado-somatique (RGS)
3.6.3 Taille de première maturité sexuelle (L50)
4. RESULTATS
4.1 Paramètres environnementaux
4.2 Relations morphométries
4.2.1 Relation taille-poids
4.2.2 Relation longueur totale-longueur à la fourche
4.2.3 Distribution de la fréquence des tailles
4.2.4 Distribution de la fréquence des poids
4.2.5 Variation de la taille en fonction du sexe
4.2.6 Variation du poids en fonction du sexe
4.2.7 Coefficient de condition moyen
4.3 Paramètres biologiques
4.3.1 Sex-ratio
4.3.2 Rapport gonado-somatique (RGS)
4.3.3 Effet des paramètres environnementaux sur la reproduction
4.3.4 Taille à la première maturité sexuelle (L50)
5. DISCUSSION
6. CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES