Préparation de l’extrait EHA-MA
Des parties aériennes de Mystroxylon aethiopicum ou «Fanazava» ont été récoltées dans la région Alaotra-Mangoro au mois de juillet. Les tiges feuillées ont été séchées dans un local aéré, à température ambiante et à l’ombre. Ensuite, elles ont été pulvérisées avec un broyeur à marteau. Cinq cents grammes de cette poudre ont été macérés dans un mélange éthanol: eau (60 : 40) pendant 7 jours à l’abri de la lumière. Le macérât a ensuite été filtré trois fois avec du papier Whatman®. Le filtrat a été évaporé à sec, à la température de 80 °C et sous pression réduite à l’aide d’un évaporateur rotatif Büchi®. L’extrait EHA-MA obtenu a été pesé pour calculer le rendement de l’extraction. Il a été conservé à température ambiante, à l’abri de la lumière et de l’humidité, jusqu’à son utilisation.
Effet de EHA-MA sur la natriurie et la kaliurie
L’objectif de ce test a été de mettre en évidence une éventuelle altération de la fonction rénale suite à l’administration de l’extrait chez les rats. La teneur en Na+ et en K+ urinaire chez les animaux traités avec EHA-MA a été dosée et comparée avec celle des animaux du lot témoin afin de détecter toute variation. À la fin du traitement, les échantillons d’urine collectés durant les dernières 24 heures ont été analysés au Laboratoire de Formation et de Recherche en Biologie Médicale (LBM) de la Faculté de Médecine, à Faravohitra pour le dosage des ions Na+ et K+ à l’aide d’un photomètre de flamme (LANTUM et coll., 2002). Une variation de la natriurèse et/ou de la kaliurèse par rapport à celle du lot témoin signifie que l’extrait a modifié la physiologie rénale.
Préparation des échantillons urinaires et dosage de la protéinurie
À la fin des 10 jours de traitement, 1 ml de chaque échantillon d’urine collectée durant les dernières 24 h a été filtré sur coton dans 1 tube à essai contenant 4 ml de réactif de GORNALL. Les tubes ont été incubés à l’obscurité pendant 30 mn, et leurs densités optiques ont été lues au colorimètre à 540 nm. A partir de la valeur de la densité optique, la concentration en protéine dans l’urine a été déterminée sur la droite de régression obtenue avec la courbe étalon. La protéinurie des animaux traités avec EHA-MA a ensuite été comparée avec celle des animaux du lot témoin. Une augmentation de la protéinurie des rats traités avec l’extrait EHA-MA correspond à un dysfonctionnement rénal.
DISCUSSION
L’objectif de ce travail a été d’étudier l’effet de l’extrait EHA-MA sur la fonction rénale chez les rats. En effet dans la médecine traditionnelle Malagasy, le décocté de cette plante fait partie de plusieurs potions. Il est prescrit dans plusieurs domaines en prise quotidienne (exemples: diurétique, détoxifiant, hypertension) et beaucoup de médecins se plaignent de l’effet néfaste de cette plante sur la fonction rénale, ce qui nous a conduit à faire cette étude. Quatre paramètres ont été pris en compte: la diurèse, l’élimination de l’ion sodium et potassium dans l’urine, la protéinurie et l’anatomie rénale. Dans cette étude, nous avons délibérément exagéré la dose du produit administré pour déclencher rapidement une éventuelle insuffisance rénale. Les animaux ont reçu EHA-MA à la dose de 4 g/kg/jour, pour une personne de 60 kg, cette dose correspond à 240 g d’extrait, qui après calcul donne 1,4 kg de tiges feuillées de Fanazava par jour. La diurèse est le premier paramètre vérifié car les reins assurent la formation de l’urine et l’élimination des déchets (toxines, médicaments, métabolites…). Toute modification de la structure rénale peut modifier la qualité ou la quantité de l’urine émise (KOEPPEN B.M. et STANTON B.A., 2013). D’après nos résultats, la diurèse des animaux traités avec EHA-MA n’est pas modifiée par rapport à celle du lot témoin, contrairement à la diurèse des animaux traités avec la Gentamicine. Ensuite, la protéinurie est le signe biologique le plus fréquemment observé lors d’une atteinte rénale. Elle caractérise le syndrome néphrotique ou l’atteinte des glomérules (TRYGGVASON K. ET PETTERSSON E., 2003) qui assurent la filtration du sang au niveau rénal. Ce filtre spécifique n’épargne que les protéines de poids moléculaire supérieur ou égal à celui de l’albumine pour former l’urine primitive (HERMANN H. et CIER J.F., 1979). Une atteinte glomérulaire provoque un relâchement de cette barrière et laisse passer des protéinesqui, normalement, sont retenues. Lors de nos études sur l’effet de l’extrait EHA-MA sur la protéinurie, celle des animaux traités avec l’extrait ne présente aucune différence significative par rapport à celle des animaux du lot témoin. D’après ces résultats, l’extrait n’affecte pas la fonction glomérulaire contrairement à la Gentamicine qui a provoqué une forte protéinurie. Les reins assurent l’homéostasie des électrolytes (Na+ ,K+ ,Cl-…). En effet, la barrière glomérulaire laisse passer tous les ions contenus dans le sang dans l’urine glomérulaire et les tubules rénaux garantissent cet équilibre en réabsorbant ou en sécrétant ces ions suivant les besoins de l’organisme. Les tubules réabsorbent 99 % du Na+ et du K+ de l’urine primitive et ajustent la concentration de l’urine définitive en excrétant ces ions pour assurer l’homéostasie (HERMANN H. et CIER J.F. ,1979). Dans le cas d’une néphropathie tubulaire, les tubules n’arrivent plus à assurer ces fonctions, ce qui entraîne une modification de la teneur en Na+ et/ou K+ dans l’urine. Or nos résultats montrent que EHA-MA n’a pas modifié la teneur en Na+ et K+ dans l’urine contrairement à la Gentamicine qui a provoqué une baisse de K+ urinaire. En effet, la Gentamicine provoque une nécrose tubulaire, et altère ainsi la fonction des tubules ce qui explique la diminution de la teneur en K+ dans l’urine sans modification de la teneur en Na+ (RODRIGUEZ-BARBERO A. et ses coll., 1997). La hausse de la protéinurie chez les animaux traités par la Gentamicine indique que celle-ci provoque une glomérulopathie, et la baisse de l’excrétion de K+ indique qu’elle provoque une tubulopathie, résultats conformes à ceux trouvés par MARTINEZ-SALGADO et ses collaborateurs en 2007 qui ont conclu que la Gentamicine entraine une glomérulopathie et une tubulopathie. Enfin, le rein est capable de compenser les détériorations de l’une de ses parties fonctionnelles. Dans ce cas, une hypertrophie compensatrice est observée avec une nette augmentation du poids relatif rénal (NAKAGAWA T. et coll., 2003). Dans notre cas, le poids relatif des reins des animaux traités avec EHA-MA est identique à celui des animaux du lot témoin. Cela signifie qu’aucun phénomène de compensation n’a été observé; autrement dit l’extrait n’aurait pas détérioré la structure rénale contrairement à la gentamicine. Le poids rénal des animaux traités à la gentamicine a augmenté par rapport à celui des témoins, mettant en évidence un phénomène de compensation, suite à une détérioration de la structure rénale. Dans notre modèle expérimental, il apparaît que l’extrait EHA-MA, n’a modifié ni la structure, ni l’élimination des électrolytes (Na+ et K+). A notre avis, même à forte dose, le Fanazava n’est pas néphrotoxique. Mais la question se pose sur ses effets suite à sa prise à long terme qui s’étend sur plusieurs années.
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Table des matières
INTRODUCTION
II. MATERIELS ET METHODES
A. PARTIE PHYTOCHIMIQUE
1. Préparation de l’extrait EHA-MA
2. Criblage phytochimique
B. PARTIE BIOLOGIQUE
1. Matériel animal
2. Tests biologiques
a. Effet de EHA-MA sur la diurèse.
b. Effet de EHA-MA sur la natriurie et la kaliurie
c. Effet de EHA-MA sur la protéinurie
d. Effet de EHA-MA sur la morphologie des reins
3. Analyse et expression des résultats
III. RESULTATS
A. PARTIE PHYTOCHIMIQUE
Criblage phytochimique
B. PARTIE BIOLOGIQUE
1. Effet de EHA-MA sur la diurèse
2. Effet de EHA-MA sur la natriurèse et la kaliurèse
3. Effet de EHA-MA sur la protéinurie
4. Effet de EHA-MA sur la morphologie des reins
IV. DISCUSSION
V. CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
WEBOGRAPHIE
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