Ecriture autobiographique et dérivé axiologique féministe

L’autobiographie :

   L’écriture sur soi est un genre littéraire. Il est apparu au début du XIX siècle.Le terme autobiographie se compose de trois parties d’origine grecque : auto (soi même), bios (vie) et graphie (écriture). Philippe Lejeune définit ainsi l’autobiographie : « Récit rétrospectif, en prose, qu’une personne réelle fait de sa propre personne réelle, fait de sa propre existence lorsqu’elle met l’accent sur sa vie individuelle en particulier sur l’histoire de sa personnalité.» Philippe Lejeune ajoute que cette définition met en jeu quatre catégories différentes d’éléments qui sont :
1- La forme du langage :
a- Récit.
b- En prose.
2- Le sujet traité : vie individuelle, histoire d’une personnalité.
3- Situation de l’auteur : identité de l’auteur (dont le nom renvoie à une personne réelle) et du narrateur.
4- Position du narrateur :
a- Identité du narrateur est la même que celle du personnage principal.
b- Perspective rétrospective du récit.
Philippe Lejeune considère que, pour qu’il y est autobiographie, le récit doit remplir et répondre à toutes les conditions citées ci-dessus. Cependant, il existe des genres voisins de l’autobiographie qui, eux, ne remplissent pas toutes les conditions nécessaires des formes de l’autobiographie. Il nous présente donc la liste de ces conditions non satisfaites selon les genres :

– Mémoire : condition (2) non remplie
– Biographie : condition (4a) non remplie
– Roman personnel : condition (3) non remplie
– Poème autobiographique : condition (1 b) non remplie
– Journal intime : condition (4 b) non remplie
– Autoportrait ou essai conditions : (1a) et (4 b) non remplies.
Selon Philippe Lejeune, il peut y avoir quelques entorses à la regèle, des conditions non remplies par les textes. Cependant ces entorses ne remettent pas en cause l’appartenance de ces sous catégories au genre autobiographique. Ainsi pour qu’un texte soit considéré comme une autobiographie, il faut d’abord qu’il soit présent sous forme de récit. Cette règle est fondamentale. Dans le récit ce qui importe c’est le discours. Ce dernier est le fondement de l’autobiographie. Il ne peut y avoir d’autobiographie sans un discours libre. La perspective doit être principalement rétrospective sans l’exclusion des sections d’autoportrait, un journal de l’œuvre ou du présent contemporain de la rédaction et des constructions temporelles très complexes. Ensuite, le sujet traité doit être principalement la vie individuelle, la conception de la personnalité, l’histoire d’une identité. Cependant, la chronique et l’histoire sociale ou politique peuventy avoir aussi une certaine place. Enfin, Philippe Lejeune insiste sur deux critères obligatoires, les conditions 3 et 4a qui sont : l’identité de l’auteur et du narrateur ainsi que l’identité du narrateur et le personnage principal. Il n’y a ni transition ni latitude à propos de ces deux conditions. Il ne doit pas y avoir de doute possible. Ce qui entrainerait une conclusion négative. L’identité du narrateur et du personnage principal que suppose l’autobiographie se marque le plus souvent par l’emploi de la première personne.C’est ce que Gérard Genette appelle « autodiégétique ». Cependant il peut aussi y avoir récit « à la première personne » sans que le narrateur soit la même personne que le personnage principal. C’est la narration homodiégétique. Ainsi on peut distinguer deux critères différents : celui de la personne grammaticale et celui de l’identité des individus auxquels les aspects de la personne renvoient

Le personnage :

  Le mot « personnage » vient du latin « personna » qui signifie masque ou rôle. Le personnage est la colonne vertébrale du récit. C’est par lui que passent toutes les actions malgré toutes les turbulences qu’il a subi aux fils des siècles. Cet être de papier reste un élément indispensable dans les romans. Le public ne cesse de le réclamer. On ne compte plus les personnages littéraires mythiques tels que : Dom Juan et Don qui chotte. Toutefois, le personnage reste une notion difficile à saisir de part son évolution et sa mouvance dans les textes. Dans l’antiquité, dans la tragédie d’Aristote, le personnage est défini par rapport à ses actions. Il n’est pas non plus l’élément principal de la tragédie. Son identité relève plus du type ou de l’archétype. Ce sont ses actions qui révèlent son caractère. Son identité est facile à décrypter. Il incarne ainsi des traits de caractère, généraux et topiques. Le personnage est bon ou mauvais. Il incarne des valeurs et des vertus qui lui sont propres à sa typologie. Vient ensuite, avec les classiques qui perpétuent cette règle de la mimésis, en rajoutant quelques notions telles que la règles de bienséance, de ressemblance et de constance imposées au « caractère » : le personnage doit doublement coïncider avec lui-même. Le personnage doit répondre aux attentes du public. Il ne doit pas choquer ce dernier ni être étrange. Aussi, son action doit rester la même, il ne doit pas transformer son caractère. C’est au XIX siècle que le personnage connaît la gloire. Le mouvement littéraire réaliste le met au centre de ses écrits des personnages-types, proches du lecteur, ancrés dans la réalité sociale ou aux marges de la société,dont les motivations sont simples. Il est doté d’une carte d’identité plus que réaliste. Les types de personnages qui peuplent l’univers réaliste incarnent la diversité des milieux sociaux. La règle de la vraisemblance est alors plus que respectées. Enfin, le personnage passe à une autre phase. Au XX siècle, il subi « une cure d’amaigrissement ». Il entre dans « l’ère du soupçon » avec le nouveau roman. Il devient une simple initiale. Dans le texte il est dénué de carte d’identité. Ainsi le personnage n’a pas cessé d’évoluer depuis l’antiquité. Philippe Hamon décrit le personnage du point de vue sémiologique comme un morphème doublement articulé. Il s’inspire ainsi de la méthode structuraliste. Le personnage est perçu comme une association de signes à l’intérieur d’un texte.En tant que signe, le personnage se rapproche du morphème linguistique en ne se donnant pas d’emblée à l’analyse mais en se construisant.

Personne/personnage :

   La frontière entre personnage et personne est très étroite. La personne caractérise l’unité morale du sujet et l’individualité psychologique. Le personnage quant à lui caractérise son rôle dans le récit. Ces deux entités partagent la même étymologie : persona. Souvent confondus, ils sont pourtantdifférents : l’un est de chaire l’autre est de papier. Le personnage fait souvent référence aux personnes ou bien les prend comme modèle. Le personnage de roman reste la vision d’un homme à une époque et à un moment de l’histoire.Dans l’acte d’écrire, l’auteur du roman donne accès à une part de vérité. C’est-àdire que même si ce dernier est dans la fiction, il ya toujours une part de vérité,un moi profond derrières les personnages. Chacun d’eux, parce qu’ils font référence à des êtres réels, comporte une part de vérité. Il est créé dans un but précis. Il n’a pour fonction que d’organiser la narration du roman. Le personnage et la personne ne se rencontrent jamais. L’un évolue dans un monde fictionnel et l’autre dans le monde réel. Il n y a pas de passage possible entre les deux monde. L’auteur n’est pas créateur. Il ne peut mettre au monde une personne faite de chaire et d’os. Cependant aux fils des siècles et les mouvements littéraires le personnage s’est attelé à vivre avec son temps de part son évolution de l’antiquité des héros tels que Ulysse, ou encore des personnages médiévaux au Moyen Age avec don qui chotte. L’époque qui a donné ses lettres de noblesse au personnage reste le XIX siècle. Il est plus réaliste que jamais. Il est surtout représentatif de sa société. Les écrivains tels que Balzac, avec la comédie humaine, ou encore Zola, dans leurs écrits lui ont donné une place particulière. Le personnage est donc l’un des liens les plus évidents entre le romancier et son public. Personnage et personne reste deux identités différentes et contraire. Aussi réaliste que le personnage puisse être il restera un être de papier. La personne ne sera que sa référence, jamais son équivalent.

Individu :

   Le mot individu provient du latin individuum qui se traduit par « ce qui est indivisible ». Aujourd’hui, dans la langue française, c’est une « unité organisée ». Dans l’usage général (et en philosophie) : un individu est un objet de pensée appartenant à l’extériorité ou à nos représentations. Il est déterminé et reconnaissable. Il porte un nom « commun » mais se distingue « matériellement » des autres individus portant le même nom. L’individu est au centre de la société. Il compose la société. Il y évolue en tant qu’être social en interaction avec d’autres individus. Le tout fait qu’une société existe. Celle-ci exerce donc une certaine influence. C’est-à-dire que si la société dans la quelle il évolue est moderne, développée et organisée, l’individu sera considéré comme un être à part entier. Il dispose de ses droits et de ses obligations. Il est alors épanoui, indépendant, et prospère. Cependant, si la société est traditionnelle et conservatrice, l’individu se lie à son groupe social par « une solidarité mécanique [lui] garantissant intégration et solidarité. »17Ainsi cette société « peut l’annihiler [en cas de dérèglement social] ou le décider à exploser en sortant de sa coquille personnelle et en se manifestant avec éclat et originalité (…) par un contre-idéale plus salutaire pour l’ensemble. »18 L’individu dans ce type d’organisation se rattache à une communauté. Elle lui garantit une certaine protection et une stabilité. Ce groupe social est régi par des règles et des valeurs à ne pas enfreindre. Souvent, ces règles sont conservatrices et régies par les coutumes et les traditions. L’individu est invité à les suivre et ne doit en aucun cas les transgresser. Dans le cas contraire, il sera isolé et mis à part. Il risque alors l’exclusion dans sa propre communauté. Le concept d’individu est lié à une certaine conception de la liberté et des valeurs. S’il est en désaccord avec son groupe social, avec les valeurs qu’ils partagent, il se tourne vers d’autres groupes qu’il juge en accord avec ses valeurs et sa vision du monde. Ce qui nous ramène à notre narratrice qui par souci de liberté a quitté sa société, qu’elle juge conservatrice et contraire à ses valeurs, vers une autresociété qu’elle considère moderne et organisée. Une société qui est en accord avec ses principes dans laquelle elle est indépendante. De ce préambule découle la notion suivante, qui est les valeurs.

Horizon d’attente et réception de Mes hommes :

  En écrivant en Français, Malika Mokeddem comme tous les écrivains de graphie française, s’adresse nécessairement à au moins deux publics, celui de son pays et celui de tous les autres qui peuvent la lire, le public français en particulier. Nous Nous attèlerons donc à étudier, les deux critiques des deux rives, la critique algérienne et la critique française. Malika Mokeddem cible toutes les catégories de lecteurs avec une écriture simple et claire. Pour la liberté elle quitte son pays et sa famille. Elle remonte le temps jusqu’à son enfance pour dire ses blessures. Elle parle de ces hommes qu’elle a laissés entrer dans sa vie. Des hommes de différentes nationalités qui lui ont procuré du bonheur ou lui ont fait de la peine. Le roman est très attendu par les lecteurs. Dés sa sortie il remporte un grand succès. Son succès est tel qu’il est traduit au Maroc en arabe. Cependant, la traduction en Algérie en langue arabe du roman est censurée. A cet effet, Malika Mokeddem manifeste son incompréhension : «Je ne comprends rien. Pourtant l’édition française de monroman est en vente en Algérie. Nombre de lecteurs algériens l’ont lu et apprécié». La colère de celle-ci est d’autant plus grande car les raisons de cette censuren’ont jamais été évoquées. Elle est censurée pour avoir osé afficher ses idées, sa pensée. Elle explique : « que son intention n’était pas de transmettre un message, mais d’en faire une œuvre, un lieu où elle se raconte. ». Elle pense que si «on est censuré, c’est sûrement parce qu’on prône la liberté et l’esprit critique». Il était prévu que cette version en arabe de Mes hommes « Rijali » soit présente dans le cadre « d’Alger, capitale de la culture arabe » de l’année 2007. Il est évident que l’absence de ce roman est une preuve que ce dernier “ dérange“ par ses idées et sa portée symbolique qui encourage « l’esprit critique, la liberté et les valeurs féministes ». Cependant, malgré cet épisode de « la censure », le roman a été bien accueilli par les lecteurs. Les critiques journalistiques et universitaires ne  tarissent pas d’éloges à l’égard de cette œuvre. Il a notamment bénéficié de plusieurs analyses et études. La plupart des critiques s’accordent à dire que le roman est un véritable succès. Nabila H, journaliste dans le Soir d’Algérie, rapporte dans son article qui s’intitule : «J’ai recommandé “Mes hommes” à mes filles». Toute la ferveur du public algérien admirateur des œuvres de Malika Mokeddem ainsi que son impatience de la voir : « Nombreux sont ceux qui sont venus rencontrer une Malika ». Le roman a un grand succès auprès des lecteurs. Ils sont nombreux à s’être déplacer l’or de la venue de l’écrivaine à Alger pour la voir et débattre à propos du roman. Les lecteurs, notamment les lectrices, se retrouvent dans cette œuvre. Elle rapporte des faits sur les événements politiques et sociaux tout en continuant à relater son parcours personnel. Malika Mokeddem reflète la place de la femme qui dès sa naissance, est condamnée dans la société algérienne. Les lecteurs, notamment les lectrices, se retrouvent dans cette œuvre.Elle utilise la société réelle comme toile de fond. Dans Mes Hommes, Malika Mokeddem relate son histoire avec son entourage familial et comme arrière plan la société et les événements historiques de l’Algérie. Du début jusqu’à la fin du roman l’écrivaine parle de la femme en particulier et de la société en générale.

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Table des matières

Introduction générale
Première Partie : Du hors-texte à l’autobiographie
Chapitre I : Jalons extratextuels
I-1-Concept de bases
I-2- Contexte social politique et culturel de l’œuvre
I-3- Paratexte et texte
I-4-Horizon d’attente et réception
Chapitre II : Incursion dans L’autobiographique
II-1-Auteur/Narrateur/Personnage
II-2-Distinction entre l’autobiographie et les autres formes voisines
II-3-Evolution de l’autobiographie occidentale
II-4-L’autobiographie Maghrébine
Deuxième partie : L’écriture autobiographique dans Mes Hommes de Malika Mokeddem
Chapitre I : Déploiement et étoilement de l’autobiographe dans Mes Hommes
I-1-Auteur/Narrateur/Personnage dans Mes hommes
I-2-Le pacte autobiographique et le pacte référentiel
I-3-Pour un récit chronologique et une perspective rétrospective
I-4-D’une autobiographie individuelle à une autobiographie Plurielle
Chapitre II : Ecriture autobiographique et dérivé axiologique féministe
II-1-L’émergence de l’écriture féministe en Algérie
II-2-Profusion des valeurs féministes à l’autobiographie plurielle
II-3-Dichotomie spatiale et valeurs
Conclusion générale
Bibliographie

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Comments (1)

  1. Bonjour,
    Je m’appelle Carmela Anastasio, je suis étudiante à l’Université de Pise (Italie). J’ai trouvé cet article fort intéressant. Je mène des études en littératures francophones, le cœur de mes études est le rapport (et, si l’on veut, les interférences) entre la fiction et l’autobiographie dans l’oeuvre de Malika Mokeddem. J’aurais plaisir à rechercher des professeurs ou chercheurs qui s’occupent de ces thèmes là, aussi pour la possibilité d’une co-tutelle dans le cadre du Doctorat. Est-ce que vous avez des références ou des conseils?
    Je vous remercie pour votre attention.

    Bien cordialement,

    Carmela Anastasio