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Les obstacles ร lโinvestissement du patient
Les difficultรฉs rencontrรฉes par le patient vis-ร -vis des responsabilitรฉs qui lui sont dorรฉnavant confiรฉes sont multiples, objectives ou subjectives : effets secondaires des mรฉdicaments, incomprรฉhension des buts et des modalitรฉs du traitement, complexitรฉ de la posologie, croyances nรฉgatives sur lโefficacitรฉ de la thรฉrapeutique, dรฉni rรฉcurrent de la maladie, fatigue de la discipline quotidienne imposรฉe par la thรฉrapeutiqueโฆ
Il existe plusieurs dรฉterminants des comportements de santรฉ pouvant influer sur son autonomie (Lacroix, 2011). Certains sont considรฉrรฉs comme immuables, ce sont les facteurs primaires qui comprennent principalement l’รขge et le statut socio-รฉconomique. D’autres peuvent faire l’objet d’รฉvolutions, ce sont les facteurs cognitifs et รฉmotionnels que l’on peut regrouper sous le terme de facteurs secondaires.
L’รขge
En premier lieu, la question de l’รขge sโapplique aux enfants. Un enfant ne peut assumer personnellement sa prise en charge ou tout du moins pas en totalitรฉ. La comprรฉhension de la maladie et des traitements peut ne pas รชtre รฉvidente or elle est indispensable. De plus, un enfant ne peut avoir la mรชme autonomie qu’un adulte concernant notamment l’utilisation des mรฉdicaments ou des dispositifs mรฉdicaux. Ainsi, mรชme si le jeune patient doit รชtre sensibilisรฉ ร sa pathologie, cโest aux parents de se substituer ร lui dans sa prise en charge, jusquโau jour oรน il sera lui-mรชme en รขge de le faire.
Par ailleurs, ร l’autre extrรฉmitรฉ des รขges de la vie, les personnes รขgรฉes peuvent avoir des difficultรฉs pour gรฉrer leur maladie. En effet, les consรฉquences du vieillissement et de la perte d’autonomie qui peut en rรฉsulter sont multiples et impactent notamment l’observance des traitements. La rรฉduction des capacitรฉs cognitives et les troubles de l’audition peuvent engendrer des difficultรฉs de comprรฉhension. La diminution de l’acuitรฉ visuelle peut รชtre ร l’origine de confusion entre les mรฉdicaments. Certains traitements dont la forme galรฉnique est mal adaptรฉe peuvent se voir dรฉlaisser (gros comprimรฉs chez un sujet ayant des difficultรฉs pour avaler, gouttes ร compter pour un patient souffrant de tremblements ou ayant une mauvaise vue, flacons ร ouverture sรฉcurisรฉe ยซ child proof ยป chez un arthritique,…). Les consรฉquences de ces obstacles au bon usage des thรฉrapeutiques sont amplifiรฉes par le nombre de mรฉdicaments prescrits au patient, or cette catรฉgorie de la population est bien souvent polymรฉdiquรฉe.
Le statut socio-รฉconomique et les conditions de vie
L’environnement dans lequel รฉvolue le patient peut constituer un frein majeur ร son investissement dans le cadre de sa pathologie. Les patients issus de milieux socio-รฉconomiques dรฉfavorisรฉs et/ou au chรดmage ont notamment des difficultรฉs d’accรจs aux soins (Legros, 2012). Les raisons de ce constat sont identifiรฉes : emplois prรฉcaires, niveau dโinstruction limitรฉ, mรฉconnaissance des rouages du systรจme de santรฉ et difficultรฉs ร sโorienter dans le parcours de soins. Il est รฉgalement รฉtabli que ces populations dรฉfavorisรฉes sont plus ร mรชme dโavoir des comportements ร risque. A titre dโexemple, il est prouvรฉ que la consommation de tabac est liรฉe au statut socio-รฉconomique : en 2010, un chรดmeur sur deux รฉtait fumeur, alors que dans la population gรฉnรฉrale, on estimait ร un franรงais sur trois la proportion de consommateurs quotidiens (Feck, 2011).
Sur un autre plan, la distance gรฉographique entre lโhabitation et les structures de santรฉ peut parfois รชtre inadaptรฉe ร un suivi mรฉdical rรฉgulier. Cโest toute la problรฉmatique actuelle des dรฉserts mรฉdicaux, qui prolifรจrent indรฉniablement sur le territoire, dans les zones rurales (Maurey, 2013). Il est en effet dรฉmontrรฉ que la ยซ consommation de soins ยป diminue ร mesure quโaugmente la distance entre le lieu de vie et les services de santรฉ (Vigneron, 2001). Ainsi, dans un sondage rรฉalisรฉ en octobre 2011 par lโIfop (Institut Franรงais d’Opinion Publique), 28% des Franรงais interrogรฉs dรฉclarent avoir dรฉjร renoncรฉ ร des soins du fait de lโรฉloignement gรฉographique avec le lieu de la consultation (Ifop, 2011).
Parmi les รฉlรฉments pouvant constituer des obstacles de taille ร une prise en charge optimale par le patient de son รฉtat de santรฉ, on retrouve รฉgalement des contraintes professionnelles, familiales et/ou religieuses. Emploi du temps chargรฉ ou incompatible avec la prise dโun rendez-vous chez le mรฉdecin, voyages dโaffaire, traditions religieuses, voilร autant dโรฉvรจnements pouvant entraver le suivi mรฉdical rรฉgulier, la prise adaptรฉe de mรฉdicaments ou le respect dโun rรฉgime alimentaire. Les reprรฉsentations de la maladie et les croyances de santรฉ
On entend par reprรฉsentation, un ensemble dโinformations, dโimages, et de sentiments qui entrent en jeu lorsque lโon pense ou que lโon communique (Dortier, 2002). C’est en fait, l’idรฉe que l’on se fait de quelque chose, sans pour autant que celle-ci soit fondรฉe sur un apprentissage rationnel. Les reprรฉsentations se construisent tout au long de lโexistence, en fonction du vรฉcu. Chacun dispose dโun bagage de reprรฉsentations qui lui est spรฉcifique et qui dรฉtermine son comportement. Certaines de ces idรฉes sont inhรฉrentes ร la sociรฉtรฉ, elles font partie du sens commun. Dans le contexte de la maladie, les reprรฉsentations existent aussi et peuvent รชtre liรฉes ร la pathologie elle-mรชme et au traitement. Elles peuvent รชtre vรฉhiculรฉes par l’entourage du patient, par les mรฉdias et notamment internet (forums, sites non certifiรฉs Health On the Net,..).
Il existe un questionnaire chargรฉ dโapprรฉcier dans quelle mesure les reprรฉsentations peuvent constituer un obstacle ร la gestion par le patient de son affection : il sโagit du modรจle des croyances de santรฉ (Health Belief Model) comportant quatre postulats (Fishbein, 1995) :
1- Le patient est-il persuadรฉ dโรชtre bien atteint par la maladie ?
2- Pense-t-il que cette maladie et ses consรฉquences peuvent รชtre graves ?
3- Pense-t-il que son traitement est (sera) efficace ?
4- Pense-t-il que les bienfaits du traitement contrebalancent avantageusement ses contraintes ?
Ce modรจle est intรฉressant, puisqu’il peut permettre de comprendre certaines raisons que peut avoir une personne ร ne pas s’investir dans le cadre de sa pathologie. Alors qu’une rรฉponse nรฉgative aux quatre questions constitue bien รฉvidemment un obstacle majeur, il faut constater que les postulats sont tous interdรฉpendants. Ainsi, mรชme si un seul des postulats fait l’objet d’une rรฉponse nรฉgative, des nรฉgligences dans la prise en charge sont ร prรฉvoir.
L’acceptation de la maladie et des changements de vie
Annoncer ร un individu qu’il est atteint d’une maladie dont, ร l’heure actuelle, on ne peut guรฉrir, peut รชtre un vรฉritable choc. Certes, toutes les maladies chroniques nโimposent pas la mรชme prise en charge. Certaines nรฉcessitent des traitements lourds, pour dโautres la prise quotidienne dโun seul mรฉdicament suffit. Certaines sont ร lโorigine de symptรดmes douloureux alors que dโautres peuvent รชtre totalement asymptomatiques. Nรฉanmoins, quelle quโelle soit, la survenue dโune affection chronique nโest pas un รฉvรฉnement choisi ou dรฉsirรฉ. La vie peut se trouver alors totalement bouleversรฉe. Accepter de devoir prendre un traitement de faรงon rรฉguliรจre sur une durรฉe indรฉterminรฉe, non pas dans le but de guรฉrir mais dans le but d’empรชcher (ou parfois mรชme de ralentir) l’aggravation de la maladie, accepter de devoir modifier ses habitudes de vie (rรฉgime alimentaire, activitรฉ physique, activitรฉ professionnelle), c’est pour certains accepter de perdre une partie de leur intรฉgritรฉ.
On observe, aprรจs l’annonce du diagnostic, un cheminement ร travers diffรฉrentes รฉmotions. Ces รฉtapes รฉmotionnelles sont souvent comparรฉes aux รฉtapes du deuil, รฉnoncรฉes par la psychiatre Kรผbler-Ross (Kรผbler-Ross, 2005). Ici, c’est le deuil d’un vรฉcu antรฉrieur ยซ de personne bien portante ยป. Ainsi, comme lors de la perte d’un รชtre cher, le diagnostic d’une maladie chronique peut รชtre ร l’origine de deux types de rรฉactions รฉmotionnelles. L’une mรจne ร l’acceptation de la situation, aprรจs avoir dรฉpassรฉ les sentiments dโincrรฉdulitรฉ, de rรฉvolte et de tristesse. Cโest le cheminement qui doit รชtre normalement observรฉ, permettant une poursuite de lโexistence aprรจs la phase de latence faisant suite ร lโannonce. Lโautre conduit ร la rรฉsignation, pรฉriode de dรฉpression qui se manifeste aprรจs une phase dโangoisse et de dรฉni. Cette situation est dรฉlรฉtรจre, elle est source dโimmobilisme voire de rรฉgression dans lโexistence du sujet. Ce processus est individuel et peut prendre du temps.
Le concept de lโEducation Thรฉrapeutique du Patient
Le cadre conceptuel
La dรฉfinition selon l’Organisation Mondiale de la Santรฉ
Dans un rapport de lโOMS-Europe, publiรฉ en 1996 et traduit en franรงais en 1998, il est donnรฉ la dรฉfinition suivante, reprise par la HAS et lโInstitut National pour la Prรฉvention et lโEducation de la Santรฉ (INPES) : ยซ LโEducation Thรฉrapeutique du Patient vise ร aider les patients ร acquรฉrir ou maintenir les compรฉtences dont ils ont besoin pour gรฉrer au mieux leur vie avec une maladie chronique. Elle fait partie intรฉgrante et de faรงon permanente de la prise en charge du patient. Elle comprend des activitรฉs organisรฉes, y compris un soutien psychosocial, conรงues pour rendre les patients conscients et informรฉs de leur maladie, des soins, de l’organisation et des procรฉdures hospitaliรจres, et des comportements liรฉs ร la santรฉ et ร la maladie. Ceci a pour but de les aider (ainsi que leurs familles) ร comprendre leur maladie et leur traitement, collaborer ensemble et assumer leurs responsabilitรฉs dans leur propre prise en charge, dans le but de les aider ร maintenir et amรฉliorer leur qualitรฉ de vie ยป (OMS, 1998).
Lโรฉtymologie du terme ยซ รฉduquer ยป
Pour nous รฉclairer davantage, intรฉressons-nous ร lโรฉtymologie du terme ยซ รฉduquer ยป.
Nous trouvons pour ce mot deux origines dont les nuances sont ร souligner :
โข ยซ educare ยป qui peut รชtre traduit littรฉralement par ยซ nourrir ยป, ยซ instruire par ยป : une action qui vise ร inculquer chez un individu un ensemble de connaissances pouvant รชtre de nature diverse (techniques, linguistiques, scientifiques, historiques,…)
โข ยซ ex-ducere ยป signifiant ยซ guider ยป, ยซ conduire hors de ยป, ยซ faire sortir de soi ยป : un moyen pour dรฉvelopper chez un sujet la connaissance de sa propre personne, par des conseils, un soutien psychologique ou social. Elle conduit ร lโรฉpanouissement personnel en lโaidant ร dรฉvelopper au mieux ses potentialitรฉs, et participe ร la construction de l’esprit critique, utile ร la prise de dรฉcisions. Ces deux notions sont fondamentales et indissociables dans le cadre de l’ETP. Ce processus est chargรฉ de renforcer et de soutenir lโinvestissement du patient dans la gestion de sa maladie. LโETP doit accompagner le patient et lui donner les clรฉs afin quโil devienne acteur de sa prise en charge mรฉdicale (DโIvernois, 2016). Ce nโest que dans ces conditions que lโETP pourra รชtre pleinement efficace et atteindre son objectif final, celui dโamรฉliorer l’รฉtat de santรฉ du patient mais รฉgalement sa qualitรฉ de vie, en aidant celui-ci ร sโรฉpanouir et ร se construire un projet de vie malgrรฉ la maladie. Faire de lโETP cโest en fait ยซ aider la personne ร faire une place raisonnable ร la maladie dans sa vie, lui permettant tout ร la fois, d’exercer un contrรดle sur cette maladie et de poursuivre son dรฉveloppement personnel ยป (Chambouleyron, 2010). Cette รฉducation est thรฉrapeutique, non seulement parce quโelle accompagne la thรฉrapeutique mais aussi parce quโelle est une thรฉrapeutique en soi par les effets positifs quโentraรฎne tout apprentissage : confiance en soi, valorisation de soiโฆ
Les distinctions conceptuelles
Informer ne suffit pas
Un conseil isolรฉ, qu’il soit donnรฉ au cabinet mรฉdical ou au comptoir de l’officine, ne peut รชtre considรฉrรฉ comme appartenant au champ de l’ETP. En effet, une simple information ne peut suffire ร aborder les multiples paramรจtres qui dรฉcoulent de la prise en charge d’une maladie chronique, alors que l’ETP s’entend comme un ensemble coordonnรฉ dโactivitรฉs dโรฉducation, qui considรจre le patient dans son intรฉgralitรฉ (SFSP, 2008).
Par ailleurs, et ainsi que le soulignent D’Ivernois et Gagnayre, ยซlโรฉducation ne peut se rรฉduire ร l’information de savoir ou de savoir-faire, car elle vise l’appropriation des savoirs et donc leur transformation par la personne ร qui ils sont transmis ยป (DโIvernois, 2016). En effet la rรฉception dโune information peut se faire de maniรจre trรจs passive, ce qui explique pourquoi on ne sโen souvient pas longtemps. A lโinverse, lโETP demande au patient un vรฉritable travail pour pouvoir intรฉgrer les savoirs sur le long terme.
Distinguer รฉducation thรฉrapeutique et รฉducation pour la santรฉ
Ce sont deux concepts dont la finalitรฉ est identique : l’acquisition de compรฉtences pour entretenir et dรฉvelopper son capital santรฉ (Simon, 2009). La diffรฉrence se situe au sein des populations concernรฉes. Dans le cadre de l’รฉducation pour la santรฉ, les personnes cibles sont estimรฉes en bonne santรฉ. Il s’agit d’un travail de prรฉvention des problรจmes de santรฉ : apprentissage des mesures de vie saine, prรฉvention de l’infection par le VIH, lutte contre l’alcoolisme et le tabagisme,… Dans ce cas, le temps nรฉcessaire ร l’acquisition des connaissances n’a pas de rรฉpercussion immรฉdiate sur le capital santรฉ des sujets.
A l’inverse, l’ETP est destinรฉe ร des personnes affectรฉes par une maladie chronique. Elle est donc mise en place dans un contexte de pathologie dรฉclarรฉe, la notion de temps a alors toute son importance. La vitesse d’apprentissage doit รชtre prise en compte, tout en veillant ร respecter la temporalitรฉ propre ร chaque personne, notamment dans le cadre de l’acceptation des changements de vie qu’induit toute prise en charge mรฉdicale au long cours. C’est de ce double enjeu que dรฉcoule en partie la complexitรฉ de l’ETP.
Distinguer dรฉmarche (posture รฉducative) et programme
Ces derniรจres annรฉes, bon nombre de professionnels de santรฉ ont repensรฉ leur relation quotidienne de soins avec les patients aprรจs avoir รฉtรฉ formรฉs et proposent une รฉducation thรฉrapeutique visant lโacquisition ou la mobilisation de compรฉtences dโautosoins et dโadaptation ร la maladie. Ils ont transformรฉ leur pratique professionnelle et adoptรฉ au quotidien une posture รฉducative en lieu et place de postures classiquement injonctives ou prescriptives. Ce changement relationnel mรฉriterait dโรชtre mis en ลuvre par tous les soignants, mรชme sโils ne dรฉveloppent pas eux-mรชmes de programmes dโETP. Cette posture รฉducative devrait รชtre enseignรฉe dans les programmes de formation initiale des professionnels de santรฉ.
Cette dรฉmarche รฉducative souhaitรฉe est ร distinguer de la logique de programme qui est un ensemble coordonnรฉ dโactivitรฉs dโรฉducation, animรฉes par des professionnels de santรฉ. Le programme structurรฉ est construit autour dโobjectifs de prise en charge รฉducative de patients atteints de maladies chroniques dans une logique multi-professionnelle, voire multidisciplinaire sโintรฉgrant dans un projet thรฉrapeutique global. Il permet de proposer au patient un programme personnalisรฉ, son parcours รฉducatif, constituรฉ dโactivitรฉs รฉducatives prรฉvues en fonction de lโรฉvolution de la maladie et du projet de vie.
Distinguer programme dโaccompagnement et programme dโรฉducation thรฉrapeutique
La distinction entre les deux types de programme est difficile car les frontiรจres sont parfois รฉtroites. Les programmes dโ ยซ accompagnement ยป relรจvent plus de lโaide, de lโassistance et du ยซ coaching ยป. Ils sont destinรฉs ร aider et soutenir les patients et/ou leurs proches, dans le cadre de la prise en charge de leur maladie. Les groupes de parole de patients, les activitรฉs dโauto-support en milieu associatif, les programmes de ยซ disease management ยป (plateforme tรฉlรฉphonique) sont ร qualifier de programmes dโaccompagnement. Cette approche soulรจve cependant de nombreuses critiques vis-ร -vis de son efficacitรฉ et de ses finalitรฉs. Sans une rรฉelle connaissance du patient telle que la possรจde le soignant, les conseils ne peuvent รชtre que gรฉnรฉraux quand ils ne sont pas contradictoires avec les recommandations que le patient a reรงues. Ce type de programme est davantage centrรฉ sur la gestion dโune maladie que sur le dรฉveloppement de la personne.
Les objectifs du programme dโรฉducation thรฉrapeutique
La singularitรฉ de lโapprenant
La maladie chronique bouscule la traditionnelle relation ยซ patient / praticien ยป, professionnel de santรฉ et patient doivent alors travailler en collaboration. D’aprรจs D’Ivernois et Gagnayre, ยซ [L’ETP] s’affirme d’abord comme une nรฉcessitรฉ รฉpidรฉmiologique, thรฉrapeutique, รฉconomique, mais รฉgalement รฉthique, dans le but de donner au patient tous les moyens cognitifs et techniques d’une cogestion de sa maladie ยป (DโIvernois, 2016). Elle se caractรฉrise par un vรฉritable transfert planifiรฉ et organisรฉ de compรฉtences entre le soignant et le patient et sโinscrit dans une perspective oรน la dรฉpendance du malade fait progressivement place ร sa responsabilisation et au partenariat avec lโรฉquipe de soins.
Lโidรฉe nโest pas nouvelle, puisque lโรฉducation pour la santรฉ posait dรฉjร le principe que le premier agent de santรฉ est lโindividu lui-mรชme (Molina, 1988). Cependant, ร lโinverse de lโรฉducation pour la santรฉ, lโETP repose sur lโapprentissage de compรฉtences et de comportements de santรฉ nรฉcessaires pour vivre. En effet, leur application par le patient est susceptible de retarder les complications inhรฉrentes ร la maladie, mais aussi de rรฉduire sa dรฉpendance en lui permettant de mieux vivre au quotidien. Son contexte de vie, son degrรฉ dโacceptation de la maladie, ses reprรฉsentations, sa culture en santรฉ et ses capacitรฉs influencent sa motivation ร apprendre et sa faรงon dโapprendre. Pour toutes ses raisons, il sโagit dโun apprenant particulier qui requiert une pรฉdagogie adaptรฉe. Ces apprentissages sโinscrivent dans une recherche permanente dโรฉquilibre, dans une nรฉgociation entre une norme thรฉrapeutique proposรฉe par le milieu mรฉdical et celle du patient. Cette appropriation de la thรฉrapeutique par le patient le conduit ร รฉmettre des alternatives rรฉalistes pour vivre avec son affection. Elle ne remet pas en cause le pouvoir et la responsabilitรฉ du soignant, elle en modifie uniquement la finalitรฉ.
Lโempowerment du patient
Le processus par lequel le patient sโapproprie son problรจme de santรฉ est nommรฉ ยซ empowerment ยป. Cela ne signifie pas seulement gรฉrer son traitement et participer aux dรฉcisions sur sa santรฉ. Il sโagit dโune transformation personnelle, identitaire, au terme de laquelle le sentiment de sรฉcuritรฉ, lโacceptation de son image, le sens du contrรดle, les exigences de la maladie sont intรฉgrรฉes dans une rรฉconciliation de soi (Aujoulat, 2007). LโETP contribue รฉvidemment ร cette transformation. LโETP a pour finalitรฉ lโacquisition et le renforcement de compรฉtences individuelles par le patient. Une compรฉtence correspond ร la mise en ลuvre par une personne en situation, dans un contexte dรฉterminรฉ, dโun ensemble diversifiรฉ mais coordonnรฉ de ressources pertinentes permettant la maitrise de la situation (Joannert, 2004). Pour atteindre son objectif, un programme d’ETP doit promouvoir chez le patient deux domaines de compรฉtences : des compรฉtences d’autosoins et des compรฉtences d’adaptation. Celles-ci concernent lโintelligibilitรฉ de soi, et de sa maladie, lโauto-observation, lโautosoin, le raisonnement et la dรฉcision, ainsi que les relations avec lโentourage et lโutilisation correcte du systรจme de santรฉ (DโIvernois, 2001 ). La mobilisation de ces compรฉtences par le patient a pour but de :
โข Limiter le risque de survenue de complications,
โข Assurer la sรฉcuritรฉ du patient et gรฉrer le risque clinique,
โข Intรฉgrer au mieux la maladie ร la vie quotidienne afin de prรฉserver ou amรฉliorer la qualitรฉ de vie du patient,
โข Optimiser lโobservance thรฉrapeutique,
โข Concilier au mieux les projets de vie et les exigences thรฉrapeutiques.
Compรฉtences d’autosoins et d’adaptation
Les compรฉtences d’autosoins, une fois acquises par le patient, permettent ร celui-ci d’agir de faรงon autonome et adaptรฉe, de rรฉsoudre les problรจmes quotidiens liรฉs ร la maladie et au traitement. Ce sont surtout des compรฉtences technico-scientifiques. Elles comprennent notamment des compรฉtences dites de sรฉcuritรฉ, dont la mise en ลuvre permet la sauvegarde de la vie du patient. Leur acquisition est donc primordiale, mais ne peut se faire sans la prise en compte des capacitรฉs (physiques, cognitives,…) du malade (OMS, 2004). Dans ses recommandations de 2007, la Haute Autoritรฉ de Santรฉ (HAS) dresse la liste des compรฉtences d’autosoins que l’ETP doit dรฉvelopper chez le patient (HAS, 2007). Celui-ci doit savoir et pouvoir :
โข Soulager les symptรดmes
โข Prendre en compte les rรฉsultats d’une auto-surveillance, d’une auto-mesure
โข Adapter des doses de mรฉdicaments, initier un auto-traitement
โข Rรฉaliser des gestes techniques et des soins
โข Mettre en ลuvre des modifications de son mode de vie (รฉquilibre diรฉtรฉtique, activitรฉ physique, etc.)
โข Prรฉvenir des complications รฉvitables
โข Faire face aux problรจmes occasionnรฉs par la maladie
โข Impliquer son entourage dans la gestion de la maladie, des traitements et des rรฉpercussions qui en dรฉcoulent
Les compรฉtences d’adaptation permettent au patient dโaccepter sa maladie et de maรฎtriser son existence, et notamment de modifier son environnement de vie lorsque cela s’avรจre nรฉcessaire pour sa santรฉ. Ce sont principalement des compรฉtences psychosociales, stimulant la capacitรฉ d’agir du patient. Elles doivent prendre en compte le caractรจre propre de la personne, son vรฉcu, ses expรฉriences antรฉrieures avec la maladie. Elles sont indispensables pour une acquisition optimale des compรฉtences d’autosoins (OMS, 2003).
De mรชme, selon la HAS, plusieurs compรฉtences d’adaptation doivent รชtre acquises par le patient, grรขce aux sรฉances d’ETP :
โข Se connaรฎtre soi-mรชme, avoir confiance en soi
โข Savoir gรฉrer ses รฉmotions et maรฎtriser son stress
โข Dรฉvelopper un raisonnement crรฉatif et une rรฉflexion critique
โข Dรฉvelopper des compรฉtences en matiรจre de communication et de relations interpersonnelles
โข Prendre des dรฉcisions et rรฉsoudre un problรจme
โข Se fixer des buts ร atteindre et faire des choix
โข S’observer, s’รฉvaluer et se renforcer
L’acquisition de ces diffรฉrentes compรฉtences doit se faire de maniรจre progressive, en tenant compte des spรฉcificitรฉs de chaque patient (le type de pathologie et sa sรฉvรฉritรฉ, les compรฉtences dรฉjร acquises, les besoins propres au patient…).
Lโefficacitรฉ de lโรฉducation thรฉrapeutique
Cโest dans ces circonstances que lโETP trouve tout son intรฉrรชt. Le regard global quโelle porte sur le patient permet non seulement de lui transmettre les connaissances mรฉdicales et thรฉrapeutiques nรฉcessaires, mais aussi de dรฉtecter les รฉventuels freins qui le bloqueraient dans sa prise en charge, pour travailler ร diminuer leur retentissement.
Ainsi lโefficacitรฉ de lโETP est indรฉniablement reconnue, et nombreuses sont les รฉtudes ร mettre en avant les succรจs de cette dรฉmarche, que ce soit dans le cadre du diabรจte (Golay, 2002) (Maldonato, 2001), de lโasthme (Gagnayre, 1998), de la bronchopneumopathie chronique obstructive ou BPCO (Bourbeau, 2003), du syndrome de lโapnรฉe du sommeil (Englemanet, 2003) (Golay, 2005), des maladies cardio-vasculaires (Eriksson, 1998)… Il est en effet รฉtabli que lโETP amรฉliore la qualitรฉ de vie du patient, amรฉliore le suivi du traitement, diminue les coรปts liรฉs ร la maladie, diminue le risque de survenue de complications, et diminue la mortalitรฉ (Phillips, 2004).
Si lโETP sโadresse majoritairement ร des patients atteints de maladies chroniques, elle concerne รฉgalement de nombreuses affections de courte durรฉe : les escarres (Pauchet, 1996), les traitements par anticoagulants (Brunie, 2012), les soins post-chirurgicauxโฆ
Lโanalyse de 34 mรฉta-analyses rassemblant 557 รฉtudes concernant environ 54 000 patients dans diffรฉrentes maladies chroniques. 58% des mรฉta-analyses montrent une amรฉlioration des critรจres de santรฉ chez les patients, 35% ne relรจve aucun effet, 7% soulignent mรชme une pรฉjoration de lโรฉtat des patients (Lagger, 2009).
Dans une รฉtude portant sur la littรฉrature publiรฉe sur lโETP dans le diabรจte entre 2004 et 2007, 56 รฉtudes sur 84 montrent une efficacitรฉ ร court terme dans 35.7% des cas et 64.7% ร long terme (plus dโun an) (Albano, 2008). Cette efficacitรฉ sโexprime ร partir de critรจres biocliniques (abaissement de lโHbA1C, de la glycรฉmie, du cholestรฉrol, de la pression artรฉrielle, de lโindice de masse corporelle), pรฉdagogiques (acquisition de connaissances et de compรฉtences, meilleur contrรดle de la glycรฉmie, meilleur prรฉvention des crises), psychosociaux (meilleure motivation ร se traiter, positivation de ses croyances de santรฉ, amรฉlioration des relations sociales), รฉconomiques (rรฉduction du nombre dโhospitalisation, de recours aux urgences, des complications ร long terme).
En cardiologie, on relรจve que les hypertendus peuvent rรฉduire en moyenne de 20 ร 30 mmHg leur pression artรฉrielle en amรฉliorant leur suivi de la prescription mรฉdicamenteuse (Nessman, 1980), avec une baisse de 30% de la mortalitรฉ ร 5 ans (Morisky, 1993). Les patients hypertendus ayant reรงu une รฉducation thรฉrapeutique obtiennent une diminution significative de leur pression artรฉrielle systolique. Dans lโinsuffisance cardiaque, lโETP a contribuรฉ ร faire reculer la morbiditรฉ et la mortalitรฉ en rรฉduisant les taux de rรฉ-hospitalisation et en amรฉliorant la qualitรฉ de vie.
En ce qui concerne lโobservance, un essai randomisรฉ a testรฉ l’efficacitรฉ d’une intervention sur mesure pour promouvoir l’adhรฉsion aux chimiothรฉrapies par voie orale chez 45 patients adultes atteints de cancer. Le groupe tรฉmoin a reรงu l’รฉducation standard fournie au centre de cancรฉrologie. Le second groupe a reรงu l’รฉducation standard et un plan d’adhรฉrence adaptรฉ par une infirmiรจre. L’observance a รฉtรฉ mesurรฉe ร l’aide des taux d’auto-dรฉclaration et de renouvellement dans les pharmacies. Pour les mesures d’observance ร 2 et 4 mois, les taux d’observance du groupe ayant reรงu une รฉducation personnalisรฉe รฉtaient supรฉrieurs aux taux du groupe tรฉmoins (Schneider, 2014).
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Table des matiรจres
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
LISTE DES ABREVIATIONS
INTRODUCTION
PARTIE 1 : PRINCIPE DE LโEDUCATION THERAPEUTIQUE DU PATIENT
1. LE CONTEXTE DE LโEDUCATION THERAPEUTIQUE DU PATIENT
1.1. La chronicisation de certaines maladies
1.2. Les obstacles ร lโinvestissement du patient
L’รขge
Le statut socio-รฉconomique et les conditions de vie
Les reprรฉsentations de la maladie et les croyances de santรฉ
L’acceptation de la maladie et des changements de vie
Les projets de vie
Et le praticien
1.3. Les consรฉquences de cette dรฉlรฉgation sur lโobservance
2. LE CONCEPT DE LโEDUCATION THERAPEUTIQUE DU PATIENT
2.1. Le cadre conceptuel
La dรฉfinition selon l’Organisation Mondiale de la Santรฉ
Lโรฉtymologie du terme ยซ รฉduquer ยป
2.2. Les distinctions conceptuelles
Informer ne suffit pas
Distinguer รฉducation thรฉrapeutique et รฉducation pour la santรฉ
Distinguer dรฉmarche (posture รฉducative) et programme
Distinguer programme dโaccompagnement et programme dโรฉducation thรฉrapeutique
2.3. Les objectifs du programme dโรฉducation thรฉrapeutique
La singularitรฉ de lโapprenant
Lโempowerment du patient
Compรฉtences d’autosoins et d’adaptation
Lโefficacitรฉ de lโรฉducation thรฉrapeutique
3. LE CADRE LEGISLATIF EN FRANCE
3.1. La loi HPST et les Dรฉcrets dโapplication du 2 aoรปt 2010
La place de lโETP dans le parcours de soins
La mise en place dโun programme
Le cahier des charges
3.2. Les bรฉnรฉficiaires du programme dโETP : patients, parents dโenfants malades, entourage
Les patients
L’entourage du patient
Les critรจres de choix pour une montรฉe en puissance graduรฉe
3.3. Les acteurs et leurs qualifications
La composition de lโรฉquipe รฉducative
La transdisciplinaritรฉ pour une offre รฉducative cohรฉrente
Les compรฉtences requises
3.4. La stratรฉgie nationale de santรฉ de 2018-2022
4. UNE METHODOLOGIE EN 4 ETAPES
4.1. Le diagnostic รฉducatif
4.2. La crรฉation d’un programme personnalisรฉ
4.3. La mise en ลuvre des sรฉances
4.4. L’รฉvaluation
4.5. LโEducation Thรฉrapeutique du Patient et aprรจs ?
5. LโORGANISATION DE LโOFFRE DโEDUCATION THERAPEUTIQUE DU PATIENT
5.1. Lโรฉtat des lieux
La situation nationale
La situation rรฉgionale
5.2. Les raisons de lโhospitalo-centrisme
5.3. Lโaccessibilitรฉ de lโETP en ville
5.4. Prรฉserver la pluralitรฉ de lโoffre
PARTIE 2 : EDUCATION THERAPEUTIQUE DU PATIENT EN ONCOLOGIE
1. ETAT DES LIEUX SUR LE CANCER EN FRANCE
1.1. Donnรฉes globales dโรฉpidรฉmiologie des cancers
Incidence et prรฉvalence
Mortalitรฉ
Survie
1.2. Les facteurs de risque comportementaux
Tabac
Alcool
Facteurs nutritionnels et exercice physique
1.3. Les consรฉquences de la chronicisation du cancer
Activitรฉ globale hospitaliรจre
Coรปt de traitement
Actions ร mener sur lโimpact รฉconomique
Retentissement sur la situation personnelle
2. รTAT DES LIEUX SUR LES ANTICANCEREUX PAR VOIE ORALE
2.1. Anticancรฉreux par voie orale et รฉducation thรฉrapeutique
Evolution de lโoncologie mรฉdicale
Avantages de la voie orale
Place de lโรฉducation thรฉrapeutique
Accompagnement des professionnels
2.2. Classification des traitements anticancรฉreux par voie orale
Molรฉcules cytotoxiques
Immunomodulateurs
Hormonothรฉrapies
Thรฉrapies ciblรฉes
2.3. Evolution de lโutilisation des anticancรฉreux par voie orale
Facteurs de cette progression
Etendue des indications des thรฉrapies ciblรฉes
Dรฉveloppement de la recherche acadรฉmique
Adaptation de la recherche clinique
3. IMPACT DES THERAPIES ORALES SUR LE PARCOURS DE SOINS DES PATIENTS
3.1. Conditions nรฉcessaires ร lโimpact des chimiothรฉrapies orales
Leucรฉmie myรฉloรฏde chronique (LMC)
Cancer du rein
Conditions nรฉcessaires ร lโimpact des chimiothรฉrapies orales sur le parcours de soins
3.2. Analyse de lโimpact des anticancรฉreux par voie orale
Cancer du sein
Cancer de la prostate
Cancer du poumon
Cancer colorectal
Myรฉlome multiple
Lymphomes non hodgkiniens
PARTIE 3 : EVALUATION DE LA MISE EN PLACE DU PROGRAMME A DIEPPE
1. LE CONTEXTE DE CETTE EVALUATION
1.1. Genรจse du programme CONEcT
1.2. Lโhistorique de lโETP au CH de Dieppe
1. LES BENEFICIAIRES DU PROGRAMME DโETP
1.1. Etat des lieux
Population ciblรฉe par le programme
Description de la population incluse dans le programme ร Dieppe
Particularitรฉ de la population incluse dans le programme ร Dieppe
1.1. Difficultรฉs de mise en place
Difficultรฉs liรฉes ร notre organisation des diagnostics รฉducatifs
Difficultรฉs globales inhรฉrentes ร lโรฉducation thรฉrapeutique du patient
Ce quโil en est ร Dieppe
1.2. Les modalitรฉs de promotion du programme
Sensibilisation des prescripteurs
Support dโinformation pour les patients
Sensibilisation des professionnels libรฉraux
2. LES ACTIVITES EDUCATIVES ET LES ACTEURS
2.1. Modalitรฉs du programme CONEcT
Niveau 1 : mise en sรฉcuritรฉ
Niveau 2 : offres complรฉmentaires
2.2. Lโapplication au Centre Hospitalier de Dieppe
Sรฉances proposรฉes
Acteurs du programme
2.3. Freins au cumul de sรฉances
La crainte de solliciter le patient trop souvent
Mรฉconnaissance du patient au sujet de lโรฉducation thรฉrapeutique
2.4. Atteinte des objectifs
Questionnaire de satisfaction en fin de sรฉance
Questionnaire dโรฉvaluation en fin de programme
3. LE PARTAGE DโINFORMATIONS ENTRE PROFESSIONNELS
3.1. Coordination au sein de lโรฉquipe dโรฉducation thรฉrapeutique
Echanges sur le contenu des sรฉances
Echange dโinformations concernant le patient
3.2. Prรฉparation des sรฉances
3.3. Lien avec les professionnels impliquรฉs dans le parcours de soins
Quelles informations ?
Modalitรฉs dโรฉchange des informations
4. DISCUSSION – CONCLUSION
4.1. Ce qui est dรฉjร en place
4.2. Ce quโil reste ร amรฉliorer
4.3. Les freins ร lever
4.4. Les leviers ร utiliser
BIBLIOGRAPHIE
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