Activités socio-économiques
– E l e v a g e s : La population de la région est en majorité éleveur [21]. Elle pratique l’élevage extensif des bovidés à cause de l’importance des pâturages naturels dans la région. Ce système d’élevage traditionnel n’exige pas de moyens financiers importants sauf du point de vue sanitaire de l’animal. Les zébus sont les plus nombreux et constituent les signes extérieurs de richesse. Ils jouent un rôle capital dans la vie des Sakalava, car ces derniers consomment beaucoup de zébus et engagent des dépenses importantes lors des certaines festivités et des événements funéraires (constructions de monuments, décès, circoncision, culte des ancêtres ou à l’occasion d’une naissance). Trois catégories de zébus sont commercialisées dans le district d’Antsalova : les animaux d’élevage (taurillons et génisses destinés aux éleveurs des hauts-plateaux et de la côte-est), les bœufs de travail surtout demandés par les cultivateurs des hauts-plateaux, et les bœufs de boucherie. Depuis une décennie, on a constaté une baisse du cheptel due en particulier à la recrudescence des vols de bœufs. Exemple: En 1992, un chercheur travaillant dans la région dénombrait 150 000 têtes de zébus, tandis qu’en 1996, il n’y a que 70 000 têtes. Actuellement, seuls 50 000 bovins ont été recensés au près de la commune d’Antsalova et de Bekopaka [5]. Ils pratiquent aussi l’Aviculture. Mais cette dernière est considérée comme une activité secondaire. Les volailles sont mal nourries. On les laisse en liberté aux alentours de la maison pendant la journée et on les fait entrer le soir dans des abris clos. L’aviculture n’est pas assez fréquente dans la région à cause de l’existence des animaux prédateurs comme Cryptoprocta ferox (fosa), Galidia elegans occidentalis et Viverricula indica. Ils s’adonnent également à l’élevage porcin mais de manière primitive (en liberté). L’élevage des abeilles et des poissons est inconnu dans le district d’Antsalova, mais le miel sauvage est récolté dans les troncs d’arbres, dans les fractures de rochers ou dans les trous de buttes en terres. Certains Sakalava ont fait une réputation de récolteurs de miel en consacrant plusieurs mois de l’année à cette activité (la saison des pluies est la plus favorable). En somme, les Sakalava avaient et continuent d’avoir, l’habitude de pratiquer l’élevage bovin ; complété par des produits de chasse, ainsi qu’une agriculture rudimentaire.
– A g r i c u l t u r e : Les Sakalava pratiquent rarement la culture, sauf les migrants qui sont les principaux agriculteurs de la région. Ce sont essentiellement des riziculteurs. Ils utilisent trois pratiques selon le milieu : dans la vallée, où il existe des rizières inondées avec diguettes ; dans la plaine où des rizières nécessitant des canaux d’irrigation ; dans les dépressions où l’on pratique la culture de riz de décrue (saison sèche) dépendant du retrait des eaux d’inondation. L’eau de pluie détermine le calendrier agricole des principaux travaux rizicoles (Tableau III). Pour le Vary asotry , le semis a lieu en avril, le repiquage en juin et la récolte en octobre. Le repiquage est tardif à cause du niveau d’eau et l’existence des poissons herbivores. Dans la plaine, le semis du Vary tsipala a lieu en novembre, le repiquage en décembre ou janvier, la récolte en avril ou mai. Pour le Vary be, le semis se pratique en juin, le repiquage en juillet et la récolte en octobre. Cette récolte est accompagnée par le début de la saison de pluies. Le riz en décrue, planté dans les dépressions, présente le même calendrier que le Vary be . Le repiquage se fait en fonction du niveau d’eau. Les Sakalava effectuent un semis à la hâte sur les périphéries des lacs quand l’eau avait suffisamment baissé. C’est une riziculture de «loterie » qui ne produisait que si quelques pluies d’arrière saison venaient arroser les plants, souvent jaunis par la sécheresse. Les immigrés se sont mieux adaptés à ce milieu en introduisant un système de nombreuses pépinières pour éviter que les plants se dessèchent. Les riz de colline (Vary antanety) sont moins pratiqués car les oiseaux sont trop nombreux. Les rendements sont meilleurs comparés à ceux des haut-plateaux, mais la population y apporte peu de soin. A part le riz, les habitants dans cette région cultivent également des plantes à tubercules comme les maniocs, les patates et d’autres plantes légumineuses telles que les haricots et les lentilles. Ces plantes sont cultivées en buttes autour des habitations. La description du milieu nous a permis de savoir que le PN Tsingy de Bemaraha a une potentialité géologique, biologique et humaine. Ces derniers pratiquent plusieurs activités socio-économiques. Ces activités ont des influences sur les ressources naturelles. Le Programme Bemaraha, représentant de l’ANGAP a constaté que l’éducation environnementale lui est nécessaire pour sauvegarder ce patrimoine exceptionnel. Nous allons voir dans le paragraphe suivant cette éducation environnementale, pratiqué dans ce parc.
Objectif de l’Education Environnementale
L’Education Environnementale au sein du Programme Bemaraha consiste à modifier la perception de la population vis à vis des ressources naturelles. Elle se traduit par le fait de dispenser des cours sur l’environnement au niveau des écoles et de sensibiliser la population riveraine. Celle-ci est dans le cadre d’impliquer la population dans la gestion des ressources naturelles du Parc [20]. Cette éducation environnementale a comme objectif spécifique d’informer la population locale sur les problèmes et les conséquences de ses actes dans la dégradation de l’environnement. Pour atteindre ses objectifs, le Programme Bemaraha a engagé du Personnel afin d’accomplir ces tâches. Des Agents de Conservation et d’Education (ACE) ont été recrutés. Ces derniers effectuent les travaux du Programme Bemaraha en matière d’éducation environnementale dans les zones périphériques pendant les saisons de pluies (décembre à mars) et ils se convertissent en guides touristiques pendant les saisons de visite du Parc (mai à novembre). Les Agents de Conservation et d’Education sont alors des moniteurs de Programme en éducation environnementale. Ils sont encadrés par le Chef de Volet en éducation environnementale et un assistant en communication.
Les supports audio et visuels
– F i l m V i d é o : Il existe plusieurs films vidéo utilisés par le personnel du Programme pendant la sensibilisation de la population. Parmi ces films, on peu citer le « Fish Eagle of Madagascar » ou l’Ankoay de Peregrine Fund. Son objectif est de faire connaître l’existence et le mode de vie de l’Ankoay et aussi de sensibiliser la population (élèves, communauté de base) à la sauvegarde de cette espèce. Ce film est d’une durée de 9 minutes, diffusé en Anglais. Mais le commentaire se fait en Malagasy suivi d’explication détaillée. D’autres films ont été programmés comme :
. Les esprits de la Forêt : Lémuriens de Madagascar, film de Sekoly Maitso. Il est diffusé en Français et dure environ 45mn. Il vise à faire connaître les différentes espèces de Lémuriens de Madagascar.
. Ilay Dadabe hazo (Le vieil arbre) de Sekoly Maitso. Ce film est diffusé en malagasy et dure 35mn. Il a pour objectif de faire connaître l’évolution de l’état de l’environnement à Madagascar et de sensibiliser le public cible (élèves) sur les notions de conservation et de protection de la nature. Le tout est illustré de clips, de chansons locales, de danses et de poèmes à vocation sensibilisatrice dont le thème varie avec la séance de sensibilisation.
– L e s D i a p o s i t i f s : Plusieurs diapositifs ont été utilisées, parmi lesquels on peut citer:
. Aza mandrora mitsilany (Ne crache pas sur toi –même). L’auteur de cette diapositif est le Sekoly Maintso en collaboration avec Médiascope (réalisateur). Elle est diffusée en Malagasy, ce qui facilite la compréhension de la population. Cette séance dure 28 minutes avec 59 diapos. On utilise aussi d’autres diapositifs comme :
. Ny ho avy mamiratramiankina amin’ny ray aman-dreny (Un avenir meilleur entre les mains des parents) de Sekoly Maitso-FDP intercoopération avec le Médiascope. Cette diapositif encourage les associations des parents d’élèves à être actives et à responsabiliser leurs enfants sur l’éducation environnementale. Au nombre de 60 diapos, la séance dure environ 35 minutes.
. Ny fikasan’i Lova (La grande idée de Lova) de Sekoly Maitso-FDP et Médiascope, sensibilise les enfants ruraux sur la nécessité de protéger la nature par le biais du témoignage d’un petit paysan très engagé. Ce documentaire contient 40 diapositifs et dure 20 minutes.
L e s B u l l e t i n s d e l i a i s o n
A part le journal « Tsingy », on distribue aussi des bulletins de liaison sous forme de brochure aux visiteurs du Parc ou lors de la sensibilisation au niveau des écoles. Ils sont au nombre de 4 exemplaires. Dans chaque brochure, on trouve les points forts du PN tels que les faunes et les flores, les Tsingy, les différents circuits qui existent dans le PN et leurs durées respectives, et même les informations pratiques sur le PN en général. La Figure 11 présente les 2 brochures qui sont utilisées pendant la sensibilisation des visiteurs du Parc. En outre, lors des grandes fêtes, comme la Journée Mondiale de l’Environnement (JME) ou Fête Nationale, le personnel du Programme Bemaraha organise des manifestations environnementales avec ou sans la collaboration des autorités locales. Grand rassemblement de population, ces journées sont des occasions favorables pour le Programme d’émettre des messages environnementaux. On y rencontre une forte participation des jeunes : les garçons sont très actifs en sports collectifs ou individuels, tandis que les filles aux dessins et aux poèmes. Ces manifestations sont sous forme de jeux dont le prime c’est une visite dans les Tsingy ou dans les autres Aires Protégées de l’Ile comme Kirindy, Forêt des Mikea, PN Andringitra, PN Andasibe Mantadia, PN Isalo, etc. C’est à partir de ces recherches qu’on a constaté que le Programme Bemaraha a depuis son existence sur le lieu, sensibilisé la population riveraine à l’aide des projections de film ou publication du journal intitulé « Tsingy » et des brochures. En même temps, les responsables de l’éducation environnementale au niveau du Programme Bemaraha ont dispensé des cours sur l’environnement aux élèves. Grâce à ces études bibliographiques que l’on peut affirmer que jusqu’à maintenant, le Programme Bemaraha essaie et continu de pratiquer l’éducation environnementale des élèves et de la population riveraine. Ces résultats obtenus permettent de savoir que le Programme Bemaraha a mis en œuvre un plan de gestion de la conservation. Et pour compléter notre étude, des visites dans le Parc s’imposaient dans le but de constater l’existence des menaces exercées par la population locale sur les ressources naturelles.
Renforcement du politique gouvernementale
Une politique environnementaliste gouvernementale doit être appliqué pour que l’endroit puisse conserver sa beauté et sa richesse naturelle exceptionnelle (végétation, flore, faune, relief karstique). Patrimoine nationale et mondiale, le Parc est source de nombreux profits pour Madagascar et le monde : scientifique, touristique, économique et autres. L’une des actions principales du gouvernement en matière d’environnement consiste alors à fournir les moyens de réflexion nécessaires pour les stratégies à adopter en fonction des priorités, des besoins et des objectifs fixés pour faire face aux problèmes environnementaux, et assurer un meilleur cadre de vie, répondre rapidement aux risques et catastrophes écologiques. Ce programme permettra d’arriver à une gestion intégrée, responsable à travers un partenariat avec tous les acteurs et usagers des ressources (population riveraine, visiteur, chercheur,…) et dont l’impact serait l’adoption à tous les niveaux de décision de la notion de Développement Durable. Le projet de conservation de la biodiversité dans la région devrait utiliser pour son élaboration, un large processus participatif incluant les représentant des Ministères et ceux de la société civile locale afin que les besoins des populations vivant à l’intérieur des limites des parcs soient pris en considération et réfléchis pour être compatibles avec les missions de ce parc. Il devrait avancer une nouvelle vision de l’Aire Protégée qui sera une démonstration de la définition du développement durable en visant la participation active de la population dans la conservation et la gestion du PN. L’appui du gouvernement sera nécessaire à l’amélioration de la condition de vie de cette population. Le gouvernement doit mettre plus d’accent sur l’éducation car c’est une des conditions indispensables dans la construction d’un monde à l’abri de la faim, de la réduction de la pauvreté, de la conservation et de la valorisation des ressources naturelles. Il faut donc étendre l’accès à l’éducation et améliorer la scolarité en milieu rural, en lançant et en appuyant des initiatives visant à améliorer la santé des enfants et leur capacité d’apprentissage à l’aide de technologies de l’information et de la communication et de l’enseignement à distance. En éduquant les filles et les femmes rurales, en développant l’éducation et le savoir-faire tout au long de l’existence en milieu rural (approche genre). En plus, on doit renforcer les moyens institutionnels de planification et de gestion de l’éducation pour le développement rural, en adoptant une méthode d’éducation systémique qui englobe tous les niveaux d’enseignement; en encourageant le débat sur les tendances futures de l’éducation et de la formation des enfants, des jeunes et des adultes pour l’agriculture, le développement rural et la sécurité alimentaire; en étudiant et en diffusant les meilleures pratiques et études de cas qui illustrent la contribution de l’éducation au développement agricole et rural durable; en soutenant de nouveaux partenariats pour l’éducation en faveur du développement rural aux niveaux régional, national et mondial ; et en offrant une assistance technique pour la formation des décideurs et des responsables de l’éducation pour le développement rural.
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I : GENERALITES
1-1- DESCRIPTION DU MILIEU D’ETUDE : Le PN Tsingy de Bemaraha
111- Localisation
a- Situation géographique
b- Situation géologique
112- Les caractéristiques du milieu
a- Relief et hydrologie
b- Les formations végétales
c- Les diversités faunistiques dans le PN
d- Climat
113- Population
a- Démographie
b- Ethnies
c- Activités socio-économiques
I-2-L’EDUCATION ENVIRONNEMENTALE
121- Programme d’EE à Madagascar
122- PEE au sein de l’ANGAP
123- EE dans le Programme Bemaraha
CHAPITRE II : METHODES ET MATERIELS UTILISES
II-1- METHODOLOGIE
211-Synthèses bibliographiques
212-La reconnaissance du milieu
213-Enquêtes
II-2- MATERIELS UTILISES
221- Fiche d’enquête
222-Outils didactiques
223- Supports techniques
224- Cours sur l’environnement
225- Jeux éducatifs
CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSIONS
III- 1- LES ACTIVITES DU PROGRAMME BEMARAHA
a- Supports audio-visuels
b- Publications
III-2- QUELQUES MENACES AU SEIN DU PN
321- Sur les ressources végétales
322- Sur les ressources animales
III-3- RESULTATS DE L’ENQUETE
CHAPITRE IV : SUGGESTIONS ET INTERETS PEDAGOGIQUES
IV-1- QUELQUES SUGGESTIONS POUR L’AMELIORATION DEL’EE
411- Sur la sensibilisation
412- Sur la protection
IV-2- INTERETS PEDAGOGIQUES
421- Pour la pédagogie
422- Dans la préparation des cours sur l’environnement
423- Elaboration des fiches pratiques pour une sortie
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIEQUES
ANNEXES
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