Éducation à la vie sexuelle et affective

La « révolution sexuelle », le cheminement de la sexualité moderne 

Cette révolution commence par la création de l’association « La maternité heureuse » en 1956, qui deviendra le « Mouvement Français pour Le Planning Familial » en 1960 réunissant des militants qui tiennent à défendre le droit à la contraception ou à l’avortement. Elle continue par l’adoption de la loi Neuwirth le 19 décembre 1967, bien que mise en place seulement dans l’année 1972. Cette loi qui a autorisé l’usage de la contraception, notamment sous la forme de la pilule contraceptive, a permis d’abroger la loi du 31 juillet 1920, qui condamnait l’usage de moyens contraceptifs ou abortifs quels qu’ils soient encore, en vigueur jusque-là . Ce fut un grand changement dans les mœurs et les représentations sexuelles françaises. En effet, cette loi a donné aux femmes un contrôle sur la procréation et leur désir de grossesse donnant une nouvelle dimension plus récréative au sexe . Les événements de mai 1968 avec les revendications des jeunes pour une liberté sexuelle marquées par le soutien de certains sexologues permettent la dissociation de l’activité sexuelle et de celle de procréation. Cette libération des mœurs entraîne un nouveau regard sur la sexualité et notamment un affranchissement de l’interdit des relations sexuelles hors mariage, de la masturbation . La pornographie devient alors banalisée et la contraception depuis cette époque a une couverture très importante dans notre pays .
En 1971, la publication du Manifeste des 343 rendant public 343 noms de femmes ayant eu recours à l’avortement, suivi en 1973 du Manifeste des 331 signé par 331 professionnels de santé avouant avoir répondu à des demandes d’avortement ou étant favorables à sa dépénalisation ont encore entraîné une remise en question des mœurs françaises. En 1972, le procès de Bobigny jugeant une femme mineure ayant avorté et quatre femmes majeures pour complicité ou pratique de l’avortement a eu un grand impact. En effet, au décours de ce procès très médiatisé, la loi de 1920 n’a pas été appliquée ce qui a donné encore plus d’importance à une nécessité de changement dans la législation concernant l’avortement .
Le 17 janvier 1975, la loi Veil est votée et permet la dépénalisation de l’avortement, maintenant appelé, l’interruption volontaire de grossesse, jusqu’à dix semaines de grossesse – sous conditions. Elle était dans un premier temps prévue pour une période de cinq ans mais fut reconduite indéfiniment à partir de 1979 . De nombreuses modifications ont eu lieu au cours du temps sur le texte de loi toujours dans une optique d’élargir les droits de liberté individuelle en augmentant les délais (12 semaines de grossesse à ce jour), le taux de remboursement des actes par la Sécurité Sociale (forfait remboursé à 100% à ce jour) ou encore en améliorant l’accessibilité et les formalités administratives . Mais la loi Aubry du 14 juillet 2001 a modifié en profondeur le dispositif de l’interruption volontaire de grossesse en France. Par exemple, une mineure peut désormais avorter sans autorisation parentale bien que toujours accompagnée d’une personne majeure, le délit d’entrave est renforcé dans la logique que ce droit doit être respecté puisqu’acquis. En 2014, la loi a supprimé la notion de détresse ce qui rend plus simple le droit à l’accès à l’interruption volontaire de grossesse . En 2016, les sages-femmes ont acquis le droit de réaliser les interruptions volontaires de grossesse médicamenteuse pour augmenter le nombre de praticiens pouvant répondre à ces demandes et ainsi en facilité l’accès . Par ailleurs, les chiffres relatifs à l’interruption volontaire de grossesse de l’année 2016 (13,9 pour 1000 femmes) continuent de légèrement diminuer par rapport aux années précédentes et finalement depuis même une vingtaine d’années. On constate néanmoins une diminution plus franche des chiffres pour la tranche d’âge des moins de 20 ans .

L’expansion de la « sexualité virtuelle » 

De manière générale, de nos jours, les comportements sexuels entre les femmes et les hommes se rapprochent. L’âge au premier rapport sexuel déclaré est à peu de choses près le même dans les jeunes générations (17,2 ans pour les hommes et 17,6 pour les femmes). Les pratiques se diversifient et deviennent plus courantes, notamment pour le sexe oral. De plus en plus de femmes déclarent pratiquer la masturbation. Il est montré une véritable émancipation de la femme dans le domaine de la sexualité qui ramène à bien loin l’époque où le sexe ne devait servir qu’à la procréation .
Le développement des médias, des réseaux sociaux, la propagation de la pornographie sur Internet ont modifié la manière d’appréhender la sexualité, surtout chez les adolescents qui sont le plus grand public de ces formes de médias. La sexualité et le rapport aux corps sont omniprésents dans tous les médias ou moyens de communication, ces derniers pouvant même permettre de nouveaux scénarii de rencontres affectives et sexuelles de par les plus de 1000 sites de rencontres existant en France. Il est à noter aussi que la libéralisation sexuelle est telle qu’il existe des sites dédiés aux relations extraconjugales menant des campagnes publicitaires dans les lieux publics. Le recours à la pornographie est démocratisé et d’une facilité d’accès comme jamais auparavant, si bien que le risque « d’hyper-sexualisation » de la femme avec une vision erronée des rapports à la sexualité est présent, surtout dans une population jeune et inexpérimentée.
D’autre part, il n’est pas sans importance de noter que les cas de viols, d’agressions sexuelles, de pédophilies sont toujours d’actualité et que face à l’expansion de l’usage du virtuel de nouveaux risques potentiels sont à prendre en compte facilités par l’anonymat et la protection de l’écran interposé .
Devant toutes ces évolutions des lois, des mœurs et des représentations de la sexualité en France, il est nécessaire d’aider sa population à appréhender au mieux ces changements pour qu’ils soient tolérés et permettent un gain dans la qualité de vie. Qui dit nouveaux droits ou nouveaux supports, dit importance d’une éducation adéquate.

Les prémices de l’éducation sexuelle 

A la fin du XIXème siècle et dans les débuts du XXème siècle, la question d’une éducation sexuelle apparaît pour la première fois. Ce sont les médecins qui s’en inquiètent les premiers. Ils estiment qu’une éducation sur les maladies vénériennes, telle que la syphilis qui fait beaucoup de morts à l’époque, permettrait d’en réduire leur incidence. Tout ce qui touche à la sexualité est encore très souvent régit par le monde religieux catholique et les prêtres s’inquiètent d’une dispensation des méthodes contraceptives clairement condamnées par l’Église à cette époque. Les féministes, quant à elles, souhaitent protéger les femmes d’une ignorance trop importante et leur permettre de revendiquer la liberté de leur corps. Néanmoins, bien que l’idée d’une nécessité d’éduquer filles et garçons par rapport à la sexualité apparaisse, elle ne concerne seulement que l’élite cultivée et personne ne sait qui doit prendre en charge cette éducation ni ce qu’elle doit contenir.
L’entre-deux-guerres est une période qui donne naissance à des lois de répression plus que d’éducation comme les lois de 1920 et 1923 condamnant tous les moyens contraceptifs et abortifs.
L’éducation sexuelle effraie et reste indésirable devant la possibilité qu’elle favorise la contraception de façon illégale. De nombreux écrits sont publiés en cette période pour appeler à une éducation sexuelle. En 1923, La Société de prophylaxie sanitaire et morale apporte son soutien en disant que « l’innocence ne consiste pas dans l’ignorance, et que l’ignorance est la cause principale du péril sexuel ». Elle demande à ce que l’éducation sexuelle, jusque-là réservée aux garçons soit étendue aux filles sous forme d’enseignements sur l’anatomie, la physiologie et l’hygiène féminine. La contraception ne fait toujours pas partie des discours de l’époque mais le tabou concernant l’éducation à la sexualité semble se lever de plus en plus bien qu’elle soit en grande majorité dispensée par les familles elles-mêmes .
Après la Seconde Guerre mondiale, les discours sur la sexualité évoluent et se banalisent. L’éducation sexuelle doit être une part entière de l’éducation de l’enfant et ce dès la naissance. Les mouvements pour la « révolution sexuelle » dans les années 1960, avec les événements de mai 68, les changements des mœurs, la légalisation de la contraception par la loi Neuwirth de 1967 est discutée une éducation sexuelle, plus libérale et dans l’accompagnement de la maturation de la fonction érotique plus que la répression. Mais il existe toujours une forme de réprobation autour du sujet. Bien que se voulant nouvelle, les fondements moraux demeurent toujours présents .

Les adolescents et la sexualité 

La métamorphose pubertaire 

L’adolescence est une étape de la vie entre l’enfance et l’âge adulte marquée par de multiples évolutions dues à la métamorphose pubertaire . La puberté, d’une durée moyenne de quatre ans, commence par l’apparition des premières menstruations chez les filles et l’augmentation de la taille des testicules pour les garçons . En fonction du contexte culturel et environnemental, il est possible de borner cette période entre 12 et 18 ans pour les filles et entre 14 et 20 ans pour les garçons . La puberté entraîne des transformations de plusieurs types : physiques, psychiques, cognitives et sociales . Le premier type est le plus perceptible avec un corps adolescent en sexuation, qui devient apte à la procréation de par le développement complet des caractères sexuels secondaires et l’acquisition de la fonction de reproduction et de la fertilité . Les changements de l’ordre psychique sont plus complexes. Il est nécessaire de garder en tête que la puberté est un phénomène qui s’impose à l’enfant dans son intensité comme dans sa temporalité.
Il voit alors son corps se transformer sans en avoir le contrôle ; le développement peut être perçu comme anarchique et peut grandement perturber l’adolescent qui perd alors tous ses repères infantiles, garant d’une sécurité désormais disparue .
D’un autre côté, l’éveil sexuel dû aux pulsions libidinales et au développement de l’appareil génital confronte l’adolescent à de nouvelles sensations et à un nouveau rapport aux autres.
L’adolescent est alors un être sexué et son identité sexuelle est une part intégrante de son identité personnelle. Sa construction se fait par rapport et sous le regard des autres, elle dépend de son environnement aussi bien culturel, religieux que familial ou sociétal. Afin de parvenir au mieux à cette identité sexuelle qui lui est propre, l’adolescent a besoin de prendre ses distances par rapport à ses premiers objets d’amour que sont ses parents et de se rapprocher d’autres modèles d’identification qui sont généralement retrouvés dans le groupe de pairs . L’adolescent en pleine phase d’insécurité psychologique peut se replier sur lui-même et ne plus communiquer à propos de sa vie . Il existe néanmoins un paradoxe dans cette prise de distance car l’adolescent va osciller entre un besoin d’autonomisation et de régression le ramenant vers une dépendance parentale . Dans ce processus d’autonomisation, l’adolescent va procéder à la construction d’une autonomie « privée » basée sur ses relations avec le groupe de pairs et ainsi les relations amoureuses et/ou sexuelles. Ces nouvelles formes de relation vont permettre à l’adolescent de progresser dans la construction de soi. Il est pour ainsi dire possible de parler de l’adolescence comme une période de préparation et d’apprentissage de la sexualité . Mais de quelle façon s’exprime leur sexualité ?

La sexualité des adolescents 

Si la période de l’adolescence est la période de l’initiation à la vie affective et amoureuse, c’est surtout la classe de troisième (14-15 ans) qui représente ce tournant ; ce serait l’année où garçons comme filles explorent pour la première fois la notion de « petit(e) copain/copine » et de baiser sur la bouche . La pratique de la masturbation semble débuter vers 14 ans en moyenne pour les garçons et être pratiquée par un très grand nombre d’entre eux . Comme évoqué plus tôt en première partie, l’âge médian au premier rapport sexuel avec pénétration génitale est estimé à 17,2 ans pour les hommes et 17,6 ans pour les femmes ce qui reste stable depuis ces dernières dizaines d’années . Il semble alors qu’il existe un allongement de la phase pré-sexuelle à l’adolescence, avec une gradation plus prononcée des actes. La découverte de la sexualité et l’exploration physique d’autrui s’effectuent alors par étape, des premiers baisers, d’abord simples puis profonds, aux caresses jusqu’à la pénétration génitale. Ces étapes ont régulièrement lieu sur plusieurs années avec des partenaires différents .
Également évoqué en première partie, l’attrait de l’Internet pour les jeunes pourrait augmenter le risque pour eux de se retrouver confronter à la pornographie ; cette dernière étant démocratisée et d’une facilité d’accès étonnante . Il n’existe néanmoins pas d’études décrivant vraiment le nombre d’adolescents exposés à la pornographie, ni par quel moyen, ni à quel âge. L’effet de la pornographie sur le développement psycho-sexuel des adolescents est encore discuté. Certains auteurs pensent que cela favorise les comportements machistes dû à l’hypersexualisation de la femme dans ce domaine, d’autres pensent que cela peut créer chez le jeune des angoisses, un traumatisme surtout s’il n’y pas de dialogue avec une personne neutre rétablissant le lien entre le monde pornographique et le monde de la fiction . Concernant les moyens de contraception, le Baromètre Santé 2016, réalisé par l’Institut National de Prévention et d’Éducation pour la Santé, sur le comportement de santé des jeunes a interrogé des femmes de 15 à 29 ans de toute la France sur leur couverture contraceptive. Globalement, 92 % des femmes interrogées déclarent utiliser un « moyen » pour prévenir ne grossesse non-voulue. Ne seront détaillés ensuite que les résultats concernant la tranche 15-19 ans. Il est retrouvé que 2,3 % des 15-19 ans interrogées ayant des rapports sexuels et ne souhaitant pas de grossesse n’utilisent aucun moyen de contraception. Pour les restants, les moyens de contraception de prédilection restent la pilule contraceptive (combinée ou non au préservatif) à 60,4 % et le préservatif seul à 29,6 %. Il est aussi à noter que 4,6 % de l’effectif déclarent utiliser un moyen de contraception rentrant dans la catégorie « implant, patch, anneau ». Les 3,2% restants utilisent des méthodes comme le diaphragme, la cape cervicale, la méthode des températures ou encore le retrait. Ces chiffres restent stables depuis 2013 .

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Table des matières

Préambule 
Revue de la littérature 
I. Evolution des normes et des mœurs liées à la sexualité en France 
1. Généralités
2. Avant 1960
3. La « révolution sexuelle », le cheminement de la sexualité moderne
4. L’expansion de la « sexualité virtuelle »
II. Evolution des principes d’éducation à la sexualité en France 
1. Les prémices de l’éducation sexuelle
2. La circulaire Fontanet (1973) : un tournant dans l’éducation sexuelle
3. Les années 1980 et 1990 : une éducation à la sexualité qui dépasse la seule fonction de
reproduction
4. Législations actuelles
5. Programmes scolaires 2016/2017 de l’école élémentaire au collège
6. 15 ans après la loi Aubry : freins et limites rencontrés dans l’éducation à la vie sexuelle et affective
III. Les adolescents et la sexualité 
1. La métamorphose pubertaire
2. La sexualité des adolescents
Méthodologie
I. Hypothèses 
II. Objectifs 
III. L’étude
1. Type d’étude
2. Population
3. Critère(s) d’inclusion
4. Critère(s) d’exclusion
5. Ethique
IV. Première partie – le pré-test 
V. Les interventions
VI. Deuxième partie – le post-test
VII. L’analyse 
Résultats
I. Flow-chart 
II. Présentation de la population 
III. Besoins et connaissances des collégiens
1. Résultats du quiz – globalité
2. Résultats du quiz – proposition par proposition
3. Ce qu’ils expriment
IV. Attentes et désirs des collégiens
1. Sur la forme
2. Sur le fond
V. Satisfaction quant à l’intervention dispensée
1. Durée
2. Répartition des groupes
3. Qualité du support
4. Au global
Analyse et discussion
I. Limites
II. Points forts
III. Autour de leurs besoins et de leurs connaissances
1. Ce que nous apporte le quiz
2. Evolution après l’intervention et validation de l’hypothèse secondaire
3. Ce que nous apporte les autres questions
IV. Autour de leurs attentes et désirs concernant la forme et le fond des interventions
1. Concernant la forme
2. Concernant le fond
V. Validation de l’hypothèse principale
VI. Propositions
Conclusion
Bibliographie
Annexes

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