Education non formelle et reduction de la vulnerabilite face a l’exclusion scolaire

Depuis la conférence mondiale pour l’éducation de Jomtien (Thaïlande) en mars 1990, une scolarisation universelle a été fixée comme un défi pour le secteur éducation. Ainsi, dans le cadre de l’initiative de l’Education Pour Tous (EPT), il s’agit de donner une éducation de base à tous les enfants, adolescents et adultes de chaque pays. L’accès à l’éducation figure parmi les domaines jugés très importants dans l’approche de la réduction de la pauvreté. En outre, l’éducation est un droit humain (prévu par l’article 26 de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme (DUDH) du 10 décembre 1948) qui contribue à l’amélioration de la sécurité , de la santé et de la prospérité de tout à chacun, tout en favorisant le progrès social , économique et culturel. Vu la place très importante qu’occupe l’éducation dans la vie humaine, nous pouvons dire que l’éducation est un levier du développement, car elle représente une étape nécessaire au changement social et à l’éradication de la pauvreté.

De nos jours, beaucoup d’enfants sont non scolarisés à Madagascar et ne jouissent pas encore de leurs droits surtout dans les zones rurales et les quartiers défavorisés dans les zones urbaines après la crise politique de 2002 et de 2009. Des centaines de milliers d’enfants abandonnent l’école primaire et plus d’un quart d’entre eux sont finalement privés de toute opportunité éducative. Avec plus d’un million d’enfants non-scolarisés, l’exclusion scolaire au cycle primaire est sans conteste l’un des problèmes les plus importants du système éducatif malgache. Parmi ces enfants, on distingue ceux qui n’ont jamais été scolarisés et ceux qui ont abandonné l’école à un stade précoce. Alors que l’éducation est essentielle pour la construction de la future vie de parent, de travailleur et de citoyen. La non scolarisation et la déscolarisation des enfants constituent un grand mal des quartiers pauvres.

Au vu de la précarité de l’éducation et la pauvreté en générale de la population, les pouvoirs publics ont entrepris de mettre en œuvre des politiques qui contribuent progressivement à l’amélioration des indicateurs sociaux (éducation, santé, nutrition). En ce qui concerne le secteur éducation, Madagascar a inscrit sa politique éducative dans la perspective de l’Éducation Pour Tous (EPT) par la mise en œuvre de plusieurs plans sectoriels. Une Convention Nationale pour l’Éducation a été faite en 2014, à l’issue de celleci, cinq axes stratégiques ont été définis dans l’objectif d’une éducation inclusive, accessible et de qualité. Parmi ces orientations, la troisième (Axe stratégique 3) « Pour une éducation accessible et inclusive » définit les actions clés visant la mobilisation de tous les acteurs autour de l’insertion et de la réinsertion scolaire, la mise en place d’une éducation spécialisée, l’accessibilité financière, l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et des communications et la décentralisation effective de l’administration scolaire. Toutefois, des défis demeurent, à tous les niveaux. La réduction de l’exclusion scolaire est devenue un enjeu essentiel pour le pays car les conséquences économiques, sociales et humaines de ce phénomène sont importantes pour les individus comme pour la société.

L’éducation est reconnue par de nombreuses organisations non gouvernementale (ONG) ou associations comme étant le meilleur moyen de sortir les enfants de leur situation de pauvreté, de vulnérabilité et de leur ignorance. L’ONG HARDI (Harmonisation des Actions pour la Réalisation d’un Développement Intégré) fait partie des entités qui essaient de récupérer les enfants ayant des problèmes concernant l’éducation scolaire et qui sont victimes de l’exclusion scolaire et aider les parents à éduquer leurs enfants.

Elle a bénéficié d’un financement de l’Auteuil France pour la mise en œuvre d’un projet « Insertion et réinsertion scolaire et sociale des enfants et des jeunes vulnérables des bas quartiers de la commune urbaine d’Antananarivo » auquel un volet « Education des enfants vulnérables » a été prévue afin de réduire la vulnérabilité des enfants issus des familles défavorisées face à l’exclusion scolaire. Le but de ce volet est d’améliorer le sort des enfants exclus et leur restaurer leur dignité qui leur revient de droit. Nous avons choisi d’étudier les activités mises en œuvre par cette ONG et focalisé notre étude sur le Fokontany Manarintsoa centre auquel se trouvent la majorité des enfants bénéficiaires de l’ONG HARDI.

LA VULNERABILITE

Avant de parler de la réduction de la vulnérabilité, une définition de la vulnérabilité est tout d’abord présentée ainsi que les concepts et les types de vulnérabilités. Ensuite, nous allons parler de la vulnérabilité de l’enfant et pour terminer ce chapitre nous allons montrer le lien entre la réduction de la vulnérabilité et la Gestion des Risques de Catastrophes/ Réduction des Risques de Catastrophes (GRC/RRC).

DEFINITION ET CONCEPT DE VULNERABILITE 

Étymologiquement le mot « vulnérabilité » dérive du mot latin « vulnus », que signifie « blessure ». En ce sens, il s’agit donc du caractère de celui qui est susceptible d’être blessé et qui a besoin de se protéger ou d’être protégé. La vulnérabilité est définie comme les conditions déterminées par des facteurs ou processus physiques, sociaux, économiques et environnementaux, qui accroissent la sensibilité d’une communauté à l’impact des aléas. Les vulnérabilités peuvent être donc d’ordre humain, physique, matériel, social, environnemental, comportemental ou moral, de nature principale ou secondaire. Il est évident que, le degré des conséquences des catastrophes résulte largement du niveau de vulnérabilité individuelle et collective existant dans le milieu avant la manifestation d’un aléa. Nous pouvons identifier la notion de vulnérabilité à la fragilité physique, matérielle, ou plus largement, l’inaptitude économique d’un individu, d’un groupe de personnes, d’une société ou d’une Nation entière, à faire face à une situation difficile temporaire ou de durée déterminée. L’utilisation du terme « vulnérabilité » change en fonction des disciplines et des secteurs de recherche. Les sociologues considèrent la vulnérabilité d’une population comme représentant l’ensemble des facteurs socio-économiques qui déterminent la capacité à faire face à un désastre. De ce fait, la vulnérabilité constitue l’ensemble des mauvaises conditions qui reflètent les faiblesses d’un groupe de personnes, ou d’une société à affronter une mauvaise situation probable.

Le concept de vulnérabilité présente toutefois deux facettes claires : d’une part, il contient une notion d’exposition des personnes à des risques économiques et sociaux divers préjudiciables au bien être et d’autre part il fait référence à une notion de faiblesse des personnes à faire face à ces risques. Les « éléments vulnérables » sont des éléments exposés et vulnérables à l’aléa, ils restent juste des éléments exposés s’ils ne sont pas vulnérables à l’aléa. Il faut noter que la vulnérabilité varie suivant les aléas.

TYPE DE VULNERABILITE

La vulnérabilité compte bel et bien parmi les éléments essentiels de mesure des impacts probables d’un événement menaçant. La vulnérabilité peut se retrouver sous des formes très différentes, physiques, économiques, matérielles, sociales, organisationnelles, comportementales en rapport avec les motivations. Parmi ces différentes formes ou facteurs de vulnérabilité, nous exposons ci-après les principaux types, telles que la vulnérabilité humaine ou sociale, la vulnérabilité économique.

Vulnérabilité humaine ou sociale

La vulnérabilité sociale est directement liée au niveau de bien-être des personnes, des communautés et de la société en général. Divers facteurs sont susceptibles d’influencer positivement ou négativement la sensibilité des personnes ou des groupes de personnes aux effets d’aléas de différentes natures. Par exemple, l’âge, le statut socio-économique, le degré d’équité sociale, le niveau d’alphabétisation et d’éducation, l’existence ou non d’une paix et d’une sécurité sociale, l’accès aux services des base : le soin de la santé physique, la nutrition et l’éducation. Ce type de vulnérabilité s’apparente pour un individu ou une population fondamentalement en un manque de ressources, permettant une rapide récupération, dont l’ultime manifestation s’agit surtout de la pauvreté.

Vulnérabilité économique

La vulnérabilité des personnes et des collectivités est également largement influencée par leur contexte économique. Ce type de fragilité peut alors être aperçu au niveau de l`individu ou du ménage à travers son incapacité (financière) à défendre leurs propres intérêts.

VULNERABILITE DE L’ENFANT

L’enfant est certainement la personne humaine la plus vulnérable, au vu des conséquences négatives durables et parfois irréversibles occasionnés par la réalisation de risques, en particulier ceux liés à la survie et au développement. Les enfants sont le groupe vulnérable par excellence de toute société, ensemble avec les personnes âgées et les personnes porteuses de handicaps. Cette vulnérabilité dérive de leur condition de personnes en développement, pour lesquelles la réalisation de risques aura des conséquences plus graves que pour un adulte. Cette vulnérabilité repose en outre sur la condition de dépendance de l’enfant par rapport aux adultes qui en on la charge. L’enfant dépend d’autrui pour la satisfaction de ses besoins de base (alimentation, repos, stimulation, affection) : la possibilité de son bien-être et de son développement harmonieux se trouve largement dans les mains de ses responsables.

En réfléchissant su la vulnérabilité de l’enfant, on note que celle-là est liée à la notion de potentiel humain de l’enfant. Chaque enfant à sa naissance renferme un soi un potentiel humain qui se développera au cours de sa croissance. Mais en même temps, chaque enfant devrait pouvoir devenir un jeune et puis un adulte en bonne santé, avec un certain niveau d’éducation, compétences pour conduire une vie productive, compétences de citoyenneté, capital social etc. Dans cette perspective, l’enfant en situation de vulnérabilité est l’enfant exposé au risque de compromission de la survie et du développement, c’est-à-dire le risque de perte ou de non réalisation ou de diminution de la réalisation du potentiel humain que l’enfant possède. Le concept de vulnérabilité implique le risque que l’enfant soit en danger de perdre ou de ne pas atteindre une situation de bien être à laquelle il/elle a le droit. Cette situation de bien être doit s’ancrer sur des paramètres universellement reconnus et acceptés et non pas être basée sur des conceptions individuelles des uns et des autres sur ce qui serait le bien-être. L’énonciation des droits de l’enfant tels qu’ils sont établis dans la Convention de Nations Unies sur les droits de l’enfant constitue la codification la plus complète et légitime de ce bien être. Les droits de l’enfant constituent donc le cadre normatif de référence sur lequel doit s’appuyer conceptuellement toute considération de la vulnérabilité et tout effort de réduction de la vulnérabilité. Dans cette perspective, la vulnérabilité de l’enfant est le risque de non réalisation (ou de réalisation insuffisante) des droits. L’enfant en situation de vulnérabilité est l’enfant exposé au risque de non réalisation ou de réalisation insuffisante des droits, autrement dit exposé à des situations qui interférent négativement sur son bien être psychophysique et social et entravent son développement.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PARTIE I : CADRE THEORIQUE ET CONTEXTUEL DE L’ETUDE
CHAPITRE I. LA VULNERABILITE
CHAPITRE II : GENERALITES SUR L’EDUCATION
CHAPITRE III : GESTION DES RISQUES DE L’EXCLUSION SCOLAIRE DU CYCLE PRIMAIRE A MADAGASCAR
PARTIE II : ANALYSE DE LA REDUCTION DE LA VULNERABILITE DES ENFANTS BENEFICIANT DU VOLET « EDUCATION DES ENFANTS VULNERABLES » DE L’ONG HARDI 
CHAPITRE IV : PRESENTATION DU CADRE DE L’ETUDE
CHAPITRE V : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
CHAPITRE VI- PRESENTATION & ANALYSE DES RESULTATS ET DISCUSSION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE ET SITOGRAPHIE
ANNEXE

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