EFFET DE LA FREQUENTATION DES PENSIONNATS AUTOCHTONES ET DES MAUVAIS TRAITEMENTS 

EFFET DE LA FREQUENTATION DES PENSIONNATS AUTOCHTONES ET DES MAUVAIS TRAITEMENTS 

Au cours des dernières années, bon nombre d’écrits se sont penchés sur la question des pensionnats indiens. Ce phénomène n’est sans doute pas étranger à la présence d’approximativement 10 000 poursuites judiciaires liées aux pensionnats (Hylton, Bird, Eddy, Sinclair, & Stenerson, 2002). Des organisations ont aussi été mises sur pied, telles que la Fondation autochtone de guérison et la Fondation de l’Espoir, pour permettre une meilleure connaissance des réalités passées et des conséquences actuelles liées aux pensionnats. Ces organisations appuient également la guérison des survivants (Fondation autochtone de l’Espoir & Fondation autochtone de Guérison, 2010; Hylton et al., 2002). Plus récemment, la Commission de témoignage et de réconciliation du Canada a été instaurée afin de reconnaître les séquelles causées aux Autochtones qui ont fréquenté les pensionnats, de contribuer à la vérité, à la réconciliation et à la guérison (Commission de témoignage et de réconciliation du Canada, 2010). Au Canada, ces institutions ont été mises sur pied à la suite d’une collaboration entre le gouvernement et les Églises. D’ailleurs, le 11 juin 2008, le premier ministre a présenté, au nom de tous les Canadiens, ses excuses aux résidents des pensionnats, reconnaissant ainsi le tort qui leur avait été causé (Affaires autochtones et développement du Nord Canada, 2010). Ces excuses permettent la reconnaissance des conditions de vie difficiles et des allégations de négligence, d’abus émotifs, physiques et sexuels prévalant dans ces institutions (Affaires autochtones et développement du Nord Canada, 2010). À la suite de ces excuses, le 29 avril 2009, le pape Benoît XVI a exprimé sa tristesse pour les torts causés par les membres de l’Église à certains élèves des pensionnats (Affaires indiennes et du Nord Canada (AINC), 2009).

Pour ces raisons, il appert important de s’intéresser à cette partie de l’histoire qui a entraîné de nombreuses répercussions individuelles et collectives pour les peuples autochtones. Toutefois, peu d’études scientifiques permettent d’identifier les séquelles qui peuvent être associées à la fréquentation des pensionnats, particulièrement au Québec. Selon Blacksmith (2010), la plupart des écrits traitant des pensionnats abordent les intentions gouvernementales plutôt que de s’intéresser aux éléments reliés à l’expérience vécue par les pensionnaires. De plus, les études recensées s’intéressant à cette question présentent souvent des limites méthodologiques qui diminuent la portée des résultats obtenus : échantillonnage non représentatif, manque de données concernant les nations d’appartenance des participants. Le présent projet a pour objectif d’approfondir les conséquences pouvant découler de la fréquentation des pensionnats autochtones. De manière plus spécifique, il permettra d’évaluer le lien entre le fait d’avoir fréquenté un pensionnat et le développement de problèmes de consommation d’alcool et de drogues.

Définitions et historique liés à l’instauration des pensionnats

Différents termes sont présents dans les écrits afin de désigner les peuples autochtones. Le mot « Autochtone » fait référence aux premiers peuples d’Amérique du Nord et à leurs descendants. Au Canada, ce terme désigne les peuples des Premières Nations, Métis et Inuits (AINC, 2009). Selon le recensement de 2006, 1 172 785 individus au Canada s’identifient comme Autochtones, composant 3,8% de la population canadienne (Ressources humaines et Développement des compétences Canada (RHDCC), 2010). Cette population connaît une croissance plus importante que la population générale, affichant une hausse de 45% entre 1996 et 2006, comparativement  à 8% chez les non-autochtones (Statistique Canada, 2008). Les Autochtones sont aussi plus jeunes, avec un âge médian de 27 ans, qui se trouve inférieur de 13 ans à celui retrouvé au Canada (RHDCC, 2010). Par ailleurs, l’espérance de vie des Autochtones inscrits dans le Registre des Indiens au Canada a augmenté au cours des dernières années, passant de 60,9 ans à 70,4 ans chez les hommes et de 68,0 à 75,5 ans chez les femmes entre 1980 et 2001. Malgré cette amélioration, l’espérance de vie de cette population présente toujours un retard lorsque comparée à celle de la population canadienne, où en 2007, l’espérance de vie à la naissance était de 78,3 ans pour les hommes et de 83,0 ans pour les femmes (RHDCC, 2012). Au Québec, la population autochtone est hétérogène, étant composée de 10 nations amérindiennes et de la nation inuite. Ces nations représentent environ 1% de la population du Québec. Elles sont réparties dans 55 communautés autochtones et les Inuits résident dans 14 villages nordiques. Les nations autochtones diffèrent l’une de l’autre. Selon le Secrétariat aux affaires autochtones (2005), à l’intérieur d’une même nation, voire d’une même communauté, le mode de vie, la langue et la situation socioéconomique des membres peuvent être variables.

L’arrivée des Européens en Amérique a eu de nombreuses conséquences pour les peuples autochtones. Par exemple, les mesures de colonisation expansionnistes, les changements sociaux forcés, le refus du droit de vote, et le système des réserves ont contribué à la perturbation des cultures autochtones (Bennett & Blackstock, 2002). D’un point de vue autochtone, la colonisation fait référence à la perte de la terre, des ressources et de l’auto-gérance (Larocque, 1994). Au cours de l’histoire, différentes lois et mesures ont été mises en place afin de favoriser l’assimilation des Autochtones à la société canadienne (p. ex., Commission de Bagot de 1842 à 1844; Acte de VAmérique du Nord britannique de 1867; Acte pourvoyant l’émancipation graduelle de 1869; Acte des Sauvages de 1876 et de 1880; Rapport Davin, 1879; Acte d’avancement des Sauvages de 1884), Notamment, la Loi sur les Indiens de 1876 s’avère avoir joué un rôle majeur dans l’histoire des peuples autochtones. Selon le rapport de la commission royale sur les peuples autochtones (1996), cette loi codifiait presque la totalité des aspects importants du quotidien des Autochtones, de « l’acquisition du statut d’Indien au moment de leur naissance jusqu’à l’aliénation de leurs biens au moment de leur décès, et beaucoup d’autres choses encore ». Cette loi a eu entre autres pour conséquence de retirer le pouvoir décisionnel des Autochtones sur le devenir de leurs enfants. D’ailleurs, selon Walker (2009), certaines lois créées pour favoriser l’assimilation des Autochtones seraient considérées aujourd’hui comme des atteintes aux droits de la personne et aux droits civils. À partir de 1892 et jusqu’en 1969, ces diverses lois ont été utilisées par le gouvernement canadien, en partenariat avec les Églises (Chansonneuve, 2005), pour l’assimilation de la culture traditionnelle autochtone au profit de la promotion des valeurs et des coutumes de la société canadienne (Hylton et al., 2002). L’ensemble de ces mesures ont eu des conséquences notoires pour les individus, ce qui est souligné par plusieurs auteurs (p.ex., Mitchell & Maracle, 2005; Wesley-Esquimaux & Smolewski, 2004). Ceux-ci soutiennent que certaines difficultés rencontrées dans les communautés aujourd’hui peuvent être mieux comprises en incorporant le concept de traumatisme historique. Fast et Collin-Vézina (2010) distinguent trois types de traumatisme dans leur relevé de littérature, soit le traumatisme intergénérationnel, le traumatisme historique et le traumatisme fondé sur la race. Les auteures indiquent que l’élément commun entre ces différentes théories est que des facteurs historiques interagissent avec des éléments de stress actuels, pouvant entraîner des problèmes, mais aussi être associés à de la resilience. D’ailleurs, certains chercheurs (p.ex., Pearce et al., 2008) opérationnalisent le traumatisme historique par le fait d’avoir au moins un parent ayant fréquenté les pensionnats ou par le fait d’avoir été placé en dehors de la famille. Certains programmes de traitement en milieu autochtone considèrent également que le réseau des pensionnats constitue l’expression la plus saillante de la colonisation (voir p.ex., Gone, 2009). De plus, selon Milloy (2008), l’instauration des pensionnats est l’une des deux principales causes de perturbation des collectivités des Premières Nations (l’autre étant l’absence persistante de financement du gouvernement dans tous leurs secteurs d’activités). Ce faisant, il apparaît important de tenir compte de cet élément afin de favoriser une meilleure compréhension de certaines problématiques rencontrées en milieu autochtone. Entre 1892 et 1969, plus de 130 pensionnats indiens ont été exploités au Canada par les Églises catholique, anglicane, méthodiste, presbytérienne et l’Église Unie du Canada, ceci faisant suite à un arrangement avec le gouvernement fédéral (Aboriginal Healing Foundation; 2001; Tremblay, 2008). Au plus fort des activités des pensionnats, autour des années 1930, le réseau comportait 80 institutions fréquentées par près de 17 000 élèves (Dussault, 2007). Ces institutions étaient présentes dans toutes les provinces canadiennes, à l’exception de PÎle-du-Prince-Édouard et du Nouveau-Brunswick (Chansonneuve, 2005). Ces institutions se définissent comme : « des pensionnats que les enfants autochtones ont été forcés de fréquenter au Canada, pouvant inclure les écoles industrielles, les pensionnats, les foyers scolaires, les maisons d’hébergement, les logements chez un particulier, les écoles résidentielles, dont la majorité des élèves sont externes ou une combinaison des systèmes scolaires présentés ci-dessus » [traduction libre] (Aboriginal Healing Foundation, 2001; p. 5). Le projet d’éducation à la base des pensionnats devait s’effectuer en trois phases : 1) apporter des justifications pour retirer les enfants de leur village au détriment des familles autochtones; 2) utiliser une approche pédagogique visant à resocialiser les enfants dans les écoles; et 3) intégrer les diplômés autochtones chez les non-autochtones (Commission royale sur les peuples autochtones (CRPA), 1996). Par exemple, le rapport de la commission royale sur les peuples autochtones (1996) cite les propos de Frank Oliver, un ministre des affaires indiennes de l’époque qui prédisait en 1908 que l’éducation : « «sortirait l’Indien de son état primitif, relèverait et ferait de lui un membre autonome de la nation et, finalement, un honnête citoyen ». Selon le CRPA (1996), les Affaires indiennes présentaient comme motif que les autochtones cesseraient un jour d’être soutenus par le pays et deviendraient alors de précieux contribuables.

Les parents se voyaient souvent dans l’obligation d’envoyer leurs enfants au pensionnat malgré leurs réticences, en raison de pressions judiciaires (Dion Stout & Kipling, 2003; Tremblay, 2008) ou économiques (Blacksmith, 2010), entrainant une grande détresse pour les familles (Castellano, 2006/2007). Les jeunes se retrouvaient le plus souvent dans des pensionnats éloignés de chez eux, afin, semble-t-il, de réduire l’influence des réserves au profit des influences coloniales (Sbarrato, 2008). Ils y étaient généralement envoyés pour une période de 10 mois, mais certains d’entre eux pouvaient y passer l’année entière (CRPA, 1996). Selon plusieurs, les élèves, en ayant l’interdiction de parler leur langue maternelle et en étant contraints de renoncer à leurs convictions spirituelles (Hylton et al., 2002; Tremblay, 2008), en sont venus à abandonner ce qui les définissait comme autochtones (Barnes, Josefowitz, & Cole, 2006; Dussault, 2007). Les enseignements, qui encourageaient les jeunes à mépriser leur famille, leur héritage et leur identité (Aboriginal Nurses Association of Canada, 2003; CRPA, 1996), se limitaient à une acculturation imposée (Barman, Hébert, & McCaskill, 1987). De plus, la maltraitance et la négligence vécues par certains jeunes pensionnaires ont été soulignées dans différentes sources (p.ex., Blacksmith, 2010; Bopp. Bopp, & Lane, 2003; Chansonneuve, 2005; Corrado & Cohen, 2003; CRPA, 1996; Hylton et al, 2002; Milloy, 1999; Muckle & Dion, 2008; Wesley-Esquimaux & Smolewski, 2004).

Contrairement à la pensée populaire selon laquelle tous les Autochtones auraient fréquenté les pensionnats, les résultats d’études indiquent qu’ils ne les ont pas tous fréquentés. Selon le First Nations Regional Longitudinal Health Survey (RHS, 2005) réalisé auprès de 10 962 adultes, 4 983 jeunes et 6 657 enfants, 20,3% de la population adulte autochtone aurait fréquenté les pensionnats sur une période moyenne de cinq ans. D’autres études indiquent des taux de fréquentation chez les adultes de 27% (n=\16 Autochtones; Barton, Harvey, Thommasen, Tallio, & Michalos, 2005) et de 39% chez les Aînés, âgés de 45 ans et plus (n=2 663; Reading & Elias, 1999). Ainsi, la proportion d’individus ayant fréquenté ces institutions augmente avec l’âge (p.ex., 43,3% chez les 60 ans et plus, contre 5,7% chez les 18-29 ans; RHS, 2005). Néanmoins, il est possible que les taux de fréquentation aient été plus élevés, notamment en raison des taux de mortalité dans ces institutions (voir p.ex., Fournier & Crey, 1997; Hylton et al., 2002). Aujourd’hui, la plupart des ex-pensionnaires sont âgés de 40 .ans ou plus. En ce qui concerne la génération actuelle, 33,2% des jeunes des Premières Nations et Inuits ont au moins un parent ayant fait partie du réseau des pensionnats. Au moins six enfants sur dix seraient liés à quelqu’un ayant fréquenté ces institutions (RHS, 2005). En somme, au cours de l’histoire, ce sont plus de 150 000 enfants autochtones qui auraient fréquenté ces institutions (Affaires autochtones et développement du Nord Canada, 2010), représentant cinq générations (Chansonneuve, 2007). Certains documents indiquent que de ce nombre, approximativement 80 000 seraient toujours vivants aujourd’hui (Cabinet du Premier Ministre, 2008), alors qu’il y a une dizaine d’années, d’autres rapportent que ce chiffre se situait entre 105 000 et 150 000 (Claes & Clifton, 1998). Ils sont maintenant reconnus sous le terme de «survivant(e)s », lequel fait référence au fait que de nombreux enfants n’ont pas survécu à leur séjour dans ces institutions (Fondation autochtone de l’espoir, 2009).

Vers les années 1950, il apparaissait évident que les pensionnats n’avaient pas rempli les objectifs prévus (Fondation autochtone de l’espoir, 2009), ce qui était observable par différents indicateurs. Notamment, les taux de participation au régime et le niveau de rendement scolaire ne rejoignaient pas les moyennes obtenues chez les non-autochtones (CRPA, 1996). Par exemple, en 1945, malgré le fait que 9000 enfants soient inscrits dans des pensionnats, aucun de ceux-ci n’a poursuivi des études au-delà de la neuvième année (Claes & Clifton, 1998; RHS, 2005). À la suite de ces constats, le gouvernement favorisa l’intégration des Autochtones dans le système scolaire régulier et mis fin graduellement au réseau des pensionnats (Dion Stout & Kipling, 2003). Les écrits diffèrent quant au moment de fermeture des pensionnats, mais plusieurs indiquent que le dernier aurait fermé ses portes en 1996 (Commission de vérité et de réconciliation, 2010; Chansonneuve, 2005; Fondation autochtone de l’espoir, 2009; Parlement du Canada, 2012).

Conditions de vie présentes dans les pensionnats

Différentes conditions de vie se rattachant aux pensionnats ont été relatées dans les écrits, tant sur le plan matériel, physique que psychologique. D’abord, en raison du manque de financement de ces établissements, les besoins essentiels des enfants n’étaient pas toujours comblés : sous-alimentation, manque de vêtements, chauffage insuffisant, mauvaise ventilation, surpopulation, ainsi que services médicaux inappropriés (Castellano, 2006/2007; CRPA, 1996; Fondation autochtone de l’espoir, 2009). Ces mauvaises conditions ont contribué à la présence de nombreuses maladies dans ces institutions, notamment la grippe et la tuberculose (Fondation autochtone de l’espoir, 2009). Différents écrits rapportent des taux de mortalité variant de 11% à 50% selon les endroits (Fournier & Crey, 1997; Hylton et al., 2002). En plus des décès causés par la maladie, de nombreux enfants autochtones sont décédés à la suite des conditions climatiques extrêmes, des mauvais traitements et du suicide (Fondation autochtone de l’espoir, 2009). Certains élèves ont aussi tenté de s’enfuir des pensionnats, en y laissant parfois leur vie (Abadian, 1999) .

Sur le plan éducatif, différentes conditions semblent avoir défavorisé les pensionnaires en comparaison avec les enfants n’ayant pas fréquenté ces institutions. En effet, le personnel des pensionnats était souvent non-qualifié (CRPA, 1996; Fondation autochtone de l’espoir, 2009; Hylton et al, 2002). Les programmes éducatifs n’étaient pas culturellement adaptés pour les Autochtones, ce qui a pu rendre les apprentissages plus difficiles chez de nombreux enfants (CRPA, 1996). De plus, les résidents avaient des tâches à accomplir (p.ex., travail en cuisine, conciergerie, travail dans les champs),diminuant ainsi leurs heures d’instruction en comparaison avec les enfants fréquentant l’école publique. Conséquemment, les élèves issus des pensionnats voulant poursuivre leurs études dans les écoles secondaires publiques se trouvaient désavantagés comparativement aux enfants n’ayant pas fréquenté ces institutions (Barnes et al., 2006).

Par ailleurs, les mauvais traitements faisaient partie de la réalité de certains pensionnaires. Il semble que les châtiments corporels, les abus psychologiques et l’humiliation publique étaient communs dans ces écoles (Abadian, 1999; Fondation autochtone de l’espoir, 2009). Tremblay (2008) a réalisé un essai par le biais de recherches documentaires et d’entrevues avec des survivants et des intervenants en milieu autochtone du Québec. L’auteur mentionne que les trois principaux traumatismes vécus dans ces institutions étaient la perte d’identité, les abus psychologiques, ainsi que les agressions physiques et sexuelles. Plus spécifiquement, les répondants du RHS (2005) indiquent que la violence verbale et émotionnelle (79,3%), la discipline sévère (78,0%), le fait d’avoir été témoin de violence (71,5%), les agressions physiques (69,2%), l’intimidation de la part des autres enfants (61,5%) et les agressions sexuelles (32,6%) lors de leur séjour au pensionnat ont eu une influence négative sur leur santé et leur bien être. De plus, une étude réalisée par le Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS, 2007), dressant le portrait de 98 femmes autochtones d’une communauté innue au Québec, indique que parmi les victimes d’agression sexuelle (n=37), 22% en ont vécu au pensionnat .

Conséquences associées à la fréquentation des pensionnats

Parmi trente anciens pensionnaires qui ont participé à une étude sur la santé des Micmacs de la Nouvelle-Ecosse, les deux tiers sont d’avis que leur santé et leur bien-être ont été influencés négativement par leur séjour dans ces institutions (Mi’kmaq Health Research Group, 2007). De plus, St-Arnaud et Bélanger (2005) suggèrent que les mauvais traitements vécus dans les pensionnats peuvent avoir eu d’importantes conséquences sur la vie des victimes. Bien que peu d’études scientifiques se soient penchées sur les conséquences de la fréquentation des pensionnats et sans que l’on puisse établir de relation causale, il est tout de même possible de constater que certaines difficultés psychologiques semblent avoir une prévalence élevée chez les survivants. Les résultats d’une recherche révèlent que chez 93 ex-pensionnaires, les diagnostics les plus fréquemment posés sont dans l’ordre, le trouble de stress post-traumatique (TSPT) (64,2 %), les troubles causés par l’abus de substances psychoactives (26,3 %), la dépression majeure (21,2 %) et le trouble dysthymique (20 %) (Corrado & Cohen, 2003). Une étude américaine indique également une association entre la fréquentation des pensionnats et les problèmes de consommation d’alcool chez les femmes (Koss et al, 2003).

Certains problèmes présents dans les communautés pourraient aussi découler de la fréquentation de ces institutions. Notamment, certaines problématiques fréquentes (p.ex., la consommation abusive d’alcool) étaient autrefois perçues comme des causes importantes des maux vécus dans les réserves. Par contre, elles sont davantage considérées aujourd’hui par les intervenants du milieu comme des conséquences des traumatismes vécus dans le passé (Morency & Kistabish, 2001; St-Arnaud & Bélanger, 2005).

Dans un document portant sur les Stratégies relatives à l’évaluation des programmes de lutte contre l’abus de substances chez les Autochtones (Santé Canada, 2005), on rapporte que plusieurs considèrent l’abus de substances comme une manifestation de l’aliénation des Autochtones. Les auteurs soulignent par contre que le lien direct entre l’acculturation et l’abus de substances est peu soutenu scientifiquement. Des études indiquent néanmoins une relation entre les taux d’alcoolisme et de violence au sein des communautés autochtones et le déclin du mode de vie traditionnel. Par exemple, différents répondants d’une étude qualitative (/?=19), employés ou participants à un programme de traitement visant à remédier à l’héritage des pensionnats dans les communautés autochtones canadiennes, soutiennent que la consommation d’alcool est une conséquence de la souffrance vécue (Gone, 2009). Dans l’étude de Corrado et Cohen (2003), 82% des dossiers indiquent que les répondants ont consommé de l’alcool à la suite de leur passage dans les pensionnats, dont 78,8% de façon excessive. De plus, l’usage abusif de marijuana est manifeste dans 63% des dossiers contenant de l’information sur la consommation de drogues. Toutefois, peu de données sont disponibles concernant l’usage de drogues telles que l’héroïne, la cocaïne et les substances psychoactives inhalées.

Il importe aussi de spécifier que la majorité des ex-pensionnaires sont retournés vivre sur les réserves, formant ainsi un ensemble de personnes vulnérables (Tremblay, 2008). Selon Haig-Brown (1988), les individus issus des pensionnats n’étaient pas préparés pour vivre dans la société, notamment parce qu’ils n’avaient pas eu de modèles parentaux adéquats. Les parents semblaient aussi souffrir de la séparation d’avec leurs enfants. Certains des 13 survivants rencontrés dans le cadre de l’étude de Haig-Brown (1988) rapportent que leurs parents auraient eu tendance à se tourner vers la consommation d’alcool pour effacer la douleur causée par cette séparation. L’influence du régime s’étend donc aux communautés en général et particulièrement aux familles, en perturbant le système familial autochtone (Abadian, 1999; CRPA, 1996).

Il est aussi possible que les traumatismes liés à la fréquentation des pensionnats se transmettent de génération en génération. Par exemple, Corrado et Cohen (2003) rapportent que, dans leurs dossiers contenant de l’information à ce propos («=27), 33,3% des survivants qui sont aujourd’hui parents imposent des mesures disciplinaires inappropriées à leurs enfants. De plus, 11,1% de ceux-ci entretiennent des relations sans affection avec ceux-ci. Le taux d’agression sexuelle est également significativement plus élevé chez les Autochtones dont le parent a déjà fréquenté un pensionnat (50% vs 41% respectivement)1 (Pearce et al., 2008). Morency (2001) propose que la fréquentation des pensionnats et les séquelles y étant associées aient contribué à la présence de problèmes d’ordre sexuel chez les jeunes fréquentant ces institutions. L’auteure soutient que les écrits cliniques reconnaissent la présence d’un lien entre les difficultés d’attachement et les déficiences sur le plan de l’empathie qui contribuent à la présence des dynamiques d’agressions sexuelles. Elle suggère également que les difficultés liées à l’attachement aient favorisé l’expression de la violence vécue dans les pensionnats dans la famille. Une étude évaluant les impacts intergénérationnels des pensionnats auprès de 143 membres des Premières Nations démontre que les enfants dont au moins un parent a été pensionnaire rapportent significativement plus de symptômes dépressifs que les autres (Bombay, Matheson, & Anisman, 2011). Ceux-ci rapportent également plus d’expériences défavorables dans l’enfance, plus de traumatismes à l’âge adulte et perçoivent plus de discrimination à leur endroit. En outre, les résultats de cette étude démontrent que ces trois variables sont toutes significativement corrélées avec les symptômes dépressifs. Diverses analyses de médiation révèlent également qu’une plus grande exposition à différents types de stresseurs, tels que des expériences défavorables dans l’enfance, des traumas à l’âge adulte et la perception de discrimination agissent en tant que médiateurs entre la fréquentation des pensionnats par un parent et les symptômes dépressifs. Il est possible que les descendants des survivants des pensionnats soient plus réactifs à différents stresseurs. En somme, ces résultats indiquent que les séquelles liées aux pensionnats ne se limitent pas seulement aux survivants, mais semblent se répercuter sur la seconde génération. Les auteurs soutiennent qu’à la suite des traumatismes vécus dans les pensionnats, les survivants peuvent présenter des pratiques parentales inappropriées découlant de l’absence de modèles parentaux adéquats; une santé mentale précaire pouvant affecter leurs habiletés parentales; ou des changements biologiques permanents associés à des expériences traumatiques vécues durant l’enfance dans les pensionnats.

Des études qualitatives réalisées auprès des membres de familles de survivants ont recueilli des informations similaires. Par exemple, Ruttan, Laboucan-Benson et Munro (2008) ont effectué une étude auprès déjeunes femmes sans-abri (n = 18, dont 9 femmes ayant des origines autochtones et un membre de la famille ayant fréquenté les pensionnats). Parmi les répondantes autochtones, six sont d’avis que les anciens pensionnaires tendent à être plus stricts envers leurs enfants et qu’ils prennent parfois ces derniers comme boucs émissaires, qu’ils ont des attentes élevées quant au respect des règles, qu’ils ont des problèmes de maîtrise de la colère et qu’ils parlent peu de leurs émotions (Ruttan, Laboucane-Benson, & Munro, 2008). De plus, ces participantes mentionnent que leurs parents ont été victimes d’abus qu’ils ont transféré à la génération suivante. Des participants d’une autre étude (n = 10, 8 femmes et 2 hommes, dont au moins un parent a fréquenté les pensionnats) ont aussi mentionné, comme impacts intergénérationnels des pensionnats, des difficultés de communication, de la violence et des abus familiaux, des agressions sexuelles, un rejet de l’identité autochtone, une faible estime de soi et de l’alcoolisme (Ing, 2000). Les participants de l’étude de Smith, Varcoe et Edwards (2005) sont d’avis que les impacts intergénérationnels des pensionnats sont comparables à une spirale de dépendances, de violence et de pauvreté. D’autres sources indiquent que le séjour en pensionnat des parents aurait contribué au développement de diverses problématiques telles la dépression, la violence, la toxicomanie et les pensées suicidaires chez les générations suivantes (Fondation autochtone de l’espoir, 2009; RHS,  2005). À ce titre, les adultes ayant au moins un parent qui a été pensionnaire ont envisagé le suicide dans une proportion plus importante (37,2%) que ceux dont les parents n’ont pas été dans les pensionnats (25,7%) (RHS, 2005). Chez les adolescents, ce sont 26,3% de ceux ayant eu un parent fréquentant les pensionnats qui ont songé à se suicider, comparativement à 18,0% chez ceux qui n’ont aucun parent ayant fréquenté cesinstitutions (RHS, 2005). Par contre, les liens entre la fréquentation des pensionnats par  un parent ou un grand-parent et les conséquences pouvant y être associées chez les enfants de moins de 12 ans sont plus difficiles à établir. Les auteurs spécifient cependant que cette absence de lien significatif n’exclue pas la présence d’une possible influence. En effet, si certains peuvent croire que les conséquences des pensionnats s’atténuent, d’autres émettent l’hypothèse que les enfants peuvent être trop jeunes pour que les conséquences du pensionnat se manifestent. L’héritage de ces institutions serait plus évident chez les adolescents et les adultes (RHS, 2005). Par ailleurs, il importe de souligner que le suicide représente une problématique complexe. Chandler et Lalonde (1998) rapportent que certaines communautés affichent un taux de suicide alarmant chez les jeunes, alors qu’il est presque inexistant dans d’autres. Ces auteurs proposent différents éléments pour expliquer ce phénomène, dont la continuité culturelle. Plus spécifiquement, ils observent que les communautés qui obtiennent du succès dans leurs efforts pour préserver leur héritage culturel et qui travaillent à contrôler leur propre destinée réussiraient mieux à protéger les jeunes contre les risques de suicide (Chandler & Lalonde, 2008). En ce sens, en se référant au concept de continuité culturelle et en considérant les résultats obtenus par Chandler et Lalonde, il est possible de se questionner à savoir s’il pourrait en être de même pour les conséquences liées aux pensionnats.

En somme, malgré le peu d’études quantitatives disponibles, les nombreux écrits recensés témoignent des conséquences néfastes qu’ont eu les pensionnats dans la vie des Autochtones et de leurs communautés. Il en ressort que les conditions insalubres, les mauvais traitements et l’éducation inadaptée semblent avoir contribué à ce qui a été qualifié de trauma historique.

Maltraitance, séquelles et dépendances

Plusieurs recherches ont été réalisées aux cours des dernières années et ont montré les conséquences à court et à long terme des traumatismes de l’enfance auprès de la population générale (p. ex., Bouchard, Tourigny, Joly, Hébert, & Cyr, 2008; Gilbert, Widom, Browne, Fergusson, Webb et Janson, 2009; Fergusson, Boden, & Horwood, 2008; Maniglio, 2009; Silverman, Reinherz, & Giaconia, 1996; Trickett & McBrideChan, 1995). Parmi ces conséquences, Gilbert et al. (2009), dans leur relevé des écrits, relèvent notamment une augmentation des risques de problèmes de comportements internalises et externalises, de trouble de stress post-traumatique, de comportements sexualisés inadéquats ainsi qu’une diminution de l’accomplissement académique au cours de l’adolescence et de l’âge adulte. La recension systématique des relevés des écrits portant sur les effets de l’agression sexuelle pendant l’enfance effectuée par Maniglio (2009) indique également que les victimes sont significativement plus à risque de vivre divers problèmes de santé : symptômes psychotiques, troubles de l’humeur, troubles anxieux, troubles alimentaires, troubles de la personnalité, ideations suicidaires, automutilation et problèmes d’ordre sexuel. Cependant, chez les Autochtones du Canada, seulement deux études quantitatives ont été recensées sur les effets à court et à long terme de la maltraitance, et elles portent plus spécifiquement sur l’agression sexuelle. L’étude de Pearce et al. (2008), réalisée auprès de 543 jeunes autochtones âgés de 14 à 30 ans et faisant l’usage de drogues (par injection ou non), indique que le fait d’avoir été victime d’agression sexuelle semble associé au fait d’avoir eu plus de 20 partenaires sexuels et à davantage d’automutilation, de tentatives de suicide, de travail du sexe, de séropositivité, de consommation des drogues par injection, de surdose de drogues et d’infections transmises sexuellement. L’étude de Barker-Collo (1999) a été effectuée auprès de 138 femmes ontariennes (78 répondantes allochtones; 60 répondantes de descendance autochtone) âgées de 15 à 57 ans qui ont été victimes d’agression sexuelle. Les résultats révèlent que globalement, les femmes autochtones tendent à rapporter plus de symptômes que les allochtones victimes d’agression sexuelle dans l’enfance, notamment les symptômes somatiques, les difficultés de sommeil et les difficultés sexuelles.

Outre ces séquelles,, les dépendances à l’alcool et à la drogue sont également rapportées comme conséquences des mauvais traitements vécus dans l’enfance. De Bellis (2002) cite de nombreux auteurs qui spécifient que les traumatismes vécus dans la petite enfance sont associés à un risque élevé de vivre un trouble lié à l’usage de drogues à l’adolescence et à l’âge adulte. Toutefois, ce lien serait moins clair dans les résultats d’études prospectives (voir Gilbert et al., 2009). Chez les Autochtones, une étude réalisée auprès de 751 personnes (296 femmes et 455 hommes) admises dans un programme de désintoxication pour les dépendances à l’alcool et à la drogue de la Colombie-Britannique révèle une pré valence élevée d’agressions physiques (29,1% chez les femmes; 13,3% chez les hommes) et sexuelles (30,8% chez les femmes; 16,2% chez les hommes) antérieures chez les répondants (Callaghan, Cull, Vettese, & Taylor, 2006). L’étude américaine réalisée par Koss et al. (2003) auprès de 1660 personnes (41% d’hommes et 59% de femmes) issues de sept tribus autochtones obtient des résultats similaires. Chez les Autochtones de leur échantillon, le fait de rapporter certaines formes de mauvais traitements augmente le risque de dépendance à l’alcool. Chez les femmes, notamment, les résultats d’une régression multiple indiquent que l’agression sexuelle et la fréquentation d’un pensionnant augmentent la probabilité de dépendance à l’alcool. Les résultats de l’étude de Jacobs et Gill (2001), réalisée auprès de 202 Autochtones vivant en milieu urbain, indiquent que parmi les répondants qui ont fait l’abus de substances, 49,3% ont été victimes d’agression sexuelle dans leur vie; 65,7% ont été victimes d’agression physique et 71,6% ont vécu de l’abus émotionnel. Chez les répondants n’ayant pas fait l’abus de substances, la proportion d’agression sexuelle est de 32,8%, celle d’agression physique est de 40,5% alors que la proportion .d’abus émotionnel est de 57,3%.

Selon la théorie générale des dépendances de Jacobs (1986; 1989; 2008), les facteurs qui- prédisposent au développement de dépendances sont 1) un état d’excitation physiologique anormale et 2) un état psychologique pouvant résulter d’expériences traumatiques vécues dans l’enfance. L’auteur soutient que ces traumas, marqués par des sentiments d’impuissance, d’infériorité et de rejet, ont entrainé ces individus à se retirer dans des fantaisies où leurs souhaits sont comblés. Celles-ci leur permettent de s’échapper de leur expérience douloureuse. Conséquemment, ces personnes sont à risque, au cours de leur développement, de consommer des substances ou de faire certaines expériences qui leur apporteront relaxation et soulagement ou qui leur permettront de remplacer leur sentiment de vide par le sentiment d’être en vie. Par ailleurs, King, Smith et Gracey (2009) suggèrent que les comportements addictifs offrent des récompenses que les gens dont les opportunités sociales sont réduites ne retrouvent pas ailleurs. Ces auteurs indiquent que les comportements de dépendance peuvent aussi agir comme une forme d’automédication. De Bellis (2002) soutient que l’influence des mauvais traitements durant l’enfance sur les systèmes biologiques de réponse au stress peuvent contribuer à l’augmentation des troubles liés à l’usage de substances à l’adolescence et à l’âge adulte.

En somme, il semble que les mauvais traitements vécus dans l’enfance peuvent être associés à diverses difficultés, tant chez les Allochtones que les Autochtones. S’il parait évident que certaines difficultés ont une prévalence plus élevée chez les survivants des pensionnats que chez les individus n’ayant pas fréquenté ces institutions, il est plus complexe d’évaluer dans quelle mesure ces difficultés peuvent être associées à la maltraitance ou au fait d’avoir fréquenté les pensionnats, ou encore à une combinaison des deux.

Limites des études recensées

Différentes limites méthodologiques peuvent être soulevées dans les études recensées. D’abord, des limites d’échantillonnage existent et restreignent la portée des résultats, particulièrement en ce qui concerne les stratégies de collecte de données. En effet, certaines études se concentrent sur une seule communauté ou sur des populations spécifiques parmi les Autochtones (p.ex., Barton et al, 2005; CALACS, 2007). Puisque les communautés autochtones sont hétérogènes, les résultats d’études se limitant à un seul groupe ou à une seule communauté peuvent être difficilement généralisables. Des centaines de communautés autochtones existent au Canada et la plupart d’entre elles ne sont pas représentées dans les études (Collin-Vézina, Dion, & Trocmé, 2009). Par ailleurs, certaines recherches comprennent un échantillon limité de survivants (p. ex., Barton et al., 2005). D’autres études (p.ex., Reading & Elias, 1999) soulignent aux répondants qu’ils peuvent éviter les questions concernant les pensionnats si celles-ci s’avèrent trop dérangeantes. Ce faisant, il est possible que la prévalence ainsi que les facteurs associés à ce régime soient mal évalués. Les participants sont aussi parfois recrutés en fonction d’expériences spécifiques, ce qui limite la possibilité de généraliser les résultats. L’étude de Corrado et de Cohen (2003), entre autres, comporte un échantillon de 127 survivants intentant une action en justice pour leur expérience vécue au pensionnat, ce qui peut laisser croire qu’il s’agit de cas particulièrement sévères de mauvais traitements. En ce sens, l’échantillonnage non-aléatoire de nombreuses études limite l’analyse comparative (Barton et al., 2005), tout comme l’absence d’un groupe de comparaison dans certaines études (p. ex., Corrado & Cohen, 2003). Les auteurs du RHS (2005) indiquent également que les méthodes quantitatives utilisées par les chercheurs permettent difficilement de démontrer des liens de causalité. D’autre part, les outils utilisés dans certaines études (p.ex., Barton et al., 2005) ont été développés pour une population non-autochtone et ne sont donc peut-être pas appropriés pour les Autochtones .

Conclusion

Il apparait essentiel de s’intéresser à la problématique des pensionnats autochtones lorsque sont considérés le contexte historique de ce régime, les conditions de vie y étant présentes et les conséquences pouvant y être associées encore aujourd’hui. Il est maintenant reconnu que plusieurs pensionnaires ont vécu différentes formes de maltraitance dans ces institutions. En dépit du fait que de nombreux écrits relatent les conséquences individuelles et collectives des pensionnats autochtones, il demeure que peu d’études ont été conduites pour évaluer quelles sont les conséquences pouvant y être associées. Une grande part de la documentation disponible, bien qu’ayant une valeur certaine, est majoritairement anecdotique. Par ailleurs, plusieurs études ont montré une association entre les mauvais traitements vécus durant l’enfance et les problèmes de consommation d’alcool et de drogue. Les résultats de la présente étude correspondent à ces données. Nos résultats permettent également de souligner l’influence de la fréquentation des pensionnats sur certains problèmes de consommation. Suivant la théorie de Jacobs et celle du traumatisme historique, il est possible de croire que la fréquentation des pensionnats indiens représente un traumatisme auquel ont été confrontés plusieurs Autochtones. Les résultats actuels démontrent qu’en dépit des difficultés à établir des relations causales entre le régime des pensionnats et différents problèmes, en raison notamment de la période de temps écoulée depuis les événements, il importe de tenir compte de cette variable dans l’étude de phénomènes contemporains liés à la population autochtone. La réalisation de nouvelles recherches pourrait permettre de mieux orienter les interventions auprès des survivants et de leur entourage. En ce sens, il semble que de plus en plus d’initiatives autochtones sont mises sur pied pour favoriser la guérison de ces peuples. Certaines de ces démarches pourraient bénéficier de l’association entre chercheurs et cliniciens pour valider les pratiques actuelles et permettre l’avancement des connaissances.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Introduction
Contexte théorique
Définitions et historique liés à l’instauration des pensionnats
Conditions de vie présentes dans les pensionnats
Conséquences associées à la fréquentation des pensionnats
Maltraitance, séquelles et dépendances
Limites des études recensées
Objectifs, hypothèses et question de recherche
Méthodologie
Participants
Déroulement de l’étude
Instruments de mesure
Questionnaire sociodémographique
Fréquentation des pensionnats
Problème de consommation d’alcool
Problème de consommation de drogues
Traumatismes
Analyses statistiques
Résultats
Discussion
Descriptif de l’échantillon
Facteurs liés aux problèmes de consommation d’alcool et de drogues
Implications
Limites de la présente étude
Conclusion

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *