Effet de l’urbanisation

La densification et l’étalement urbain

Concepts

L’étalement urbain est un concept qu’il convient de définir avant de pouvoir l’utiliser. Dans ma forêt, je ne l’ai jamais vu. Il reste proche des villes. Cependant au cours du temps de nombreux rapports sont parvenus à mes oreilles, au cours des conversations entre les rois qui se promenaient près de moi. Il s’avère que j’entendis dans les années 1980 un jeune homme qui disait « l’étalement urbain c’est l’extension urbaine qui se fait plus rapide que la croissance démographique » (G.Sainteny). Cette théorie me rappela les préconisations d’Ebenezer Howard (urbaniste anglais) qui valorisaient les cités jardins. Oh, quelle belle époque ! A cette époque (XIX e siècle) nous autres étions ravis d’entendre que notre présence était valorisée au sein des rois et de leurs forêts. Les villes étaient, en d’autres termes, de grands jardins dans lesquels nous étions libres. Je pouvais souvent voir des rois venir chercher mes petits frères afin de les emmener en ville pour les planter dans de grands parcs.
Cependant il y eu une contradiction au cours des années 1950, 1960. Nous n’étions désormais plus les bienvenus en ville sous prétexte que l’on augmentait les répercussions environnementales néfastes. Vous pourriez vous demander « mais comment ? ». Et bien je me le suis demandé aussi.
Apparemment, depuis les années 1960 il y a eu un étalement urbain chez les rois qui était dû à une recrudescence de mobilité. Mais ce phénomène n’était qu’un facteur additionnel à l’imperméabilisation des sols. Vous l’aurez compris, plus vos maisons sont basses et dispersées, plus il faudra avoir accès à des transports, parcourir de grandes distances pour se rendre au travail et, pire encore, plus il faudra de zones constructibles moins il y aura de zones perméables.
La présence des arbres était donc perçue comme néfaste, on prenait de la place sur des terrains qui devaient pouvoir être constructibles ! Cela ne favorisait donc pas la densification des villes.
Ce sont des travaux effectués en 1989 stigmatisant la « dépendance automobile des villes » (Newman & Kenworthy, 1989) qui entrainent un changement dans les pratiques. C’est ainsi que l’ère de la « charte d’Athènes » avec ses zonages prend fin. « La ville fonctionnelle » (Le Corbusier, 1941) facilitée par la voiture n’est donc plus un modèle à suivre. Il faudra désormais promouvoir une mixité à la fois sociale, environnementale et urbaine.
La densification vous semble être la solution adaptée aujourd’hui. Ce concept est présenté comme la solution de la ville durable. C’est ainsi que le terme de « ville compacte » est né (Korsu, Massot, & Orfeuil, 2012). Ce concept un peu plus récent que celui de densificati on urbaine exprime bien le contraire du concept d’étalement. Je l’ai compris comme une ville se voulant cohérente avec son environnement. Une ville qui facilite la mobilité et limite les contraintes.
Ces deux notions – étalement urbain et densification – sont étroitement liées, car l’une est préconisée (la densification) afin que la deuxième ne se produise pas (l’étalement urbain).
Ici, dans la forêt de saint Germain, ce genre de problèmes que rencontrent v os villes aujourd’hui ne nous affecte pas tellement. Cependant, nous nous demandons si cela nous affectera prochainement et, surtout, ce que deviennent et deviendront nos frères au sein de vos villes ?
Tout d’abord je vais vous faire part de mes peurs concernant l’étalement urbain. La forêt de saint Germain se situe à 8,9 km de la ville de Nanterre. Cette ville de la couronne urbaine de la capitale Française est dense. D’après l’indicateur que les rois estiment (INSEE 2012) on peut trouver 7 442,3 roi/km.
Je vous parlais d’étalement urbain, alors sachez que cette ville s’étale sur 12,2km.
C’est ainsi que la peur de la voir grandir s’est emparé de moi. Imaginez : une ville de 12,2km qui est en construction permanente (Mairie de Nanterre, s.d.). Il me paraît peu choquant, une fois le cœur de ville bien « compact », de voir apparaître des logements quelques kilomètres plus loin. Entre nous soit dit, 9 km ce n’est pas bien loin ! De plus, la population de Nanterre pourrait avoisiner les 100 000 habitants dès 2017 (Mairie de Nanterre, Atlas socio-démographique et économique de la ville de Nanterre 2012 : Nanterre 2030 les défis de l’avenir, 2012).
Une ville qui ne fait que se densifier entraîne des répercussions sociales, économiques, culturelles environnementales ? Comme je vous le disais, cela soulève aussi la question du devenir de nos frères. Si les constructions sont une réponse à la demande de logement, qui émane des nanterrois, alors, dans quelle mesure cela affectera l’espace, et plus particulièrement, pour nous autres les arbres ?

Biais dans la compréhension

C’est ainsi que l’on voit apparaître des biais de compréhension plus identifiables. Je vais tenter grâce au schéma ci-dessous d’expliquer notre place en fonction de votre perception de ces concepts et de la multitude des enjeux qui y sont liés.

Outils de gouvernance

On peut adapter ces notions en faveur de l’environnement intrinsèque aux villes, ou, au contraire, défendre un point de vue qui se veut protecteur de l’Environnement au sens large.
En d‘autre termes, maximiser « l’espace ville » en « espace minéral ». Les deux approches sont défendables. Il est toutefois intéressant de ne pas perdre de vue que nous autres, comme je vous l’ai fait remarquer dès le départ, nous ne sommes pas capables de nous déplacer. Alors notre emplacement est déterminant dans notre possibilité de développement. Je le conçois, il est difficile de prendre l’ensemble des impacts environnementaux en compte. Cependant, selon les besoins de la ville, des priorités apparaissent.
Un projet urbain répondant uniquement à des solutions techniques n’est pas forcément le meilleur projet, si il n’est pas accepté du plus grand nombre (Conseils, s.d.). On peut établir un parallèle avec le paradoxe de Condorcet. Il n’y a pas de gagnants indiscutables.
Cependant, « La bonne solution doit être élaborée collectivement par le biais d’une négociation où chacun a le sentiment d’avoir gagné. » (Haddad, 1977). En effet, les leviers d’actions mettent en conflit les différents points de vue de la multitude d’acteurs impliqués.
En ce sens, il s‘agit d’une étude de l’ensemble des propositions émanant de rois, possédant des priorités divergentes. Yaël Haddad met en exergue le fait qu’il n’y avait, au cours de la fin du XXème siècle, que très peu d’ouvrages et de revues spécialisées concernant l’environnement. De plus, peu d’analyses économiques sont consacrées aux espaces verts (Choumert, 2009), qui constituent un pilier de l’environnement au sein de vos villes. Donc, il était d’autant plus difficile pour vous autres les rois de prendre en considération l’ensemble des facteurs environnementaux influencé par vos villes.
Des ajustements politiques peuvent se faire intentionnellement mais aussi par négligence d’une approche systémique. De nombreux procédés peuvent être mis en place afin de rendre plus attractives les décisions qui intègrent les répercussions environnementales.
Comme par exemple les subventions par des entreprises privées, ou par des collectivités. Des déductions fiscales liées aux investissements permettant des économies d’énergies ( Institut bruxellois , 2010).
De ce fait, les espaces verts deviennent plus aisément une priorité lorsqu’ils sont supportés financièrement. Certaines aides financières peuvent effectivement accentuer le procédé de gestion de l’environnement « positif ».
La compréhension d’un système est importante afin de ne pas en détourner le sens.
L’approche systémique concernant les problèmes liés à ces notions est nécessaire dans l’optique d’en tirer des conclusions les moins biaisées possibles. Cependant les biais peuvent être volontaires. Il est raisonnable de passer par plusieurs modes de communication afin de réduire les biais possibles des données empiriques. Une manipulation de la présentation des données est facile. C’est ainsi qu’un frère m’avait expliqué notre expulsion de ces zones résidentielles en densification. La compréhension était incomplète et les constructions basses continuaient à s’implanter (quartier Plateau- Mont Valérien) à Nanterre (Urba, 2013). « La densification des zones urbaines et leurs extensions périphériques tendent à modifier fortement les paysages et les modes de vies dans ces zones » (Choumert, 2009). C’est ainsi que les modes de vie liés à la densification nous intéressent plus particulièrement. La densification de vos villes a en effet des répercussions chez vous. Il me paraît intéressant d’imaginer ce que la densification peut entraîner dans votre règne et quelles répercussions, s’il y en a, sur vos politiques et votre environnement peuvent apparaître.

Effet de l’urbanisation

La densification de vos villes a un effet aussi sur les rois. Il est d’un intérêt majeur de comprendre ces impacts. Ils sont, entre autres, explicatifs du rôle que l’on attribue à mes frères des villes aujourd’hui.
Quel impact a la densification sur les modes de vie, les groupes sociaux et la ségrégation, si effet il y a ? C’est ce que je vais tenter de déterminer avec vous.
La majorité des ménages habitent dans des unités urbaines de plus de 50 000 rois. Une unité urbaine est définie par un ensemble de constructions étant séparées au maximum par 200 m. En France une étude a montré que un dixième de la population vit dans un environnement dit dégradé (Martin-Houssart & Rizk, 2002). La plupart d’entre vous se plaignent principalement de nuisances concernant la sécurité, la pollution et les nuisances sonores en première place avec 54% des personnes interrogées qui s’en plaignent. Les causes principales des nuisances sonores sont, la circulation automobile, ferroviaire ou encore aérienne, toutes trois étant des causes liées aux transports. Cependant, parmi les grands ensembles et les cités, ce ne sont pas les transports qui sont la cause des principales nuisances mais le voisinage (37%). La plus grande intensité de ces nuisances est constatée dans l’agglomération parisienne. Il y a donc une corrélation positive entre l’augmentation de la densité et des nuisances sonores.
La présence d’une route avec de fortes affluences, entraîne tout particulièrement un sentiment de pollution alentour. Il existe toutefois d’autres facteurs discriminants liés à l’urbanisation concernant la qualité du cadre de vie , notamment le statut d’occupation du logement, ainsi que le type de ce dernier.
Si l’on observe le graphique de la figure 2 on remarque que les quartiers pavillonnaires réputés représentatifs de l’étalement urbain (Fédération nationale des agences d’urbanisme, 2006) sont beaucoup moins touchés par les nuisances subies par les grands ensembles, les cités et les HLM considérés comme des lieux de forte densité. « Plus l’agglomération est peuplée, plus les conditions de vie y sont dégradées » (MartinHoussart & Rizk, 2002). Dans l’agglomération parisienne, le taux des ménages exposés à des nuisances est le plus élevé, 23%.
La classe de ceux qui bénéficient d’un « cadre de vie satisfaisant » n’est presque jamais confrontée à des nuisances, on peut donc en déduire qu’ils ne sont pas amenés à se plaindre auprès de leurs collectivités contre des nuisances. Dans le cas de la ville de Nanterre le service Hygiène reçoit de nombreux courriers concernant le cadre de vie, et en particulier, concernant les logements. Ce qui nous permet de conclure au type de population résidant à
Nanterre. L’étude de Géraldine Martin-Houssart expose que plus de 50 % des locataires de cités classées ZUS et de HLM de la région parisienne subissent des nuisances fréquentes et de logements « inconfortables ». Il peut arriver que certains se sentent inconfortables, voir exclus de leurs quartiers, ainsi, ils l’évitent et ne rentrent que pour dormir. Le quartier en lui-même peut alors être rejeté avec « un sentiment de dégoût » (Pan Ké Shon, 2005)
Dans ces zones, où le logement n’est pas perçu comme un lieu agréable, les rois ont tendance à vivre dans la rue, c’est alors que l’on peut voir qu’« un « contre-monde » s’est progressivement et collectivement » (Rivière, 2009) installé. Donnant lieu à des systèmes de vie spécifiques.
Il est intéressant de voir que notre présence au sein des villes peut contribuer à l’amélioration de la plupart des gênes environnementales perçues par les rois et occasionnées par la densité.

Appartenance

D’après Une étude qualitative de Jean-louis Pan Ké Shon, il existe 6 types de représentation s de la vie de quartier (Pan Ké Shon, 2005) pouvant coexister. Deux d’entre ces types de représentation sont proches de zones que l’on peut qualifier de « non confortables » alors que quatre, sont au contraire perçues comme des cadres de vie à minima « satisfaisants ».
Ainsi, on voit apparaître deux situations extrêmes, qu’elles soient de rejet, ou bien encore d’appartenance à une communauté. Ce sont ces deux phénomènes auxquels je m’intéresse car, dans ma forêt, il existe un ensemble de situat ions et qu’elles soient symbiotiques, parasitaires ou autres, leurs impacts rebondissent souvent sur leur environnement. La question que je me suis posée ici est de savoir si vos relations au sein d’un quartier , voire d’une ville, ont une répercussion sur mes frères et la nature présente dans votre milieu ?
Le cas de Nanterre est celui qui m’intéresse, car c’est la ville sur laquelle mes frères m’ont le plus renseigné.
Il se peut que tout au cours de mon cheminement vous vous soyez demandé comment nous les arbres communiquons, eh bien ! Nous aussi avons nos moyens (voir l’exemple des acacias (Pujol, 2010)).
Le genre de situations critiques observables dans ces zones d’inconfort peut expliquer des phénomènes de ségrégation. C’est au sein de l’agglomération parisienne qu’une fois encore ce clivage apparaît comme prédominant. (Martin-Houssart & Rizk, 2002). Des situations peuvent devenir cauchemardesques pour certains habitants qui ne se conforment pas aux modes de vie du quartier. Ce sont généralement des habitants qui ne sont pas issus de ce quartier mais y ont emménagé de manière plus ou moins obligatoire. (Pan Ké Shon, 2005).
Ce genre d’emménagement « forcé », notamment ceux créés par le PNRU en France depuis la loi du 1 er aout 2003 « loi Borloo », entraîne bien souvent de l’amertume et des frustrations au sein des arrivants (Giraud, 2011). Comme l’étude sur laquelle est fondée le village dans la ville de Michaël Youg et Peter Wilmott le montre, il y a bien souvent un ordre social qui est créé au sein des quartiers populaires qui se forme et s’organise autour des relations de parenté (Giraud, 2011). Il peut donc s’avérer compliqué de s’y intégrer. « La parentèle constitue alors un pont entre l’individu et la communauté » (Young & Wilmott, 2010) . Ce sont toutes les structures sociales qui s’organisent autour de ce que Colin Giraud appelle une organisation « quasi tribale ». S’organisent de la même manière les activités et la vie de quartier.
Une « organisation parallèle qu’est le « ghetto » » se met en place en fonction de hiérarchies morales et « raciales » » (Rivière, 2009) ne concernant pas tous les habitants d’un même quartier selon cette hiérarchie. Il y a donc une fragmentation au sein même de l’ordre social créé par les habitants du quartier. A noter que dans les quartiers on assiste tout de même à la présence d’une mixité. Rappelez-vous, vos villes sont comme nos forêt, on peut y retrouver toutes sortes d’essences d’arbre.
Le « Sentiment d’appartenance à une communauté locale ou la solidarité s’exerce avec bienveillance » (Pan Ké Shon, 2005), c’est à la fois la création d’un lien affectif avec leur quartier qui permet aux rois de s’y sentir bien. C’est ainsi que dans les quartiers les plus défavorisés, des liens de type « famille agrandie apparaissent » (Giraud, 2011).
Ce genre de cadre est parfois incompris des quartiers alentours et peu amener des conditions qui sont inchangeables par l’état providence. Colin Giraud décrit les attentes de cet état comme « illusoires ». La sociologie urbaine contemporaine voit naître une part importante de ses fondements sur « le poids des contextes résidentiels sur les destinées sociales » (Giraud, 2011). Il existe désormais un rôle « spatiale dans la construction des identités sociales ».

Pratiques

Le cadre de vie qu’entraîne cette densification dans les conditions sociales qui ont été exposées à Nanterre donne lieu à certaines pratiques nous concernant directement et indirectement.
Les incivilités, qui sont le fruit d’un ensemble de paramètres énumérés ci-dessus, correspondent à une réponse peut-être perçue comme inévitable d’après Clément Rivière. Il estime que les facteurs extérieurs sont à prendre en compte notamment dans l’apparition de violences, bien que les facteurs externes et internes à la « communauté » soient liés. La construction des représentations du monde extérieur est directement liée aux agissements au sein de la communauté qui se veut en confrontation avec les institutions publiques qui sont très présentes et, notamment, dans les ZUS (Rivière, 2009).
La violence dont il est question ici est tout d’abord fondée sur le langage comme l’explique Dominique Baillet (Baillet, 2002). Le langage se modifie au sein d’une communauté qui n’arrive plus à déterminer les limites de cette dernière. C’est ainsi que leur langage utilisé hors contexte les marques d’une appartenance à une communauté. Communauté souvent stigmatisée. C’est ainsi qu’apparaît un cercle vicieux évolutif. Les violences sont perçues comme étant des stratégies identitaires. La violence est alors un refuge identitaire. Cependant c’est l’évolution de cette dernière qui devient aujourd’hui problématique. C’est ainsi que Dominique Baillet parle d’une rupture entre « la violence normale et la violence pathologique ». Il explique cette ascension par le rejet. Plus les préjugés sont renforcés et plus les échelles augmentent de niveau. C’est une réponse qui est considérée comme « normale » : « on me rejette, donc je les rejette avec encore plus de convictions ». La violence est entre autre problématique, du fait qu’elle est « contagieuse » (Baillet, 2002). Ce sont des processus qui entraînent des inégalités sociales qui sont à l’origine de cette montée en puissance de violence.
A Nanterre les répercussions sont particulièrement notables pour ceux de mon espèce, les incivilités à notre égard se font parfois à l’insu du responsable de l’incivilité. Ce qui m’a conduit à me poser des questions sur la perception des rois : comment les rois nous perçoivent-ils ? L’arbre est-il un mobilier urbain ?
Dans ma forêt, mis à part des déchets laissés, abandonnés, derrière le passage de rois en promenade, je n’ai jamais eu à subir d’incivilités de leur part. Au sein de vos villes, j’ai pu être témoin de certains clichés photographiques (voir photos p.8 du Tome II) qui montrent bien que mes frères des villes subissent des sorts qui sont effroyables (Maccioni, 2015).
La question de la perception des arbres se pose. Il est bien souvent constaté lorsque des places de stationnement sont intercalées d’arbres, que c’est l’arbre lui-même qui sert de guide de stationnement au conducteur. C’est-à-dire qu’il butte dedans pour se garer. Sur le long terme cela produit des encoches de chaque côté, ce qui met en péril la vie de mes frères. Des résidents qui entraînent leurs chiens à mordre se servent des arbres pour qu’ils se fassent leurs crocs, ainsi l’écorce une fois abimée et ne permettant plus la protection sanitaire de l’arbre, des parasitent s’installent et entraînent un dépérissement. De nombreux exemples peuvent faire penser que nous ne sommes pas vivants mais uniquement là tel un mobilier immuable.
D’un autre côté, suivant cette même logique, on peut arriver à se demander si les rois nous prennent en compte tout court. De nombreuses fois des feux mis à des mobiliers urbains nous touchent. Indirectement des incivilités de protestation ou de demande d’existence nous tuent (voir photos p.8 du Tome II) !
Cependant, à mon plus grand plaisir, il y a tout de même de nombreuses personnes qui se soucient de nous, parfois à mon plus grand regret aussi. A Nanterre de nombreux courrier s arrivent auprès de la Direction de L’environnement nous concernant. Le plus souvent ce sont les gênes que mes pairs occasionnent qui sont à la source de ces courriers. Toutefois, il arrive que ces courriers servent nos besoins et nous soulagent d’un quelconque désagrément. Pour marquer l’ironie le plus souvent, ce courrier envoyé par papier, donc sur un document crée de toute pièce grâce à notre matière, servent à se plaindre de nous. « De toutes les énigmes de la nature, l’homme en est la plus grande » (Hypolite De Livry, 1808). Les hommes sont définitivement pour moi des êtres doués d’un secret incompréhensible. Leur vie ne serait possible sans notre présence et pourtant ils nous rejettent et nous maltraitent. Certes, exposé comme ceci, on peut penser cette idée comme étant une généralité, cependant il est aussi très fréquent que l’on nous aime et nous entretienne avec les plus grands soins. D’autre encore nous écrivent des chansons (Le Forestier).

Le Vivre ensemble

Caractéristiques Nanterroises

Nanterre, chef-lieu des Hauts-de-Seine est une ville occupée depuis le IV ème siècle av. J-C fondée et, plus tardivement, basée sur l’industrie. Un ensemble de ses branches y sont représentées (parfumerie, métallurgie, alimentation, automobile, etc…). Au cours de ma longue existence, on m’a rapporté que la population nanterroise a été multipliée par plus de 20, en moins d’un siècle (entre les années 1876 et 1968) passant de 4 000 rois à 90 000 rois.
En 1968 on pouvait compter 9 bidonvilles à Nanterre, dont les deux plus importants regroupent 5233 rois. (Mairie de Nanterre).
L’historique de Nanterre, et notamment de ses bidonvilles, est, entre autre, une raison de ces orientations politiques actuelles. Il faut comprendre que les conditions de vie étaient difficiles et que les répercussions sociales ayant résulté de ces conditions, sont toujours identifiables aujourd’hui. Un ouvrage relatant les frayeurs et l e quotidien angoissant au sein d’un de ces bidonvilles permet d’expliquer certaines des répercussions et des incivilités observables. Cet ouvrage fait notamment référence aux habitats de ce bidonville comme de « cabanons miséreux » (Maffre & Hervo, 2012). Cette époque démontre une importance historique de la nécessité de création de logement au sein de la ville de Nanterre.
Depuis les années 2000 Nanterre s’est engagée dans une dynamique de développement qui s’inscrit à l’échelle du grand Paris (Mairie de Nanterre, Atlas socio-démographique et économique de la ville de Nanterre 2012 : Nanterre 2030 les défis de l’avenir, 2012).
Il est difficile malgré les changements d’aménagement, de populations, d e cadre socio culturel de modifier les représentations des banlieues. Les espaces périphériques souvent regardés comme lieux de vie d’une population géographiquement proche mais qui conserve des pratiques de provinciaux, vue comme étant arriérés (Achrafieh). La chanson de Gavroche nous fait part de l’opinion populaire de l’époque sur Nanterre : « On est laid à Nanterre, C’est la faute à Voltaire » (Hugo, 1862). De nos jours ce sont plus les aspects qui concernent l’accumulation d’une « série d’handicaps économiques […] et sociaux» qui en font des lieux perçus négativement (Bastié, Beaud, & Robert).
On peut constater que ces handicaps sont effectivement toujours présents. Le taux de chômage des 15 à 64 ans est de 14,9% et le taux de pauvreté de 20,2% d’après les chiffres de l’ INSEE en 2012 (INSEE, 2012). Marc Augé qualifie ces endroits regroupant un ensemble de conditions socio-économiques précaires de « non-lieux » (Augé, 1992).
Il est intéressant de voir comme chez vous autres les répercussions environnementales (en l’occurrence les précarités du milieu de vie) on t comme pour nous des répercussions violentes. Je dirais même, des répercussions violentes au sens propre du terme (Baillet, 2002).
Cette ville du nord-ouest de Paris est particulièrement importante pour les rois. Nanterre est très urbanisée, proche de Paris et du secteur de La Défense. La Défense (situé sur plusieurs communes dont Nanterre) est le premier « quartier d’affaires d’Europe par l’étendue de son marché des bureaux » (Diepois & Durance, Mars 2007). Le quartier de la défense entraîne donc l’affluence d’un ensemble de personnes à Nanterre ainsi qu’une autre structure. Une structure qui, pour vous, est de renommée mondiale : une Université. Cette université de lettres et sciences humaines, ainsi que de droit et de science économiques est apparue en 1964. Elle a abrité en son sein de nombreux événements des plus marquants de la vie universitaire. Elle est aujourd’hui une des plus grandes universités de France, en accueillant une population universitaire de 32 381 rois (Quéré, 2014).
Un pôle économique, un pôle universitaire, mais qu’en est-il de la ville en elle-même ? Nanterre est constituée de 10 quartiers, 11 en devenir (Quartier dit des Groues) avec la création de la 4éme et nouvelle gare de Nanterre : Nanterre La Folie prévu pour 2020 (Comission nationale du débat public;, 2011). Il y a une forte sectorisation des quartiers et cette gare est entre autre prévue pour désenclaver le quartier des Groues.
A Nanterre, les quartiers ont des caractéristiques propres à chacun, certains sont pavillonnaires d’autres composés de grands ensembles, certains anciens ou complètement rénovés. Autrement dit, le territoire de Nanterre est un lieu de mixité culturelle, économique et sociale toutefois cette mixité est peu retrouvée au sein des quartier s.
Nanterre se trouve dans une situation assez particulière d’un aspect géopolitique. On peut parler d’enclavement à la fois politique et social. Bien que l’on ne puisse pas encore parler de « Gated communities », ces banlieues riches qui se referment sur elles même (Vieillard-Baron, 2001) pour les communes qui entourent Nanterre, il y a tout de même une forme de distance qui les sépare du chef-lieu des Hauts-de-Seine.

Place, laissez place !

Les logements sont, dans cette ville en changement permanent, un enjeu majeur. La mairie enregistre plus de 3600 dossiers de demandes de logement par an, et 3 400 demandes sont en attente, (Mairie de Nanterre, s.d.). C’est donc vers le parc locatif que doivent se tourner les nanterrois. C’est une situation que je me suis bien souvent retournée sous l’écorce, comment une espèce comme la vôtre, si mobile ne veut quitter un endroit fixe. L’immobilité d’un être si mobile me paraît extraordinaire (Giraud, 2011). Nous avons parfois ce genre de procédé avec les rejets, mais si l’espace ou les ressources sont limitantes, ils ne survivent pas ou se développent dans l’espace restant pour eux. Sinon, nous nous laissons porter par le vent jusqu’à ce qu’il nous laisse dans un endroit qui nous est approprié.
Il existe dans notre pays une crise du logement pour les rois. Dans la région Ile -de France uniquement, 406 000 familles sont en attente de logement sociaux (Mairie de Nanterre, s.d.). La ville de Nanterre essaye de répondre à cette demande en premier lieu, « 57% des logements de la ville sont des logements sociaux » (Mairie de Nanterre, s.d.).
L’augmentation du budget lié aux rénovations immobilières, est donc une priorité économique mais aussi politique. Cela répond à la demande des nanterrois. Comme on peut le constater sur la carte ci-dessous, les offres de logement sont partagées sur l’ensemble du territoire des nanterrois. La question de l’espace à Nanterre est une des contraintes principales de tout projet à engager. On peut voir que, en 5 ans, près de 1 000 logements ont été livrés. Si l’on compare avec les demandes constatées aujourd’hui, la pression des demandes continue d’être élevée malgré une « bétonisation » croissante de Nanterre.
Un PLU de la ville de Nanterre est en cours de réédition afin de remettre à jour le patrimoine protégé et de rafraîchir les orientations du programme. Le PLU qui se destine à définir l’aménagement des sols et des zone classées protégées, n’est en réalité qu’un document préconisant le bien-être de la collectivité mais pas forcément des mesures écologiques et environnementales au sens strict. Dans le nouveau PLU de Nanterre certains alignements d’arbres ayant un intérêt environnemental majeur sont déclassés après concertation avec des aménageurs, car la priorité est de loger les familles dans le besoin. Il y a donc une marche arrière sur certaines décisions du passé (comparaison de la carte des espaces protégés du Tome II avec la même carte du nouveau PLU, officiellement disponible en 2016).
Comme Abraham Maslow expliquait, certains besoins doivent être pourvus afin que d’autres puissent apparaître, il en est relativement de même dans le cas présent. Il faut que les enjeux politico-sociaux soient assouvis afin que l’on puisse considérer notre place. C’est pourtant ironique de voir que notre place n’est pas autant valorisée que celle des demandes économiques des rois, car notre place est économiquement non négligeable et à caractère positif. Nous sommes à la fois des facteurs d’attractivité d’un territoire et des facteurs de régulation environnementale. Nous permettons, entre autre, la réduction des ilots de chaleur qui ne sont qu’augmentés par la densification de vos villes. « L’arbre est au service du bien-être et du vivre ensemble » (Communauté d’agglomération du Grand Lyon, 2011). C’est bien là le facteur qui est le plus important au sein d’une collectivité subissant des tensions sociales et des besoins profonds de réinsertion de sa population.
« La ville est perçue par beaucoup comme un espace hostile à la nature, voire un milieu antinature. Si les Français reconnaissent volontiers que la qualité de la vie s’est améliorée depuis les années 1990, ils déplorent de ne pas avoir suffisamment d’espaces verts à proximité de leur logement » (Boutefeu, 2007). Comme cette citation le confirme, la place des espaces verts est un réel besoin de la part des rois cependant il n’est que rarement placé en première priorité, et est, de ce fait, délaissé. Bien que cette perception reflète l’hostilité du cadre urbain, on peut constater qu’il s’agit tout de même d’une nécessité, voir un manque, qui est exprimé.
La ville durable se fonde sur deux enjeux, « tendre vers un développement socialement équitable » et « préserver sur le long terme son environnement » (CNED). Certes, la ville durable est estimée nécessaire de nos jours, cependant cela ne passe pas uniquement parles pratiques sociales, politiques et économiques de vos villes mais aussi par un domaine souvent mal intégré : l’écologie. Cependant, si l’on s’en tient à la définition du développement durable, le schéma ci-dessous en est une bonne représentation utopique (Matthieu, 2006).

L’avenir

Méthodes mises en avant

L’attractivité des villes nécessite d’avoir des espaces verts en ville pour le confort mais le bien être aussi. Comment serait un monde sans verdure urbaine ?
Les arbres ont une place importante déjà par leur nombre, mais aussi par leur impact environnemental non négligeable. Ils servent de corridor écologique ainsi que bien d’autres fonctions. L’arbre est un être vivant en interaction avec son environnement, il pa rticipe au paysage et au biotope de son territoire, mais ses enjeux sont liés à l’ensemble des politiques urbaines. Nous sommes au service de la gestion écologique de l’eau urbaine. Nous sommes des agents de lutte contre la pollution, à la fois sonore et de l’air. Nous servons de climatiseur urbain, ce qui est entièrement d’actualité dans le cadre d’un réchauffement climatique. « Si l’on établissait un hit-parade du vocabulaire sociopolitique contemporain, nul doute que l’expression « développement durable » arriverait très bien placé, si ce n’est en tête du classement, dans ces deux dernières décennies » (Jollivet, 2001). Comme N. Mathieu et Y. Guermond l’expriment très bien dans leur introduction à l’ouvrage La ville durable : un enjeu scientifique (Mathieu & Guermond), c’est la sphère politique qui se fait envahir en premier lieu puis la sphère scientifique dans un second temps. C’est ainsi que naît le terme « d’enjeu environnemental urbain ». Désormais il faut comprendre les besoins environnementaux et y subvenir. C’est ainsi que « Alain Rolland […] préconisait de faire des choix de priorités scientifiques dans ce domaine de l’environnement urbain » (Mathieu & Guermond). Les besoins environnementaux doivent être caractérisés uniquement par des démarches scientifiques afin qu’une acceptation de leurs enjeux soit compris et acceptés. Une vision systémique est appliquée pour l’appui des raisonnements. Comme je vous l’ai exposé par la figure 2, toutes les sciences doivent être entremêlées pour que des solutions conviennent à l’ensemble des principaux décideurs (écologues, sociologues, économistes, politiques). Ainsi, trouver des solutions exposant les bienfaits de chacune des dimensions concerné es serait l’unique solution d’un accord non frustré des parties prenantes. Afin de ne pas rentrer dans des pratiques mystifiantes ou idéologiques la science se voit être l’outil le plus adapté à l’analyse des besoins et de leurs traitements.

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Table des matières

Introduction 
Chapitre I La densification et l’étalement urbain 
I.1 Concepts
I.2 Biais dans la compréhension
I.3 Outils de gouvernance
Chapitre II Les rois 
II.1 Effet de l’urbanisation
II.2 Appartenance
II.3 Pratiques
Chapitre III Le Vivre ensemble 
III.1 Caractéristiques Nanterroises
III.2 Cadre politique de Nanterre
III.3 Place, laissez place !
Chapitre IV L’avenir 
VI.1 Méthodes mises en avant
VI.2 Importance de la gestion
VI.3 L’environnement à l’honneur
CONCLUSION 
Bibliographie
Liste des sigles 
Annexes 
Table des figures 
Table des Tableaux 
Résumé 
Mots clés

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