Hypothèse 1 : Les facteurs liés à l’arbre influencent les variations inter et intra-arbre de la densité à 12% et l’infradensité du bois
– Sous-hypothèse 1.1 : Le facteur espèce influence la variation de la densité à 12% et l’infradensité du bois Les différentes propriétés du bois sont variables d’un arbre à un autre (Rakotovao et al., 2012). Mais plusieurs espèces issues de forêts tropicales peuvent avoir la même densité. Il est de ce fait nécessaire de voir s’il existe une différence significative entre les densités des espèces étudiées ici.
– Sous-hypothèse 1.2 : Les bois des racines sont moins denses que les bois du tronc et des branches Les racines tiennent un rôle très important dans l’approvisionnement de l’arbre en nutriments, alors que les autres organes sont généralement responsables de leur conduction. Cela montre que les différents organes constituant l’arbre ont des structures diverses (Schuldt et al., 2012). Ce qui devrait influencer la densité du bois. Une étude menée par Pratt et al. (2007) sur 9 espèces de la famille des RHAMNACEAE a montré que les racines ont un bois plus léger par rapport au tronc. D’autres auteurs pourtant affirment que les différences de densité entre organes ne sont pas significatives (Schuldt et al., 2012). Dans cette étude, il s’agira de déterminer si le bois des racines est plus léger que celui du tronc et des branches.
– Sous-hypothèse 1.3 : Les bois des racines, tronc et branches des arbres de petit diamètre sont moins denses que ceux des arbres de moyen et grand diamètre La taille en question ici est le diamètre de l’arbre. Il s’agit donc de déterminer s’il existe une différence significative entre les moyennes des densités pour les différentes classes de diamètre. Les arbres de petit diamètre sont considérés comme de jeunes arbres et les arbres de grand diamètre les plus âgés. Blar et al., (1990) en travaillant sur l’espèce Eucalyptus grandis de l’Inde ont trouvé des différences significatives de densité du bois entre les classes d’âge étudiées. Ici, il faudra trouver l’effet de ce facteur diamètre de l’arbre sur la variation de la densité du bois.
Hypothèse 2 : Les conditions environnementales influencent la variation longitudinale des densités à 12% et infradensités du bois pour chaque espèce
Les variations de la densité du bois sont dues aux facteurs environnementaux régionaux (Chave et al., 2006). Le facteur site de prélèvement des échantillons peut effectivement influencer la variation de la densité du bois. Une étude menée par Ayarkwa (1998) a montré que les échantillons de bois prélevés dans les sites avec les précipitations moyennes annuelles les plus élevées avaient les densités les plus faibles. Plusieurs paramètres stationnaires peuvent alors être considérés comme des facteurs de variation de la densité du bois.
Sous-hypothèse 2.1 : La pente du terrain influence la variation inter arbre de la densité à 12% et de l’infradensité du bois des espèces étudiées.
Sous-hypothèse 2.2 : Les bois des arbres prélevés en haute altitude sont plus denses.
Sous-hypothèse 2.3 : La texture du sol a un effet significatif sur la densité à 12% et l’infradensité du bois des espèces étudiées.
Sous-hypothèse 2.4 : Les bois prélevés sous précipitation élevée ont une densité plus faible.
Obtention des données sur les facteurs environnementaux
Après l’inventaire des différents facteurs environnementaux qui pouvaient influencer la variabilité longitudinale de la densité du bois, plusieurs données complémentaires ont dû être ajoutées aux données qui étaient déjà à disposition (entre autres les données de densité à 12% et d’infradensité et les autres données prélevées sur terrain). Les facteurs environnementaux pris en compte ici sont : la pente, l’altitude, la texture du sol, la précipitation. La pente et l’altitude ont déjà été relevées lors du prélèvement des arbres cibles, respectivement, grâce à un clisimètre et un GPS. Les données de température et de précipitation sur quinze ans (2001 à 2016) des différentes zones d’étude ont été obtenues au sein de la Direction Générale de la Météorologie Ampandrianomby (sur les stations de Moramanga et d’Ambatondrazaka). Quant aux données sur la texture du sol, elles provenaient du LRI dans le cadre du projet p4ges (Razakamanarivo et al., 2017). En effet, durant les travaux de terrain, des échantillons de sol ont été pris pour étudier la biomasse souterraine par une autre équipe qui a effectué une étude du sol.
Effet du facteur « genre » et « espèce »
Les valeurs de D12 trouvées ici sont incluses dans l’intervalle de densité ressorti par Chave et al. (2006) quand ils ont étudié 2456 espèces d’arbres issus des forêts tropicales Américaines. Plusieurs études comme celle effectuée par Chen et al. (2017) ont démontré que les densités du bois de 7 espèces subtropicales qu’ils ont étudiées étaient significativement différentes. Dans cette étude, le facteur espèce agit sur la variation de la densité du bois. La densité du bois est une propriété qui permet de caractériser une espèce car elle est corrélée avec des propriétés anatomiques qui peuvent être propres à chaque espèce comme la longueur des fibres (Martínez-Cabrera et al., 2009). Les propriétés anatomiques propres à chaque espèce peuvent être une explication aux différences de densité de chaque espèce. La densité à 12% la plus élevée est enregistrée chez Uapaca sp. pour les racines, chez Uapaca densifolia pour le tronc et chez Eugenia emirnense pour les branches. Cela peut être expliqué par le fait que la tendance de variation longitudinale de la densité du bois dépend de chaque espèce. Chez certaines espèces comme Eugenia phillyreaefolia par exemple, la variation est très grande, donc les racines ont une densité très faible (D12racines = 0, 66), le tronc très élevée (D12tronc= 0,83) et les branches moyennes (D12branches = 0,78). Chez d’autres comme Uapaca sp., les densités de ces trois organes sont plus ou moins similaires (D12racines=0,82 ; D12tronc=0,81 ; D12branches=0,80).
Assurer la gestion durable des ressources ligneuses du CAZ
Le CAZ fait partie des étendues composées d’une grande superficie de forêts naturelles humides à Madagascar. Il regorge ainsi de beaucoup d’espèces ligneuses. Cependant, ces forêts sont soumises à plusieurs pressions (Satoyama Initiative, 2016) et la transformation progressive des occupations du sol de forêt primaire en savoka illustre bien cela. Pour permettre la gestion durable des ressources ligneuses du CAZ, il serait alors nécessaire d’effectuer des études plus approfondies sur ces espèces. L’identification des espèces les plus menacées et leur utilisation par la population doit être faite. Quant aux dix espèces étudiées ici, la connaissance de leurs densités ne suffit pas pour bien les appréhender. Il faut étudier également d’autres propriétés du bois à savoir l’anatomie, la dureté, le module d’élasticité, le module de rupture, la durabilité naturelle. Cela dégagera les espèces de substitution aux espèces menacées ou proposera des utilisations appropriées à ces essences. Cela permettra donc la promotion des services écosystémiques et aidera dans la prise de décision par rapport à la vocation des espèces de cette forêt. Il sera possible de décider quel genre de service privilégier (la séquestration de carbone ou envisager un autre type de mise en valeur de la forêt).
Intensifier les recherches sur le bois à Madagascar en ayant recours aux méthodes modernes
Les connaissances sur les bois malgaches sont encore précaires. Plusieurs aspects n’ont pas été abordés dans les recherches déjà effectuées auparavant. Certes, cette étude et d’autres auparavant ont ouvert la voie sur l’analyse des propriétés du bois, mais beaucoup de points restent encore à voir. La plupart des études menées jusqu’à ce jour sur le bois des espèces malgaches ont concerné surtout celles issues de forêts humides (Rafidimanantsoa, 2013 ; Aritsara, 2015; Ramananantoandro et al., 2016). Pourtant les forêts sèches malgaches regorgent encore de nombreuses espèces intéressantes. D’autant plus que d’après les résultats obtenus lors de la présente étude, les bois des espèces issues des forêts sèches pourraient avoir un bois plus dense (Delgado & Macgale-Macadong, 2005). Ainsi, cela permettra encore plus d’approfondir les connaissances sur les propriétés des bois malgaches et de comprendre l’influence des facteurs liés à l’environnement sur la variation de la densité du bois. En effet, la densité du bois élevée trouvée dans les forêts sèches est une forme d’adaptation contre le stress causé par l’environnement (Hacke et al., 2001 ; Meinzer, 2003). Cela pourrait influencer les variabilités intra-arbres de la densité c’est-à-dire au niveau radial et longitudinal. C’est donc intéressant de se pencher sur ces points. En plus, comme il a été mentionné précédemment, certaines de ces espèces peuvent être trouvées à la fois dans des forêts humides et dans des forêts sèches (Rakotovao et al., 2012). Une étude comparative des propriétés de leurs bois pourrait s’avérer intéressante. La prochaine recommandation concerne surtout la méthodologie de recherche. Les recherches sur le bois conduisent souvent à l’abattage de plusieurs arbres car elles nécessitent la production d’échantillon suivant les normes imposées. Pourtant ces méthodes sont très destructives surtout lorsqu’il s’agit d’étudier les propriétés des bois des racines. Il serait donc mieux de développer des méthodes non destructives qui permettraient d’avoir des résultats précis. Dans cette étude, des équations mettant en relation les densités du bois des différents organes ont déjà été élaborées. Le développement d’équations qui mettraient en relation les autres propriétés du bois des organes d’un arbre serait utile. Ces relations permettront alors de connaitre les propriétés des racines sans avoir recours au déracinement des arbres (Nakagawa et al., 2016). Ce qui entrainera non seulement une économie de temps mais aussi de charge de travail et d’argent dans les études effectuées. Ces recommandations sont résumées dans le cadre logique suivant (Tableau 11).
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Table des matières
1. INTRODUCTION
2. METHODOLOGIE
2.1. Problématique et hypothèses
2.2. Objectifs de l’étude
2.3. Matériels et méthodes
2.3.1. Matériels
2.3.1.1. Milieu d’étude
2.3.1.2. Matériels biologiques
2.3.2. Méthodes
2.3.2.1. Identification des espèces à étudier
2.3.2.2. Collecte des échantillons
2.3.2.3. Mesure de la densité et de l’infradensité en laboratoire
2.3.2.3.1. Mesure de la densité à 12%
2.3.2.3.2. Mesure de l’infradensité
2.3.2.4. Obtention des données sur les facteurs environnementaux
2.3.3. Analyse et traitement des données
2.4. Cadre opératoire de la recherche
2.5. Résumé de la démarche méthodologique
3. RESULTATS
3.1. Effet des facteurs liés à l’arbre sur la densité du bois
3.1.1. Effet des facteurs « genre » et « espèce » sur la variation de la densité du bois
3.1.2. Effet du facteur « organe » sur la variation de la densité du bois
3.1.3. Effet du facteur « diamètre de l’arbre » sur la variation de la densité du bois
3.2. Effet des facteurs liés aux conditions environnementales sur la variation de la densité à 12% et l’infradensité du bois
3.2.1. Effet du facteur « pente du terrain » sur la variation de D12 et ID du bois
3.2.2. Effet du facteur « altitude » sur la variation de D12 et ID
3.2.3. Effet du facteur « texture du sol » sur la variation de D12 et ID
3.2.4. Effet du facteur précipitation sur la variation de D12 et ID
4. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
4.1. Discussions
4.1.1. Discussions sur la méthodologie
4.1.2. Discussions sur les résultats
4.1.3. Discussions sur les hypothèses
4.2. Recommandations
4.2.1. Assurer la gestion durable des ressources ligneuses du CAZ
4.2.2. Intensifier les recherches sur le bois à Madagascar en ayant recours aux méthodes modernes
5. CONCLUSION
6. BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE
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